Or, bien sûr, nous évoquons la Parole de Dieu. Nous pouvons même la croire sans erreur et infaillible. Prenons garde cependant, car la pratique ne correspond pas nécessairement à la profession de foi, ni la conviction à la conscience.
Ma parole constitue une extension de moi-même; elle me révèle. Si l'on ne peut compter sur ma parole, il en va de même pour moi. «C'est de l'abondance du coeur que la bouche parle», disait Jésus. Lui (Parole vivante de Dieu) et la Bible (Parole écrite) proviennent de la même origine. Quand nous connaissons Christ, nous connaissons le Père. Grâce à la Parole vivante révélée dans la Parole écrite, nous pouvons découvrir le coeur même de Dieu.
La Bible est l'autobiographie de Dieu! «L'on mesure l'homme à sa parole», disait-on autrefois. Ceci s'applique d'autant plus à Dieu: si la Bible ne s'avère pas digne de confiance, son auteur ne saurait l'être non plus.
Certains soulèvent le danger d'»adorer» la Bible, comme quelque quatrième personne divine. En effet, nous ne devons pas confondre la Bible avec Dieu lui-même. Néanmoins, elle représente le témoignage infaillible rendu par Dieu à lui-même.
La seule lecture de la Bible n'agit pas de façon magique en nous rendant plus spirituels de manière automatique. Cependant, sans constituer une fin en soi, elle demeure un moyen indispensable pour en savoir plus sur Dieu et sur notre relation avec lui.
Deux systèmes
En démocratie, la majorité l'emporte, et la volonté du peuple reflète l'opinion du moment. Déjà lors de l'élection de délégués de classe au collège, nous subissons l'influence des autres: nous apprenons à suivre la foule. Tout en essayant de préserver une partie de notre identité, il nous arrive parfois de sacrifier nos convictions à notre réputation sociale en cédant à ce que l'on a appelé la «tyrannie de la majorité».
Le pluralisme
Les chrétiens n'ont-ils pas été influencés par cet état de fait? Pour commencer, prenons l'ouverture toujours croissante au pluralisme. Si je commençais à affirmer que les poissons rouges ont des cornes, j'entends déjà quelqu'un répliquer: «Vous savez, il existe d'éminents spécialistes qui soutiennent l'opposé, et l'on peut trouver sans nul doute un fondement biblique pour les deux thèses».
Où est passée la notion d'une seule vérité? Les poissons rouges ont ou n'ont pas de cornes. La Bible ne peut pas soutenir les deux affirmations (en fait elle ne traite pas du tout de ce sujet).
Le subjectivisme
Le subjectivisme règne en maître aujourd'hui. Sans risque de contradiction, l'on peut déclarer: «Vous et moi avons tous deux raison, même sur ces positions opposées.» Pourtant, quand je dis: «Deux plus deux égalent quatre», j'exclus la possibilité de toute autre réponse. En déguisant les différences par une synthèse de deux positions opposées, l'on aboutit à une contradiction irréductible.
L'on demanda à Mendelssohn pourquoi il avait intitulé sa symphonie «Ré-formation». Il répondit: «A cette époque, les hommes avaient des convictions; de nos jours, nous avons seulement des opinions.» Nous avons en effet perdu une grande part de nos convictions.
Trop souvent, nous prenons position seulement après avoir observé la direction du vent et, longtemps après le monde, opérons un choix aussi conforme que possible au goût du jour. Soucieux d'être «dans le vent» nous finissons toujours «à côté de la plaque». La tendance du jour, le mouvement de la foule, nous influencent davantage que les «Ainsi dit l'Eternel» de la Parole de Dieu.
N'entendons-nous pas dire: «Mais la Bible ne s'avère pas très claire sur tel ou tel point», alors que l'enseignement de la Parole de Dieu nous crève les yeux?
Certes, beaucoup de sujets ne sont pas pleinement révélés. Toutefois, quand la Bible parle, nous devons obéir.
Pas de vérité absolue ?
Une autre tendance emploie ce cliché: «Nous le comprendrons mieux dans l'éternité.» Il s'agit d'un déguisement spiritualisé de l'affirmation athéiste: «Il n'existe aucune vérité absolue dans la vie.» Or, on ne peut tout simplement pas plaider l'ignorance face à un sujet sans s'être assuré que l'Écriture n'en dit rien.
Ignorer des doctrines révélées par Dieu dans sa Parole reflète une arrogance aussi flagrante que de négliger ses instructions concernant la vie spirituelle.
Des interprétations?
Dans la controverse, le disciple «démocratique» répondra: «C'est ton interprétation», comme si ce fait lui enlevait toute valeur. Bien sûr, chacune de mes observations dans la vie conditionne mon interprétation! Mais il cherche, par sa réponse, à rendre légitime l'existence de positions différentes. A ses yeux, aucune interprétation qui trouve des partisans ne saurait être rejetée: «Garde ton interprétation, mais ne l'appelle pas vérité»! Le courant démocratique envahit ainsi notre relation avec Dieu.
Une ligne privée directe?
Il existe aussi le disciple «individualiste»: «Le Seigneur m'a dit, le Seigneur m'a montré que...» - comme s'il disposait d'une ligne privée auprès de Dieu!
Après tout, si Dieu lui a parlé directement, qui ira le contester?
Flottement
Le matérialiste au moins avoue sans ambages ne reconnaître aucune autorité sinon la sienne. Autrefois, l'on disait: «La Bible dit.» Aujourd'hui, «Il nous semble que. . . » Cependant, la vérité ne s'adapte pas à notre convenance. Parfois, Dieu nous confronte dans sa Parole, et nous devons alors décider si nous voulons réellement prendre au sérieux son autorité dans notre vie.
Une drôle de ratatouille!
Revenons au pluralisme (l'existence de plusieurs points de vue). Il existera toujours des domaines où l'on trouve des interprétations différentes, que ce soit l'histoire, l'archéologie, la biologie ou la théologie. Toute discipline possède ces tensions.
Toutefois, quand le pluralisme ouvre la porte à une philosophie éclectique qui tente de mélanger des éléments issus de croyances diverses et contradictoires, il ne s'agit plus d'une question de foi mais de cuisine. Cette «recette démocratique» prend une touche de ceci, un peu de cela, mélange bien le tout en ajoutant encore une pincée de tel autre ingrédient. L'on finit avec une drôle de ratatouille!
La Bible seule
Nous ne pouvons pas choisir à notre guise parmi divers systèmes de pensée. Nous devons au contraire aller à la seule
Parole de Dieu et la laisser bâtir notre doctrine. Par conséquent, prenons garde de ne pas contribuer à l'élaboration d'une théologie de confusion.
En contraste avec la démocratie, la monarchie présuppose un royaume et implique le règne d'un roi et l'existence de sujets. Le Seigneur Jésus-Christ est le roi du chrétien. Le royaume de Dieu ne consiste pas tant en un royaume mais en un règne; non un domaine mais une domination.
Jean Calvin déclarait: «Quand Dieu parle, je parle; quand il se tait, je dois me taire.» Il s'agit là de la réponse d'un chrétien soumis à la monarchie de Jésus-Christ. La Bible semble très souvent traiter de sujets qui ne concernent pas un grand nombre d'entre nous aujourd'hui.
Aussi, avons-nous tendance à vouloir forcer Dieu à parler sur des questions où il demeure silencieux, tout en le réduisant au silence sur d'autres sujets que nous osons qualifier de secondaires.
Nous ne devons nous soumettre ni au statu quo ni à l'indépendance de notre propre volonté mais amener «toute pensée captive à l'obéissance de Christ» (2 Cor. 10:5). Les citoyens du royaume de Christ doivent se soumettre à la loi morale de Dieu révélée dans toute sa Parole. Ils observent les commandements de Christ et s'efforcent d'aimer Dieu de tout leur être, et leur prochain comme eux-mêmes. Certes, ils n'atteignent pas la perfection mais, dans son amour, leur monarque leur donne la force de persévérer.
Dieu a parlé. Il a envoyé ses hérauts. Le son de la trompette a brisé le silence. Le commandement retentit dans tout l'univers: «Ecoutez-le!»
Michael Horton
extrait autorisé de «Tout est accompli» (Europresse)
(Les sous-titres ont été ajoutés
par la rédaction de «L. B. N. »)
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