Tandis que les quatre livres de Samuel, et des Rois, ainsi que les deux livres des Chroniques faisaient entre eux un ensemble suivi, les deux livres des Maccabées doivent se lire par contre séparément. La période envisagée, les idées mises en valeur et le traitement littéraire du sujet sont tout à fait différents.
Le second livre se donne lui-même Pour l'abrégé d'un ouvrage ancien. Beaucoup plus développé, comportant cinq tomes rédigés par un certain Jason, Juif de Cyrène, vers 160 av. J.-C. L'abréviateur, composa son oeuvre, en grec (ce fut probablement la langue de ce Jason), aux alentours de 120 av. J.-C. Dans la matière ainsi offerte, on notera un certain décalage des événements. Tandis que le premier livre des Maccabées donnait le détail des événements depuis la révolte de Matathias jusqu'à la mort de Simon, le second expose les préliminaires du soulèvement à la fin du règne de Séleucus IV, mais ne conduit pas son récit au-delà de la mort de Nikanor, alors que Judas Maccabée est encore en pleine activité.
Le lecteur s'apercevra très vite que, si bien des points sont communs avec le premier livre, un grand nombre d'informations restent sans contrepartie. On peut dire que les deux ouvrages sont indépendants, ce qui implique des appréciations différentes de leur valeur historique. Celle-ci n'est certainement pas aussi sûre ici que là. C'est que le but poursuivi n'est pas le même. Dans le 2e Maccabées, l'histoire est avant tout apologétique et n'est utilisée que dans une optique de théologie. L'auteur écrit pour les Juifs d'Alexandrie; il veut les aider à comprendre loi événements qui se sont déroulés en Palestine et leur rendre l'estime qu'ils avaient jadis pour le Temple de Jérusalem; ils pouvaient l'avoir perdue en raison de la profanation du lieu saint.
Les justes ressusciteront corps et âmes
La présentation des faits rappelle celle du livre des Juges : le peuple juif n'a pas été fidèle à Dieu, il a donc été châtié mais la souffrance des martyrs a déterminé sa réconciliation avec Dieu en même temps que le châtiment des persécuteurs.
Pour exposer pareil enseignement l'autour utilise le genre pathétique, qui recherche les effets de style, et qu'employaient bien d'autres historiens de l'époque hellénistique. Mais voilà qui aboutit à l'utilisation du merveilleux - tel l'incident d'Héliodore (chap. 3, vers. 23-28) -, à de nombreuses exagérations, en particulier sur le plan des nombres, et enfin à la substitution d'un langage oratoire à une description précise.
Il n'en est pas moins vrai que bien des détails peuvent être tenus pour historiques, même s'ils ne figurent pas dan le 1er Maccabées, et à plus forte raison si on les retrouve dans celui-ci. Mai l'autour ne garantit pas toujours la véracité de ses sources. La livre a d'ailleurs subi, semble-t-il, des remaniements d fait d'un rédacteur plus tardif.
En dehors de la présentation des événements et de leur interprétation théologique, il faut mentionner un climat d'intimité dans la prière et un fréquent appel à Dieu, non moins qu'un certain nombre d'affirmations doctrinales : le mérite des martyrs, l'efficacité de l'intercession des justes et de la prière pour les défunts Mais la plus importante concerne 1 résurrection. Par trois fois (chap. 7 vers. 9; chap. 12, vers. 38; chap. 14 vers. 46) l'autour affirme que les justes ressusciteront. Du fait que le Juif n'envisageait pas l'homme comme un composé (corps et âme), mais comme une unité psycho-somatique, l'idée de la survie imposait la résurrection des corps. Tell était la doctrine pharisienne qui, 50 en plus tard, sous l'influence grecque, p l'affirmation de l'immortalité de l'âme se précisera.
En ce temps-là, la Bible No 40 pages VII- VIII.