Textes bibliques difficiles: des légendes ?

 

Quoique je fasse confiance à l'Ecriture, je dois avouer qu'en lisant le chapitre 6 de la Genèse j'ai été quelque peu ébranlé dans ma foi. Est-il possible que des êtres célestes s'unissent à des filles des hommes et que des géants soient le fruit de telles relations? C'est curieux! Et puis, que viennent faire ces géants «héros fameux dans l'antiquité» (Gen. 6,4)? Ne sommes-nous pas là devant une légende introduite par quelque scribe fantaisiste? En tout cas, pouvez-vous me donner une explication claire et acceptable qui me rassure et fortifie ma foi en la Parole de Dieu? -

 

Comme je vous comprends! Cependant vous commettez l'erreur de croire que vos doutes seront balayés par une simple explication, «claire et acceptable» comme vous dites. Je crains surtout, si la bonne réponse que vous attendez ne vous parvient pas, que vous vous jugiez autorisé à faire des réserves quant à la crédibilité du texte sacré. Pas de cela! C'est le Saint-Esprit seul et non une explication plus ou moins valable qui peut fortifier votre foi en l'Ecriture.

Dans le passé j'ai fait une expérience analogue à la vôtre alors que je rédigeais un commentaire sur cet étrange récit. Pouvais-je croire cette histoire de géants? Etonné et troublé à la fois, ma première pensée fut de compulser un commentaire. Comme vous je tenais à être apaisé, moi qui me vantais de n'avoir jamais douté de la Parole de Dieu. Très vite je me ravisai, sans doute repris par Dieu. Je compris qu'avant de recevoir des hommes le moindre éclaircissement, je devais reconnaître et attester avec Jésus que sa «Parole est la vérité» (Jean 17,17). Je fis alors monter vers Dieu une courte prière: «Seigneur, ce récit me surprend mais je refuse de le ranger parmi les légendes. A l'avance j'affirme que l'Ecriture tout entière est inspirée, digne d'être acceptée telle quelle. Veuille donc, par ton Esprit saint, balayer le doute et m'accorder la grâce d'une pleine confiance en ta Parole.» Ce que Dieu fit dans Sa bonté. Quelques jours plus tard, pleinement persuadé, je me penchai en curieux sur divers commentaires. Je dois avouer que je ne trouvai, sous la plume d'auteurs pourtant éminents, aucune explication susceptible de me satisfaire réellement. Ah! comme je me félicitai d'avoir commencé par le commencement, en plaçant la Bible au-dessus des commentaires... et des commentateurs.

Dieu est sage. Ici et là, Il permet que nous rencontrions dans Sa Parole des passages obscurs, des récits surprenants, difficilement acceptables, des contradictions apparentes, des mystères qui ne seront jamais élucidés ici-bas. Son intention n'est pas de nous troubler mais plutôt de nous apprendre à Le croire sur parole, à accepter de ne pas tout comprendre et à refuser de nous laisser abuser par quoi que ce soit. Dieu peut-il mentir? Ayons donc la volonté de croire, même si le texte semble nous autoriser à douter: «Plus tard tu comprendras» disait Jésus à Simon Pierre (Jean 13,7). Autrement dit: «Pour l'instant laisse-moi agir et soumets-toi. Je ne te tromperai pas. Fais ton profit des paroles qui sont claires, donc à ta portée. Si tu les vis, elles feront de toi un vrai disciple. En tout cas sache que le jour viendra où tu connaîtras comme tu as été connu (cf 1 Cor. 13,12). Alors les données qui te manquent te seront fournies; grande sera ta joie de constater que tout était véridique et que tu avais eu raison de me faire confiance.»

Bien sûr il n'est Pas défendu de «travailler» un texte, de se pencher sur de bons commentaires ou de s'informer auprès des autres pour apprendre et être éclairé. Au contraire, je vous encourage vivement à sonder la Sainte Ecriture, à l'étudier avec sérieux en faisant appel, s'il le faut, à des chrétiens «versés dans les Ecritures» ou à leurs écrits. Je sais que vous puiserez dans le Livre des livres force et consolation aussi longtemps qu'il sera pour vous la Parole de Dieu. (Dialogue inspiré par une expérience vécue.)

A. Adoul

AVENEMENT Juillet/Août 1990 No 16-17 / P 28

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