Le témoignage de Pierre à travers celui de MARC

 

Voir aussi: ROME ET LA BIBLE Pierre

 Le deuxième des évangiles est le plus bref, mais aussi le plus riche de vie. La tradition ancienne en donne la raison, en même temps qu'elle précise la personnalité de l'auteur.

Marc composa en grec, d'après la prédication de Pierre, dont il avait été le disciple et l'interprète. En effet, bien qu'on le voie à plusieurs reprises compagnon de Paul, il se manifeste à Rome en 64 auprès du prince des apôtres, et l'on remarque une parenté très étroite entre les deux hommes sur le plan de la doctrine. A la différence de l'évangile de Matthieu, celui de Marc traduit les expressions araméennes, explique les coutumes juives, précise les situations géographiques. Ses premiers destinataires sont de toute évidence des gens qui n'ont aucune connaissance expérimentale de la Palestine, ni de ses habitants. Aussi, comprendra-t-on la tradition lorsqu'elle affirme que Marc a rédigé son évangile à la demande des chrétiens de Rome. On en fixera la parution peu avant la destruction du Temple de Jérusalem, entre 63 et 70.

Malgré son ancienneté (11, s.), la finale (chap. 16, vers. 9-20) n'appartient pas à la rédaction primitive; un manuscrit du Ne siècle en fournit une autre, plus brève; et certains placent à la suite et la brève et la longue. Quel motif donner à cette anomalie? Si, comme on peut le supposer normalement, une finale a bien été rédigée dès l'origine, sans doute a-t-elle disparu très tôt sans que l'on sache pourquoi; on l'a ensuite remplacée par celle qui est toujours admise aujourd'hui.

On notera les traits suivants qui caractérisent l'oeuvre de celui qui traduit fidèlement la pensée de Pierre :

- Dès la première ligne (chap. 1, vers. 1) apparaît la filiation divine de Jésus. Cette affirmation donnera toute sa dimension au récit du matin de la Résurrection, et se trouve discrètement soulignée à travers tout l'ouvrage.

- L'auteur est d'une franchise parfois brutale : non seulement la foi des apôtres' est montrée souvent très lente, mais il arrive que la puissance de Jésus lui-même soit évoquée avec d'apparentes limites : « Il ne put faire là aucun miracle » (chap. 6, vers. 5).

- Marc insiste beaucoup sur le caractère messianique de Jésus. Mais tandis qu'il relève les prérogatives que celui-ci revendiquait (droit de pardonner les péchés, rôle extraordinaire à la fin du monde, titre de « Fils de l'homme »), il met aussi en relief la souffrance et l'échec qui caractérisent son action immédiate sur le plan humain. L'oracle du Serviteur souffrant (Isaïe, chap. 53), que Pierre avait d'abord écarté violemment, est pleinement compris par celui-ci au moment où écrit l'évangéliste.

- Parce que le caractère très humble de sa personne et de son rôle étaient incompris de la foule Jésus n'a pas voulu prêter à confusion en se proclamant ouvertement le Messie. D'où son attitude de prudence, sur laquelle Marc insiste aussi, et que l'on a appelée « le secret messianique » mais quand il sera interrogé officiellement par le sanhédrin : « Es-tu le Christ? » Jésus répondra sans hésitation : « Je le suis », se condamnant ainsi à la mort.

J. DHEILLY

Professeur à l'Institut catholique de Paris

En ce temps-là, la Bible No 76

© En ce temps-là, la Bible

 

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