Introduction
Dans la Bible il est question d'amis et d'ennemis. Qu'il serait beau de n'avoir que des amis! Une vieille sentence dit pourtant: «Qui n'a point d'ennemi est fort à plaindre». Pourquoi serait-il donc à plaindre? Peut-être qu'une réponse nous est donnée par cet autre proverbe : « De leurs ennemis les sages apprennent bien des choses ». Mais l'essentiel, c'est d'avoir pour ami Jésus qui a lui-même déclaré : « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » (Jean 1 5 : 1 4). Nos proches sont aussi nos amis et il est écrit : « L'ami aime en tout temps » (Prov. 17 : 17). Toutefois Jésus nous ordonne également d'aimer nos ennemis. Aurions-nous donc des ennemis? Oui, mais pourquoi? Pourquoi les premiers chrétiens en eurent-ils? Jésus disait aux siens : «Vous serez hais de tous à cause de mon nom » (Mat. 10 : 22) en ajoutant ailleurs : «Heureux serez-vous lorsque les hommes vous haïront » (Luc 6 : 22). Mais soyons rassurés, les paroles que l'Eternel adressa à Moïse nous sont aussi destinées : « Je serai l'ennemi de tes ennemis » (Ex. 23 : 22). Il s'agirait tout de même de bien définir ce qu'il faut entendre par « aimer ses ennemis ». Jésus n'a certainement pas voulu dire par là qu'il nous faudrait accueillir les faux prophètes ou les faux docteurs contre lesquels la Bible nous met par ailleurs en garde (Il Jean 8-11). Ceux qui marchent en ennemis de la croix de Christ (Phil. 3: 18) ne sauraient être nos amis. Tout au plus pourraient-ils le devenir, s'ils acceptaient de se repentir et de se convertir à Christ.
Une règle à retenir
L'algèbre (de l'arabe «al-djabr») est une science pas facilement assimilable par tous, et l'on ne dit pas pour rien d'une chose difficile à comprendre que c'est de l'algèbre! Il s'agit d'opérations dans lesquelles on substitue des lettres aux valeurs numériques. Tout le mystère est soumis à des règles précises qu'il faut scrupuleusement respecter si l'on veut obtenir des résultats justes. Il existe une règle fondamentale qui dit que «le produit de deux nombres algébriques est le nombre algébrique qui a pour valeur absolue le produit de leurs valeurs absolues et pour signe le signe + ou le signe -, suivant que les 2 facteurs sont de même signe ou de signes contraires », ce qui donne, par exemple, les équations suivantes :
(+7) x (+9) = + 63
(-7) x ( -9) = + 63
(+7) x ( -9) = - 63
(-7) x (+9) = - 63
On constate que (+) x (+) ainsi que (-) x (-) donnent (+), alors que (+) x (-) ainsi que (-) x (+) donnent (-).
Pour nous permettre de mieux comprendre et de mémoriser cette règle ardue à première vue, on nous faisait remplacer à l'école les + par « amis » et les - par « ennemis », ce qui donnait :
Les amis de nos amis sont nos amis.
Les ennemis de nos ennemis sont nos amis.
Les amis de nos ennemis sont nos ennemis.
Les ennemis de nos amis sont nos ennemis.
Que veut dire cela pratiquement? Que nos vrais amis ne font pas cause commune avec nos ennemis, et que des amis qui s'associent avec nos ennemis ne sont plus vraiment nos amis.
Pas de schizophrénie!
Ainsi se trouve exprimé un principe également applicable au domaine de nos relations avec Dieu et de nos relations avec notre prochain. L'apôtre Jacques écrit très justement : «Celui qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu» (Jacques 4 :4). C'est qu'on ne peut pas à.la fois aimer le monde (dans le sens péjoratif du terme) et aimer Dieu, être ami de la vérité et aimer l'erreur, se passionner pour l'oeuvre du Seigneur et être fasciné par les plaisirs mondains, plaire à Dieu et plaire à tout le monde. « Nul ne peut servir deux maîtres» (Mat. 6:24).
Si nous sommes de coeur avec ceux qui partagent notre foi en l'inspiration plénière des Écritures et en l'autorité qui en découle, nous ne pouvons pas en même temps nous associer avec ceux qui rejettent pratiquement cette profession de foi. Ce serait, en effet, rompre la véritable unité qui nous lie à nos vrais amis dans la foi, que de nous unir à ceux qui ont abandonné cette position de fermeté biblique. On constate malheureusement que même certains milieux qui ont conservé théoriquement une confession de foi biblique, s'en écartent dans la pratique en collaborant avec ceux qui se sont «ouverts» à des courants déviants. Veillons donc à ne pas conclure d'alliance avec ceux qui risqueraient de nous faire revenir aux choses que nous avions un jour rejetées (II Pierre 2 : 21 .22).
Nous ne devons, certes, pas nous replier sur nous-mêmes en évitant tout contact avec ceux qui ne partagent pas nos convictions. Nous pouvons essayer de leur expliquer les raisons que nous avons de ne pas les suivre, ne serait-ce que pour leur éviter toute fausse interprétation de notre attitude. Car de nos jours on est vite jugé et calomnié quand on ne se rallie pas à la majorité dominante.
Il y a des choix à opérer
Si donc des serviteurs de Dieu et des églises de professants se mettent à collaborer avec des associations ou des groupements multitudinistes, pluralistes ou modernistes, favorables à l'oecuménisme, ils créent une déplorable confusion, préjudiciable au témoignage non équivoque dû à la vérité révélée. Tout en aimant aussi ceux qui ne sont pas d'accord avec nous sur des questions essentielles, il arrive le moment où des choix s'imposent et où les chemins bifurquent. C'est de la prévention des erreurs d'aiguillage que dépendra l'avenir des églises de professants, c'est-à-dire le maintien ou la disparition de leur témoignage spécifique en tel ou tel lieu. Mais la mort n'aura pas de pouvoir contre la véritable Eglise (Mat. 16 : 18) qui, à la fin des temps, ne sera pas plus une dénomination qu'une autre, ni la réalisation du syncrétisme religieux oecuménique, mais l'ensemble des rachetés formant le Corps de Christ, quelle que soit localement leur importance ou leur reconnaissance officielle. Cette Eglise se distinguera plutôt par son caractère non officiel, voire clandestin, par l'absence de faste, de pompe ou d'apparat, peut-être même par l'absence de bâtiments cultuels et par le mépris dont elle fera l'objet. Quel contraste avec Babylone la grande, qui apparaît comme une femme vêtue de pourpre et d'écarlate, parée d'or, de pierres précieuses et de perles, assise sur sept collines, symbolisant le système de coalition religieuse apostate de la fin des temps (voir Apoc. 17).
Pour un témoignage net
Combien le témoignage biblique serait plus net, plus fort et plus convaincant, si tous ceux qui sont réellement attachés aux mêmes fondements et principes bibliques voulaient se serrer les coudes en refusant de se compromettre avec ceux qui se laissent emporter par toutes sortes de courants préjudiciables à la cause de la Vérité. Que ceux qui se ressemblent s'assemblent en unissant leurs forces et leurs moyens pour mener ensemble le bon combat de la foi.
Conclusion
Nous souhaitons que ces réflexions ne soient pour personne de l'«algèbre» et que chacun s'efforce de comprendre spirituellement la règle énoncée en la mettant en pratique dans sa sphère d'activité spirituelle. Sachons reconnaître nos vrais amis, en les aimant, en les soutenant, en les avertissant et en manifestant ainsi notre réelle unité en Christ. Sachons aussi aimer nos ennemis en vue de leur salut et pour les aider à sortir de « Babylone », pour qu'ils ne participent point à ses péchés, afin de n'avoir point de part à ses fléaux (Apoc. 18 : 4). N'oublions jamais que nous étions tous ennemis de Dieu avant d'être réconciliés avec Lui par la mort de son Fils (Rom. 5 : 10 ; Col. 1 : 21). Le Seigneur use encore de patience, ne voulant qu'aucun périsse, mais que tous arrivent à la repentance (II Pierre 3 : 9). Cela ne devrait toutefois pas nous amener à nous associer avec ceux qui vont au-delà de ce qui est écrit (1 Cor. 4 : 6), falsifiant (II Cor. 2 : 1 7), ou altérant (II Cor. 4 : 2) la Parole de Dieu, allant jusqu'à considérer comme sauvée toute personne qui, comme nourrisson, a été soumise inconsciemment à un rite improprement appelé « baptême ». Faire croire que l'on devient un enfant de Dieu par un tel « sacrement » et vouloir unir tous ces « baptisés » en une seule « Eglise universelle ou catholique», en y recevant éventuellement même les religions non chrétiennes, c'est tout simplement « passer à un autre évangile » (Gal. 1: 6-9). Il nous faut en toutes choses prendre pour modèle notre Seigneur Jésus-Christ et les apôtres à travers l'enseignement des Ecritures, afin d'apprendre à aimer et à agir comme eux, sans jamais composer avec l'erreur, la contrefaçon ou le mal. Autrement les solutions de nos équations seront fausses. L'apôtre Paul écrivait à Timothée :
«L'athlète n'est pas couronné, s'il n'a pas combattu selon les règles. » (II Tim. 2 : 5).
Jean Hoffmann
« Paix et miséricorde sur tous ceux qui suivront cette règle ! » Galates 6 : 16
La Bonne Nouvelle 3/97
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