A propos du retranchement des termes "repentance", "résurrection" et "évangélisation" dans la Nouvelle Bible Segond.

Réponse au pasteur Marc Muller

 

A Marc Muller, pasteur

Bonjour, frère, dans le beau Nom du Seigneur Jésus-Christ,

Notre soeur A-M vous a fait part d'une première critique parue sur le web au sujet de la NBS, la Nouvelle Bible Segond. Je suis l'auteur de cette critique, et après avoir lu votre réponse à A-M, je souhaite prendre la parole pour évoquer avec vous quelques points. Je vous remercie à l'avance de votre attention et de la patience que vous me témoignerez. Je place en bas de cette page une copie de mon article et une autre de votre réponse, pour permettre aux lecteurs éventuels de suivre le cours de cet échange.

Toute votre argumentation sur la valeur littérale des termes grecs du Nouveau Testament est scientifiquement fondée. La sémantique est une science subtile. Jérémie 10:7-8 nous parle des dangers de la science sans la foi. Mais pour nous qui faisons profession de foi en Christ, usons de science au service de la foi en Christ.

La NBS a fait disparaître les termes de repentance (systématiquement), d'évangélisation (systématiquement) ou encore de résurrection (en plusieurs endroits).

Voici pourquoi j'ai crié au danger :

- au sujet de "Métanoia" qui est formé en grec de deux mots : "changement" et "pensée, ou, être intérieur", il est traduit d'habitude par repentance et a été modifié dans la NBS par "changement radical":

ma question est : Pour réaliser cette "métanoia", quelle est l'action que le Saint-Esprit entreprend dans le coeur d'un homme pécheur ?

En Christ, le "changement radical de vie" commence par la repentance. Cependant, vous n'aimez pas ce mot de "repentance", car selon vous, le terme grec "métanoia", (je vous cite) "a peu à voir avec les sentiments très pieux de la pénitence de la religiosité catholique ou fondamentaliste". Si pour vous le terme "classique" de repentance n'est qu'un sentiment très pieux de pénitence, alors ne parlons plus de repentance entre nous. La "métanoia" commence quand une conscience hostile à Dieu est brisée, dans une conviction de péché devant la Sainte Majesté du Seigneur : connaissez-vous un autre terme que celui de la repentance ?

au sujet de mon article, vous avez dit : "L'expression utilisée par cette personne : "prêcher l'Evangile de la repentance" n'a rigoureusement aucun sens et n'est pas une formule qu'on trouve dans la Bible".

 

Ouvrons ensemble la Bible :

Luc 24:46-47 : Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu'il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.

Marc 6:12 : Ils (les Douzes apôtres) partirent, et ils prêchèrent la repentance.

Luc 5:32 : Je (Jésus) ne suis pas venu appeler à la repentance des justes, mais des pécheurs.

Cher frère Marc, comme vous le dites, je passe à vos yeux pour un sectaire fondamentaliste, mais ce que je sais, c'est que dans ce monde l'Evangile est la SEULE bonne nouvelle qui commence par une mauvaise nouvelle : on est morts dans nos péchés et on doit les confesser devant Dieu.

Sachez que, fidèle à la pensée de l'Evangile de Christ, sans honte et systématiquement, j'exhorte toujours à la repentance quand je témoigne à un ami de l'action de Christ dans ma vie, parce que je suis entré en Christ par la repentance (et je me repens bien souvent encore ! (selon Hebreux 12:10-11).

- au sujet du mot grec "euanggelizo" (littéralement "bonne nouvelle") : existe-t-il dans le monde une autre "bonne nouvelle" que celle de Jésus-Christ ?

Le monde est rempli de "bonnes nouvelles", le tao, le Yin'king, le yoga, mais il n'y a sémantiquement dans notre vocabulaire chrétien qu'un seul mot : "L'évangile", pour nous démarquer des autres "bonnes nouvelles spirituelles" que le diable essaime. Quand j'évangélise un new-ager, il me parle lui aussi de sa bonne nouvelle : l'ére du verseau. Je peux alors lui citer Romains 1:16-17 dans ma Bible Martin 1744:

Car je n'ai point honte de l'Évangile de Christ vu qu'il est la puissance de Dieu en salut à tout croyant, au Juif premièrement, puis aussi au Grec, car la justice de Dieu se révèle en lui pleinement de foi en foi, selon qu'il est écrit: or, le juste vivra de foi.

Je passe 10 minutes à lui expliquer la syntaxe du XVIIIe siècle mais je peux lui parler aussi de la personne de Christ qui est la puissance de Dieu pour son salut.

Comment lui annoncerai-je Christ si je lui lisais la traduction NBS :

Car je n'ai pas honte de la bonne nouvelle ; elle est en effet puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif d'abord, mais aussi du Grec. car en elle la justice de Dieu se révèle, en vertu de la foi et pour la foi, ainsi qu'il est écrit : celui qui est juste en vertu de la foi vivra.

Mon ami New-ager me répondra qu'il est d'accord avec la NBS : OUI, sa Bonne Nouvelle existe, elle est une puissance de Dieu, mais lui, il me parlera du Verseau qui vient le transformer.

- voici mon point de vue au sujet du terme résurrection et des mots grecs "egeiro" (Mt26,32) ou "anistêmi" (Ac.2,32) traduit par réveil :

Si dans l'Histoire des Hommes, un seul a pu dire de lui-même "je suis la résurrection et la vie", ses disciples peuvent-ils semer le doute en prêchant le réveil d'entre les morts ? Allez feuilleter pendant 20 mn des livres dans le rayon ésotérisme d'une grande librairie comme la FNAC. Vous comprendrez bien vite pourquoi il est dangereux de prêcher que Christ s'est réveillé. Les gens de ce monde refusent de penser à la mort selon ce que la Bible en dit : comme il leur est préférable de croire au sommeil, à la réincarnation ou à l'anéantissement dans le grand "TOUT". Je donne moins de 20 années à l'oecuménisme ambiant pour qu'il réussisse enfin à présenter partout Notre Seigneur "réveillé" comme un simple dépositaire de la philosophie orientale. L'esprit de l'Antichrist agit, nous le savons, mais en reconnaissons-nous la marque ?

Je conclue sur une déception très classique que les chrétiens attachés à la Bible reçoivent souvent de la part d'autres frères : dans tous les débats touchant à l'intégrité de la Bible, on assène à grands coups le verset que vous citez :"la lettre tue mais l'esprit vivifie".

Mais là, c'est vraiment faire preuve de beaucoup de mauvaise foi que de tirer ce verset hors de son contexte. La lettre de la Loi tue, en effet, selon la démonstration que Paul fait aux Romains et qu'il rappelle ici aux Corinthiens. Mais cette pensée de Paul (et du Seigneur) concerne-t-elle la Lettre de sa Parole ? Il est la Parole, faite de lettres ici-bas (Apocalypse 19:13). L'Esprit vivifie, oui, mais d'abord il commence par trancher avec puissance dans les oeuvres du péché (Hebreux 4:12). Et comment annoncerons-nous le salut si la Parole est étouffée ?

Tous les chrétiens diront : Mais pas d'inquiétude ! le Seigneur veille sur sa Parole !

Je préfèrerais qu'ils se demandent : Oui, mais moi, j'assemble ou je disperse ?

La NBS est le fruit d'un travail scientifique remarquable. Mais à cause de ses choix sémantiques qui manquent de respect envers l'intégrité de l'Evangile, je ne cesserai pas de prévenir mes frères sur la nécessité de garder le bon dépôt de la foi.

Merci de votre patience, cher frère. Que le Seigneur nous communique, à chacun, une once de Sa miséricorde quand nous nous jugeons les uns les autres.

Soyez béni en Jésus-Christ et Paix du Seigneur !

samuel@bibliorama.com

 

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> >

> > Merci pour ce courrier avec les critiques envers la NBS.

> > Je ne connais pas son auteur, mais ce type de réflexions

> > me paraît très significatif d'une sensibilité "fondamentaliste"

> > qui s'imagine que les mots ont une valeur définitive, même

> > s'il s'agit d'une traduction. Je ne crois pas, que je sache,

> > qu'on parle aujourd'hui le français de Calvin.

> > - Sur le mot "repentance", il traduit le grec "metanoia" qui a peu

> > à voir avec les sentiments très pieux de la pénitence de la

> > religiosité catholique ou fondamentaliste. Je trouve le choix

> > de la NBS beaucoup plus fidèle : il correspond à l'idée de

> > "conversion"

> > - Tous les biblistes savent que le mot "évangéliser" n'est pas

> > une traduction mais une transcription du grec "euanggelizo"

> > qui signifie annoncer une bonne nouvelle. Le mot évangéliser

> > en français fait aujourd'hui partie du jargon religieux des initiés

> > mais n'exprime en aucun cas le sens profond de la mission

> > des apôtres qui est d'annoncer la bonne nouvelle du Christ Jésus.

> > - Pour "ressusciter", c'est pareil, on jargonne. En grec on a deux

> > mots distincts : "egeiro" (Mt26,32) ou "anistêmi" (Ac.2,32). Quand

> > on dit "re-susciter", de quoi parle-t-on ? On parle de relever de

> > la mort ou d'entre les morts. De plus le mot "anastasis" est traduit

> > par "résurrection" dans la NBS, en tout 24 fois (par exemple en

> > Luc14,14 ou Rm.6,5 ou encore Ap.20,5) : critique non fondée !

> > Par ces trois exemples, on comprend combien l'auteur de la critique

> > est animé par un doctrinalisme qui a bien du mal a faire entrer la Bible

> > (caractérisée par la vitalité) dans la rigidité d'un discours qui est très

> > marqué par une pensée scientiste du XIXeme siècle qui confond

> > la Parole de Dieu avec l'objectivité littérale, mais c'est faire bien peu

> > de cas de la mise en garde de Paul : "la lettre tue mais l'esprit

> > vivifie".

> > L'expression utilisée par cette personne : "prêcher l'Evangile de la

> > repentance" n'a rigoureusement aucun sens et n'est pas une formule

> > qu'on trouve dans la Bible. Elle méconnaît en outre le grec qui peut

> > indifféremment utiliser un article ou pas avant un nom : ce qu'on trouve

> > régulièrement dans les lettres de Paul ; ainsi, par exemple, pour le

> > mot "nomos" traduit par "loi". LE Christ, c'est pour les juifs, sans

> > aucune ambiguïté : LE Messie.

> > Bref, toutes ces remarques pour dire que la Nouvelle Bible Segond

> > ne met pas en danger le message chrétien ; bien plus, elle est une

> > contribution remarquable à la diffusion de la Parole de Dieu.

> >

> > Si vous le souhaitez, vous pouvez faire connaître ces réflexions aux

> > personnes qui émettent des réserves envers cette NBS.

> > Je vous souhaite de bonnes vacances et me réjouis de vous retrouver

> > bientôt.

> >

> > Marc Muller, pasteur

> >

(Bibliorama.com) ajouté le 26/6/2002


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