Comment faut-il comprendre la vision d'Ezéchiel concernant la future ville et le sanctuaire?

 

FREDI WINKLER

 

Les neuf derniers chapitres du livre d'Ezéchiel avec les données sur le Temple et le service lévitique, la ville, le domaine des sacrificateurs et des lévites ainsi que sur la répartition du pays ont posé de nombreux problèmes à la plupart des exégètes. N'y trouve-t-on qu'une vue de l'esprit pour Israël ou, au contraire, la vision connaîtra-t-elle un jour une véritable réalisation? Ezéchiel 43, 7 parle d'un accomplissement littéral: «Il me dit. Fils de l'homme, c'est ici le lieu de mon trône, le lieu où je poserai la plante de mes pieds, j'y habiterai éternellement au milieu des enfants d'Israël» (voir aussi Ezéch. 37, 26-28).

Une autre question est celle de la réintroduction du service des sacrifices, car par l'offrande unique de Sa vie, Jésus-Christ a expié pour les péchés du monde entier. Nous pourrions comprendre les indications fournies par le texte tout simplement comme un rappel de cette expiation réalisée par jésus. Mais il y a ce problème supplémentaire: les mesures qui ne sont pas nettes. Celles utilisées sont la coudée de 52,5 cm et la canne de 3,15 m (voir Ezéch. 40 5). Pour les mesures du territoire des lévites et des sacrificateurs ainsi que pour la ville en Ezéchiel 40, 1-6 et 48, 8-22, il n'est pas dit de quelle mesure il est question, mais tout simplement qu'il doit s'agir d'un carré de 25.000 de côté; est-il question de coudées ou de cannes? Certaines versions bibliques retiennent la coudée et d'autres la canne, ce qui donne une énorme différence de grandeur, un rapport de un à six: 25.000 cannes font 78,75 km, alors que 25.000 coudées représentent 13,125 km. Le pays d'Israël est, aux endroits en question, d'une largeur de 63-75 km à vol d'oiseau. Logiquement, la Bible ne retient pas le principe du vol d'oiseau, mais bien la ligne topographique. En résultera-t-il une assez grande différence pour que les 25.000 cannes y trouvent place et, qu'à l'ouest comme à l'est, il reste du terrain pour la terre royale, je ne puis le dire du fait que je n'ai pas la possibilité d'examiner la chose. En tout cas, 25.000 coudées semblent trop petites, parce que le territoire des princes serait ainsi beaucoup trop grand. Il reste donc des questions non résolues et l'esquisse faite par Abraham Meister ne revendique nullement l'authenticité. Ce qui frappe dans cette tentative d'apporter une solution, c'est que le sanctuaire ne se trouve pas là où le temple existait jadis. Mais si, lors du partage du pays, il n'est pas question de bandes de terrain de largeur égale, mais de surface égale - ce qui serait logique -, le tableau sera tout différent, et tout le district saint serait déplacé plus vers le sud, où le pays est plus large et où il y aurait plus de place. En outre, le sanctuaire se trouverait plus près de l'emplacement original à Jérusalem. Mais quelle que soit la solution envisagée, elle ne serait jamais qu'un essai.

Les mesures du Temple sont cependant nettement indiquées, et elles correspondent plus ou moins à l'ordre des grandeurs des premier et deuxième Temples. La seule différence significative concerne le mur d'enceinte extérieur du sanctuaire qui, en Ezéchiel 42, 16-20, est renseigné comme étant de 500 cannes sur 500; par contre, le mur d'enceinte du premier Temple mesurait 500 coudées sur 500. Cela signifierait que le parvis extérieur aurait une superficie 35 fois plus grande que celle datant de l'époque du premier Temple. Dès lors, le Temple ne peut plus se trouver là où il était jadis, car la place manquerait à cet endroit. Par contre, ce gigantesque parvis extérieur convient fort bien au texte de Zacharie 14, 16: «Tous ceux qui resteront de toutes les nations venues contre Jérusalem monteront chaque année pour adorer le roi, l'Eternel des armées, et pour célébrer la fête des tabernacles.» Celui qui est déjà allé en voyage à Jérusalem sait combien tout y est étroit pour les nombreux visiteurs qui s'y rendent aujourd'hui. Dans les conditions actuelles, il est donc pratiquement impossible que, chaque année, des pèlerins du monde entier puissent y venir pour la fête des tabernacles.

C'est avec tout autant de netteté que la pleine séparation entre la ville et le sanctuaire ressort du livre d'Ezéchiel. Le sanctuaire se trouve, séparé, au centre du territoire des sacrificateurs alors que la ville est éloignée de quelques kilomètres, à la limite de ce district isolé. Cette description est donc en nette opposition avec les données de l'actuelle Jérusalem. Les mesures de la ville donnent à penser qu'il faut retenir les cannes plutôt que les coudées; autrement, la ville serait relativement petite pour les concepts actuels. Peut-être y a-t-il même, dans la non-indication de l'unité de mesure, une intention, étant donné que ce ne sera qu'à l'accomplissement de ces choses que les dimensions définitives seront fixées. Il y a cependant ceci qui ressort clairement de l'ensemble: des bouleversements formidables vont se produire en rapport avec le retour de Jésus et l'établissement du royaume de Dieu sur la terre; des phénomènes topographiques et géologiques interviendront également (voir, par exemple, Zach. 14, 4 et suivants): ils modifieront la carte d'Israël de telle sorte que les mesures données conviendront. En tout cas, tout doit être fait nouveau, conformément à la déclaration figurant en Esaïe 65, 17-19: «Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit. Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours dans l'allégresse, à cause de ce que je vais créer, car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse, et son peuple pour la joie. Je ferai de Jérusalem mon allégresse, et de mon peuple ma joie. »

Nouvelles d'Israël Août 2000

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