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Choisir la bonne part

 

«Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Elle avait une soeur, nommée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du seigneur, écoutait sa parole. Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit: 'Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma soeur me laisse seule pour servir? Dis-lui donc de m'aider'. Le Seigneur lui répondit: Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée'» (Luc 10, 38-42).

 

Nous savons où s'est passée cette histoire, qui revêt une énorme signification pour notre vie spirituelle, car elle nous montre où nous avons placé notre centre de gravité. Cette scène se déroula à Béthanie. Partons, en pensée, de Jérusalem vers le mont des Oliviers via la vallée du Cédron; dans la direction sud-est, se trouve Béthanie sur le flanc oriental de cette colline. Jésus a souvent fait ce chemin dans les deux directions. Nous sommes toujours fortement impressionnés quand, lors de nos voyages en Israël, nous pouvons nous en aller par ces chemins sur lesquels notre cher Sauveur a marché. Mais le faisons-nous chaque fois dans l'attitude intérieure qui convient? Béthanie (= Maison des pauvres) est arabe dans sa plus grande partie; elle se nomme el-Azarije et fait dès lors penser à Lazare, que Jésus a ressuscité. Le village voisin de Bethphagé nous rappelle que le Seigneur y a fait trouver un âne à ses disciples avant Son entrée à Jérusalem.

Béthanie était alors un village essénien. On pense qu'il y avait là aussi un camp de lépreux; c'est ce que nous donne à croire Matthieu 26, 6: «Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. ..» Un reporter a écrit:

 

Il y a cent ans, Béthanie était encore un misérable village de vingt à trente cabanes, faites de pierres enlevées aux ruines de l'ancienne Béthanie. Sur cette pet;te pente se trouvent des amandiers avec leurs fleurs blanches, des abricotiers, des figuiers et des oliviers; au printemps, l'herbe verte et fraîche est toute parsemée de fleurs sauvages multicolores.

Jésus n'était pas insensible à la beauté de la nature. Au contraire, Il considérait avec énormément d'attention la création de toute vie que Lui-même et Son Père avaient amenée à l'existence. Cette nature Lui a inspiré des paraboles remarquables. Aujourd'hui, Béthanie, qui a grandi, est intégrée à Jérusalem.

Notre récit nous rapporte l'entrée de Jésus chez les deux soeurs Marthe et Marie et leur frère Lazare, à Béthanie. Quand le Fils de Dieu pénètre dans une maison, cela revêt toujours une énorme signification, car il s'y passe alors des choses merveilleuses!

La Bible porte à notre connaissance d'autres rencontres très importantes du Seigneur. Nous lisons en Genèse 18, 1-3: «L'Eternel lui (à Abraham) apparut parmi les chênes de Mamré, comme il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Il leva les yeux et regarda: et voici, trois hommes étaient debout près de lui. Quand il les vit, il courut au-devant d'eux, depuis l'entrée de sa tente, et se prosterna en terre. Et il dit: 'Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe point, je te prie, loin de ton serviteur'.» Qui était Celui qu'Abraham reconnut comme l'Eternel, désireux d'entrer chez lui? C'était le Fils du Dieu de gloire, qui, avec deux de Ses anges, avait pris provisoirement une forme visible avant Son incarnation. C'était le Messie, de qui il est dit «. . . duquel les origines ont été d'ancienneté, dès les jours d'éternité» (Michée 5, 1; version Darby). Quel moment ce fut dans la vie d'Abraham, le fidèle serviteur de Dieu, de pouvoir recevoir le Très-Haut en toute liberté, mais avec une profonde révérence! Le Seigneur aime entrer chez des gens qui vivent selon Ses commandements.

Abram prenait à coeur la recommandation qui lui avait été adressée auparavant: «Lorsque Abram fut âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, l'éternel apparut à Abram et lui dit: Je suis le Dieu tout puissant.

Marche devant ma face et sois intègre.'» (Gen.17, 1). Abram, en se pliant à cette directive, approfondit sa relation avec Dieu. C'est alors qu'il reçut son nouveau nom: Abraham. La venue du Très-Haut chez lui fut de toute importance, car cette promesse lui fut alors faite: «Je reviendrai vers toi à cette même époque; et voici, Sara, ta femme, aura un «fils» (Gen. 18, 10). Abraham intercéda alors pour Sodome et Gomorrhe; et il parvint à sauver la vie de son neveu Lot.

Toute différente, mais tout aussi bénie, fut l'entrée de Jésus chez le péager Zachée à Jéricho, un homme qui s'était enrichi d'une manière douteuse.

«Lorsque Jésus fut arrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée, hâte-toi de descendre (du sycomore); car il faut que je demeure aujourd'hui dans ta maison'» (Luc 19, 5). Etrange: le visiteur qui invite le propriétaire! Peu courant! Celui qui s'invite n'a pas souvent des intentions pures. Jésus entrait chez des publicains et des pécheurs, ce qui était très mal perçu par Ses concitoyens: «Voyant cela, tous murmuraient et disaient: Il est allé loger chez un homme pécheur» (Luc 19, 7). Mais le Seigneur ne se laissait pas détourner quand il s'agissait de sauver une brebis perdue. L'opinion publique ne pouvait L'arrêter dans Sa mission. Quand Il cherchait un gîte, Il ne pouvait le trouver que chez des pécheurs. Zachée, assis en face de Jésus, a sans doute éprouvé ce que Pierre a ressenti, quand il s'est écrié dans une sainte frayeur devant la gloire du Seigneur: «Je suis un homme pécheur» (Luc 5, 8).

Zachée n'eut pas besoin d'être convaincu de péché il ne fut pas contraint à la confession: il reconnut spontanément sa condition de pécheur. En présence de Celui qui est la lumière du monde, toute souillure apparaît crûment. Mais tout coupable repentant obtient le pardon, le salut et la guérison de son âme: Jésus lui dit: «Le salut est entré aujourd'hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi un fils d'Abraham» (Luc 19, 9). Dès lors, ce péager, heureux d'être délivré de son péché, put héberger son Messie. Zachée, tout comme Abraham, eut cette rencontre sous un arbre. Il est écrit en Proverbes 8, 3 1: «Mes délices étaient dans les fils des hommes.» «Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 1 9, 1 0).

Venons-en maintenant au texte biblique introductif: Jésus entra donc à Béthanie chez ce trio de célibataires: Marthe, Marie et Lazare, qui habitaient ensemble. Jésus Lui-même n'était pas marié, contrairement au commandement divin: «Soyez féconds, multipliez!» Dieu donna ce commandement aux hommes, mais non au Fils éternel non créé. Pour les Esséniens, le célibat était considéré comme une vertu, que Jésus n'approuvait pas. Le Seigneur entra donc dans cette maison de Béthanie. Pourquoi?

Vraisemblablement parce qu'Il avait déjà pu apprécier auparavant l'hospitalité de ces gens, qui Lui avaient offert de passer la nuit. Nous lisons en Matthieu 2 1, 17: «Et, les ayant laissés, il sortit de la ville pour aller à Béthanie, où il passa la nuit.» C'était Sa dernière halte sur le chemin allant de Jéricho à Jérusalem, où Il allait souffrir et mourir. Il est écrit en Jean 1 1, 5 : «On Jésus aimait Marthe et sa soeur, et Lazare.» Ces gens pieux connaissaient manifestement l'ordonnance relative à l'hospitalité.

Ils savaient probablement aussi quelle bénédiction reçut la Sunamite pour avoir hébergé le prophète Elisée (cf. 2 Rois 4). La Parole de Dieu nous exhorte en Romains 12, 13: «Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l'hospitalité.'» - «Il faut donc que l'évêque soit irréprochable, . . . hospitalier. . .»( l Tim. 3, 2) - «Exercez l'hospitalité les uns envers les autres, sans murmures» (1Pierre 4,9) «N'oubliez pas l'hospitalité car en l'exerçant, quelques-uns ont logé des anges, sans le savoir» (Hébr. 13, 2) - «. . . mais qu'il soit hospitalier (un ancien), ami des gens de bien.. .» (Tite 1, 8). L'Ecriture Sainte ne passe pas sous silence qu'il existe des oisifs pieux, et elle met en garde contre les parasites (pique-assiettes) (2 Thess. 3 et 1Tim. 5), qui aiment vivre au crochet des autres, qui abusent de l'hospitalité des croyants et remplissent leur ventre chez eux.

Entrons maintenant avec Jésus chez Marthe et Marie. Marthe fait preuve de courage en recevant chez elle le Seigneur, mis au ban de la société par les autorités. Cela équivaut à une reconnaissance du Messie. Celui qui le fait peut facilement être regardé de travers ou abreuvé de moqueries. Des préparatifs sont immédiatement entrepris pour offrir l'hospitalité au Seigneur. Marthe, vertueuse et active, s'affaire au repas, tandis que sa soeur Marie se met aux pieds de Jésus pour L'écouter parler. Il est inhabituel qu'elle n'apporte pas son aide. Comme Marthe devait fulminer! Mais Marie, désireuse d'apprendre, n'en remarquait rien. Buvant les paroles du Seigneur, elle en oubliait son entourage.

Elle ne voulait perdre aucun des mots qu'il prononçait. Quel moment pour elle! Finalement, Marthe, n'y tenant plus, demanda à Jésus de rappeler sa soeur à ses obligations domestiques. Mais elle s'attira ce doux reproche: «Le Seigneur lui répondit:

Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée» (Luc 10, 4 1-42). Ainsi parla-t-Il à Marthe; par contre, nous ne savons ce qu'Il dit à Marie. Peut-être était-il question du royaume des cieux.

Choisir la bonne part! Quelle en est la signification pour nous? Hors de Christ, la Parole devenue chair, il n'y a absolument rien de bon dans ce monde. Il sait situer les priorités. Certes, il apprécie l'hospitalité, le sens du devoir et la dignité du travail. Mais cette éthique n'est pas ce qu'il y a de plus élevé. Rien n'est plus important que la Parole de Dieu. Même s'activer pour le Seigneur n'a pas de valeur si les motifs du coeur ne sont pas purs et vidés de tout égoïsme. Bien des choses se réalisent dans le royaume de Dieu «au nom du Seigneur», mais elles n'appellent ni Son approbation ni Sa louange. A celui qui travaille dans cette sphère dans le souci de se faire connaître et de récolter des honneurs, Dieu ne promet aucune récompense. Jésus ne peut apprécier le zèle de Marthe, parce que, dépassant la mesure, elle néglige l'essentiel que le Messie, le Fils divin, lui propose. «Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.» Que faut-il entendre par là? Réponse: Marie a choisi d'écouter et de retenir Ses paroles comme possession éternelle. «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point» (Matth. 24, 35). Toutes les paroles de Jésus ont valeur d'éternité, et elles donnent la vie éternelle. «Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie» (Jean 6, 63). Peut-ii se trouver sur la terre quelque chose de plus précieux et de plus important que la Parole de Dieu? Certainement pas! C'est pourquoi Marie a choisi la bonne part à la source même de la vie en possession éternelle. Quelle heure de grâce inoubliable pour elle là, aux pieds de Jésus! Le coeur brûlant, elle honore ainsi son Messie. Elle veut dorénavant Le servir.

Nous comprenons maintenant que peu de temps après, la douce et paisible Marie aura le courage d'adorer le Fiancé de son âme lors de ce repas: «Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie, où était Lazare, qu'il avait ressuscité des morts. Là, on lui fit un souper; Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui se trouvaient à table avec lui. Marie, ayant pris une livre d'un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l'odeur du parfum» (Jean 12, 1-3). En répandant ce précieux parfum, Marie donna expression à la consécration de son coeur pour son Messie. Avec ses cheveux ("honneur de la femme), elle essuya Ses pieds, qui bientôt allaient Le conduire à Golgotha - «elle l'a fait pour ma sépulture» (Matth.

26, 12), a dit Jésus.

Il y a ceci de particulièrement important dans l'existence: choisir la bonne part! Le faisons-nous?

Cherchons-nous cette place aux pieds de Jésus? Il nous donne la Parole de vie, car Il est Lui-même la Parole devenue chair. N'est-il pas d'une légèreté coupable de négliger la relation avec Lui dans la prière et la lecture du Saint Livre? Satan veut nous arrêter dans la communion avec Lui. Jésus ne doit pas être un hôte occasionnel; non, Il doit avoir Sa demeure dans notre coeur, Lui qui nous donne force et paix intérieure. L'apôtre Paul a écrit: «Je fléchis les genoux devant le Père.,. afin qu'il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d'être puissamment fortifiés par son Esprit dans l'homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi; afin qu'étant enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu'à toute la plénitude de Dieu» (Ephés. 3, 1 6- 1 9).

Oui, une chose est indispensable! J.H. Schröder l'a formulée ainsi: «Ah, Seigneur, apprends-moi à distinguer cette chose unique et essentielle! Tout le restant, malgré les apparences, n'est qu'un joug pesant, sous lequel le coeur gémit et ne trouve aucune réelle satisfaction. Si je parviens à cette chose unique capable de remplacer absolument tout, mon âme en sera totalement réjouie.»

Appel de Minuit Juillet 1998

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