«Car la parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit» (Hébr. 4, 12).
Posons-nous tout d'abord cette question: Comment peut-on distinguer entre l'âme et l'esprit? Même si, pour bon nombre de chrétiens, la chose n'est pas aisée, il existe cependant une nette distinction entre ces deux choses; sinon, la Parole n'en aurait pas parlé: «la Parole de Dieu ... âme et esprit ... » Où réside cette distinction? Sur un plan général, nous pouvons dire que l'âme de l'homme est tournée vers sa vie naturelle terrestre et ce qui s'y rattache; par contre, l'esprit est orienté vers la vie spirituelle et tout ce qui est de Dieu et de Son Fils.
L'âme de l'homme
Que peut remarquer, ressentir et expérimenter un être humain dans sa vie naturelle terrestre? Enormément de choses. Pensons, par exemple, à ce qui a trait à la joie, au bonheur, à la bonne humeur, au courage, mais aussi à la tristesse, à la douleur, à la lassitude, au désespoir et au manque de vigueur. C'est ainsi que le psalmiste s'écrie, joyeux: «Et mon âme aura de la joie en l'Eternel, de l'allégresse en son salut» (Ps. 35, 9); par ailleurs, nous entendons Job, confronté à de grandes souffrances et une profonde détresse, prononcer ces mots: «Mon âme est dégoûtée de la vie!je donnerai cours à ma plainte, je parlerai dans l'amertume de mon âme» (job 1 0, 1). Tous ces sentiments, qu'ils soient positifs ou négatifs, proviennent directement de l'âme. C'est elle qui s'exprime de cette manière.
Mais il y a finalement là un danger qui est loin d'être négligeable; il se cache derrière le fait que l'âme se sert exclusivement des sentiments. Un croyant qui s'occupe trop des sentiments peut devenir quelqu'un de «psychique». Comment reconnaître un tel homme? D'une sensibilité extrême, il se comporte de manière déséquilibrée, dès lors, imprévisible. On ne peut se fier à lui, car il est tantôt sur un nuage de bonheur, tantôt dans un abîme de tristesse. Pourquoi? Parce que sa vie ne suit pas une ligne claire et nette. Comprenons-nous maintenant un peu mieux le texte biblique introductif qui insiste beaucoup sur ces expressions: «la Parole de Dieu ... âme et esprit ... S'il y a errement au niveau de la pensée, du raisonnement et.de l'action procédant de l'âme, le risque de complications au plan spirituel sera bien réel. Il est un domaine où il est particulièrement dangereux de laisser s'exprimer le mouvement psychique: c'est celui de la vie en Christ.
L'esprit de l'homme
En aucun cas, les enfants de Dieu ne peuvent laisser le «sentiment» prendre le dessus dans leur vie de foi, d'autant plus qu'il est écrit en Romains 8, 1 6: «L'Esprit (de Dieu) lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu.» A noter qu'il n'est pas dit ici que l'esprit saint rend témoignage à notre âme que nous sommes enfants de Dieu; non, Il le fait à «notre esprit».
L'esprit est comme une antenne tournée vers Dieu, de sorte que l'individu est rendu capable de saisir et d'assimiler tout ce qui procède de Lui. C'est l'esprit que l'Eternel a soufflé dans l'homme à sa création, ainsi qu'il est écrit en Zacharie 12, 1: «Oracle, parole de l'Eternel sur Israël. Ainsi parle l'Eternel, qui a étendu les cieux et fondé la terre, et qui a formé l'esprit de l'homme au-dedans de lui». L'esprit du croyant notamment retourne à Dieu après sa mort: «.. que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné» (Eccl. 12, 9). Pensons à la mort de notre Seigneur: « Jésus s'écria d'une voix forte: Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et, en disant ces paroles, il expira» (Luc 23, 46), ou encore à celle d'Etienne, lequel s'écria: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit!» (Actes 7, 59).
Il ressort de tout ce qui précède que les vérités spirituelles - même si elles produisent en nous une joie profonde - ne doivent jamais être reçues et exploitées par la seule âme (le sentiment).' Si nous le faisons, nous ressemblons à cet homme que Jésus a décrit par ces mots: «Celui qui a reçu la semence dans les endroits pierreux, c'est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie; mais il n'a pas de racines en lui-même, il manque de persistance, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, il y trouve une occasion de chute» (Matth. 13, 20-21). Que le bien spirituel, comme la Parole de Dieu, produise en nous une grande joie, n'est certes pas une faute; il doit toujours en être ainsi. Mais faute il y a, quand la joie reste au seul plan psychique; il faut qu'elle ait des racines, c'est-à-dire qu'après réception du message de l'Eternel, elle pénètre profondément en nous. C'est une chose de se réjouir à l'écoute d'une parole que Dieu nous adresse - ce qui se fait par l'âme -, c'en est une autre de la recevoir au plus profond de nous-mêmes et de l'assimiler, ce qui mobilise notre esprit.
Foi sensible ou spirituelle?
Seul l'esprit de l'homme peut croire vraiment. Certes, l'âme peut adhérer sentimentalement, mais cela ne durera que le temps où l'on se trouve sur une hauteur psychique. Mais hélas, que vienne à changer notre humeur, et nous voici tombés de notre foi faite de sensiblerie! Par contre, la foi née de l'esprit ne doit pas sa vie et son activité à un soutien visible et tangible; non, elle s'appuie sur un fait d'une certitude absolue pour elle. Peu importe pour elle (la foi) qu'à un certain moment, tout semble se liguer contre ce que l'on croit! La foi de l'esprit est orientée vers ce qui l'a produite. Croire ainsi, c'est croire en esprit et c'est se trouver sur le terrain ferme de l'Ecriture sainte, qui déclare: «Or la foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas» (Hébr 11, 1). Nous pouvons ainsi faire nôtre ce verset de 2 Corinthiens 5, 7: «.. car nous marchons par la foi et non par la vue.» Et l'apôtre Pierre a écrit au sujet d'une telle foi: «.. lui que vous aimez sans l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore, vous réjouissant d'une joie ineffable et glorieuse» (1 Pi. 1. 8).
Comprenons-nous mieux maintenant le sens du mot introductif, selon lequel «la parole de Dieu» divise «l'âme et l'esprit»? En vérité, l'âme (les sentiments) n'est vraiment pas à sa place là où il s'agit de choses spirituelles du Seigneur Il importe qu'ici, nous nous cramponnions fermement à cette affirmation: «L'Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu» (Rom. 8, 16).
Pourquoi y a-t-il de nos jours des chrétiens nés de nouveau qui se mettent tout à coup à douter de leur salut? N'étaient-ils donc pas habités par la conviction profonde d'être sauvés, ou auraient-ils perdu leur salut? Nullement! Mais il s'agit là d'enfants de Dieu qui mettent continuellement leur certitude du salut (qui est réel) dans une perspective purement sentimentale. On comprend alors pourquoi, certains jours, ils se réjouissent pleinement d'être sauvés, et cela parce que leur disposition intérieure du moment les y porte; mais voici que dès l'instant où celle-ci change, c'en est d'un coup fini de leur assurance du salut, bien que restant naturellement des enfants de Dieu. A cet égard, je citerai Hébreux 13, 9, où il est dit nettement:«.. car il est bon que le coeur soit affermi par la grâce ... » C'est une pure grâce que l'Esprit de Dieu rende témoignage à notre esprit «que nous sommes enfants de Dieu». Il faut néanmoins que nous y mettions du nôtre: nous devons sciemment exclure toute forme de sentimentalisme pour nous appuyer uniquement sur les promesses absolument sûres de la Parole de Dieu. Concrètement, le sens en est que nous ne nous devons plus nous fonder sur ce que nous ressentons, mais sur ce que nous connaissons par l'Ecriture Sainte.
Que le Seigneur nous accorde de saisir tout à nouveau - ou peut-être pour la première fois - cette vérité fondamentale de toute importance!
Marcel Malgo
Appel de Minuit 02 / 1999