Les frontières du pays promis
La promesse divine faite à Abraham et à sa descendance de leur donner le pays s'étendant entre le fleuve d'Egypte et le grand fleuve Euphrate (Genèse 15, 18) soulève bon nombre de questions comme, par exemple:
1. Quelles sont les frontières du pays promis et sont-elles valables pour toute la postérité d'Abraham?
2. Quelles sont les frontières du pays que Dieu a promis aux fils de Jacob, le peuple d'Israël?
3. La promesse d'un pays faite à Israël est-elle liée à des conditions?
4. De même, la promesse à Abraham que toutes les nations seraient bénies dans sa semence est-elle aussi liée à certaines conditions?
5. La promesse d'un pays pour Israël a-t-elle un sens aujourd'hui ou est-elle pour un temps futur?
Il n'est pas aisé de répondre à ces questions; on ne peut le faire qu'en s'appuyant sur les déclarations de toute l'Ecriture Sainte. En outre, certaines d'entre elles ne sont pas faciles à comprendre; et elles rendent difficile une appréciation nette. Déjà à l'époque du Talmud, les rabbins se penchaient sur ces questions, et ils en venaient à des conclusions différentes. De plus, au cours de son histoire, Israël a connu un déplacement permanent de ses frontières.
La première question à tirer au clair est celle-ci:
Quelles sont les frontières du pays promis et pour qui vaut la promesse?
Dieu a fait la promesse d'un pays, pour la première fois, à Abraham; et Il en a donné l'esquisse à grands traits en Genèse 15, 18: «Je donne ce pays à ta postérité, depuis le fleuve d'Egypte jusqu'au grand fleuve, au fleuve d'Euphrate. » Ce qu'il faut entendre par l'Euphrate est, bien sûr, évident. Par contre, la première difficulté surgit avec l'expression «le fleuve d'Egypte». Comment faut-il comprendre? Dans des promesses ultérieures, comme celle de Nombres 34, 5, il est toujours question du «torrent d'Egypte», et non pas du «fleuve d'Egypte». On entend généralement par là l'oued El-Arish, d'une longueur de 80 km, allant de Gaza à la Méditerranée. Le terme hébreu «nachal» pour ruisseau est utilisé dans la Bible pour les ruisseaux du pays d'Israël, et le mot «nahar» pour fleuve, pour l'Euphrate et ses affluents, ou encore pour le Nil, comme, par exemple, en Esaïe 19, 5. En conséquence, nous devons admettre que Genèse 15, 18 fait effectivement référence au Nil et non pas à l'oued El-Arish, alors que dans les promesses faites plus tard, seul le terme «nachal» est employé. Dans la suite de cet article, nous constaterons qu'il existe plus de différences encore dans les diverses promesses, pour lesquelles nous avons besoin d'une explication.
Nous cernons d'un peu plus près la signification en nous posant cette question: Qui est la postérité, ou la semence, d'Abraham à laquelle la promesse du pays a été faite? A première vue, la réponse serait: Mais naturellement à Israël, via Isaac et Jacob - la lignée de la promesse! On pourrait, par contre, rétorquer qu'Abraham - outre Isaac - a eu d'autre fils. Qu'en est-il de ceux-ci? Sont-ils aussi héritiers de la Terre promise: Ismaël, né de Agar, la servante de Sara; Zimran, Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach, nés de sa seconde femme, Ketura? La Bible leur consacre quelques paragraphes, voire même des chapitres entiers. Et qu'est-il dit de leurs lieux de résidence? Il se fait également qu'Esaü, le frère jumeau de Jacob, est un enfant d'Abraham; lui aussi est devenu un grand peuple, à l'arbre généalogique duquel la Bible accorde tout un chapitre (Genèse 36). Elle nous fournit des données assez précises sur les territoires de ces tribus descendant d'Abraham. Il nous est rapporté en Genèse 25, 12-18 comment Ismaël est devenu une peuplade nombreuse qui s'est installée entre l'Egypte et Assur: «Ses fils habitèrent depuis Havila jusqu'à Schur, qui est en face de l'Egypte, en allant vers 1 Assyrie» (v. 18).
On peut en dire autant des fils de Ketura, qui, devenus très nombreux, ont eu pour territoire la région située à l'est de Canaan: «Il fit des dons aux fils de ses concubines; et, tandis qu'il vivait encore, il les envoya loin de son fils Isaac du côté de l'orient, dans le pays d'Orient» (Gen. 25, 6). Le pays à l'orient d'Israël est l'Arabie; et des noms comme Madian, Séba, Dedan et les Aschurim sont ceux de grandes tribus, qui, par la suite, firent bien du mai au peuple de Dieu. Il ressort de Deutéronome 2, 9 et 19 que l'Eternel prit aussi soin de ces tribus et leur donna un héritage où habiter: «N'attaque pas Moab, et ne t'engage pas dans un combat avec lui, car je ne te donnerai rien à posséder dans son Pays: c'est aux enfants de Lot que j'ai, donné Ar à en propriété... Ne les attaque pas, et ne t'engage pas dans un combat avec eux; car je ne te donnerai rien à Posséder dans le pays des enfants d'Ammon: c'est aux enfants de Lot que je l'ai donné en propriété. » Cela valait également pour Edom, le pays de la descendance d'Esaü. Certes, Moab et Ammon n'étaient pas des descendants d'Abraham, mais bien de Lot, son neveu, qui accompagna le patriarche tout un temps. Mais l'Eternel prit aussi soin d'eux.
On peut donc affirmer que le territoire de la postérité d'Abraham va du fleuve d'Egypte, le Nil, jusqu'au grand fleuve Euphrate, et que la promesse faite à Abraham s'est accomplie.
Qu'en est-il de la promesse de la possession d'un pays donnée aux enfants d'Israël?
«Quelles sont les frontières du pays promis par Dieu aux fils de Jacob, le peuple d'Israël?»
La promesse de donner Abraham s'inscrivait dans la lignée d'Isaac, et il s'agissait toujours de Canaan, Parce que la postérité d'Abraham va bien plus loin que le peuple d'Israël seulement, la promesse relativement au pays est aussi plus grande et, dans bon nombre de passages bibliques, dépasse les limites de Canaan. En Genèse 17, 1, l'Eternel apparaît au patriarche pour lui promettre qu'il deviendrait le père de beaucoup de nations (v. 4-6). Et deux versets plus loin, il est précisé: «Je te donnerai, et à tes descendants après toi ~ le pays que tu habites comme étranger, tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle, et je serai leur Dieu» (v. 8). Il s'agissait donc pour Dieu du pays de Canaan. Il y eut l'appel divin adressé à Abraham à sortir d'Ur en Chaldée pour aller dans le pays de Canaan (Genèse 11, 31; 12, 5).
Deux limites sont mentionnées dans la promesse à Abraham relativement au pays: du Nil jusqu'à l'Euphrate (Gen. 15, 18), valable pour toute la descendance du Patriarche; mais il est question d'un plus petit pays pour la vraie postérité de l'alliance: Canaan lui-même: il est écrit: «Dieu dit. Certainement Sara, ta femme, t'enfantera un fils; et tu l'appelleras du nom d'Isaac. J'établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui. A l'égard d'Ismaël, je t'ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l'infini; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. J'établirai mon alliance avec Isaac, que Sara t'enfantera à cette époque-ci de l'année prochaine» (Gen. 17, 19-21).
Cette double promesse est à la base de l'ambiguïté relativement aux frontières du pays promis, comme par exemple en Deutéronome 1, 7 et Josué 1,4, où il est parlé à grands traits du pays avec mention faite à l'Euphrate, en référence à la promesse faite par Dieu à Abraham. Mais si nous considérons de plus près les promesses, l'image apparaît quelque peu différente.
Par exemple, il ne fut pas accordé à Moïse d'entrer dans le pays promis avec le peuple qu'il avait pourtant fait sortir d'Egypte (Deut. 32, 48-52). Il est ainsi clairement indiqué que seule la terre à l'ouest du Jourdain appartient au pays promis par l'Eternel aux enfants d'Israël. De même, le fait que les Israélites reçurent la manne céleste jusqu'au moment où ils franchirent le Jourdain, donc parvenus au but (Jos: 5, 12), montre que le pays situé à l'est du Jourdain ne faisait pas partie de la Terre promise, mais n'était que provisoirement donné aux tribus de Ruben et de Gad et à la demi-tribu de Manassé.
Les données relatives aux limites du pays promis par Dieu à Israël, nous les trouvons en Nombres 34, 2-12, avec cette nette déclaration au verset 2 qu'il s'agit du pays de Canaan:
«Quand vous serez entrés dans le pays de Canaan, ce pays deviendra votre héritage, le pays de Canaan, dont voici les limites.» Il ressort donc de ce passage que le territoire à l'est du Jourdain ne s'inscrit pas dans le pays promis par l'Eternel aux Israélites, mais que le Jourdain et la mer Morte en constituent les frontières à l'est. Quant au sud, il apparaît que le Néguev, jusqu'à Elath et la mer Rouge, n'en fait pas non plus partie, bien qu'il y ait ici une version divergente (cf. Exode 23, 31). Effectivement, Juda a possédé provisoirement Elath (ou: Eloth) au bord de la mer Rouge (2 Chron. 26, 2). Seul le rapport détaillé et clair de Nombres 34, 3-12 doit nous servir de référence quant aux limites de l'héritage des enfants d'Israël.
C'est cependant la frontière nord qui étonne le plus. Selon ces indications, pratiquement tout le Liban appartient au pays promis par l'Eternel. Mais l'histoire biblique nous apprend qu'Israël n'a jamais possédé cette partie septentrionale, même pas au temps de David et de Salomon. En effet, le pays d'Hiram, le roi de Tyr, ami de David et qui aida ce dernier à construire plus tard ses palais, n'appartenait pas à Israël (2 Sam. 5, 11). Le Liban ne fit jamais partie d'Israël, même si David fit des incursions dans ses terres orientales. Il vaut la peine de noter à cet égard que les frontières d'Israël dont question dans la vision d'Ezéchiel pour le futur règne millénaire (cf. Ezéch. 47, 13-20) sont presque exactement les mêmes que celles données en Nombres 34. Cela nous montre que l'accomplissement définitif de la promesse est encore à venir. Dieu en est le garant; quant à la manière et au temps de sa réalisation, Il en garde le secret dans Sa sagesse. Tout ce qui s'est produit y menant n'était que provisoire et fragmentaire, et, en grande partie, tributaire de l'obéissance d'Israël.
«La promesse du pays faite à Israël est-elle liée à certaines conditions?»
Comme la promesse divine faite à Abraham de lui donner une postérité de son épouse Sara ne posait pas de conditions - elle ne s'est cependant pas réalisée immédiatement: il y eut en effet bien des épreuves avant son accomplissement, qui finit même par paraître impossible -, il en alla de même pour la promesse relative au pays. Abraham, Isaac et Jacob vécurent comme des étrangers en Canaan; et leur descendance dut plus tard passer 400 ans en Egypte (Gen.15, 13). L'Eternel fit cette promesse à Abraham (je donne ce pays à ta postérité» (v. 18: la version hébraïque utilise une forme passée: «J'ai donné... »). Pour Dieu, c'était un fait acquis, car Il tient toujours Ses promesses. Mais c'est Lui qui décide de la manière et du moment de leur réalisation.
Sur le long chemin de l'accomplissement de la promesse, Dieu la réitéra régulièrement à Abraham, Isaac et Jacob. Quel était le but de cette longue attente? L'Eternel voulait tester leur foi, la renforcer et resserrer petit à petit l'alliance avec eux.
Normalement, un accord pose des conditions à tous les partenaires, mais l'alliance de Dieu avec Abraham était au départ sans conditions, excepté qu'il devait quitter sa patrie et s'en aller vers un pays étranger. C'est sur cet acte d'obéissance que Dieu établit l'alliance de la promesse relative au pays. Il la renouvela ensuite avec le patriarche et introduisit la circoncision comme signe de cette alliance: «Dieu dit à Abraham: Toi, tu garderas mon alliance, toi et tes descendants après toi, selon leurs générations. C'est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta Postérité après toi. tout mâle parmi vous sera circoncis» (Gen. 17, 9-10). Chose intéressante: Ismaël et tous les serviteurs furent également circoncis - une indication que l'alliance de Dieu avec Abraham portait sur ces deux lignées: une terrestre et une céleste, éternelle, qui devait passer par Isaac, lequel, à ce moment-là, n'était même pas encore né. Dieu considère toujours en premier lieu l'obéissance volontaire des partenaires de Son alliance avant de la conclure. La plus grande dimension donnée à cette alliance se fit avec le peuple d'Israël 400 ans plus tard au Sinaï, quand tous les Israélites promirent, au pied de cette montagne, de faire tout ce que l'Eternel leur disait (cf. Ex. 19,5-8)
La conclusion de cette alliance amena un changement fondamental: la réalisation de la promesse relative au pays était maintenant liée à des conditions. Cela apparut tout particulièrement lors du dernier renouvellement de l'alliance par Moïse en Moab, avant l'entrée dans le pays de Canaan, où la malédiction découlant d'une désobéissance prit une place fort importante: «Voici les paroles de l'alliance que l'Eternel ordonna à Moi' se de traiter avec les enfants d'Israël au pays de Moab, outre l'alliance qu'il avait traitée avec eux à Horeb... Vous observerez donc les paroles de cette alliance, et vous les mettrez en pratique, afin de réussir dans tout ce que vous ferez. Vous vous présentez aujourd'hui devant l'Eternel, votre Dieu... pour entrer dans l'alliance de l'Eternel, ton Dieu, dans cette alliance contractée avec serment, et que l'Eternel, ton Dieu, traite en ce jour avec toi... afin de t'établir aujourd'hui pour son peuple et d'être lui-même ton Dieu, comme il te l'a dit, et comme il l'a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. Ce n'est point avec vous seuls que je traite cette alliance, cette alliance contractée avec serment. Mais c'est avec ceux qui sont ici parmi nous, présents en ce jour devant l'Eternel, notre Dieu, et avec ceux qui ne sont point ici Parmi nous en ce jour» (Deut. 29, 1.9-10.12-15).
La malédiction découlant de la désobéissance a donc pris une position centrale au dernier stade de l'élargissement de l'alliance de Dieu avec son peuple Israël. L'Eternel le menaça de très sévères châtiments en cas de transgression de Son alliance. Le plus grave d'entre eux serait d'être chassé du pays de la promesse, ainsi qu'il est si tragiquement écrit en Deutéronome 28, 63: «De même que l'Eternel prenait plaisir à vous faire du bien et à vous multiplier, de même l'Eternel prendra plaisir à vous faire périr et à vous détruire; et vous serez arrachés du pays dont tu vas entrer en possession. » Malgré tout, Dieu restera fidèle à Ses promesses qu'Il réalisera en Son temps, comme nous le lisons en Lévitique 26, 44: «Mais, lorsqu'ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les rejetterai pourtant point, et je ne les aurai point en horreur jusqu'à les exterminer, jusqu'à rompre mon alliance avec eux. »
Le secret de la bénédiction temporelle et de l'accomplissement de toutes les promesses dépend de l'obéissance, et cela jusqu'à l'établissement du royaume de Dieu sur la terre - un principe qui vaut tant pour Israël que pour nous: «Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même» (2 Tim. 2, 13). Là
La promesse faite à Abraham que tous les peuples seraient bénis en sa semence est-elle aussi liée à des conditions?
Abraham a obtenu de Dieu deux grandes promesses, l'une relativement au pays et l'autre concernant la bénédiction: la première semblait être la plus importante; pourtant, aux yeux de l'Eternel, elle venait au second rang. La promesse prioritaire était pour Lui celle de la bénédiction, tous les peuples devant être bénis dans la semence d'Abraham. D'où, en première place, la promesse de la bénédiction: «Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi» (Gen. 12, 2-3). Ce n'est que plus tard que fut faite la promesse d'un pays.
Le but de l'élection et de l'appel d'Abraham était que, par quelqu'un de sa descendance, la rédemption puisse être offerte à l'humanité; voilà ce qui était prioritaire. La promesse d'un pays ne devait servir qu'à la réalisation pratique de ce plan. Que le dessein de Dieu eût trait en premier lieu à la semence, à la postérité de cet homme, par laquelle le salut devait venir, cela est prouvé par la réponse de l'Eternel à sa prière de reconnaître Ismaël: «Certainement Sara, ta femme, t'enfantera un fils; et tu l'appelleras du nom d'Isaac. J'établirai mon alliance avec lui comme une alliance perpétuelle pour sa postérité après lui» (Gen. 17. 19). Abraham reçut cette promesse dans la foi, Isaac n'étant alors pas encore ne. La plus dure épreuve attendait encore le patriarche. Ce n'est que lorsqu'il eut passé valablement son plus important test de foi - en se montrant prêt à obéir à l'ordre divin d'offrir en sacrifice ce fils promis et si longtemps attendu - que Dieu confirma Son engagement par un serment: «Je le jure par moi-même, parole de l'Eternel! parce que tu as fait cela et que tu n'as Pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai et je multiplierai ta postérité ... Toutes les nations de la terre seront bénies en ta postérité, parce que tu as obéi à ma voix» (Gen. 22,16-18).
Cette histoire montre clairement que la foi doit se prouver par des oeuvres. Obéir et faire, voilà ce que Dieu attend de Ses enfants. Cet acte, qui est une bien faible image de ce que Dieu allait faire plus tard avec et par Son Fils unique bien-aimé, fut celui qui fit d'Abraham un héros et un père de la foi et qui amena l'Eternel à étayer Sa promesse par un serment.
La promesse d'une bénédiction pour tous les peuples faite à Abraham sera, par la suite, réitérée et confirmée par Dieu à Isaac (Gen. 26, 4) et à Jacob (Gen. 28, 14). Chose remarquable: contrairement à la promesse d'un pays, celle relative à la bénédiction n'est plus mentionnée ultérieurement. Ni dans la loi donnée à Moïse au Sinaï ni dans les autres ordonnances, il n'est plus parlé de cette bénédiction. Mais il n'est pas non plus fait état d'une condition liée à la promesse de la bénédiction, alors que certaines étaient posées par Moïse concernant la promesse d'un pays. Ainsi donc, contrairement à cette dernière, la promesse de la bénédiction n'avait rien à voir avec la loi: elle restait sans conditions. Mais comment allait-elle pouvoir se réaliser étant donné les infidélités répétées d'Israël? Par le pouvoir humain, la chose était impossible; ce n'est que par le Fils de Dieu, qui devenait homme, que ce dessein pouvait s'accomplir. Mais pour ce faire, il fallait un cadre: un pays, un peuple, une famille - d'où l'élection d'Israël.
Dans la descendance d'Abraham, Dieu trouva, bien des siècles plus tard, David, sur qui, de nouveau, Il concentra des promesses éternelles, comme par exemple: «Ta maison et ton règne seront pour toujours assurés, ton trône sera pour toujours affermi» (2 Sam. 7, 16). Il est cependant manifeste que cette promesse ne s'est pas réalisée littéralement sous la dynastie de David. C'est à cette époque-là que se forma, dans le peuple d'Israël, la foi profondément enracinée d'un Rédempteur oint par Dieu (le Messie) issu de la maison de David. Cette foi se retrouve dans les prophètes (par exemple, Esaïe) et dans les Psaumes. C'est ainsi que nous lisons au Psaume 89, 4-5: «J'ai fait alliance avec mon élu; voici ce que j'ai juré à David, mon serviteur J'affermirai ta postérité pour toujours, et j'établirai ton trône à perpétuité.» Nous avons de nouveau là l'appel à l'alliance et le serment que Dieu avait donné aux pères. Cette espérance «messianique» resta vivante dans le peuple d'Israël jusqu'au temps de la venue du Messie Jésus-Christ, présenté dans le Nouveau Testament comme le grand Fils de David, comme Celui en qui l'énorme promesse avait trouvé son accomplissement: «Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n'est Pas dit. et aux postérités, comme s'il s'agissait de plusieurs, mais en tant qu'il s'agit d'une seule: et à ta postérité, c'est-à-dire, à Christ» (Gal. 3, 16).
Mais en raison de la désobéissance d'Israël, les promesses divines furent régulièrement contrariées, notamment et surtout quand Juda, à cause de ses péchés, fut transporté à Babylone. Cependant, Dieu, dans Sa grâce, ramena les Siens dans le pays, non pas parce qu'ils se repentirent et firent preuve d'obéissance, mais parce qu'IL était fidèle à Ses promesses. Après que Jésus-Christ, le Messie, fut venu et que, par Sa mort, Il eut accompli l'oeuvre de la rédemption en bénédiction pour toutes les nations, le peuple d'Israël fut de nouveau chassé de son pays et dispersé. Le retour actuel des juifs ne s'est pas fait à cause de leur repentance, mais parce que le temps était arrivé et que la rédemption finale qu'apportera Jésus à son retour est toute proche, toutes les promesses et tous les engagements divins devant alors se réaliser en bénédiction pour toutes les nations. «Dieu n'est point un homme pour mentir, ni fils d'un homme pour se repentir. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas? Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t-il pas?» (Nombres 23, 19). Combien la chose est certaine, surtout lorsque Dieu s'engage par serment!
(La suite dans le prochain journal sous le titre: «La promesse d'un pays a-t-elle aujourd'hui une signification pour Israël ou concerne-t-elle l'avenir?»)
FREDI WINKLER
Nouvelles d'Israël Février-Mars-Avril-Mai 2000