Source: L'histoire de l'église

 

Les Livres Apocryphes

 

        C'est le nom habituellement donné aux 14 livres contenus dans certaines Bibles, entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Ils eurent leur origine entre le 1er et le 3è siècle avant Jésus-Christ, pour la plupart d'auteurs incertains et furent ajoutés à la version des Septante, qui était une traduction grecque de l'Ancien Testament faite à cette époque-là. Ils ne se trouvaient pas dans l'Ancien Testament hébreu. Ils furent écrits après la cessation des prophéties, oracles et révélations de l'Ancien Testament. Josèphe les rejetait en bloc et ils ne furent jamais reconnus par les Juifs comme faisant partie des Ecritures. Ils ne sont jamais cités par Jésus, pas plus qu'ailleurs dans le Nouveau Testament. L'Église primitive ne leur reconnut aucune autorité canonique, ni inspiration divine. Quand la Bible fut traduite en latin au 2è siècle de notre ère, son Ancien Testament ne fut pas traduit à partir de l'hébreu, mais à partir de la version grecque des Septante. C'est ainsi que ces livres apocryphes furent reportés de la Septante à la traduction latine, et de là à la Vulgate, qui devint la version commune en Europe occidentale jusqu'aux temps de la Réforme. Les Protestants, fondant leur mouvement sur l'autorité divine de la Parole de Dieu, rejetèrent aussitôt ces livres apocryphes comme ne faisant pas partie de la Parole de Dieu, tout comme l'avaient fait les anciens Hébreux et l'Église primitive. Puis l'Église catholique romaine, au Concile de Trente, en 1546, tenu pour arrêter le mouvement protestant, déclara ces livres canoniques et encore de nos jours, ils se trouvent dans les versions catholiques de la Bible.

 

I Ces livres apocryphes sont les suivants :

Esdras (également appelé 3è Esdras). Ce livre est une compilation de passages d'Esdras, 2 Chroniques et Néhémie, avec en plus des légendes au sujet de Zorobabel.Son but était de décrire la libéralité de Cyrus et de Darius envers les Juifs, dans l'espoir que cela servirait de modèle aux Ptolémées.

2 Esdras (également appelé Apocalypse d'Esdras). Il prétend relater des visions accordées à Esdras, au sujet du gouvernement du monde par Dieu, d'une nouvelle ère à venir et la redécouverte de certaines Ecritures perdues.

Tobie. Un roman, dénué de toute valeur historique, au sujet d'un jeune et riche captif israélite à Ninive, qui fut conduit par un ange à épouser une «veuve-vierge» qui avait perdu sept maris.

Judith. Un roman historique au sujet d'une veuve juive, riche, belle et pieuse, qui au temps de l'invasion babylonienne de Juda, se rendit audacieusement à la tente du général babylonien, et sous prétexte de s'offrir à lui, le décapita et ainsi sauva sa ville.

 

Additions au livre d'Esther. Des passages intercalés dans la version des Septante du livre d'Esther de la Bible hébraïque, essentiellement dans le but de montrer la main de Dieu dans l'histoire. Ces fragments furent rassemblés et regroupés par Jérôme.Sagesse de Salomon. Très semblable à certaines portions de Job, Proverbes et Ecclésiaste. Une sorte de fusion entre la pensée hébraïque et la philosophie grecque. Ecrite par un Juif d'Alexandrie qui se présente comme Salomon.

Ecclésiastique (ou Sirac). Ressemble au livre des Proverbes. Ecrit par un philosophe juif ayant beaucoup voyagé. Donne des règles de conduite dans tous les détails de la vie civile, religieuse et domestique. Exalte les mérites d'une longue liste de héros de l'Ancien Testament.

Baruc. Ce livre prétend être l'oeuvre de Baruc, le scribe de Jérémie, qui est présenté comme ayant vécu la dernière partie de sa vie à Babylone. Il s'adresse aux exilés et consiste pour la plupart en des paraphrases de Jérémie, de Daniel et d'autres prophètes.

Le Cantique des trois amis de Daniel. Une addition pas authentique au livre de Daniel, insérée après 3:23 et prétendant être leur prière tandis qu'ils étaient dans la fournaise ardente, ainsi que leur chant triomphal après la délivrance.

Histoire de Suzanne. Encore une addition au livre de Daniel, relatant comment l'épouse pieuse d'un riche Juif de Babylone, faussement accusée d'adultère, fut acquittée par la sagesse de Daniel. Bel et le serpent. Encore une addition au livre de Daniel. Deux histoires dans lesquelles Daniel prouve que les idoles Bel et le serpent sont pas des dieux, l'une est basée sur l'histoire de la fosse aux lions.

La prière de Manassé. Prétend être la prière de Manassé, roi de Juda, alors qu'il était captif à Babylone, et dont il est question en 2 Chroniques 33 :12, 13. L'auteur est inconnu. La date, probablement est le 1er siècle avant Jésus-Christ.

1 Maccabées. Un ouvrage historique d'une grande valeur pour la période maccabéenne, relatant les événements de la lutte héroïque des Juifs pour la liberté (175-135 avant Jésus-Christ). Écrit vers 100 avant Jésus-Christ par un Juif palestinien.

2 Maccabées. Également un récit de la lutte des Maccabées, se limitant à la période 175-161 avant Jésus-Christ. Prétend être un condensé d'un ouvrage écrit par Jason de Cyrène, dont on ne sait rien. S'ajoute à 1 Maccabées, mais lui est inférieur.

 

II Autres écrits pseudépigraphes

A côté des Apocryphes, décrits dans les deux pages précédentes, il eut d'autres écrits juifs, datant de la période entre le 2è siècle avant Jésus-Christ et le premier siècle de notre ère, dont beaucoup étaient de nature «apocalyptique», et dans lesquels l'auteur se présente sous nom d'un héros mort depuis longtemps et réécrit l'histoire en termes prophétiques. Ils sont pour la plupart composés de visions attribuées à des personnages anciens des Ecritures, certaines d'entre les présentant des fantaisies des plus extravagantes. Ces livres intéressent beaucoup au futur Messie. Les souffrances de la période maccabéenne intensifièrent l'attente juive que le temps de sa venue approchait. Ils sont partiellement fondés sur des traditions incertaines et partiellement sur l'imagination. En voici quelques-uns parmi les mieux connus :

Les livres d'Hénoc. Un groupe de fragments, d'auteurs divers et inconnus, écrits entre les 1er et 2è siècles avant Jésus-Christ, contenant des révélations qui auraient été données à Hénoc et Noé. Ils parlent du futur Messie et du Jour du Jugement. Un verset du 1er livre d'Hénoc est cité en Jude 14.

L'assomption de Moïse. Écrit par un Pharisien, à peu près au moment de la naissance de Jésus. Contient des prophéties attribuées à Moïse, au moment de sa mort et que celui-ci confia à Josué.

L'ascension d'Ésaïe relate le récit légendaire du martyre d'Ésaïe et certaines visions qui lui sont attribuées. On pense qu'il fut écrit à Rome, par un Juif chrétien, pendant la persécution des Juifs par Néron.

Le livre des Jubilés. Un commentaire de la Genèse, écrit probablement pendant la période maccabéenne, ou un peu plus tard. Il tire son nom de son système de datation, basé sur les périodes de jubilé, soit 50 ans.Psaumes de Salomon. Un recueil de chants, par un pharisien inconnu, au sujet du futur Messie, rédigé probablement peu après la période maccabéenne.

Le testament des douze patriarches. Un produit du 2è siècle avant Jésus-Christ, prétendant contenir les dernières volontés des douze fils de Jacob à leurs enfants, chacun racontant l'histoire de sa vie et les leçons qu'il en tire.

Les oracles sybillins. Écrit pendant la période maccabéenne avec des additions plus tardives, imitant les oracles grecs et romains, et traitant de la chute des empires oppresseurs et de l'aube de l'ère messianique.

 

III Les livres apocryphes du Nouveau Testament :

Ce sont des évangiles, des actes d'apôtres et des épîtres légendaires et contrefaits, ainsi que divers textes produits dans le but de promouvoir le culte naissant de la mère de Jésus. Tous ce écrits commencèrent à paraître au cours du 2è siècle. Il s'agissait pour la plupart de faux, reconnus comme tels dès le départ. Ils sont tellement remplis d'histoires invraisemblables de Christ et des apôtres qu'on ne les a jamais considérés comme d'inspiration Divine et ils n'ont jamais été inclus dans notre Bible. Ce ne sont que des essais délibérés pour combler les vides dans l'histoire de Jésus dans le Nouveau Testament, afin de propager des idées hérétiques en s'appuyant sur de faux documents.On a recensé environ 50 évangiles fictifs, ainsi que de nombreux actes et épîtres. La grande masse de ces faux écrits rendit d'autant plus urgente et importante la tâche de l'Eglise primitive pour faire la distinction entre le vrai et le faux.

On dit que Mahomet reçut la plupart de ses idées sur le christianisme à partir de tels livres. Ils sont également à l'origine de certains dogmes de l'Église catholique romaine.On ne doit pas les confondre avec les écrits des "pères apostoliques" qui ont été authentifié comme ayant été écrit par des chrétiens ayant été en contact avec les Apôtres et les premiers disciples.

Voici quelques-uns parmi les plus connus de ces faux :

L'Évangile de Nicodème incorpore les Actes de Pilate, un prétendu rapport officiel du procès de Jésus, envoyé à l'empereur Tibère, produit au 2è ou au 5è siècle. Pure fiction.

Protoévangile de Jacques, récit allant de la naissance de Marie au massacre des innocents. Comprend des histoires qui avaient commencé à circuler au 2è siècle, achevé au 5è siècle.

La mort de Marie fourmille de miracles farfelus, culminant dans l'assomption de « son corps immaculé et précieux» au paradis. Ecrit au 4è siècle, avec la naissance du culte de la Vierge.

Évangile selon les Hébreux contient des additions aux évangiles canoniques, avec des paroles attribuées à Jésus. Vers 100

Évangile des Ébionites compilé à partir des Évangiles synoptiques, dans l'intérêt de la doctrine ébionite. Entre les 2è et 4è siècles.

Évangile des Égyptiens. Conversations imaginaires entre Jésus et Salomé. Entre 130 et 150. Utilisé par les Sabellins.

Évangile de Pierre, au milieu du 2è siècle basé sur les anges canoniques. Écrit dans l'intérêt des doctrines docétiques, anti-juives.

Évangile de pseudo-Matthieu. Une fausse traduction de Matthieu, datant du 5è siècle, abondant en récits de miracles de Jésus enfant.

Évangile de Thomas. 2è siècle. La vie de Jésus entre sa 5è et sa 12è année. Le dépeint comme faisant des miracles pour satisfaire des caprices d'enfant.

La Nativité de Marie. Un faux délibéré du 6è siècle, afin de promouvoir le culte de la Vierge. Des histoires sur des visites d'anges que Marie aurait reçues quotidiennement. Avec le développement de la papauté, il jouît d'une immense popularité.

Evangile arabe de l'enfance. 7è siècle. Récits de miracles pendant le séjour en Égypte. Très fantaisiste.

Évangile de Joseph le charpentier. 4è siècle. Origine en Égypte. Consacré à la glorification de Joseph.

Apocalypse de Pierre. De prétendues visions du ciel et de l'enfer qui auraient été accordées à Pierre. Eusèbe le considéra comme un faux.

Actes de Paul. Milieu du 2è siècle. Un roman prônant la continence. Incorpore l'épître aux Corinthiens supposée perdue.Actes de Pierre. Fin du 2è siècle. Une liaison amoureuse de la fille de Pierre. Conflit avec Simon le Magicien. Contient l'histoire de Quovadis ?

Actes de Jean. Fin du 2è siècle. Récit d'une visite à Rome. Pure fiction. Contient des descriptions d'une sensualité révoltante.

Actes d'André. Récit d'André essayant de convaincre Maximilla de s'abstenir de rapports sexuels avec son mari et aboutissant à son martyre.

Actes de Thomas. Fin du 2è siècle. Comme les Actes d'André, un roman écrit pour promouvoir l'abstinence de rapports sexuels.

Lettre de Pierre à Jacques. Fin du 2è siècle. Violente attaque sur Paul. Une pure fabrication dans l'intérêt des Ébionites.

Épître à Laodicée, prétend être celle dont il est question en Colossiens 4 :13. Un assemblage de phrases de Paul.

Lettres de Paul à Sénèque et Lettres de Sénèque à Paul. Un faux du 4è siècle, ayant pour objet soit de faire l'éloge du christianisme auprès des disciples de Sénèque, soit de faire l'éloge de Sénèque auprès des chrétiens. La principale caractéristique de ces écrits est leur nature fictive présentée comme un document historique, mais dans la plupart des cas ils sont tellement absurdes que leur fausseté est évidente.

Lettres d'Abgar.

Elles pourraient avoir quelque fondement. Eusèbe était de cet avis. Il raconte qu'Abgar, roi d'Edesse, étant malade, tendit parler des pouvoirs de Jésus et lui adressa une lettre, l'implorant de venir le guérir. Jésus lui aurait écrit cette réponse : « Il est nécessaire que s'accomplissent les choses pour lesquelles j'ai été envoyé, après quoi je serai reçu par Celui qui m'a envoyé. Quand j'aurai été dans le ciel, je t'enverrai un de mes disciples qui te guérira. » En conséquence, dit-on, Thaddée aurait été envoyé et il aurait vu les lettres dans les archives d'Edesse. Il est possible que Jésus ait envoyé un tel message verbalement, qui aurait été ensuite transcrit.