«Il dit aussi cette parabole: Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint pour y chercher du fruit, et il n'en trouva point. Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point. Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement? Le vigneron lui répondit: Seigneur, laisse-le encore cette année,,je creuserai . tout autour, et j'y mettrai du fumier. Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit; sinon, tu le couperas» (Luc 13, 6-9).
La Bible fait souvent du figuier un type d'Israël. Pensons au discours du Seigneur Jésus sur le temps de la fin, où Il dit en Matthieu 24, 32-33: «Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l'été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, à la porte. » Les exégètes affirment généralement que la parabole du figuier, en Luc 13, concerne le peuple d'Israël endurci qui ne portait pas de fruit, mais qui, néanmoins, obtint un délai de grâce; mais parce qu'il ne mit pas ce temps de répit à profit, il fut coupé. Sachons que lire les Saintes Ecritures avec une telle étroitesse de vue est beaucoup trop facile. Car:
La Parole de Dieu s'adresse au monde entier
Dans la parabole citée ci-dessus par le Seigneur Jésus, nous trouvons la clé du conflit entre, d'une part, l'absolue sainteté et l'inflexible justice de Dieu, et, d'autre part, Son amour infini. En raison de celles-là, Il doit damner l'homme pour sa stérilité selon les normes divines: il ne peut, en effet, produire du «fruit digne de la repentance». Aux saints regards de Dieu, «il n'y a point de juste, pas même un seul» (Rom. 3, 10). Bien que Dieu soit amour total (1 Jean 4, 8b), Sa justice et Sa sainteté absolues L'obligent à condamner le pécheur. Mais cette parabole fait mention d'un merveilleux miracle: celui qui s'est réalisé à Golgotha! Car si le propriétaire de la vigne et du figuier stérile a dit au vigneron: «Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?, voici que cet ouvrier adresse cette prière à son maître: «Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier.
Peut-être à l'avenir donnera-t-il du fruit ... » Appliqué à l'individu, le sens en est: Je vais m'occuper de lui, lui parler; peut-être se convertira-t-il, viendra à toi et portera enfin du fruit: «Seigneur, laisse-le encore cette année»! Je vois, en esprit, comment la cognée, pourtant déjà levée, sera déposée, et cela en raison du sacrifice de substitution accompli par Jésus-Christ sur la croix. Parce que Lui, le grand souverain Sacrificateur, s'est tenu à la brèche, le jugement a été différé l'amour et la grâce de Dieu peuvent se manifester par Celui qui a été jugé et condamné à notre place, et «qui a porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2, 24).
Nous voyons ainsi que cette parabole ne se rapporte pas seulement à Israël, mais qu'elle constitue aussi un très sérieux avertissement pour chacun de ceux qui «ne portent pas du fruit digne de la repentance». C'est pourquoi, déjà en son temps, Jean le baptiseur criait aux soi-disant «Justes» qui venaient à lui: «Produisez donc du fruit digne de la repentance ... Déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu» (Jean 3, 8. 10).
Un figuier dans la vigne - quel en est le sens?
S'il est possible d'approcher cette parabole de différents points de vue, il vaut la peine d'y considérer cet élément très particulier: «Un homme avait un figuier planté dans sa vigne.» Dans la nature, il n'est pas courant du tout de voir un figuier planté dans une vigne. Si, en priorité, le Seigneur parle là prophétiquement d'Israël, Il voit également en perspective l'Eglise, alors complètement inconnue, faite de Juifs et de païens. Ne perdons pas de vue que, dans l'Ecriture, Israël est typifié, non pas par un seul arbre, mais par trois:
1. La vigne
«La vigne de l'Eternel des armées, c'est la maison d'Israël, et les hommes de Juda, c'est le plant qu'il chérissait.» (Esaïe 5, 7).
2. Le figuier
Je rappellerai ici la parole du Seigneur déjà citée en Matthieu 24, 32:
«Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier ... »
3. L'olivier
«L'Eternel avait appelé ton nom Olivier vert, beau de son fruit excellent» (Jér. 11, 16; version Darby). L'«olivier franc», dont il est question en Romains 11, est Israël.
Ici se pose cette très importante question: Pourquoi Dieu désigne-t-il Son peuple de ces manières? Parce que, dans Son grand amour pour Israël, Il s'est identifié à lui: «Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse» (Esaïe 63, 9; version Darby). A travers ces trois types d'Israël, nous voyons la complète identification de l'Eternel avec Son peuple - Il est Dieu en trois personnes qui s'unit à Israël!
Les feuilles et les fruits du figuier constituent des signes de l'intervention divine dans l'histoire du monde: «Mais apprenez du figuier la parabole qu'il vous offre: Quand déjà son rameau est tendre et qu'il pousse des feuilles, vous connaissez que l'été est proche. De même aussi vous, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que cela est proche, à la porte» (Matth. 24, 32-33; version Darby). Le prophète Joël nous dépeint l'avenir d'Israël et l'intervention de Dieu en sa faveur par ces mots: «Terre, ne crains pas, sois dans l'allégresse et réjouis-toi, car l'Eternel fait de grandes choses! Bêtes des champs, ne craignez pas, car les plaines du désert reverdiront, car les arbres porteront leurs fruits, le figuier et la vigne donneront leurs richesses» (Joël 2, 21-22). N'est-il pas frappant que dans ce passage - comme dans d'autres, notamment Michée 4, 4; Zach. 3, 10 - le figuier et la vigne soient mentionnés ensemble? Il en est ainsi, non seulement parce que le Père et le Fils sont un: «Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi» (Jean 14, 11), mais également parce que tant le Père que le Fils s'identifient à Israël. Nous voyons donc dans le figuier Israël et Dieu le Père, Lequel, comme signe de Sa puissance, intervient efficacement dans l'histoire du monde. Mais dans la vigne, nous trouvons, outre Israël, Dieu le Fils qui est allé sur le mont Calvaire, où Son précieux sang a coulé en rémission de nos péchés. Et dans l'olivier, autre type d'Israël, nous distinguons l'Esprit Saint qui opère avec détermination en Israël.
Si nous reconnaissons ces formidables dimensions de la relation de la Trinité divine avec Israël à travers le figuier, la vigne et l'olivier, nous serons émerveillés et n'oserons plus avancer cette affirmation: le figuier, qui devait être coupé mais a obtenu un répit d'une année, est Israël. Mais bien plutôt - je le répète - il a été planté, contre nature, dans la vigne. Je pense à cette parole de Dieu en Romains 11, 24: «Si toi, tu as été coupé de l'olivier sauvage selon sa nature, et greffé contrairement à ta nature sur l'olivier franc, à plus forte raison eux seront-ils greffés selon leur nature sur leur propre olivier» A qui l'apôtre adresse-t-il ces mots? Le verset 13 nous l'apprend: «Je vous le dis à vous, païens ... » Etant, au départ, des rameaux de «l'olivier sauvage», nous avons été entés sur «l'olivier franc» qu'est Israël, et cela contre nature comme ce fut le cas pour le figuier dans la vigne. Voilà pourquoi cette parabole nous parle de Jésus-Christ et de Ses rachetés, qui ont été greffés dans Sa croix à Golgotha, cette vigne tout imbibée de Son sang. Ainsi donc:
- «nous avons la rédemption par son sang» (Eph. 1, 7);
- nous avons la paix avec Dieu «par le sang de sa croix» (Col. 1, 20);
- nous sommes «justifiés par son sang» (Rom. 5, 9);
- sur base de la foi, nous qui, jadis, étions éloignés et des étrangers, avons été greffés sur le pied de vigne divin. C'est ce que Paul nous décrit de façon saisissante, à nous païens: «C'est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair, appelés incirconcis par ceux qu'on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l'homme, souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde. Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ» (Eph. 2, 11-13).
Le sens de cette parabole nous apparaît ainsi de plus en plus clairement. Elle comporte un très sérieux message pour nous qui sommes entés dans la vigne plantée dans le sol de Golgotha. Car en quoi consistait «la joie qui était devant lui», pour laquelle le Seigneur Jésus «a enduré la croix» et «méprisé la honte» (Hébr. 12, 2; version Darby)? Pourquoi a-t-Il «souffert hors de la porte» et versé «son propre sang» (Hébr. 13, 12)? La réponse:
En raison du fruit qui demeure
C'est ce que nous voyons en Jean 15, 16 où le Seigneur déclare: «Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ... » Tel est le seul but pour lequel nous sommes «devenus une même plante avec lui» (Rom. 6, 5). Pour porter «beaucoup de fruit», par lequel le Père céleste est glorifié (Jean 15, 8), il faut que nous restions en Jésus: «Demeurez en moi, et moi en vous ... Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit» (v.4a.5b; version Darby). Détachés de Jésus, nous ne pouvons porter aucun fruit; le fruit qui demeure n'est produit que dans une relation vitale avec Lui. Très concrètement, cela signifie que le Seigneur Jésus a créé les conditions pour que nous, qui devons porter du fruit, puissions le faire: « ... je vous ai choisis, et je vous ai établis, (on pourrait dire: je vous ai plantés) afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ... » En d'autres termes: Voilà votre mission! Pour qu'il en soit ainsi, je vais aller à Golgotha et verser mon sang!
Quel fruit attend-Il de nous?
Pour pouvoir porter ce fruit indispensable, il faut donc tout d'abord devenir une plante des parvis de Dieu, de Sa vigne. Seulement alors, indépendamment de l'âge et des déficiences corporelles, on produira du fruit qui Lui plaira. Nous lisons, à cet égard, au Psaume 92: «Les justes croissent comme le palmier, ils s'élèvent comme le cèdre du Liban. Plantés dans la maison de l'Eternel, ils prospèrent dans les parvis de notre Dieu; ils portent encore des fruits dans la vieillesse, ils sont pleins de sève et verdoyants, pour faire connaître que l'Eternel est juste. Il est mon rocher, et il n'y a point en lui d'iniquité» (v. 13-16). Dieu veillera à ce que vous, Son enfant enraciné en Jésus, puissiez porter constamment du fruit qui demeure, et cela quelles que soient les circonstances et vos épreuves; il est écrit en Jérémie 17, 7-8: «Béni soit l'homme qui se confie dans l'Eternel, et dont l'Eternel est l'espérance! Il est comme un arbre planté près des eaux, et qui étend ses racines vers le courant; il n'aperçoit point la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert; dans l'année de la sécheresse, il n'a point de crainte, et il ne cesse de porter du fruit.» Paul était, lui aussi, tout à fait pénétré de la nécessité de remplir cette condition; écoutons-le faire cette recommandation aux jeunes dans la foi: «Ainsi donc, comme vous avez reçu le Seigneur Jésus-Christ, marchez en lui, étant enracinés et fondés en lui, et affermis par la foi ... » (Col. 2, 6-7).
La question se pose une fois encore: Quel fruit le Seigneur attend-Il maintenant de nous? Déjà nous avons pu réaliser que nous ne serons à même de porter du fruit que si nous restons unis à Lui. Mais cette autre question surgit: N'est-ce pas l'Esprit Saint qui opère, qui donne vie à tout ce qui vient à nous de Dieu par Jésus-Christ? Dès lors: N'est-ce pas ce «fruit de l'Esprit» que Dieu veut trouver en nous? Très certainement!
Généralement, on pense qu'il y a différents fruits de l'Esprit. C'est là commettre une erreur; en effet, notons bien qu'en Galates 5, 22 Paul emploie expressément le singulier: «Mais LE FRUIT de l'Esprit est l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance.» Il s'agit donc là d'un fruit avec ses neuf manifestations. Parce que Paul, inspiré par l'Esprit Saint, parle, en tant que Juif, au départ d'usages judaïques, bon nombre de théologiens modernes ont trébuché sur ce «fruit de l'Esprit», pensant qu'il était en fait question de «fruits de l'Esprit». Ce problème étant d'une extrême importance, nous citerons ces réflexions très significatives d'un Juif messianique:
«Celui qui ne trouve pas Christ dans l'Ancien Testament ne pourra que très difficilement Le reconnaître dans le Nouveau. Cette affirmation fait référence à une vérité historique, ou mieux encore: chronologique. Car le Nouveau Testament s'est cristallisé au départ de l'action de l'Eglise primitive, qui a bâti sa doctrine sur les seuls écrits de l'Ancien Testament; les premiers évangélistes et apôtres - qui avaient reçu autorité pour le faire - dispensèrent leur enseignement sur Jésus sur base de l'Ancien Testament - le Nouveau ne vint que plus tard. Dès lors, certains concepts du Nouveau Testament ne peuvent s'expliquer que par la tradition juive. Ainsi, par exemple, le discours de Paul sur le <fruit de l'Esprit> (Gal. 5, 22). Des théologiens modernes ont trébuché sur le singulier employé par Paul pour l'énumération des neuf fruits: <l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance> il n'a pas retenu le pluriel, mais ces neuf fruits, il les a présentés sous la forme d'un singulier. Ces théologiens ne parvenaient pas à se retrouver dans les usages juifs, car Paul, par ce terme <fruit> figurant dans son Epître aux Juifs de la Galatie, faisait référence à <l'étui Bessomim> bien connu aujourd'hui encore. A la fin du sabbat, on célèbre la <Hawdala> dans les familles juives pieuses. Ce terme signifie <distinction> il doit marquer la différence entre la sainteté du sabbat et le caractère profane de la journée de travail, entre la lumière et les ténèbres, entre Israël élu et les peuples païens.
C'est pourquoi le Juif dit, entre autres, dans ses prières: <Tu nous as élus - Tu nous as fait le don de Ta grâce ... > et ensuite, il remplit à ras bord la coupe <Hawdala> prévue pour cet usage. Sur ce, il allume les bougies <Hawdala> et met neuf épices odorantes dans <l'étui Bessomim> - le plus souvent en forme de fruit, en argent pur et avec des trous - qu'il referme et fait circuler parmi les gens de sa maison. Cette bonne odeur doit, en tant que salutation, remettre en mémoire, durant toute la semaine de travail, la paix du sabbat: un parfum qui nous rappelle la différence entre la lumière et les ténèbres. Josèphe Flavius (37-105 après Jésus-Christ) écrit dans <La Guerre des Juifs> qu'au temps de l'Ancien Testament, on se servait de douze épices et de sel pour un usage sacré. Ces épices n'étaient pas toutes suffisamment odoriférantes, mais neuf d'entre elles pouvaient être retenues pour <l'étui Bessomim>.; Le mélange des épices se faisait selon les traditions locales.
Chez les Juifs de la Diaspora, on donnait naturellement la préférence à des épices de l'Orient, de la Terre sainte, comme, par exemple, la coriandre, la menthe, la cannelle, les clous de girofle, la vanille, le fenouil, le cumin, la cardamome et l'aneth. Quand Paul parlait du <fruit de l'Esprit>, ses auditeurs juifs voyaient immédiatement en pensée <l'étui Bessomim>, faisant la distinction entre la bonne odeur de la vie dégagée par les croyants et celle de la mort émanant des ténèbres, car c'est à <l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance> que le monde reconnaît que nous sommes des enfants de la vie.
La <Hawdala> - la mise en évidence de ce qui est devenu abondance, lumière et bonne odeur de la vie par le fruit de l'Esprit - est devenue un défi pour les chrétiens d'aujourd'hui. <Loué sois-tu, ô Dieu, qui distingue entre ce qui est saint et ce qui est profane!> Puisse cette prière de la <Hawdala> nous sortir de la pénombre spirituelle, nous qui, si souvent, vivons bien indécis, afin qu'un parfum agréable se dégage en témoignage pour pénétrer chez tous nos voisins.»
Comme il y a un seul Esprit et qu'il y a le «fruit de l'Esprit» avec ses diverses manifestations, il en est de même pour les dons de l'Esprit au sein de l'Eglise du Seigneur et l'activité du seul Dieu: «Il y a diversité de dons, mais le même Esprit; diversité de ministères, mais le même Seigneur; diversité d'opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous» (1 Cor 12, 4-6). Il est une chose absolument indispensable, c'est que nous, croyants de la nouvelle Alliance, saisissions que le «fruit de l'Esprit» - c'est à dire la disposition intérieure de Jésus - avec ses neuf effets deviennent visibles et opérants en nous et par nous, et cela en opposition avec les gens du monde. Le grand péché de notre époque est la perte de l'identité chrétienne de sorte que l'on ne peut plus distinguer entre les disciples de Jésus et les incrédules, la frontière entre eux ayant disparu.
Le Seigneur cherche du fruit en vous ...
... et non pas des dons spectaculaires de l'Esprit! C'est la raison pour laquelle Il a toujours parlé avec tant d'insistance, durant les jours de Sa chair, de la nécessité de porter du fruit; ainsi, par exemple, en Matthieu 7, 16-20: «Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ou un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.» Quel message d'un sérieux saisissant! Ecoutons Jean le baptiseur, le héraut du Seigneur, crier en son temps: «Déjà même la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu» (Luc 3, 9). Le Seigneur, également, dans Ses derniers discours, a 'dit aux Siens avec la plus grande solennité: «Je suis le cep, vous êtes les sarments ... Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il (le Père) le retranche» (Jean 15, 5a.2a). Le Seigneur Jésus parle ici des croyants qui, certes, n'iront pas à la damnation éternelle, mais qui sont «retranchés». Ils feront la perte de la «couronne» pour avoir négligé le but à atteindre: «Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on le ramasse, on le jette au feu, et il brûle» (v. 6). Nous retrouvons le contexte de ce verset en 1 Corinthiens 3, 15: «Si l'oeuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.» Dites-moi: Comme preuve de l'authenticité de votre foi en Jésus-Christ, portez-vous le fruit indispensable que le Seigneur cherche chez vous?
Ce n'est pas sans raison qu'en ce temps de la fin, il soit tellement question des dons de l'Esprit comme s'ils étaient hautement prioritaires. Mais notre Seigneur inverse les priorités. Il place les dons de l'Esprit au second plan et ne les accepte pas comme preuves de la réalité d'une vie sanctifiée, Il ne considère chez vous, chez moi qu'une seule chose: le fruit! Ecoutons-Le dire en Matthieu 7, 21: «Ce ne sont pas tous ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux» (version Darby). Hélas, à tous ceux qui, en ce jour maintenant tout proche de Sa venue, feront état de leurs oeuvres pour prouver qu'ils sont enfants de Dieu: «Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé par ton nom? N'avons-nous pas chassé des démons par ton nom? Et n'avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom?» (v. 22), Jésus répondra: «Je ne vous ai jamais connus (au fruit, à votre disposition intérieure qui aurait dû être celle de Jésus); retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité» (v. 23)!
Quelle parole solennelle: «Je ne vous ai jamais connus»! Ils avaient pourtant des dons et étaient très «charismatiques» - mais c'est en vain que le Seigneur a cherché chez eux du fruit. Et vous, cher lecteur, se pourrait-il que votre vie de foi, même si elle est remplie d'expériences religieuses, ne revête aucune valeur aux yeux de Jésus-Christ, et cela parce que le «fruit de l'Esprit» - avec ses neuf manifestations - manque chez vous? Serait-il possible que vous viviez alors, quand vous vous trouverez devant le Seigneur, ce triste moment qu'a connu cette femme? A force d'économiser, elle avait pu réunir 10.000 DM. Elle se proposait, la guerre terminée et l'Allemagne écrasée, de faire bâtir une école biblique en Westphalie grâce à tout cet argent. Remplie de fierté et de joie, elle se rendit donc auprès du responsable pour lui remettre ce qu'elle considérait comme un grand sacrifice d'action de grâces. Mais elle connut là la plus cruelle déception de sa vie, car elle s'entendit dire que quelques jours auparavant, le DM avait été déclaré sans valeur par les Alliés. C'est le coeur bien lourd qu'il dut déclarer à cette pauvre dame: «Vos 10.000 DM ne valent absolument plus rien.» En prenant connaissance de cette nouvelle, je ne pus m'empêcher de penser à ces nombreux chrétiens qui - comme cette femme de fermier - s'en vont le chemin de leur vie sans jamais se demander: «Est-ce que je porte du fruit, ou bien vais-je me présenter les mains vides devant le Seigneur? Pourrai-je me tenir debout?» Cher ami, Il a dû payer le prix fort pour nous racheter! Il a dû monter sur ce sinistre coteau pour que nous devenions, en tant que croyants, une «plante» avec Lui! Etes-vous réellement Sa propriété? Portez donc du fruit qui demeure pour l'éternité!
«Seigneur, laisse-le encore cette année ... »
En lisant cette parabole de Luc 13 avec attention, on constate que Dieu Lui-même ne cesse de chercher du fruit chez vous, chez moi: «Alors il dit au vigneron: Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point» (v. 7a). Il revient continuellement, et vous remarquez Sa présence quand Il s'adresse à vous par Sa Parole et vous convainc de stérilité par Son Esprit Saint. Certes, Il trouve des feuilles, c'est-à-dire l'activité de la chair, comme des propos vains, de la médisance, des critiques, de l'impureté, de l'avarice, etc.; mais c'est en vain qu'Il cherche chez vous le «fruit de l'Esprit», l'image de Son Fils, la disposition intérieure qui était Sienne.
Si c'est le cas, sachez que vous passez à côté du véritable but de la rédemption: votre transformation à la ressemblance du Seigneur. C'est pour cela que Dieu a donné Son Fils, et que Celui-ci, après d'indicibles souffrances, a versé Son précieux sang, afin que nous soyons «à la louange de la gloire de sa grâce» (Eph. 1, 6). Oh, quels grands espoirs l'Eternel a fondés sur vous depuis votre conversion, depuis que vous êtes né de nouveau sur le mont Golgotha! Mais se pourrait-il que vous soyez resté attaché à d'anciens péchés? L'Esprit de Dieu ne cesse de vous mettre en garde par des paroles comme, par exemple, celle de 2 Corinthiens 6, 1: «Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain.» Mais voilà, on s'endurcit dans son péché: on est resté haineux; l'avarice est toujours bien là, et elle annihile toute tentative de germination du «fruit de l'Esprit», dont Paul dit en premier lieu qu'il consiste dans l'amour: «Mais le fruit de l'Esprit est l'amour ... » Ce n'est pas sans raison que l'apôtre donne la priorité à l'amour; nous lisons en 1 Corinthiens 13, 13: «Maintenant donc ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance, l'amour; mais la plus grande de ces choses, c'est l'amour» Le verset 2 nous présentait déjà la même pensée: «Et quand j'aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurai même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien.»
L'Esprit veut indiquer par là que le Seigneur cherche chez vous ce fruit: «l'amour de Dieu», «versé dans votre coeur par l'Esprit Saint» (Cf. Rom. 5, 5b). S'Il le trouve, Il s'en réjouit. Dans le cas contraire, Il devra dire au vigneron: «Voilà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n'en trouve point ... ». Serait-il possible que chez vous également, Il n'ait trouvé au cours de ces années aucune des manifestations du fruit de l'Esprit, comme: «l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance»?
«... Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?»
Alors que le Seigneur de la vigne a cherché en vain du fruit et a dû, chaque fois, se retirer déçu, que va-t-il se passer maintenant? Sa colère éclate. Ne pensez pas que Dieu ne puisse plus éprouver ce sentiment à l'égard des croyants de la nouvelle Alliance; ce serait commettre une erreur. S'Il n'a pas épargné Son cher peuple Israël, si, dans Sa fureur, Il l'a expulsé de la terre qu'Il lui avait donnée, pouvez-vous concevoir qu'Il nous ménagera si nous restons stériles? Nous L'entendons dire, dans une sainte indignation, au vigneron: «Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?» (Luc 13, 7b). Une version allemande de la Bible - celle de Wuppertal - met en évidence les effets désastreux que peut avoir un seul arbre parasite sur toute la terre - et donc un croyant sur toute l'Assemblée des rachetés par le sang de Christ. Il y a, dans cette traduction, cette phrase: «Coupe-le! Pourquoi épuise-t-il la terre?» En d'autres termes: Un croyant qui, par son endurcissement dans la désobéissance, ne produit aucun fruit, suce la précieuse sève de la vie de rédemption et utilise la «terre» a son propre profit. Abattre l'arbre est donc doublement nécessaire, parce que, par sa stérilité:
- il est inutile,
-il fait un mauvais usage du sol qu'il épuise. Le précieux sang de Christ est ainsi détourné du but pour lequel il a coulé. Ce qu'en dit Hébreux 10 reste particulièrement saisissant, même si ce passage est fort connu. Cette parole de Dieu ne s'adresse pas aux gens du monde, mais bien à des croyants; voici, au verset 28: «Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins.» Suit alors, avec cette question, la transposition de ce passage de l'Ancien Testament au Nouveau: «De quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l'alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l'Esprit de la grâce? Car nous connaissons celui qui a dit: A moi la vengeance, à moi la rétribution! et encore: Le Seigneur jugera son peuple. C'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant» (v. 29-3 1). Ceux qui méprisaient la loi dans l'ancienne Alliance devaient mourir sans miséricorde; à combien plus forte raison en sera-t-il ainsi pour ceux qui tiennent pour profane le sang de Christ. Un châtiment bien plus grave les attend, car l'oeuvre de la grâce s'est déjà accomplie pour eux.
Entre la grâce et le jugement
Jean le baptiseur se trouvait à la limite entre la loi et la grâce, entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Quant à nous, nous sommes à la frontière entre la grâce et le jugement. C'est pourquoi les paroles de Jean-Baptiste revêtent un sens extrêmement solennel pour notre temps: «Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père (pour nous: Nous sommes des enfants de Dieu)! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu» (Matth. 3, 8-10). Quelle parole saisissante que celle-ci: «Déjà la cognée est mise à la racine des arbres ... »! Nous vivons actuellement à une époque limite: le temps de la grâce s'achève! De même, les occasions pour les enfants de Dieu de porter du fruit sont comptées. Parce que né de nouveau, vous avez la vie éternelle; sachez pourtant que, si vous ne produisez pas de fruit, vous en subirez une perte. Comme le dit 1 Corinthiens 3, 15: «Pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu» - sans «récompense», sans «couronne», sans gloire.
Le délai accordé pour porter du fruit va bientôt s'achever! C'est pourquoi l'exhortation du Seigneur et celle de Jean le baptiseur sont identiques: «Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche» (Matth. 3, 2; 4, 17). Lors de la première venue de Jésus, ce message était d'une importance vitale. Maintenant qu'Il revient bientôt, cet appel à la repentance est d'une extrême urgence! Envisagez-vous vraiment de devoir vous tenir devant Lui les mains vides?
Quelle est la caractéristique de l'époque d'alors, et quelle est celle du temps actuel? D'un côté, une partie du peuple était disposée à se repentir dans l'optique de la venue du Messie. On vint donc auprès de Jean le baptiseur pour lui demander: «Que devons-nous donc faire?» (Luc 3, 10). Toutes les classes sociales étaient là représentées: des soldats, des fonctionnaires, des ouvriers et des employeurs. Ils se laissèrent convaincre, se Jugèrent eux-mêmes et déclarèrent: «D'accord! Nous n'avons pas porté le vrai fruit de la repentance; nous devrions être coupés!» «Que devons-nous donc faire?» C'était un élan vers le réveil; c'était l'esprit de repentance sur leur stérilité spirituelle. Jean-Baptiste tourna leurs regards vers l'Agneau de Dieu. Quant aux autres qui ne voulaient pas voir leur situation désespérée, il leur adressa ces paroles dures: «Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir?» (Matth. 3, 7). Eux aussi venaient pour se faire baptiser par lui. Mais il les repoussa parce qu'ils ne portaient pas le vrai fruit de la repentance.
Parvenus comme nous le sommes à la frontière, l'exhortation du Seigneur à porter du fruit se fait de plus en plus pressante. Car bientôt, très bientôt, nous devrons nous présenter devant Lui (2 Cor. 5, 10). Ne voyez-vous donc pas que la cognée déjà levée est sur le point de s'abattre sur vous, le «figuier stérile»: «Coupe-le: pourquoi occupe-t-il la terre inutilement?»? Cher lecteur, tout au long de mes années d'évangélisation et de service pastoral, j'ai souvent pu constater comment des croyants, qui ne portaient aucun fruit, étaient soudainement «coupés». Chose effrayante que celle-là! Le Seigneur avait attendu bien longtemps, mais tout à coup Il les retrancha: ils avaient négligé les occasions offertes pour produire du fruit! C'est ce qui se passa avec le peuple d'Israël des temps anciens: L'Eternel l'a porté, a pris soin de lui; Il a fait des miracles en sa faveur. Il lui a parlé Il lui est apparu. Mais tous ces efforts furent vains. Car quand le peuple fut parvenu à la frontière de la terre promise, Dieu le rejeta dans le désert. «Coupé!»
Nous sommes encore au temps de la grâce. En esprit, je vois encore ce vigneron se tenir devant son maître et le suppliant; il constitue un type de Jésus, notre céleste Souverain Sacrificateur. Que dit l'Ecriture de Lui? «... étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur» (Hébr 7, 25). Il est entre le Dieu saint et vous-même, le «figuier stérile». Je vois comment Il tend Ses mains percées vers Dieu pour supplier: «Seigneur, laisse-le encore cette année; je creuserai tout autour, et j'y mettrai du fumier» (Luc 13, 7). Et que se produit-il? La cognée déjà levée s'abaisse, et le jardinier se remet à travailler dans votre coeur:
Il creuse, Il prend soin de vous, pour qu'enfin vous portiez du fruit! Peut-être ce message vous effraie-t-il, et vous vous demandez: Pourquoi un tel discours? Je ne puis que vous répondre: Parce qu'il est grand temps! Je ne sais quel délai vous est encore accordé: deux ans, un an, un mois, ou ... quelques jours seulement. Sachez que ce délai touche à sa fin! C'est pourquoi le Seigneur vous presse de porter du fruit. Il y a droit, car, selon Esaïe 53, 12, ce fruit est le salaire de Ses souffrances. Ainsi donc, si vous êtes resté stérile jusqu'à présent, repentez-vous à cet instant même, «car le royaume s'est approché»!
Wim Malgo
Nouvelles d'Israël 02 / 1993