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Ni à droite, ni à gauche!
«Ne t'en détourne ni à droite ni à gauche, afin de réussir partout où tu iras.» Josué 1: 7
C'est Dieu lui-même qui donna cet ordre à Josué à la veille de la conquête du pays de Canaan. Josué devait observer tout ce qui était prescrit dans le « livre de la loi» pour pouvoir mener à bonne fin cette entreprise. Il s'offrait à lui, au choix, trois directions possibles:
1. Marcher dans le droit chemin selon l'ordre reçu.
2. Quitter ce chemin en déviant à droite.
3. S'écarter de ce chemin en obliquant à gauche.
Examinons maintenant brièvement les implications de l'ordre divin dans trois contextes historiques différents:
A) Celui de l'Ancien Testament,
B) Celui de Jésus et des apôtres,
C) Celui de notre époque moderne.
A) Dans le contexte de l'Ancien Testament
Que pouvait signifier «s'écarter à droite»?
Cela ne nous fait-il pas penser au formalisme religieux, voire à l'hypocrisie - que les prophètes ont souvent dénoncés? L'Eternel avait dit: « Ce peuple me glorifie de la bouche et des lèvres, mais son coeur est éloigné de moi. La crainte qu'ils ont de moi n'est qu'un commandement de tradition humaine» (Es. 29:13). Et encore: «Je hais vos nouvelles lunes et vos fêtes... quand vous multipliez vos prières, je n'écoute pas... » (Es. 1 :14-15). « Vous jeûnez pour vous disputer et vous quereller... voici le jeûne que je préconise: détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens du joug... partage ton pain avec celui qui a faim... » (Es. 58:4-7). «Eloigne de moi le bruit de tes cantiques, je n'écoute pas le son de tes luths. Mais que le droit coule comme de l'eau et la justice comme un torrent intarissable» (Amos 5:23-24). Dieu demandait de la sincérité et rejetait toute forme extérieure de piété qui n'était pas l'expression d'une réalité spirituelle vécue.
Que pouvait alors signifier: dévier à gauche»?
Suggérons que le peuple virait à gauche chaque fois qu'il se livrait à l'idolâtrie. Ce fut le cas lorsque Aaron, cédant aux instances du peuple, lui fit un veau d'or à adorer pendant que Moïse se trouvait sur le Mont Sinaï pour recevoir les deux tables de la loi de la main de l'Eternel. Dieu prévint Moïse: «Ils se sont promptement écartés de la voie que je leur avais prescrite» (Ex. 32:8). Plus tard encore, Jéroboam, roi d'Israël, plaça à Béthel et à Dan de semblables veaux d'or (1 Rois 12:29), et le prophète Jérémie écrivit: « Par sa criante inconduite Israël a souillé le pays, elle a commis adultère avec la pierre et le bois» (Jér. 3:9). Même Salomon fit bâtir en face de Jérusalem des hauts lieux pour les divinités que servaient ses 700 femmes et ses 300 concubines qui détournèrent son coeur de l'Eternel (1 Rois 11 :3). Il avait désobéi à Dieu en se liant avec toutes ces femmes étrangères, ce qui eut pour résultat l'éclatement de son royaume et, finalement, la déportation d'Israël en Assyrie et de Juda à Babylone. Ces mariages mixtes ont provoqué de la confusion religieuse comme on la retrouvera encore plus tard chez les Samaritains qui «craignaient l'Eternel, mais rendaient en même temps un culte à leurs propres dieux d'après la coutume des nations d'où on les avait déportés» (2 Rois 17:33).
B) Dans le contexte du temps de Jésus et des apôtres
Quel sens revêtait « la droite » à cette époque?
On peut songer au parti juif des pharisiens, à la piété formaliste, mettant l'accent sur l'observation rigoureuse de la loi et des traditions pour être sauvés. Mais Jésus disait: «Malheur à vous , scribes et pharisiens hypocrites! Parce que vous payez la dîme de la menthe, de l'aneth et du cumin, et que vous laissez ce qu'il y a de plus important dans la loi: le droit, la miséricorde et la fidélité » (Mat. 23:23). L'apôtre Paul, de son côté, écrivait aux Galates (4: 10-11): «Vous observez les jours, les mois, les temps et les années! Je crains d'avoir inutilement travaillé pour vous ». Et encore: «Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi; vous êtes déchus de la grâce» (Gal. 5:4). «Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi... Ce n'est pas par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie» (Eph. 2:8-9). Jésus et les apôtres ont donc clairement dénoncé ce danger en rappelant que tous les hommes étaient pécheurs, et que nul ne pouvait être justifié par les oeuvres, aussi bonnes fussent-elles. Ce n'est qu'au travers de la repentance et de la foi, par la grâce de Dieu, qu'il est possible d'être «gratuitement justifié... par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. » (Rom. 3:24).
Quel courant déviant aurait alors pu désigner « la gauche»?
Par exemple le parti juif des sadducéens, qui disaient qu'il n'y avait pas de résurrection, ni d'anges, ni d'esprits (Actes 23:8). Ce furent les déviationnistes ou les rationalistes de leur temps. Ils rejetaient toute doctrine qui n'entrait pas dans leur concept philosophique matérialiste. Quand Jean les vit venir - avec les pharisiens - à son baptême il leur disait: « Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc des fruits dignes de la repentance... » (Mat. 3: 7-8). Aller à « gauche », c'était - sur un autre plan - commettre l'adultère spirituel, aimer le monde, ses séductions, ses passions et ses sophismes plus que Dieu. N'est-il pas écrit: « Adultères! Ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu? » (Jacq. 4:4)?
C) Dans le contexte de notre époque
Quelle signification proposer, aujourd'hui, pour« aller à droite»?
Cela pourrait être le légalisme de ceux qui disent: « Ne prends pas! ne goûte pas! ne touche pas!» (Col. 2:21), comme si l'on pouvait être sauvé ou sanctifié par l'ascétisme ou le formalisme religieux (cf. Col. 3:22-23). Certains cherchent à imposer des préceptes humains en annulant ainsi la Parole de Dieu au profit de leur tradition. (Mat. 15:6). La droite serait aussi assimilable à un certain intégrisme qui prétend posséder le monopole de toute la vérité, ou encore au fanatisme religieux de ceux qui prêchent un faux «super-évangiIe» à la recherche d'expériences mystiques ou extatiques trompeuses. Ils vont tous «au-delà de ce qui est écrit » (1 Cor. 4:6) en «altérant la Parole de Dieu » (2 Cor. 4:2). L'apôtre Paul mettait en garde contre le culte des anges et contre ceux qui s'abandonnaient à des visions. Ce sont des « ultras » enflés d'un vain orgueil. (Col. 2:16-23) Il faut les éviter. Certains annoncent et attendent pour la fin des temps et avant le retour de Jésus-Christ un réveil mondial ou un nouvel ordre oecuménique de justice, de paix et de prospérité. Mais rien de tel n'est annoncé dans les Ecritures qui prédisent plutôt une dégradation générale de la situation dont nous sommes d'ailleurs déjà les témoins (lire Mat. 24.4-24; 2 Tim. 3:1-5).
Et que voir alors dans « aller à gauche»?
Cela peut avoir un sens moral. On désigne ainsi l'infidélité conjugale, c'est-à-dire l'adultère, lié au rejet général d'une éthique biblique. Mais il y a aussi « l'adultère spirituel» du modernisme ou du libéralisme théologique, qui met en doute ce que dit l'Ecriture, autant dans le domaine doctrinal que dans celui des moeurs, en s'alignant sur le «train de ce monde» (Eph. 2:2). Au nom de théories dites scientifiques ou philosophiques (Col. 2:8), on rejette ce qu'enseigne la Bible sur l'origine de l'homme et sur la glorieuse destinée des rachetés. Des «impies changent en dérèglement la grâce de notre Dieu » (Jude 4), et de faux docteurs introduisent dans les églises des «hérésies de perdition» (2 Pierre 2:1). Dans certaines communautés chrétiennes on admet l'homosexualité, l'avortement, le concubinage, et l'on ordonne des femmes au ministère pastoral, toutes choses que rien ne justifie dans l'Ecriture, mais qu'elle prohibe au contraire. C'est cette adaptation à la pensée humaniste-anomique (sans loi) ambiante et aux moeurs dégradées qui précipite la société contemporaine dans le chaos d'un monde déboussolé adorant et servant «la créature au lieu du Créateur» (Rom. 1 :25). Le prophète Ezéchiel disait: «Ces hommes-là portent leurs idoles dans leur coeur» (Ezéch. 14:3).
Conclusion
Si nous ne voulons pas nous-mêmes être emportés par l'un ou l'autre de ces courants il nous faut prendre à coeur ce que Dieu avait ordonné à Josué. Nous devons méditer et mettre en pratique tout ce qui est écrit dans la Bible pour notre instruction et notre sanctification. Ainsi seulement pourrons-nous poursuivre notre route en évitant les écueils et les dérives de droite et de gauche, et mènerons-nous à bien nos entreprises (Josué 1 : 8). Souvenons-nous du roi Josias, dont il est dit: « Il fit ce qui est droit aux yeux de l'Eternel... il ne s'écarta ni à droite, ni à gauche» (2 Rois 22:2). Mais pour beaucoup l'Ecriture ne constitue plus « la seule et infaillible règle de foi et de vie chrétienne, et la seule pierre de touche pour éprouver toute doctrine, toute tradition et tout système religieux ou ecclésiastique, ainsi que toute méthode d'action chrétienne» (Selon la confession de foi de l'A.E.E.B.L.F.). Alors les chrétiens mêmes sont désorientés, comme l'étaient les cent vingt mille habitants de Ninive qui ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche. (Jonas 4: 11). Et déconcertés comme la Samaritaine qui disait au Seigneur: « Nos pères ont adoré sur cette montagne (le mont Garizim), et vous dites que l'endroit où il faut adorer est à Jérusalem ». Jésus lui répondit: « L'heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni à Jérusalem que vous adorerez le Père... L'heure vient, et c'est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité...» (Jean 4:20-23) N'allons donc ni à droite, ni à gauche, mais demeurons sur le droit chemin que nous indique le Guide divin Jésus-Christ par sa Parole, lampe à nos pieds et lumière sur notre sentier (Ps. 119:105). Prenons garde aux bifurcations ou embranchements qui mènent dans l'imbroglio! Le manque de connaissance biblique, d'information objective sur la situation religieuse actuelle et de discernement spirituel, sont les causes principales des égarements individuels et collectifs des chrétiens.
Appendice
Il serait sans doute possible de trouver dans chacune de nos vies encore d'autres significations à « la droite » et à « la gauche ». On pourrait, par exemple, considérer comme des sorties de piste sur la droite un certain autoritarisme, de l'outrecuidance et de l'intransigeance, le manque d'amour ou un mauvais esprit de jugement. Une sortie de piste à gauche serait alors l'inconscience ou l'insouciance face au danger, l'indifférence doctrinale, l'infidélité et la confusion, le laxisme et la mondanité, l'association avec ceux qui prêchent un <autre évangile » (Gal. 1 :8), qui ajoutent quelque chose à la Parole de Dieu ou qui en retranchent quelque chose. Et n'oublions pas que l'on peut garder une forme extérieure de la piété, tout en reniant ce qui en fait la force (2 Tim. 3:5). Que notre désir et notre prière soient de pouvoir dire un jour avec Job: « J'ai gardé sa voie et je ne m'en suis point détourné. Je n'ai pas abandonné les commandements de ses lèvres» (Job 23:11). C'est ainsi que Dieu sera glorifié et que ses rachetés marcheront en vainqueurs.
Le Seigneur dit à chacun: «VEILLE SUR TA ROUTE» (Nahum 2:2).
Jean Hoffmann
La Bonne Nouvelle No 2 /2002