Heureux les humbles !

 

« Avant d'avoir été humilié, je m'égarais...
Il m'est bon d'être humilié..
C'est par fidélité que tu m'as humilié.. »
(Ps 119 : 67, 71, 75)


Combien facilement nous nous prenons trop au sérieux ! Quelle peine nous avons à accepter nos limitations, et à reconnaître que nous ne sommes qu'un rouage minuscule dans le monde, le plan et l'oeuvre totale de Dieu ! Les plus grands exploits sont insignifiants en face de la grandeur infinie du Souverain de l'univers. Et pourtant, les actes les plus humbles et les plus cachés revêtent une portée éternelle quand ils sont accomplis dans la communion avec Dieu et pour lui. Etre humblement, et de tout notre coeur, ce que Dieu veut que nous soyons, voilà le sens de la vie !

L'humilité ne nous est pas naturelle. Elle s'apprend.

«Dieu travaille sur nos personnes. Il donne les leçons de rattrapage qui conviennent à ceux qui ne savent pas apprendre. Il emploie beaucoup la répétition. Les cours modernes accélérés conviennent mal dans ce domaine. Il faut souvent des années jusqu'à ce que nous soyons suffisamment abaissés pour que Dieu puisse nous confier des tâches sans craindre nos méthodes pleines de suffisances. » (1)

Nous avons souvent besoin de ces leçons de rattrapage : un accident, un deuil, une maladie, un échec cuisant ou des difficultés professionnelles peuvent en fournir le point de départ. Qu'apprenons-nous alors ?

D'abord à nous émerveiller. La vraie humilité entraîne la capacité de s'émerveiller. Ce qui n'est pas le fort de l'homme moderne, tendu vers le surpassement et le succès. Il ne sait plus s'étonner. Il est si vite blasé et ennuyé. Le plus grand miracle va de soi. Par contre, le chrétien qui se sait pauvre - mais riche en grâces - ne cesse de s'émerveiller : devant la création, devant l'amour de Dieu pour lui, et l'aventure de la vie avec lui. Il n'a plus besoin de tout savoir et de tout comprendre, mais simplement de suivre avec étonnement et certitude celui dont le nom est « Admirable » (Es 9 : 5).
Le lieu par excellence de l'humilité, et de l'émerveillement suprême, c'est la croix.

L'humilité permet d'être réaliste vis-à-vis de soi-même et des autres. Grâce à elle, nous pouvons évaluer le monde qui nous entoure avec sobriété et prudence. Nous pouvons aussi accepter sans jalousie, ni flatterie les dons des autres, et en jouir.

Il ne s'agit pas de nier les dons que Dieu nous a accordés, mais de reconnaître : « Je ne suis pas digne... Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis » (I Co 15 : 9- 10). Et : « Qu'ai-je que je n'aie reçu ? » (Cf. 1 Co 4: 7). Donc, « que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur » (l Co 1 : 3 1).

Une autre leçon: « Il existe un humour qui découle de l'humilité chrétienne. » 1 Nous pouvons donc nous permettre de sourire un peu sur nos pauvres efforts, que Dieu sait pourtant purifier, récupérer et utiliser pour sa gloire.

Enfin, l'humilité s'accompagne de contentement et d'une confiance toute simple en la grâce de Dieu, même et surtout quand une épreuve nous a « sevrés » d'un bienfait naguère si doux.

« Eternel ! Je n'ai ni un coeur qui s'enfle, ni des regards hautains;
Je ne m'occupe pas de choses trop grandes et trop relevés pour moi.
Loin de là, j'ai l'âme calme et tranquille,
Comme un enfant sevré qui est auprès de sa mère..
Israël, mets ton espoir en l'Eternel.. ! »
(Psaume 13 1)

Luc de BENOIT

© Fac-Réflexion No 6 1981


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1 Rapport 1969/1970 de l'Institut de Bienenberg, éditorial, p. 4.