a-t-il été prononce sur une montagne ou sur une plaine (Matth. 5-7; Luc 6,17-49)?
Le sermon sur la montagne, qui commence par des béatitudes, et qui, dans l'Evangile selon Matthieu, est prononcé sur une montagne (il comprend trois chapitres), trouve son parallèle en Luc 6. Ici aussi, il s'ouvre par des béatitudes; mais il est beaucoup plus court: à peine un chapitre; et il a été tenu dans un champ. Comment expliquer cela?
Les critiques du Nouveau Testament trouvent naturellement dans cette contradiction un argument pour épingler l'inexactitude des Evangiles. D'autres veulent résoudre le problème de la manière la plus simple: en affirmant qu'il s'agit de deux événements différents. Mais c'est là un argument qui ne peut être pris au sérieux, les similitudes étant beaucoup trop grandes. Les préliminaires qui amenèrent ce grand rassemblement de foule sont les mêmes dans les deux écrits. Jésus parcourait la Galilée pour enseigner et annoncer l'Evangile, guérir des malades et délivrer des possédés: «Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui amenait tous ceux qui souffraient de maladies et de douleurs de divers genres, des démoniaques, des lunatiques, des paralytiques; et il les guérissait» (Matth. 4, 23-24; cf. aussi Luc 4, 14-15; 5, 15).
Par Son sermon public sur la montagne, Jésus fut connu partout en Galilée; les gens se mirent à Le suivre en foule, de sorte qu'Il devait souvent chercher un endroit où Il pourrait se retrouver seul. L'ampleur de ces rassemblements se confirme par l'épisode de la multiplication des pains: une première foule comptant 4.000 hommes et une autre 5.000, avec en plus les femmes et les enfants.
Il est maintenant écrit que les gens ne venaient plus seulement de Galilée, mais aussi de Jérusalem et de toute la Judée, et même d'au-delà du Jourdain, ainsi que des dix villes, de la Syrie, et également de la contrée maritime de Tyr et de Sidon (Matth. 4, 24-25; Luc 6, 17).
Tandis que Matthieu mentionne comment Jésus, voyant une grande foule Le suivre, alla sur une montagne, s'y assit et s'adressa à tous ces gens (Matth, 5, 1), Luc rapporte que le Seigneur descendit et s'arrêta sur un plateau pour s'adresser à la multitude qui L'avait suivi (Luc 6, 17). Quelle est la solution de ce problème?
La connaissance de la topographie de la région où ces événements se sont produits - non loin de Capernaüm, où Jésus résidait au temps de Son ministère public (Matth. 4, 12-13) - nous donne bien des éclaircissements. Si, depuis la mer, on porte les regards vers la «montagne» des béatitudes, l'endroit semble effectivement être une montagne. Mais si l'on y monte par la route actuelle, le dernier tronçon du parcours est en pente descendante, de sorte que le lieu apparaît comme un plateau - surtout si l'on pense que les gens se tenaient dans une espèce de vallée synclinale au flanc de la colline.
Matthieu et Luc ont donc raison. Des contradictions apparentes peuvent souvent s'expliquer par la différence des points de vue: Matthieu voyait du bas, et Luc du haut. Cela prouve une fois de plus combien importante est la connaissance exacte de la région. Bargil Pixner, qui connaît très bien la Terre sainte, a fait paraître un livre intitulé «Le cinquième Evangile» et d'expliquer: «Cinq Evangiles dépeignent la vie de Jésus: quatre se trouvent dans la Bible, le cinquième est le décor. Si vous lisez ce dernier, le monde des quatre autres s'ouvrira à vous!» Effectivement, une visite à la Terre promise permet de comprendre beaucoup mieux la Bible; on voit, de ses propres yeux, les endroits où les choses se sont passées. On peut cependant relever des différences dans les Evangiles. C'est pourquoi ils sont au nombre de quatre afin de donner une meilleure vision des événements. Luc n'était pas un témoin oculaire, mais il a fait des recherches sérieuses sur toutes ces choses afin de pouvoir en rédiger un exposé aussi exact que possible. Les évangélistes ne nous ont rapporté que l'essentiel, ainsi que Jean l'affirme à la fin de son écrit: (Jésus a fait encore beaucoup d'autres choses; si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu'on écrirait,, (Jean 21, 25). .
FREDI WINKLER
Nouvelles d'Israël 07 / 1999