Semons sans nous lasser!
Texte:
La parabole du semeur, Mat. 13:4-9.
À la lecture de cette parabole, nous pourrions nous dire: «Quel drôle de semeur! Ne pouvait-il pas veiller où il jette ses graines? Cet homme ne s'est-il pas organisé un beau gâchis?...» Il semble que c'était la façon de faire à l'époque et dans ces régions: on semait large, on retournait la mince couche de terre... et on laissait venir!
En méditant cette parabole, nous nous arrêtons habituellement aux quatre qualités de terrain, symbolisant la réceptivité du coeur humain à l'égard de la Semence de Vie qu'est l'Evangile. Or, Jésus appelle lui-même cette parabole «la parabole du semeur» (v. 18). N'est-ce donc pas sur lui, c'est-à-dire sur sa personne et sur sa façon de travailler que Jésus voulait attirer l'attention de ses disciples? Pour leur enseigner quoi? Des choses qui nous seront utiles à nous, qui voulons également être des «semeurs de la Parole», des proclamateurs de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ!
En quoi notre semeur est-il exemplaire? Nous trouvons ici un homme qui est prêt à faire son travail, à jeter en terre la semence dans la confiance qu'elle lèvera. En faisant cela, il ne cessera pourtant pas d'être réaliste: il sait très bien que tout ne lèvera et ne croîtra pas pareillement. Il est conscient des risques de perte: les oiseaux, les pierres, la chaleur, les épines... Mais ce n'est pas ce qui saurait l'arrêter! Ce n'est pas ce qui l'empêchera de faire son travail avec calme et conviction, avec fidélité et persévérance... en acceptant qu'il existe des facteurs qui lui échappent complètement, des éléments sur lesquels il n'a finalement aucune prise, comme la réceptivité effective du terrain ou les conditions climatiques. C'est la raison pour laquelle notre semeur sera avant tout un «travailleur de l'espérance», de cette espérance confiante et pleinement dépendante de Dieu, qui seul donne la croissance et le fruit.
En quoi le semeur est-il un encouragement pour nous?
Ne nous arrive-t-il pas parfois d'être bien surpris ou désemparés voire même accusés ou assaillis par le doute quand nos efforts investis dans l'oeuvre de Dieu ne rapportent pas les résultats escomptés? Surtout que nous vivons dans une jungle où, pour avoir le droit d'exister, il faut faire, comme on dit, «du chiffre d'affaires», il faut produire des statistiques, prouver qu'on est efficace, productif, en un mot qu'on est le meilleur! Avouons que cette ambiance nous met parfois sous une drôle de pression! Si les uns peuvent être tentés par l'orgueil, parce que momentanément ils semblent avoir le vent en poupe, d'autres, et je pense que ceux-ci sont plus nombreux, peuvent être tentés par la lassitude et la résignation. Dans combien d'yeux et de coeurs ne lisons-nous pas un certain scepticisme qui fait que l'on se demande: «Est-ce que cela vaut la peine de continuer à s'investir de cette manière?»
Notons que nous ne voulons pas, par ces remarques, prêcher la suffisance, la médiocrité ou l'indifférence dans la tâche que le Seigneur nous a confiée. Il nous est permis de réfléchir à l'efficacité de notre travail. Nous sommes même responsables de le faire. Encore qu'il faudrait s'entendre sur ce qui compte aux yeux de Dieu comme un travail spirituel vraiment efficace! Il nous est aussi permis de rechercher les meilleures méthodes pour atteindre notre génération avec l'évangile, mais cela sans oublier qu'en les appliquant, nous dépendons entièrement de Dieu pour ce qui concerne les résultats. Sans oublier également que malgré tout le coeur que nous mettons à l'ouvrage, chaque semence ne montera et ne se multipliera pas pareillement, qu'il y aura des pertes et des déceptions, qu'il y a des facteurs que nous n'avons pas en main, car, aussi étonnant que cela puisse paraître, le sol que nous ensemençons semble avoir la faculté de décider s'il veut ou non recevoir la semence. Ce n'est pourtant pas ce qui doit nous empêcher de continuer à semer abondamment!
Où allons-nous trouver la force, le courage, la conviction et la joie pour persévérer? Nulle part ailleurs que dans la Parole de Dieu. Que nous dit-elle?
Il Cor. 9:6: «Celui qui sème abondamment moissonnera abondamment...»
Gal. 6:9: «Ne nous lassons pas de faire le bien; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas...»
II Chron. 15:7: «Fortifiez-vous, et ne laissez pas vos mains s'affaiblir, car il y aura un salaire pour vos oeuvres...»
l Cor. 15:58: «Soyez fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux à l'oeuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain dans le Seigneur.»
Héb. 6:10: «Dieu n'est pas injuste pour oublier votre travail et l'amour que vous avez montré pour son nom... »
Ps. 126:5: «Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d'allégresse!...»
Que retenir de tout cela?
Même si notre engagement, nos efforts, notre appel ne rencontrent pas l'écho attendu, peut-être même que nous récoltions plutôt de l'ingratitude, de l'indifférence, le mépris ou le rejet de beaucoup, continuons d'être fidèles semeurs de l'évangile, comme le Seigneur nous le demande! Travaillons, non pas en nous laissant obnubiler par tout ce qui pourrait lever, qui devrait lever, et qui apparemment ne lève pas, ou pas encore, mais en nous réjouissant pour tout ce qui lèvera et portera du fruit, parce que le Seigneur le veut ainsi, parce qu'il l'a promis et qu'il le donnera! Le Seigneur n'a-t-il pas dit - Ésaïe 55:11 - : «Ma parole ne retourne point à moi sans effet, sans avoir exécuté ma volonté et accompli mes desseins»? Nous pouvons y compter qu'il en sera ainsi!
Roland HAUSWALD
La Bonne Nouvelle 3/93
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