"Si donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis reviens présenter ton offrande." Matthieu 5:23-24
Un frère pieux!
Il est question ici d'un frère pieux, observateur de la loi, respectueux des prescriptions cultuelles traditionnelles, bref d'un ,Pratiquant» venant faire une offrande qui a pu lui coûter cher, mais qu'il a voulu présenter à l'autel pour obéir aux ordonnances divines.
Le frère interpellé
Mais voici que le Seigneur arrête ce frère en l'invitant à se souvenir, à sonder son passé, à se demander si son frère a quelque chose contre lui. Le cas échéant, Jésus lui ordonne de laisser là son offrande, d'aller d'abord se réconcilier avec son frère, puis de revenir présenter son offrande.
Des priorités
Il y a dans le service de Dieu, tout comme dans d'autres domaines de la vie, des priorités à respecter. Prêtons attention à cette petite locution adverbiale «D'ABORD» que nous utilisons couramment et qui se trouve aussi dans la Parole de Dieu.
Exemples:
«Ote d'abord la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère» (Mat. 7: 5).
«Purifiez d'abord l'intérieur de la coupe et du plat afin que l'extérieur aussi devienne pur». (Mat. 23: 26)
«Qui veut bâtir une tour, s'assied d'abord pour en calculer le prix pour voir s'il a de quoi la terminer». (Luc 14:28)
De même, «Quel roi, s'il part pour s'engager dans une guerre contre un autre roi, ne s'assied pas d'abord pour examiner s'il a le pouvoir avec dix mille hommes de marcher à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille». (Luc 14:31-32).
L'apôtre Paul, faisant mention de l'abondante libéralité des Macédoniens, écrit: «ils se sont d'abord donnés eux-mêmes au Seigneur, puis à nous». (Il Cor. 8: 5)
Dans le Sermon sur la montagne Jésus disait: «Recherchez premièrement - donc d'abord - le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus». (Mat. 6:33)
Jésus reprenait ainsi les scribes et les pharisiens hypocrites: «Vous payez la dîme... et vous laissez ce qu'il y a de plus important dans la loi: le droit, la miséricorde et la fidélité». (Mat. 23:23)
Il faut donc toujours se demander quelle est, aux yeux du Seigneur, la chose la plus urgente, ou la plus importante, à exécuter.
Application
Il existe encore aujourd'hui des croyants qui ont les mêmes bonnes dispositions religieuses que ce frère dont parle Jésus, des pratiquants dévots qui font de bonnes oeuvres, toujours actifs, entreprenants, toujours présents, priant, chantant et louant Dieu. Que faut-il de plus? Ou plutôt, que faut-il faire avant toute autre chose?
Le "VA D'ABORD" nous concerne tous. Avant de vouloir - et de pouvoir - adorer, louer et servir Dieu, il faut être réconcilié avec lui par Christ (Il Cor. 5:19-21), et apprendre à vivre selon l'Esprit (Rom. 8:5) en mettant en pratique la Parole de Dieu (Jacques 1 :22). Nous devons aussi être d'abord réconciliés avec notre frère - autant que cela dépende de nous - (Rom. 12:18), avant qu'une véritable communion fraternelle ne puisse être réalisée ou rétablie, et qu'il nous soit possible de servir Dieu en toute bonne conscience. Si donc nous nous souvenons que notre frère a quelque chose contre nous, il nous faut aller le trouver en vue de la réconciliation. Mais la démarche inverse peut aussi s'imposer, c'est-à-dire aller trouver celui qui a péché. S'il refuse d'écouter nous devons retourner vers lui avec un ou deux témoins, et s'il persiste dans son refus d'écouter il reste encore l'ordre d'en saisir l'Église (voir Mat. 18:16-17). Mais quand le pécheur a mauvaise conscience* et qu'il ne veut pas se repentir, il arrive qu'il refuse tout simplement toute confrontation, craignant d'être confondu. Voulant justifier une telle obstination, il prétextera peut-être que le conflit est insoluble, ou, au contraire, que pour lui tout est réglé et la page tournée. Pour se donner le change, il en est qui se livrent alors à un activisme effréné cherchant ainsi à faire taire leurs consciences et à faire oublier leurs fautes pour n'avoir pas à s'en repentir et à les réparer dans toute la mesure du possible. Mais cette échappatoire provoque un blocage qui fait échouer toute tentative de réconciliation et empêche le coupable de retrouver la paix intérieure, s'excluant ainsi lui-même de la communion fraternelle.
Ajoutons qu'il se pourrait aussi que les démarches préconisées fassent apparaître de part et d'autre des manquements, des torts et des excès, c'est-à-dire des péchés, et que dans une sincère confession réciproque (Jacques 5: 16) chacun pardonne à l'autre, comme l'ordonne la Parole de Dieu (Col. 3:13).
C'est à ceux qui se trouvent ainsi en situation conflictuelle, tout en manifestant par ailleurs beaucoup de zèle et même un esprit de sacrifice, que le Seigneur dit: , Laisse là ton offrande... et va d'abord te réconcilier avec ton frère,". Ce qui veut dire pratiquement: Avant de vouloir servir le Seigneur, de prêcher, d'évangéliser, de t'engager dans toutes sortes d'activités chrétiennes, tu dois aller te réconcilier avec ton frère. Ce que tu avais l'intention de faire est fort bien, ton dévouement est très louable, ta libéralité exemplaire, mais si tu veux plaire au Seigneur, il te faut d'abord régler ton différent avec ton frère. Cette démarche, ordonnée par le Seigneur, est primordiale, car «L'obéissance vaut mieux que les sacrifices» (1 Sam. 15:22).
Dieu parle de plusieurs manières
Pas mal de conflits entre chrétiens, dans les familles et dans les églises n'ont pas trouvé de règlement spirituel adéquat, parce que le «va d'abord» n'a pas été respecté. Cela a eu pour conséquence d'autres troubles fonctionnels. Combien de cas non réglés sont devenus des interdits entravant l'oeuvre de Dieu, déshonorant son nom et scandalisant les faibles dans la foi et le monde! L'orgueil, la jalousie, l'aveuglement, le refus de reconnaître les manquements, l'absence de repentance et le refus de pardonner provoquent des blocages empêchant toute réconciliation. Mais à ceux qui n'écoutent pas ce que dit l'Écriture, le Seigneur peut parler d'une autre manière pour réveiller leurs consciences et leur faire reconnaître les priorités à respecter. Le remède est toujours dans l'obéissance à la Parole de Dieu, car nul ne saurait trouver - ou retrouver - la paix, la joie du Salut et la bénédiction divine en rejetant ce que dit l'Écriture.
Souvenons-nous du prophète Jonas. La Parole de l'Éternel lui fut adressée une première fois en ces termes: «Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle...» (Jonas 1 : 1 3). Alors Jonas se leva et s'enfuit dans la direction opposée. Cette dérobade fut désastreuse pour le prophète. Après qu'il eut été jeté à la mer, englouti, puis rejeté sur la terre ferme par un grand poisson, la Parole de l'Éternel lui parvint une seconde fois. Alors il obtempéra et se rendit à Ninive (Jonas 3:1-3). S'il avait obéi au premier appel il aurait pu s'éviter cette grande détresse. Mais du sein du séjour des morts il invoqua l'Éternel qui eut pitié de lui et le sauva (Jonas 2:3-10). Le Seigneur ne doit-il pas parfois nous répéter la même chose pour nous amener par différents chemins ou moyens à l'obéissance?
Conclusion
Si une relation fraternelle a été brisée, il y a moyen d'y remédier en appliquant la Parole de Dieu. Le Seigneur ordonne de mettre toute autre activité spirituelle en veilleuse et d'aller d'abord se réconcilier avec son frère. Que celui qui se souvient que son frère a quelque chose contre lui fasse le premier pas, ou qu'inversement, celui qui a des reproches à faire à son frère aille le trouver. Que ce soit la première ou la seconde démarche qui est appliquée, l'objectif est toujours la réconciliation. Quiconque contrevient aux ordonnances du Seigneur se met dans son tort. Aucune oeuvre, ou bonne action, ni aucun sacrifice, ne sauraient remplacer de telles démarches. Mais si le pécheur persiste dans le refus d'écouter son frère, les témoins et l'Église, il perpétue l'antagonisme avec toutes les conséquences néfastes imprévisibles. Celui qui, par contre, reconnaît ses torts en en demandant pardon, rend possible une sérieuse réconciliation, retrouve la joie du Salut et un service renouvelé dans une communion fraternelle rétablie, avec l'assurance de la riche bénédiction du Seigneur.
Jean Hoffmann
*«La conscience est le système d'alarme que Dieu a intégré à notre personne. Réjouissez-vous lorsqu'il fonctionne et inquiétez-vous dans le cas contraire» ("Pensées d'hommes, Pensées de Dieu")
«Seule la non-repentance peut faire que l'amitié reste entravée par l'offense». Jacques Buchhold
Jacques Buchhold
La Bonne Nouvelle 3 /99
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