Voici il y a ici plus que Jonas

 


A mon sens, le livre de Jonas présente prophétiquement l'histoire du salut depuis la venue de Jésus jusqu'à Son retour. Nous pouvons y voir également la restauration nationale et spirituelle d'Israël.

Le Seigneur Jésus fit, un jour, très concrètement référence à Jonas. Les pharisiens et les scribes Lui ayant demandé un signe, Il répondit: «Les hommes de Ninive se lèveront au jour du jugement avec cette génération et la condamneront, parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas; et voici, il y a ici plus que Jonas» (Matth. 12, 41). Des paroles à les toucher en plein coeur!

Chaque fois que la Bible emploie «voici» ou «en vérité» (Amen), c'est parce que l'Esprit Saint veut tout particulièrement souligner une vérité de l'Ecriture. Ainsi, lorsque Jésus, se désignant du doigt, affirme: «Voici, il y a ici plus que Jonas», Il entend bien davantage qu'un fait historique; Il pense à Sa personne qui se situe au-dessus de tout.

Bien que Jonas fût très loin d'être un homme parfait - un caractère faible, capricieux et désobéissant -, il est, sous un certain angle, un type de Jésus-Christ. Il est le seul prophète avec qui Jésus a établi une comparaison avec Sa propre personne.

En s'appuyant sur le livre de Jonas, Il déclara en même temps que cet écrit était prophétique. Car, après avoir qualifié Sa génération de «méchante et adultère», Il dit: «.. il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas» (Matth. 12, 39).

Cette proposition «Voici, il y a ici plus que Jonas» signifie que Jésus-Christ est le but suprême de l'histoire du salut. Relativement à Israël, Il est plus que Jonas, car Il est le Roi de cette nation (Matth. 27, 37.42). Le Seigneur tourne ce caractère foncièrement imparfait - faible, capricieux, désobéissant vers le but divin le plus élevé. Nous lisons en Esaïe 53, 1 0: «Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité et prolongera ses jours; et l'oeuvre de l'Eternel prospérera entre ses mains.» Par Jésus et Son oeuvre, Dieu atteindra Son but!

Ainsi donc, l'histoire rapportée dans le livre de Jonas n'est pas qu'un récit judaïque; elle a également un caractère prophétique profond. Par ce moyen, Dieu nous donne un aperçu de Sa majestueuse activité dans l'histoire du salut et de Son absolue souveraineté. Malgré les chemins tortueux de Jonas, l'Eternel va droit au but: un triomphe sur toutes choses.

Nous nous pencherons maintenant sur ces trois points:

- Un survol de l'histoire juive

- Jésus dans l'histoire de Jonas

- Le message de Dieu à l'humanité.

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Un survol de l'histoire juive

Il est écrit en Jonas 1, 1-2: «La parole de l'Eternel fut adressée à Jonas, fils d' Amitthaï, en ces mots. Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle, car sa méchanceté est montée jusqu'à moi.» Remarquons qu'il n'est pas dit: «La parole de l'Eternel fut adressée à Ninive ... », mais bien: «à Jonas, le fils d'Amitthaï». Dieu pose ainsi là une vérité incontournable du salut.

Exactement comme pour l'histoire du salut du monde des nations, le livre de Jonas commence par une parole adressée à un Juif. Israël est le canal de la révélation divine, la source de la prophétie et le poteau indicateur vers Jésus. Le peuple juif est le fondement de l'incarnation de Christ. Ernst Schrupp a écrit à ce sujet:

 

Le christianisme a besoin du judaïsme d'où il est issu. Il ne peut renier ces racines sans en subir des dommages. Soyons bien au clair concernant notre dette envers Israël, envers le judaïsme:

- la connaissance du Dieu vivant et vrai, car c'est en Israël qu'Il s'est manifesté

- la loi comme soutien de la vie et base de l'éthique, avec son double commandement d'aimer;

- toute l'Ecriture Sainte avec l'Ancien et le Nouveau Testament: la Parole de Dieu pour tous;

- le salut offert à tous en Jésus-Christ, le Sauveur, qui vient des Juifs (Jean 4, 22; Rom. 9, 5) et qui reviendra en Sion pour Israël et pour le monde entier (Rom. 11, 25 et suiv.). (Israël et le Messie, Wuppertal 1997)

 

C'est par Jonas, un Juif, que Dieu est allé adresser Son message de jugement mais aussi de salut aux païens de Ninive. Dans le christianisme, on perd souvent de vue que la Parole de Dieu a été premièrement donnée aux Juifs, pour être ensuite transmise à nous, gens des nations. Il est écrit en Romains 9, 4-5: Ils «sont Israélites, à qui appartiennent l'adoption, et la gloire, et les alliances, et la loi, et le culte, et les promesses, et les patriarches, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni éternellement. Amen!» Israël, dans son entièreté, est appelé «le fils premier-né» de Dieu. (Exode 4, 22; Es. 1, 2; 63, 16).

 

Comme Jonas a été chargé par l'Eternel de porter un message important à Ninive - «Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle!» (Jonas 1, 2) -, la vocation première d'Israël est d'apporter le salut au monde et d'être en bénédiction pour toutes les nations (Gen. 12, 3). Donnée par Dieu - aux Juifs -, la Parole, devenue chair en Jésus-Christ, est venue une première fois en Israël au temps marqué (Jean 1, 1-4.14), pour être ensuite transmise aux nations par quelques hommes sauvés de ce peuple (Israël).

 

Comme il y eut un tournant dans la vie de Jonas, il y en eut un également dans l'histoire du salut: «Et Jonas se leva pour s'enfuir à Tarsis, loin de la face de l'Eternel. Il descendit à Japho, et il trouva un navire qui allait à Tarsis; il paya le prix du transport et s'embarqua pour aller avec les passagers à Tarsis, loin de la face de l'Eternel» (Jonas 1, 3). Israël reçut la vocation de peuple missionnaire (Es. 49, 3-6). Mais comme Jonas, il a tout d'abord piteusement refusé. Car ce peuple, comme tel, a dédaigné la première venue de Jésus, ainsi qu'il est écrit: «Il vint chez soi; et les siens ne l'ont pas reçu» (Jean 1, 1 1; version Darby).

Nous trouvons ces mots «.. loin de la face de l'Eternel ... » à deux reprises en Jonas 1, 3. De même, depuis 2000 ans, Israël est loin de la face de Dieu, et une grande partie de ce peuple est aveugle relativement au Seigneur:

 

1. Ce fut le cas, quand Jésus vint parmi eux; ils Le repoussèrent.

2. Ils étaient «loin de la face de l'Eternel», quand, en l'an 70, ils furent dispersés dans le monde entier et vendus aux païens.

 

Au lieu de marcher selon les ordonnances de Dieu, ils Lui ont constamment tourné le dos. Bien que s'étant alliés aux nations, ils y ont toujours vécu dans l'isolement - comme Jonas sur ce navire. Que ce prophète ait même dû payer le prix de sa traversée (Jonas 1, 3), cela est peut-être une image des alliances qu'Israël a souvent contractées avec les nations au prix fort. Le peuple ne s'est pas toujours trouvé sous les soins bénissants de son Dieu.

 

Chaque fois qu'il tourna le dos à l'Eternel, il dut payer l'addition. Il fit la perte des sacrifices et du temple. Cette expression «loin de la face de l'Eternel» montre comment Israël est devenu aveugle au cours de son histoire.

 

Nous lisons encore en Jonas 1, 4-5: «Mais l'Eternel fit souffler sur la mer un vent impétueux, et il s'éleva sur la mer une grande tempête. Le navire menaçait de faire naufrage. Les mariniers eurent peur, ils implorèrent chacun leur dieu, et ils jetèrent dans la mer les objets qui étaient sur le navire, afin de le rendre plus léger Jonas descendit au fond du navire, se coucha et s'endormit profondément.» Nous voyons ici, prophétiquement, Israël sur la mer des peuples, hors de son pays. Chaque fois que les Juifs quittaient leur terre - ils n'étaient donc plus sous la direction de Dieu - et se trouvaient parmi les peuples, ils ont été dans une profonde détresse et ont été cause de détresse pour ces mêmes nations. Mais paradoxe: ils restaient un témoignage du Dieu vivant.

 

Bien que s'étant réfugié dans la cale du navire, Jonas finit par être découvert. Il en a été de même pour les Juifs: pendant des siècles, les Israélites se sont régulièrement cachés parmi les nations, gardant un profil bas; ils ont changé de nom pour ne pas être reconnus - mais en vain.

Il est encore dit ceci de Jonas: «Le pilote s'approche de lui et lui dit.« Pourquoi dors-tu? Lève-toi, invoque ton Dieu! peut-être voudra-t-il penser nous, et nous ne périrons pas. Et il se dirent l'un à l'autre:Venez, et tirons au sort, pour savoir qui nous attire ce malheur Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Jonas» (Jonas 1, 6-7). Israël a toujours été tourné en dérision et tenu pour responsable du malheur des peuples. Le sort lui a toujours été contraire.

«Alors ils lui dirent. Dis-nous qui nous attire ce malheur Quelles sont tes affaires, et d'où viens-tu? Quel est ton pays, et de quel peuple es-tu? Il leur répondit. Je suis Hébreu, et je crains l'Eternel, le Dieu des cieux, qui a fait la mer et la terre. Ces hommes eurent une grande frayeur, et ils lui dirent. Pourquoi as-tu fait cela? Car ces hommes savaient qu'il fuyait loin de la face de l'Eternel, parce qu'il le leur avait déclaré. Ils lui dirent.- Que te ferons-nous, pour que la mer se calme envers nous? Car la mer était de plus en plus orageuse» (v. 8-11). Malgré tous ses malheurs, toute sa détresse, tout son isolement, le peuple juif a toujours été - bon gré mal gré - un témoignage pour le monde des nations, une preuve de l'existence de Dieu, une profession de foi envers le Créateur du ciel et de la terre. Les juifs n'ont jamais pu renier leur identité. Celui qui a été confronté à Israël, au peuple juif, a été mis en face de Dieu. Le fait d'être Hébreu ne pouvait rester caché. Les nations ont tremblé devant ce peuple, même quand elles portaient la main sur lui; et cela parce que les Hébreux sont un peuple particulier parmi les peuples.

A la question des marins: «De quel peuple es-tu?» (v. 8), Jonas répondit: «Je suis Hébreu» (v. 9), ce qui provoqua cette réaction: «Ces hommes eurent une grande frayeur» (v. 10). Oui, le monde a toujours frémi à cause de ce peuple. Pensons à la grande et riche Babylone de jadis, à l'Egypte, à Rome, à la puissance nazie!

Le peuple juif est enveloppé d'un mystère, celui de la réalité de Dieu qui ne peut être niée.

 

Aujourd'hui encore, le monde entier s'occupe de la nation juive. Et bien qu'il veuille toujours mettre la main sur elle, il est saisi d'une crainte certaine, voire même de respect. Tant qu'Israël ne se retrouvera pas en repos dans son Dieu , le monde ne connaîtra pas la paix. Ce peuple est la réponse à l'inquiétude des nations (v. 11).

Nous lisons encore au sujet de Jonas: «Il leur répondit. Prenez-moi et jetez-moi dans la mer, et la mer se calmera envers vous; carde sais que c'est moi qui attire sur vous cette grande tempête. Ces hommes ramaient pour gagner la terre, mais ils ne le purent, parce que la mer s'agitait toujours plus contre eux. Alors ils invoquèrent l'Eternel, et dirent. 0 Eternel, ne nous fais pas périr à cause de la vie de cet homme, et ne nous charge pas du sang innocent! Car toi, Eternel, tu fais ce que tu veux. Puis ils prirent Jonas et le jetèrent dans la mer Et la fureur de la mer s'apaisa. Ces hommes furent saisis d'une grande crainte de l'Eternel, et ils offrirent un sacrifice à l'Eternel et firent des voeux» (Jonas 1, 12-16). Tout d'abord, les marins «implorèrent chacun leur dieu» ; mai§ voici qu'il est maintenant dit: «Alors, ils invoquèrent l'Eternel ... » Ces versets nous présentent prophétiquement le mystère du «rejet» d'Israël, lequel fut pour le salut des nations. Même pour Jonas, ce fut également un mystère. Il a été appelé par Dieu à se rendre à Ninive; mais ayant fait preuve de désobéissance dans cette mission, il devint sans le vouloir une source de bénédiction pour les gens du navire, qui, sans Jonas, n'auraient probablement jamais entendu parler du Dieu des Hébreux, qui devint alors leur Dieu. La bénédiction divine ne fut pas immédiatement pour Ninive, mais bien pour ces marins. Ceux-ci, bénéficiant du salut avant les habitants de Ninive, invoquèrent l'Eternel, Le craignirent, Lui offrirent leurs hommages. Mais ils durent cesser de ramer et faire ce que Jonas leur dit:le jeter par-dessus bord.

 

L'équipage de ce navire ne représente-t-il pas prophétiquement l'Assemblée sur la mer des peuples? Les membres du «corps de Christ» n'ont pas été sauvés par leurs bonnes oeuvres personnelles, mais par le sacrifice de Jésus, en qui ils ont cru. Les enfants de Dieu sont ceux qui confessent: «Ce sont nos péchés qui I!ont crucifié», et qui, en même temps, déclarent: «Nous I!avons jeté par-dessus bord!» Comme ces marins étaient directement impliqués par cette éjection de Jonas, de même l'Assemblée est directement concernée par la croix de Christ.

Jonas a été appelé par Dieu pour qu'en fin de compte Ninive soit bénie. Mais il s'est montré désobéissant, devenant ainsi par la suite, inconsciemment, une source de bénédiction pour ces marins.

Israël reçut pour mission d'être en bénédiction pour les nations. Par sa désobéissance et sans le vouloir, il est devenu un instrument de bénédiction pour une petite troupe tirée de la mer des peuples: l'Assemblée.

Avant que Dieu ne bénisse, depuis Israël, toutes les nations durant le règne millénaire (Ninive), Il a sauvé une assemblée sortie des nations (les gens du navire). Pour ce faire, Il s'est servi de la désobéissance d'Israël pour que nous, païens, parvenions au salut. Jonas (Israël) n'avait en vue que du mal, alors que Dieu se proposait de faire du bien. Paul a écrit: «Est-ce pour tomber qu'ils ont bronché? Loin de là! Mais, par leur chute, le salut est devenu accessible aux païens, afin qu'ils fussent excités à la jalousie» (Rom. 11, 11). En résumé:

 

- La mer représente le monde des nations impies. - Ninive est une figure des peuples qui, plus tard durant le règne millénaire, se trouveront sous la bénédiction divine.

- Les marins préfigurent l'Assemblée tirée de la mer des peuples et qui trouvera le repos et la paix.

Pensons aux douze disciples dans le bateau secoué par la tempête, mais rassérénés après que Jésus eût calmé le vent et les vagues (Marc 4, 36-39).

- Jonas représente Israël, mais aussi, sous un certain angle, le Seigneur Jésus-Christ.

 

Les Juifs ont presque sombré dans la mer des nations, afin que l'Assemblée puisse être sauvée et connaître la paix du coeur. Par le sacrifice du juif Jésus, issu d'Israël, un groupe de personnes a échappé au jugement. La colère de Dieu devait s'abattre sur ce navire servant à la fuite de Jonas. Il devait disparaître corps et biens. Sans les juifs d'où est sorti Jésus et sans leur mise de côté, nous aussi aurions sombré avec nos oeuvres.

Nous voyons ainsi comment l'Eternel s'est servi du chemin de propre volonté de Jonas pour sauver l'équipage d'abord, et Ninive ensuite. Dans Sa grande sagesse, Dieu a utilisé la propre volonté rebelle d'Israël pour sauver l'Assemblée tirée des nations. Plus tard, ces nations seront bénies pendant le règne millénaire. Nous comprenons ainsi beaucoup mieux cette exclamation de Paul en adoration: «O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller?» (Rom.11, 33-34).

1ère partie

NORBERT LIETH

(la suite dans le prochain journal)

Appel de Minuit 11/98

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