Nouvelle
d'Israël 03 / 1999
FREDI WINKLER
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... Jean-Baptiste ne connaissait
pas Jésus avant de Le baptiser dans le Jourdain
?
Jean-Baptiste a déclaré
à deux reprises ne pas connaître Jésus
avant Son baptême dans le Jourdain (Jean 1, 31.33),
bien qu'étant parents et que les deux mères,
Elisabeth et Marie, fussent très attachées
l'une à l'autre. Cependant, Matthieu 3, 14 laisse
supposer qu'il connaissait Jésus comme membre de la
famille et qu'il L'estimait hautement: «Mais Jean s'y
opposait en disant.- C'est moi qui ai besoin d'être
baptisé Par toi, et tu viens à moi!» Ces
paroles montrent clairement que Jean voyait en Jésus
un homme enveloppé de la grâce de Dieu, avec
pour conséquence qu' il se considérait indigne
de Le baptiser et souhaitait bien plutôt être
baptisé par Lui. Mais avant le baptême, il ne
Le connaissait pas comme le Fils déclaré du
Très-Haut.
Et ici vient se poser la question:
Etait-il bien nécessaire que Jésus se
fît baptiser par Jean, et pourquoi? Le Seigneur
répondit en termes simples: Laisse faire maintenant,
car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce
qui est juste» (Matth. 3, 15). La question de savoir ce
qui se serait passé si Jésus n'avait pas
été baptisé par Jean amène la
réponse qui, elle seule, peut nous éclairer.
En cas d'absence de baptême, trois choses d'une
importance capitale ne se seraient pas produites; les
voici:
1.- Les cieux se sont ouverts sur
Jésus (v. 16).
2.- L'Esprit Saint est descendu sur
Lui comme une colombe(v. 16).
3.- Une voix du ciel prononça
ces mots: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en
qui j'ai mis toute mon affection» (v. 17).
Nous avons donc là des signes
venus du ciel, qui indiquèrent à Jean qui
était l'Oint de Dieu: «Je ne le connaissais pas,
mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau,
celui-là m'a dit. Celui sur qui tu verras l'Esprit
descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du
Saint-Esprit. Et j'ai vu, et j'ai rendu témoignage
qu'il est le Fils de Dieu» (Jean 1, 33-34). C'est ainsi
que Jean affirma avant le baptême: «je ne le
connaissais pas ... » Certes, comme déjà
écrit, il connaissait Jésus comme parent, mais
pas encore comme le Messie qui devait être
confirmé par un signe en provenance du ciel. Tout
cela se produisit devant des témoins qui entendirent
la voix venant des cieux: «Celui-ci est mon Fils
bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection»
(v. 17).
Le baptême par Jean était
très important aux yeux de Jésus, parce que
c'était Dieu Lui-même qui l'avait envoyé
pour accomplir ce service (Jean 1, 33). C'est dans ce cadre
que Celui promis par Dieu devait paraître sur la
scène, confirmé qu'Il serait par l'Esprit
Saint et la voix du ciel, comme Dieu l'avait
révélé à Jean. Par cette
attitude de soumission de Jésus, tout se mit à
s'accomplir de merveilleuse façon.
Tout était maintenant clair
pour Jean: il Le «connaissait» désormais
avec certitude, il annonça dès lors avec
assurance que Jésus était le Fils de Dieu
pour, ensuite, prononcer cette formidable parole:
«Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le
péché du monde» (Jean 1, 29.34.36). C'est
ainsi que le baptême de Jésus - que Jean, en un
premier temps, a voulu Lui refuser - est devenu un
événement important et un lien entre le
service de précurseur de Jean et le service public de
Jésus une circonstance par laquelle le Seigneur s'est
fait connaître à Jean et s'est manifesté
à Israël (Jean 1, 31). Les premiers disciples de
Jésus étaient auparavant des disciples de
Jean, qui, par le service et le témoignage de ce
dernier, furent préparés et conduits vers Lui.
Quand, par la suite, de plus en plus de gens se
tournèrent vers Jésus, Jean dit humblement:
«Il faut qu'il croisse, et que je diminue» (Jean
3. 30). Malgré ce témoignage évident
concernant le Seigneur, Jean fut plus tard gagné par
le doute quand il se retrouva en prison. Il envoya donc ses
disciples à Jésus pour Lui demander:
«Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre
un autre?» (Matth. 11, 3). Sa propre situation
difficile l'amena à douter, ce qui peut se
comprendre. Cela nous montre une fois de plus que nous
devons accorder notre confiance à la Parole de Dieu
plutôt qu'aux circonstances qui nous visitent.
La démarche d'obéissance
de Jésus que constituait le baptême nous montre
quelle profonde bénédiction repose sur
l'obéissance. Le baptême de la foi appelle une
bénédiction spirituelle plus grande encore; de
la part de Dieu, il affermit et renforce cette foi. Vu
ainsi, le baptême des bébés prive
l'homme qui vient à la foi de cet important don
spirituel et de la joie de cet événement.
C'est pourquoi il est faux d'affirmer: «Le
baptême des enfants me suffit.» Car il convient
que nous aussi accomplissions toute justice!
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En ce
temps-là, la Bible
No
60 pages I-II.
Dom J. GOLDSTAIN
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LE PROPHETE qui vécut au
plus près de l'intimité divine fut aussi le
plus persécuté
L'aspect original de
l'expérience religieuse personnelle que vécut
Jérémie tient surtout à la conscience
très vive que prit celui-ci de sa
prédestination; il s'en explique à plusieurs
reprises dans ses confessions, et ce qu'il en dit pourrait
se résumer ainsi : « Yahvé m'a choisi
depuis toujours pour vivre dans son intimité,pour
goûter sa parole, et pour la proclamer malgré
toutes les persécutions. »
Certes les autres prophètes
tiennent aussi d'En-Haut une vocation sensiblement
identique; mais Jérémie découvre mieux
qu'eux le choix dont le prophète est l'objet, et la
présence intime de Dieu en lui, que ce choix
implique. Il est le premier, semble-t-il, à
comprendre qu'il était connu de l'Éternel
dès avant sa naissance, aimé et comblé
par lui dès avant le temps de sa conception.
Cette découverte saisissante
semble l'aboutissement d'un passé mystique qui va
désormais se confirmer et se renforcer. La formule :
« Je suis avec toi », qui revient souvent dans le
livre de Jérémie, ne signifie pas seulement
une haute protection et des interventions intermittentes,
mais bien une réalité constante au plus
profond de l'être.
Le prophète de la
Passion
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AVENEMENT
Mars
1992 No 40
André
Adoul
Texte intégral
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Des coûts et des
douleurs
Accosté par le jeune homme
riche en des termes élogieux: «Bon
Maître», Jésus l'arrête et lui pose
une question qui m'a toujours étonné:
«Pourquoi m'appelles-tu "bon"? Il n'y a de bon que
Dieu» (Marc 10,18) ? J'avoue ne pas comprendre.
Jésus n'a-t-il pas
été le serviteur irréprochable,
débordant d'amour et de bonté à
l'égard des malheureux de tous ordres? Je donnerais
volontiers raison à ce jeune homme. Qu'en
pensez-vous?
Je reconnais avec vous que la question
posée à l'homme riche a de quoi surprendre
quiconque connaît un peu la vie du Sauveur. Vous
étonnerai-je à mon tour si je vous dis que
vous pouvez donner raison à ce jeune... sans pour
autant contredire Jésus ?
C'est justement par cette question
déroutante que le Maître «accroche»
son interlocuteur; il veut l'obliger à
réfléchir, à rentrer en lui-même,
mais surtout l'amener à reconnaître qui il
est.
Hélas!
Un instant bousculé, et parce
qu'il entrevoit la lumière, l'homme se dérobe
et se cache derrière sa piété qu'il
étale sans retenue.
Il prouve en tout cas qu'il est
aveuglé sur lui-même (comme il se connaît
peu!) mais aussi sur la personne du Fils de Dieu.
Il n'a vu en Lui qu'un
prophète, sans doute un sage aux judicieux conseils,
un maître au jugement sûr, un homme puissant et
d'une rare bonté, mais simplement... «un
homme». Il n'a pas discerné qu'il est devant le
Messie, l'envoyé de Dieu venu pour sauver les
pécheurs.
S'il avait reconnu (ou accepté
de reconnaître) sa divine origine, il se serait alors
exclamé: Tu as raison. Dieu seul est bon... mais
n'es-tu pas Dieu? Donc, je maintiens ce que j'ai dit: tu es
bon, pleinement bon. Plus encore, j'accepte tes propos en ce
qui me concerne: si Dieu est bon, il est clair que moi, je
ne le suis pas; aussi je renonce «à faire
quelque chose de bon pour obtenir la vie
éternelle». Je reconnais être impuissant
à satisfaire Celui «dont la bonté va
jusqu'aux nues».
Ah, si ce jeune homme avait su
discerner à qui il s'adressait, son comportement
aurait été tout autre.
Il aurait perdu sa superbe et, du
même coup, aurait cessé de se croire digne
d'entrer au ciel par ses actions bonnes.
En lui ordonnant de faire don aux
pauvres de tous ses biens, dans son amour Jésus
tentait de lui ôter toute illusion en lui ouvrant les
yeux sur son véritable état devant le
Père. Un peu d'honnêteté avec
lui-même et le jeune homme aurait découvert
sans peine que, lié par ses richesses, il
s'avérait incapable d'obéir ou de plaire au
Fils de Dieu qui l'invitait à le suivre.
Qu'il est difficile à l'homme
riche de qualités, de piété, de biens
matériels. . . d'avouer qu'il est misérable et
sans ressource devant Dieu, donc perdu et indigne de toute
faveur malgré de stériles efforts pour bien
faire !
Ah ! Comme nous aurions aimé
voir cet homme se jeter aux pieds du Sauveur, confesser
humblement son amour des richesses et en réclamer la
délivrance pour suivre le Maître avec
joie.
Hélas! C'est tout triste qu'il
devait partir... avec ses biens (pour un temps)... mais sans
le Sauveur (pour toujours).
C'est tragique !
Que rien ne nous retienne loin du
Christ, le Roi des rois qui vient bientôt.
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En ce
temps-là, la Bible
No
43 page IV.
P. CRISOLIT
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Les beaux discours des « bons
amis »
Deux des amis de Job, venus «
pour le consoler » et qui n 'y ont guère
réussi dans leurs premières interventions,
vont à nouveau prodiguer les bonnes paroles dans la
seconde partie du livre qu 'on va lire; un autre, qui n 'a
pas encore été présenté, parlera
lui aussi, et quatre fois sur la même lancée.
On se perd facilement dans tous ces propos auxquels le«
saint homme» ajoute les siens. Les
exégètes de la tradition les ont
classés en trois groupes, ou cycles. C'est le
troisième qui commence avec le chapitre 22. Le
premier va du chapitre 4 au 14 et le second du 15 au 21, et
se prolonge jusqu'au 37 si l'on joint aux nouveaux discours
d'Éliphaz de Thémân et de Baldad de
Shuah celui d'Élihu l'interlocuteur tard venu.
Les thèses que tous ces beaux
parleurs développent, avec souvent d'ailleurs une
élévation de pensée, voire un lyrisme
qu'il ne faut pas minimiser, sont en moins de mots à
peu près celles-ci: Dieu ne peut s'empêcher
d'être juste (chap. 81 vers. 3: chap. 34, vers.
10-30). Au coupable, le châtiment (chap. 8, vers. 4) ;
à celui qui se convertit, le retour à la
prospérité (chap. 81 vers. 5-7).
« Que Job se
convertisses »
Leur caractère perce dans leurs
propos
Un « lourdaud », mais
remarquable logicien
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En ce
temps-là, la Bible
No
42 pages I-II.
Stanislas FUMET
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Des consolateurs inefficaces LES
AMIS DE JOB
Pourquoi la douleur, pourquoi la
souffrance ne nous sont-elles pas épargnées,
si Dieu nous aime; et quoi de plus troublant que la
souffrance du juste ? Au siècle où nous
vivons, n'est-ce pas là le point d'interrogation qui
se dresse à la façon du Serpent subtil devant
nos docteurs, nos penseurs, nos écrivains, nos
historiens, nos philosophes de l'anxiété,
surtout depuis que Dostoïevski a créé le
personnage d'Ivan Karamazov pour remettre en question sous
un jour implacable l'existence de Dieu ? Le Tout-Puissant ne
peut-il donc rien contre la détresse des enfants,
contre les tortures infligées à des innocents?
... Rien en somme pour les siens!
Chacun doit savoir, même quand
il n'a pas lu la Bible, que les « amis de Job »,
tels qu'ils y paraissent, sont des consolateurs inefficaces.
Leur échec vient de ce qu'ils sont des conseillers
qui se prennent pour des consolateurs, chose qui
exaspère un être dans le moment où il
souffre, et le baume du conseil est d'autant plus irritant
pour sa patience qu'il a la couleur de la sagesse et les
mesures de la raison. C'est ainsi que les amis de Job
parlent splendidement du ciel comme s'il leur était
familier, et avec une débauche d'arguments superbes
qui se pressent sur leurs lèvres jusqu'à les
étourdir eux-mêmes.
« Maintenant mon oeil
Te voit! »
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En ce
temps-là, la Bible
No
43 pages I-II.
Dom J. GOLDSTAIN
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L' homme qui servait Dieu «
gratuitement »
Ce serait sûrement priver le
livre de Job d'une grande part de l'enseignement qu'il
apporte que de prétendre le mettre bien «
à plat », de lui imposer un plan très
précis (qu'il n'a probablement jamais eu) ou
même d'ordonner les thèmes qu'il
développe en un beau dessin d'art théologique,
qui lui donnerait des racines très nettes au plus
profond de la psychologie humaine et des fleurs bien
épanouies au paradis. Son texte a souffert, comme le
héros dont il parle. Qu'on se garde de brutaliser
l'un ou l'autre par une logique trop rigoureuse. Tout au
long des 42 chapitres, le lecteur attentif entendra les
échos de la sagesse. Tous ont valeur
d'éternité. Mais telle résonance a pu
toucher surtout les hommes de telle époque ou de
telle société. La nôtre, qui est celle
de l'intéressement et du profit au moins autant que
de la consommation, pourrait prêter une attention
toute particulière à la réponse de Job
que rapporte le chapitre 9.
Longtemps, le héros biblique, a
mendié la pitié de ses amis. Or voici
qu'après les avoir entendus, il se redresse
brusquement et crie sa foi en la justice divine. Il voudrait
que son « réquisitoire contre Dieu »soit
à l'épreuve du temps.
Voir la justice de Dieu...
c'est tout ce qu'il attend
Une telle espérance n'abolit ni
la souffrance, ni l'angoisse
La foi en la vie éternelle
n'exclut pas la « gratuité» du service de
Dieu
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