Provocations de la presse et faiblesse du gouvernement
A Meadi, banlieue du Caire, le diplomate israélien Albert Atrakchi, âgé de trente ans, a été abattu le 20 août dans sa voiture. Sa femme Ilana et la secrétaire d'ambassade, Maral Menache, ont été blessées. Le Premier ministre égyptien envoya une note de sympathie à la famille touchée, qui avait immigré de l'Irak en Israël. Cependant au Caire, il y a dix mois, la presse avait passé sous silence le meurtre de l'employé de l'ambassade israélienne, Zvi Kedar.
Les malfaiteurs ont pu échapper à chaque fois. Mais ils laissèrent des lettres dans lesquelles ils déclaraient être des «révolutionnaires d'Egypte» qui continueraient la guerre contre Israël et «ses répondants américains». «Le drapeau israélien déshonore notre pays», expliquent-ils dans leurs missives. Ils s'agit des mêmes terroristes qui avaient détourné le Boeing 737 de «Egypt Air» à Malte et tué plusieurs passagers, y compris un agent de sécurité. A la libération de l'avion, effectuée par des troupes égyptiennes, 50 autres personnes furent tuées ... Les coupables sont-ils des Egyptiens ou des Arabes? Nul ne le sait. Il est étonnant d'apprendre que les meurtriers ne soient pas tombés, jusqu'à présent, dans le filet serré de la police égyptienne. Fait tout aussi étonnant: leurs bonnes relations avec l'étranger. Plus encore! Ils se sentent soutenus dans leur guerre terroriste contre les Israéliens et les Américains par l'Egypte et par d'autres pays étrangers. Le ténor de la presse anti-israélienne en Egypte est à lui seul un encouragement pour eux, tout comme la négligence des forces d'Etat égyptiennes à leur égard.
Après le drame avec Atrakchi, les ministres israéliens reprochaient à la presse égyptienne d'avoir favorisé l'attentat par leurs communiqués hostiles et agressifs. En effet, le «centre académique» israélien près du Nil avait été qualifié d'avant-poste du service secret israélien Mossad. L'attentat perfide contre les trois yachtmen israéliens à Larnaca, commis par des Palestiniens au mois de septembre, fut passé sous silence ou «fêté» comme une «opération» contre le Mossad.
Dans son rapport au sujet du meurtre effectué le 5 octobre sur les sept Israéliens près de Ras Burka dans le Sinaï, la presse taisait le fait que le soldat égyptien qui avait furieusement tiré sur eux n'était nullement un fou. D'autre part, cinq des blessés auraient pu être sauvés si les médecins avaient été autorisés à intervenir. Les cinq victimes sont mortes d'hémorragie. Le gouvernement égyptien ne s'est vu obligé de s'excuser qu'au moment où le soldat a dû comparaître devant un tribunal secret militaire. Il avait agi par fanatisme islamique. Le journal officiel «AI Ahram» alla jusqu'à dire que l'armée israélienne utilisait des fours crématoires repris des nazis pour les prisonniers libanais.
Le climat de haine et d'hostilité contre Israël, qui règne en ce moment au Caire, rappelle l'ère nassérienne puisque, depuis le rapprochement entre le président Moubarak et le chef de l'OLP Arafat, après la capture du «Achille Lauro», ce climat est toléré, sinon favorisé du côté du gouvernement. Tout comme les «révolutionnaires égyptiens», les partis d'opposition de gauche et de droite exigent la fin de l'accord de paix avec Israël, et la presse célèbre les terroristes palestiniens ou les commandos suicidaires chi'ites comme de vrais «combattants pour la liberté».
Le président Moubarak a été applaudi lorsque, après la capture du «Achille Lauro», le 7 octobre, il minimisa le meurtre de l'Américain et taxa de piraterie de l'air le détournement de l'avion effectué par les Américains, au cours duquel cinq terroristes tombèrent entre les mains des Italiens (qui ont finalement libéré le chef Abdul Abbas). Cependant, c'est Moubarak lui-même qui avait annoncé auparavant l'extradition des terroristes et leur condamnation par l'OLP à Tunis. Seulement, le sujet de la «discussion» n'aurait pas été le meurtre de l'Américain et la capture du bateau, mais le non-accomplissement de l'ordre donné aux terroristes d'abattre le plus grand nombre d'individus possible dans la ville israélienne d'Ashdod. Le président, l'ignorait-il vraiment?
L'OLP est de nouveau installée au Caire. Les médias sont caractérisés par la lâcheté à l'égard des terroristes. L'important, c'est qu'ils tuent des Israéliens. Washington, co-signataire de Camp-David, le supporte parce que Moubarak est considéré comme un «allié», qui est aussi menacé par les terroristes. Or, le terrorisme contre Israël, salué secrètement, se retourne maintenant contre l'Egypte elle-même. Les vols touristiques des avions égyptiens diminuent. Les efforts faits pour interrompre les relations avec Israël et pour créer une ambiance terroriste bien dosée contre les Américains et les Israéliens, ont échoué. Le détournement du Boeing égyptien et les meurtres sur l'île de Malte ont révélé l'immense débâcle au sein de la politique égyptienne,
Nous lisons dans Galates 6, 7: «Ce que l'homme aura semé, il le moissonnera aussi». Combien cela est vrai pour l'Egypte d'aujourd'hui! A ce sujet, j'ai lu dans le journal «Die Welt» du 25 novembre, que l'avion égyptien détourné était celui qui devait amener les terroristes de d'Achille Lauro» à Tunis, et qui a été contraint par des chasseurs d'interception américains à atterrir en Sicile. C'est significatif W. M.
Nouvelles d'Israël Février 1986