Contre le terrorisme national

 

De Menachem Begin

Premier ministre de l'Etat d'Israël

Le mois dernier, je me suis entretenu avec le président des Etats-Unis. Il prononça des paroles très dures à mon égard. Il me fit comprendre que nous avions perdu les partisans du public américain, et m'expliqua pourquoi. Il me reprocha «d'avoir provoqué la mort de nombreux civils, lors de notre intervention au Liban, après l'attentat contre notre ambassadeur Schlomo Argov, à Londres». J'ai répondu: «Monsieur le président, sauf le respect que je vous dois, je me vois obligé d'insister sur le fait que nous n'avons pas perdu le soutien de la population américaine, et que nous en avons des preuves. Deuxièmement, nous avons choisi deux objectifs d'importance militaire: Le stade sportif à Beyrouth, que les terroristes avaient transformé en une énorme réserve d'armes, et un camp de formation pour terroristes. Dans ces régions-là, il n'y a pas de civils, et aucun n'a été tué.»

Après notre entretien, j'expliquai notre situation aux conseillers du président. A la fin de mes remarques, le président me dit «Mais, Monsieur le Premier ministre, vous avez oublié de dire quelque chose, dont je voudrais que vous parliez, de ce que vous m'avez dit au sujet de vos objectifs de l'opération -» Je donnai suite à ce désir. En d'autres termes: Le président des Etats-Unis nous avait compris.

L'armée israélienne n'a pas pénétré au Liban pour acquérir des territoires, ou pour asservir un peuple, ou encore pour rester dans un pays étranger. Je répète formellement que notre invasion n'avait qu'un but Assurer la vie à des hommes, à des femmes et des enfants en évitant que les terroristes puissent répéter ce que l'un d'eux avait prononcé à la télévision, lorsqu'on lui avait demandé: «Avez-vous tué des enfants?» Il répondit: «Oui!» A la question: «Pourquoi?» Il répondit: «Parce qu'eux aussi deviennent adultes ! »

A la Knesset, j'ai Parlé avec le Premier ministre du Portugal. Il était venu me voir avec son collègue en tant que représentant de l'«internationale socialiste». Avant l'entretien, ;ils me remirent la déclaration de Willy Brandt au nom de cette dernière. En la lisant, mon regard s'assombrit. «L'Internationale Socialiste,, condamne Israël pour son opération au L;ban_ Je me tournai vers Suarez et lu; posa; la question: «Pourquoi nous condamnez-vous?

Quelle injustice avons-nous commise? De quelle invasion s'agit-il? une invasion, c'est lorsqu'on Pénètre dans un pays pour conquérir du terrain. Nous, nous avons dépassé les frontières du Liban parce que c'était de là qu'arrivaient ceux qui, le long de la route de la côte, Ont tué 38 hommes, femmes et enfants.

De là venaient ceux qui s'étaient emparé d'un père et de sa fille de six ans dont ils avaient fracassé la tête pour tuer ensuite le père. De là aussi venaient ceux qui forcèrent 22 élèves, âgés de 14 ans, à se coucher par terre pour être mitraillés. C'est aussi de là qu'ils avaient bombardé nos 23 implantations en Galilée.»

Lorsque Andrei Gromyko discutait pendant cinq heures avec l'ancien ministre des Affaires étrangères Alexander Haig, Gromyko expliqua - comme Haig me le rapporta plus tard - que le Proche-Orient était une région à proximité de la frontière-sud de l'Union Soviétique, et que la Russie avait droit à la paix là-bas. D'accord! Messieurs. La distance entre Odessa et Beyrouth est de 1600 km - c'est ce qu'ils appellent «à proximité de la frontière de l'URSS.» Mais lorsque Israël est attaqué à une distance de 10 km, on interdit à une petite nation de désarmer ces bandes de terroristes qui provoquent les agressions.

Même notre service secret s'est trompé sur la quantité d'armes que nous pensions trouver à Sidon. Nous aurons besoin d'environ 500 camions pour les emporter. Nous avons réalisé que nous sommes arrivés au Liban juste au bon moment, peut-être à la dernière minute.

Les armes n'étaient pas uniquement destinées aux terroristes. Il s'agit d'une méthode célèbre de l'Union Soviétique. En Libye se trouvent actuellement 2000 chars russes. Ils ne sont pas destinés à la Libye, mais à l'armée soviétique. 1000 autres chars sont stationnés en Syrie. Les Américains appellent ce système «stationnement anticipé».

Nous avons fait 5709 prisonniers. D'où viennent-ils? 416 nous arrivent de la Syrie, 30 de l'Irak, 55 de la Jordanie, 62 de l'Egypte, 4 du Maroc, 5 de la Tunisie, 5 de l'Algérie, 3 de la Libye, 26 de la Turquie, 58 du Pakistan, 9 de la Somalie, 380 du Bengladesch, 72 du Yemen, 3 du Niger, 23 du Sri Lanka, 1 du Brésil, 1 du Canada, 1 du Nigéria, 57 des Indes, 8 de l'Iran,2 de l'Arabie Saoudite, 1 d'Abu Dhabi, 3 du Koweit, 4 du Mali, 5 du Soudan, 3 de la Mauritanie, etc. Il s'agit ici de terrorisme international.

(Extrait d'un discours à la Knesset.)

Nouvelles d'Israël 11 / 1982

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