Le droit de perdre patience

 

De Gideon Hausner

Pendant plus de 3 mois, Israël a combattu au Liban, pour lui-même et dans l'intérêt de toute la région. On a payé le prix avec beaucoup de sang. Des centaines de familles sont en deuil, ayant perdu leurs pères, maris et fils.

A vrai dire, Israël a fait ce que les Etats-Unis auraient dû accomplir en tant que grande puissance. D'autre part, ce qui a été fait par cette opération «Paix pour la Galilée», ouvrit de nouvelles perspectives à l'influence américaine et effaça le rôle de l'Union Soviétique.

Des semaines durant, Israël accorda à Philip Habib toutes les occasions possibles pour que sa mission aboutisse à une conclusion réussie. A plusieurs reprises, il fut induit en erreur par l'OLP. On le traita comme un commissionnaire et on le mena par le bout du nez. Malgré tout, le gouvernement israélien accorda à Habib le temps qu'il exigea. Entre-temps, Habib doit avoir compris que le seul domaine où l'OLP s'entend est quelque chose de négatif: La destruction d'Israël. En dépit de tout cela, il donna une chance à Habib... pour qu'ensuite, l'Amérique fasse comprendre à Israël qu'elle perd patience . . .

L'Amérique perd patience avec Israël et pourtant - aussi longtemps que l'OLP possédait la moindre capacité militaire, il n'avait pas été possible de négocier pour la paix, ni avec la Jordanie, ni avec aucun autre Etat palestinien.

Les Palestiniens savent que tous les chefs qui chercheraient à se dégager de la politique de l'OLP seraient abattus sans pitié. D'innombrables dirigeants palestiniens avouèrent que la peur les empêchait d'avancer des propos sensés, alors qu'il n'y a aucune logique dans ce que dit l'OLP: «Un Etat mondial, démocratique en Palestine.» On n'a qu'une vie - voilà l'excuse générale des leaders. Aussi longtemps que cette situation dura, il n'y avait aucune possibilité de conversation sérieuse concernant l'autonomie ou autre sujet.

Maintenant, Israël a provoqué un changement radical. Ici et là, il y aura encore des éclats de violence possibles, mais la machine bien huilée du terrorisme est défectueuse. Bientôt, on pourra commencer des entretiens sensés quant à la paix. Et maintenant, l'Amérique perd patience avec Israël.

Il y a trois ans, une conférence internationale sous le patronage de l'institut Jonathan a eu lieu. On se concentra sur la question: Que faut-il entreprendre contre le fléau du terrorisme international ?

Il a été prouvé que l'OLP joue un rôle principal dans ce terrorisme, et que les Etats arabes approvisionnent en armes, en documents faussés et en moyen financiers aussi bien l'armée rouge japonaise que les terroristes italiens et turcs.

«Je n'ai pas besoin de mentionner particulièrement l'Union Soviétique et d'autres Etats du bloc communiste, qui jouent un rôle important dans cette affaire», termina Aluf Aharon Jariv.

Lord Chalfont, chef d'Etat remarquable, ancien ministre d'un gouvernement agité et auteur bien connu, disait:

«Le terrorisme international est effectivement en guerre contre la démocratie libérale. Dans ces conditions, nous devrions prendre des mesures rigoureuses pour le combattre.» Le général de division George Keegan, chef d'opération aérienne des USA dans les années 1972-1977 déclara: «Il est absolument logique que la contre-attaque contre le terrorisme international commence ici en Israël - où le monde a sous ses yeux la seule démocratie libérale qui ne soit pas encore immobilisée par les illusions, au point de ne pas pouvoir défendre efficacement les raisons de sa survie. Bien sûr, de tels hommes ne sont pas destinés à la popularité, mais ils ne devraient pas s'en inquiéter, car la survie d'un peuple est la première responsabilité de son gouvernement.»

Israël a pris sur lui toute la charge de la guerre contre le terrorisme. Aucun soldat étranger n'a été appelé à y participer. Certes, au Liban, il y a eu destruction et le sang a coulé comme dans toutes les guerres.

Souvenez-vous de la guerre américaine au Vietnam et ailleurs, au sud-est de l'Asie. Ces guerres-là n'étaient pas non plus des guerres inoffensives, sans enfants blessés, sans civils touchés, sans récolte anéantie et sans terre fertile dévastée.

Ce serait plutôt à Israël de perdre patience face au cynisme et à l'hypocrisie du monde.

Mais Israël patiente. Il est bon de se souvenir des paroles sages du général Keegan: «La survie d'un peuple est la première responsabilité de son gouvernement.»

Nouvelles d'Israël 01 / 1983

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