Discorde israélo-égyptienne

 

La première visite officielle en Israël de M. Moussa, ministre égyptien des Affaires extérieures, a une nouvelle fois révélé toute la profondeur de l'abîme qui sépare encore le Caire de Jérusalem, tant au niveau des mentalités que de la politique.

Depuis les accords de Camp David, signés à la fin des années 1970, aucun ministre égyptien des Affaires étrangères ne s'était plus rendu en visite officielle en Israël. La récente visite était donc censée ouvrir une nouvelle phase dans le rapprochement israélo-égyptien. Mais dans la réalité, les choses se sont déroulées autrement.

Les différends ont commencé à se manifester avant même le début de la visite. Etant donné que celle-ci avait un caractère officiel, Israël avait inscrit au programme la visite du «Yad Vashem» généralement de rigueur en de telles occasions. Mais après que le programme eut été transmis aux Egyptiens pour approbation, M. Moussa a fait savoir que par «manque de temps», il ne visiterait pas le Yad Vashem. Cette réponse a choqué ses hôtes israéliens, qui ne s'étaient encore jamais heurtés à un tel refus.

Le ministre des Relations extérieures Shimon Peres, ayant apparemment prévu ce type de scandale, a contacté à deux reprises son homologue égyptien par téléphone et s'est vainement efforcé de le convaincre de changer d'avis. Il semble que M. Moussa ait craint les réactions du monde musulman face à la diffusion d'images le montrant, coiffé de la Kippa, poser une couronne dans la «Tente du Souvenir».

La nouvelle de son refus, relayée par la presse israélienne, a déclenché une véritable levée de boucliers. Beaucoup d'Israéliens ont demandé que la visite soit annulée si l'invité persistait dans son attitude. Pourtant, M. Moussa n'a pas renoncé. A l'atterrissage de son avion en Israël, le Yad Vashem ne figurait toujours pas à son programme. Mais en se rendant à Jérusalem avec M. Peres, il s'est laissé persuader de revenir sur sa décision. Le lendemain, il a visité le Yad Vashem, mais pas la Tente du Souvenir ni le Musée historique. En lieu et place, cette visite, obtenue à l'arraché et ramenée à une durée de 20 minutes, a fait une halte devant la «Statue de l'Enfant» immortalisant le souvenir d'un demi-million d'enfants victimes de l'Holocauste.

L'affaire a laissé un arrière-goût très amer et a prouvé que malgré quinze années de «paix», les Egyptiens n'ont toujours pas réussi à comprendre la sensibilité nationale des survivants du peuple juif qui se sont établis en Israël.

Un âpre conflit politique est également venu se greffer sur ce thème sensible. Au cours de sa visite, le ministre égyptien a prié Israël de souscrire à la Charte de non-prolifération nucléaire. Israël a refusé et a fait clairement comprendre que rien ne justifierait une telle décision tant que de multiples Etats de la région, dont l'Irak, l'Iran et la Libye, refuseraient de prendre part au processus de paix. M. Moussa a vigoureusement stigmatisé l'attitude israélienne, déclarant qu'il était «impossible de bâtir une paix réelle sans un contrôle strict des armements», tout en concédant que l'Egypte ne signerait pas la Charte de non-prolifération chimique.

C'est sur cette note très discordante que la visite a pris fin, laissant de nombreux Israéliens persuadés qu'il aurait mieux valu qu'elle n'ait jamais eu lieu. ZL

COMMENTAIRE

Nous pensons que si Israël subit ce genre de revers avec ses voisins arabes (l'Egypte en l'occurrence), c'est que Dieu les lui envoie afin de l'ébranler et de lui faire ouvrir les yeux. Le Seigneur fait de même avec nous, Ses enfants: lorsque nous tenons trop à un frère ou à un de nos semblables, Il permet que nous soyons victimes d'une amère déception qui nous ramènera vers Dieu de manière exclusive et renforcée. De telles expériences sont salutaires et importantes pour notre vie de croyants. Combien de fois, en 45 années, Israël n'a-t-il pas été trompé et déçu par ses voisins arabes? Mais justement: c'est uniquement de cette manière qu'Israël sera conduit vers son Dieu. C'est le seul moyen pour qu'Israël et nous-mêmes cherchions le Seigneur de tout notre coeur. Combien de fois les Ecritures ne nous recommandent-elles pas de ne placer notre confiance qu'en Dieu seul? Ainsi, après la plus grande des déceptions que lui infligera le faux Messie, Israël finira par se laisser conduire jusqu'au plus grand de ses fils: Jésus-Christ. Toutes les tribus du pays Le verront et L'accepteront, et le Seigneur régnera à Jérusalem. CM

Nouvelles d'Israël 11 / 1994

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