DES JUIFS CÉLÈBRES

Marc Chagall (1887-1985) un génie aux talents multiples

 

Plus qu'aucun autre artiste du 20ème siècle, Chagall s'entendait à harmoniser ce qui était apparemment inconciliable. Il jeta des ponts sur des différences bâties au cours de plusieurs siècles entre des philosophies et aussi surtout entre des idéologies artistiques.

En tant que juif et fils d'une famille pauvre et nombreuse, Chagall était une espèce de marcheur entre les mondes. Profondément religieux et attaché à sa patrie, il a produit une oeuvre qui est peut-être le plus pressant appel à la tolérance et au respect.

La nature peinte par l'instinct créateur de Chagall est originale; hommes et bêtes y vivent ensemble en bonne entente sous le regard de Dieu on aussi sous une pleine lune, comme lors de la création du monde. Pour lui, le type originel de l'animal est l'âne - comme on le sait, la bête qui a servi au Messie.

Sur ses peintures sur toile, toute frontière entre le ciel et la terre, entre l'homme et le cosmos est effacée.

Parallèlement aux portraits de la femme aimée ou à ceux de famille, certaines oeuvres témoignent d'une tout autre inspiration. Ce sont les représentations de soldats, de blessés et de secouristes, de figures et de scènes qui ont joué un rôle important dans les premières oeuvres de Chagall.

Depuis 1957, Marc Chagall avait réalisé des chefs-d'oeuvre de peinture sur verre sur des thèmes bibliques.

Depuis Rembrandt, aucun artiste n'avait produit en peinture des messages bibliques aussi nombreux et aussi expressifs que Marc Chagall. «Dès ma prime jeunesse, la Bible m'a attiré», se plaisait à répéter l'artiste.

Chagall, qui était né à Witebsk (Russie), vécut en France. Il voyagea en Israël et en Grèce, mais il revint dans son atelier à Vence, dans le Sud de la France. Il ne cessait de peindre. Chaque image était pour lui comme toute une vie.

Certes, le peintre avait délaissé Paris; mais en 1952, il y retourna et y fit beaucoup de tableaux: «La danse», «Le cirque», «Le passage de la mer Rouge», «Le concert», etc. Dans les premières années à Saint-Paul, il y eut les cartons des vitraux pour la synagogue de Jérusalem, la cathédrale «Fraumünster» de Zurich et celle de Metz; également les cartons pour les coupoles de l'Opéra de Paris et celui de New York, et bien d'autres réalisations encore.

Les céramiques de Chagall sont entièrement originales, tant dans leurs formes que dans leurs tons. «L'art ne se fait pas avec des théories», disait-il.

On trouve dans ses oeuvres la pensée du Seigneur crucifié et ressuscité. Ses couleurs et ses formes ont un langage plus clair et plus direct que toutes ses paroles. Il peignait avec sensibilité les souffrances du peuple sous les horreurs de la guerre. Plus tard dans sa vie, il y eut comme oeuvres, outre quelques lithographies comme de célèbres illustrations bibliques, surtout des peintures murales monumentales, des mosaïques, des tapisseries et des vitraux à Tokyo, Tel-Aviv, au parlement à Jérusalem ainsi qu'au Musée Chagall à Nice.

Jusqu'aux dernières années de sa vie, il y eut, à côté de la Bible, les paysages et la nature, les mythes et les contes, les villes et les hommes pour lui fournir des thèmes pour ses oeuvres. L'image épurée que reflètent les sculptures de son art témoigne d'une façon admirable de la vitalité et de l'équilibre de Marc Chagall.

PROF MARK ZONIS

Nouvelles d'Israël Mai 2000

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