Fanatisme juif et musulman

 

Situation tendue à Hébron

Même les vétérans politiquement à droite et les personnes que l'on ne peut vraiment pas taxer d'affinités pro-palestiniennes ont été choqués à la lecture de la presse israélienne en juillet. Celle-ci a en effet relaté les «exploits» de trois extrémistes de droite, qui ont traversé à cheval un des quartiers musulmans de Hébron, armés de chaînes de fer à l'aide desquelles ils ont frappé passants et véhicules. Les trois hommes, membres d'écoles talmudiques de Jérusalem, auraient planifié leur méfait le vendredi soir, après leur prière du Shabbat dans la grotte de Machpela.

Un des trois hommes a été arrêté par des policiers israéliens à Hébron. Peu de temps après, il s'est avéré qu'il s'agissait du fils (âgé 19 ans) de Saul Nir. Nir est membre de l'«underground juif». Les membres de cette organisation avaient déjà assassiné et blessé des Arabes au début des années 1980. Leur acte était destiné à venger des colons juifs assassinés ou blessés.

Vingt-quatre heures à peine après cet acte de vandalisme, un autre groupe de colons, visiblement des habitants de quartiers juifs à Hébron, s'est jeté sur des commerçants arabes dans le quartier musulman voisin. Ils ont incendié une échoppe de pastèques. Les malfaiteurs ont pu prendre la fuite impunément. La police, appelée à la rescousse par des commerçants arabes, n'est pas parvenue à les intercepter.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Netanyahou, Hébron est un baromètre très sensible de la coexistence entre musulmans et juifs. Les incidents rapportés démontrent que ce baromètre a atteint un creux intolérable. La situation à Hébron menace d'exploser. Quelques commentateurs prétendent que c'est précisément ce que recherchent les colons. Manifestement, les Palestiniens l'ont bien compris. Aussi la direction palestinienne a-t-elle calmé les habitants de Hébron, et évité tout à la fois l'apparition de troubles et une réaction violente aux provocations juives. Pour la première fois depuis une génération, les Arabes font figure de modérés, et les Juifs, de radicaux violents. Le fait a d'ailleurs gravement nui à l'image de marque politique d'Israël.

Même les partisans les plus inconditionnels des colons de Hébron ont condamné ce grave incident. On peut douter que cela serve à quelque chose.

 

Commentaire:

Depuis des décennies, Hébron a toujours été le théâtre d'une haine aveugle, tant du côté juif qu'arabe. Pourtant, tout avait commencé pacifiquement: Abraham habitait avec sa famille à Hébron, où son épouse Sara mourut dans sa 127 ème année. Mais Abraham n'avait pas de terrain à lui où l'enterrer. C'est pourquoi il pria les Héthiens: «je suis étranger et habitant parmi vous; donnez-moi la possession d'un sépulcre chez vous, pour enterrer mon mort et l'ôter de devant moi» (Gen. 23, 4). Ils lui répondirent: ,Ecoute-nous, mon seigneur! Tu es un prince de Dieu au milieu de nous; enterre ton mort dans celui de nos sépulcres que tu choisiras; aucun de nous ne te refusera son sépulcre pour enterrer ton mort» (v. 6). Mais Abraham insista pour acheter l'emplacement de la sépulture et paya «quatre cents sicles d'argent ayant cours chez le marchand» (v. 16). Ainsi tout était clair et net: «Le champ d'Ephron à Macpéla, vis-à-vis de Mamré, le champ et la caverne qui y est, et tous les arbres qui sont dans le champ et dans toutes ses limites alentour, devinrent ainsi la propriété d'Abraham, aux yeux des fils de Heth et de tous ceux qui entraient par la porte de sa ville. Après cela, Abraham enterra Sara, sa femme, dans la caverne du champ de Macpéla, vis-à-vis de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan. Le champ et la caverne qui y est demeurèrent à Abraham comme possession sépulcrale, acquise des fils de Heth» (Gen. 23, 17-20). EV

Nouvelles Israël 09-98

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