Golfe: la guerre et après...

 

APRES LA GUERRE, LA PAIX. PAS TOUT À FAIT. APRES LA VICTOIRE DE LA COALITION ANTI-SADDAM HUSSEIN DANS SA CROISADE POUR LA DÉFENSE DU DROIT INTERNATIONAL, NOUS VOICI DANS L'APRES-GUERRE.

CE CONFLIT QUI, UN MOMENT, A FAIT TREMBLER LE MONDE ET DONT LES REMOUS SONT LOIN D'ETRE TERMINÉS, SUGGERE QUELQUES RÉFLEXIONS.

 

Tout d'abord, le règne des dictateurs n'a qu'un temps et se termine toujours mal. ['histoire nous l'enseigne. Violence et cruauté animent ces êtres prétentieux et arrogants, ivres de puissance, dont l'orgueil n'a d'égal que l'inconscience. Saddam Hussein, outre l'assouvissement de ses ambitions territoriales, a menacé Israël de destruction. Or, qui touche au Peuple Elu et à la Terre promise «touche à la prunelle de son oeil!». On est saisi par l'actualité des jugements annoncés par Jérémie, voilà 2600 ans, sur Babylone dont l'Irak moderne est et entend demeurer le fier continuateur: «Ainsi parle l'Eternel: Voici, je fais lever contre Babylone et contre les habitants de la Chaldée un vent destructeur (la «Tempête du désert» vient effectivement d'y souffler). J'envoie contre Babylone des vanneurs qui la vanneront, qui videront son pays. Ils fondront de toutes parts au jour du malheur . . . Les guerriers de Babylone sont pris, leurs arcs sont brisés. Car l'Eternel est un Dieu qui rend à chacun selon ses oeuvres, qui paie à chacun son salaire» (Jérémie 51. 1, 2 et 56).

 

On remarque ensuite qu'Israël a été relativement épargné par la tourmente. Le maître de Bagdad en faisait pourtant sa cible privilégiée, en vue de l'entraîner dans le conflit. Si Jérusalem était tombé dans le piège, le monde arabe, excité à la «djihad», aurait basculé du côté de l'armée irakienne. Mais, malgré les missiles «Scuds» reçus, l'Etat hébreu ne s'est pas départi d'une étonnante retenue. Les «Patriots» américains, installés à la hâte, ont, certes, détruit nombre de missiles «Scuds». Par ailleurs, plusieurs de ces derniers sont tombés hors des zones urbanisées. Finalement, malgré de sérieux dégâts matériels, notamment beaucoup de logements détruits, le bilan des blessés et surtout des morts israéliens s'avère faible. De plus, l'agression chimique, tant redoutée, n'a pas eu lieu . . . En fait, Israël s'est trouvé protégé, et pour la première fois sans combattre. Tsahal, en alerte maximale, n'a pas vu son potentiel entamé d'un iota . . . Pourquoi une telle bénédiction? Certainement pas parce que la nation s'est tournée davantage vers Dieu en ces temps troublés. Quelques rabbins et une minorité de religieux ont bien cherché dans l'Ecriture des malédictions visant Babylone et des promesses messianiques. Mais le phénomène est resté marginal. Non. La bénédiction a probablement sa source dans l'effort exceptionnel qui a été soutenu par le gouvernement israélien pour accueillir et assimiler, contre vents et marées, dans un contexte de crise extrême, les émigrants juifs d'Union soviétique. Cela s'inscrit dans la réalisation du grand rassemblement des fils du peuple Elu sur la Terre promise. Celui qui «dit aux captifs: Sortez!», qui les fait «venir de loin», n'a-t-Il pas aussi annoncé à Israël: «Je combattrai tes ennemis et je sauverai tes fils»? (Es. 49. 9, 12, 25) et Il le fait, car Il est fidèle.

 

Maintenant, un mot sur la guerre elle-même. On a voulu la présenter comme «propre» en prohibant l'emploi des «armes spéciales» (chimiques, bactériologiques, nucléaires), en vantant les «bombardements chirurgicaux», économes de victimes civiles, en menant un conflit limité dans le temps, en contrôlant soigneusement les médias, à commencer par les images . . . C'est un mensonge. La mise en oeuvre des moyens de destruction est toujours horrible et sale, car elle réveille les plus bas instincts, et sème aveuglément la souffrance et la mort. Voilà ce qu'en dit le général Schwarzkopf lui-même, chef de la coalition alliée: «La guerre est un véritable blasphème. Quoi de plus absurde que deux camps qui ne trouvent pas d'autres moyens pour régler leurs différents que de s'exterminer!». Et d'ajouter: «Je ne suis ni une colombe ni un faucon. Je serais plutôt un hibou, assez sage pour comprendre qu'il faut tout faire pour éviter la guerre; mais, une fois qu'elle est déclarée, assez féroce pour la gagner le plus rapidement possible».

Ce stratège a réussi, en cinq semaines de bombardements massifs, à limiter les pertes de la coalition: 90 morts et 430 blessés environ parmi les militaires au moment du cessez-le-feu. Mais on frémira quand seront connues les pertes irakiennes. Certains n'avancent-ils pas le chiffre de 200 000 morts? Combien de familles, toutes nationalités confondues, se trouvent-elles maintenant anéanties ou plongées durablement dans le malheur? Combien de mutilés, d'invalides, d'irrécupérables?

Combien de dégâts matériels (infrastructures, habitat, industries) tant en Irak qu'au Koweït? Il y a aussi ces centaines de puits de pétrole en feu qui souillent l'atmosphère de nuages noirs, et ces innombrables mines, explosives, cachées partout telles des semences de mort ... La victoire? Certes, mais à quel prix? Il n'y a pas lieu de se réjouir. Nous venons de vivre un jugement des nations. «Le monde entier est sous la puissance du Malin» (1 Jean 5. 19). C'est lui qui tire les ficelles. Il fut «meurtrier dès le commencement» (Jean 8. 44). Tout conflit armé a des racines spirituelles. L'iniquité s'accroissant, guerres et bruits de guerres continueront jusqu'à la fin (Mat. 24. 6). Rien ni personne n'en supprimera le spectre. Si, pourtant . . . Le jour où Jésus, le Messie glorieux, reviendra, «une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre»- (Es. 2. 4b).

Et maintenant?

Le cessez-le-feu signé le 3 mars, qui a théoriquement mis fin au «Conflit du Golfe», reste provisoire et fragile. Une implacable guerre civile lui a immédiatement succédé en Irak où les opposants chiites et Kurdes affrontent à huis clos la Garde républicaine loyaliste. Saddam Hussein, totalement isolé diplomatiquement et indésirable à l'étranger, est prêt à tout pour imposer ce qui reste de son régime. Y compris à décimer impitoyablement son propre peuple. S'il s'avérait qu'il utilise l'arme chimique contre la résistance, les Américains l'ont menacé de reprendre les bombardements contre l'armée irakienne. Bien que la propagande de Radio Bagdad ait fièrement proclamé, au lendemain du cessez-le-feu: «Tant que le Tigre et l'Euphrate couleront, nous serons victorieux!», la chute de Saddam Hussein est prévisible. Ces propos étaient-ils inconsciemment prophétiques, l'assèchement du «grand fleuve» devant, selon Apocalypse 16. 12, «préparer la voie aux rois qui viennent de l'Orient»? Quoi qu'il en soit, une instabilité et des perspectives peu rassurantes s'ouvrent à l'Irak. Le Koweït libéré, secoué par les règlements de compte, voit son système politique fragilisé et son infrastructure économique durement atteinte ... Mais le plus grave devient «le problème palestinien». Les pays arabes exigent, sans délai, que soit imposée à Israël l'application des résolutions de l'ONU qui le concernent, et d'abord l'évacuation par Tsahal des «territoires» dits «occupés» ... De douloureuses convulsions en perspective!

Quand on prend conscience de ces choses, on mesure combien le brisement de la force par la force ne résout rien. Il ne fait que déplacer les problèmes pour en créer de nouveaux. Dans la conjoncture actuelle, le propos célèbre que prononça Georges Clémenceau en 1919 se vérifie: «La Paix sera plus longue à gagner que la Guerre!». Le «nouvel ordre mondial», dont on se gargarisait tant au terme de l'offensive terrestre alliée, se révèle être un nouveau désordre ! Tout cela nous rappelle, en définitive, «qu'il y a dans le coeur de l'homme beaucoup de projets, mais que c'est le dessein de l'Eternel qui s'accomplit» (Prov. 19. 21). S'appliquer à le connaître, à y entrer et s'y maintenir: voilà la seule voie fiable qui conduise à la paix!

Henri Gras

AVENEMENT Avril 1991 No 25 / P 5

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