Golfe: Le nouveau désordre mondial

 

«TEMPETE DU DESERT»: TEL EST LE NOM DE L'OPERATION ENGAGEE PAR 28 PAYS ALLIES POUR LIBERER LE KOWEIT DES FORCES IRAKIENNES. C'EST UNE TEMPETE POUR LE MONDE. CELUI-CI PEUT ETRE BOULEVERSE PAR LES IMPLICATIONS DE CETTE GUERRE. SELON LES DESSEINS DE DIEU.

 

Jeudi 17 janvier 1991, 02h4O (heure de Bagdad).

Telles sont la date et l'heure du premier conflit prévu et programmé de toute l'histoire de l'humanité. Un conflit dont l'origine réelle remonte au mercredi 2 août 1990 !

Drôle de guerre. Commencée dans la griserie euphorique des premiers communiqués américains en raison de la résistance limitée, quasi inexistante, des Irakiens. Les succès annoncés de l'aviation alliée laissaient présager une victoire rapide des forces coalisées contre Saddam Hussein. Dès le lendemain, la guerre prenait une autre tournure: l'Irak tirait des missiles Scud sur le territoire israélien. La guerre éclair allait donc devenir une guerre d'usure.

Les tirs irakiens sur Tel Aviv et Haïfa mettaient aussi en évidence, plus nettement, la dimension spirituelle du conflit. Cette guerre n'est qu'un épisode de la terrible confrontation qui oppose les forces de Satan à Dieu. Elle est, sur terre, l'image de l'affrontement dans les lieux célestes. Et personne, pendant ces jours dramatiques, ne peut mesurer toutes les conséquences de ce conflit. Il est certain, cependant, que le Plan de Dieu s'accomplit selon Sa volonté: ce n'est pas un hasard si Israël est au coeur du problème et est menacé par un dictateur qui détourne le nom de Dieu pour en appeler à ce qu'il appelle «la guerre sainte». Mais Israël n'est pas un Etat au sens où on l'entend généralement: c'est avant tout un peuple qui se sait élu et protégé par Dieu, même aux pires heures de son histoire; et, pendant les terribles nuits d'alerte, le verset 4 du Psaume 121 prenait un sens particulier: «il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël».

Les habitants du pays discernent mieux que quiconque la dimension spirituelle de la guerre: «Juifs, venez à la synagogue, c'est le seul endroit où le peuple juif est en sécurité», affirmait un appel lancé, le jour du sabbat, dans une synagogue séfarade de Jérusalem, deux jours après le déclenchement des hostilités. D'autres avaient relevé que selon la mathématique de la kabbale, la valeur numérique du nom de Saddam Hussein correspondait à celle d'Amalek, l'ennemi biblique des Hébreux! Des ultra-orthodoxes sont allés jusqu'à dissimuler leur masque à gaz sous leur châle de prière. Superstition, ironiseront certains; peut-être, mais ancrée dans une foi réelle et quotidienne. A titre de comparaison, le Secrétaire général de l'ONU n'a appelé les Occidentaux à prier pour la paix que lorsque ses efforts se sont révélés vains, quelques heures avant la date fatidique du 15 janvier.

Dans le feu actuel de l'action, il est donc difficile de cerner tous les effets de cette guerre. On peut cependant en souligner quelques-uns.

 

LES HOMMES: d'emblée, il faut parler des victimes humaines. De nombreuses familles, quelle que soit leur nationalité, porteront les traces de ces hostilités. Et combien, parmi ces familles, connaîtront le secours de la foi et le réconfort de Dieu dans l'épreuve? Combien auront cette espérance: «une joie éternelle couronnera la tête des rachetés de l'Eternel, la douleur et les gémissements s'enfuiront, c'est moi, c'est moi qui vous console» (Esaïe 5 1, 11-12)?

 

ISRAEL: l'attitude mesurée de l'Etat hébreu après les premières attaques des missiles irakiens Scud a été unanimement appréciée. Comme l'a souligné le Premier Ministre britannique, cette retenue était un signe de force et non de faiblesse, et elle a suscité un élan de sympathie de la part de la communauté internationale, prompte à condamner «l'agressivité arrogante» d'Israël. Il n'est pas sûr, cependant, que ce courant dure longtemps, nul n'ignorant la versatilité des opinions publiques au gré d'événements de plus en plus médiatisés. Dans un futur peut-être proche, les Etats-Unis, l'Europe et leurs alliés «modérés» de la région ne voudront-ils pas imposer de nouvelles frontières à l'Etat hébreu? La Bible prophétise clairement qu'Israël sera isolé et devra faire face à une coalition de plusieurs nations armées (Ezéch.38, 15 et 16). La guerre actuelle n'est qu'un prélude à l'accomplissement de ces prophéties: trop d'attitudes, trop de propos tenus avant le 15 janvier nous incitent à le croire!

 

LES ETATS ARABES: difficile d'imaginer leur évolution tant que le conflit n'est pas arrivé à son terme. On peut cependant tracer des pistes de réflexion. Quels seront les appétits de ceux qui auront participé à la coalition anti-irakienne? Des ajustements territoriaux seront-ils consentis par les Occidentaux? Pensons particulièrement à la Syrie dont l'appétit n'est un secret pour personne. Des tensions vont-elles se faire jour au sein des Etats arabes, dont les gouvernements se seront alliés aux Occidentaux ou auront affiché leur neutralité, en contradiction avec une partie non négligeable de leur opinion publique sensible aux discours de Saddam Hussein (Algérie, Maroc, Egypte, par exemple)? Quelles seront les futures relations entre tous ces Etats arabes, déchirés par une guerre qui les contraint à des attitudes opposées selon leurs intérêts respectifs? Le «problème palestinien» permettra-t-il de ressouder ces pays, et, dans ce cas, Israël n'en fera-t-il pas, une nouvelle fois, les frais? Quelles seront également les séquelles du conflit dans les rapports entre les Etats arabes (ceux du Maghreb en particulier) et des pays comme la France: un climat de confiance pourra-t-il être rétabli entre les gouvernements et entre les peuples?

 

ISLAM: Saddam Hussein ayant appelé tous les musulmans à la «djihad», la guerre sainte, la défaite du dictateur irakien affaiblira-t-elle l'Islam, ou, au contraire, incitera-t-elle ses adeptes à l'agressivité, dans une lutte désespérée? Pourra-t-on éviter de regrettables tensions inter-communautaires à caractère raciste? Les importantes communautés musulmanes d'Europe, surtout françaises, ne vont-elles pas réveiller de vieux réflexes racistes?

 

TERRORISME: le risque existe. Tous les gouvernements le savent. Ils ont pris les mesures qui s'imposaient. Suffiront-elles? Et jusqu'à quand cette guerre du golfe imprimera-t-elle cette pression psychologique sur des Occidentaux fragilisés par leur trop grande confiance en eux-mêmes, sans foi en un Dieu souverain?

 

LES ETATS-UNIS: sauf retournement de situation et enlisement dramatique des opérations, ils sortiront vainqueurs de cette guerre. Face à une Union Soviétique en pleine décomposition - avant, sans doute, une terrible reprise en mains - et à côté d'une Europe dont le manque de cohésion, a encore manifesté les limites, les Américains ont assis leur suprématie politique et militaire. Les moyens logistiques et technologiques dont ils ont fait la démonstration forcent le respect du monde entier. Ils devraient en recueillir les bénéfices politiques: on imagine mal que l'administration Bush laisse à d'autres le soin de réorganiser le monde! L'ONU qui, à l'occasion de cette crise, a continué à s'imposer, malgré son impuissance à éviter l'engrenage de la guerre, sera elle-même soumise à l'influence grandissante de Washington. Ce retour en force des Etats-Unis sur la scène internationale éclipse les signes de faiblesse du géant américain après le traumatisme du Vietnam et les échecs économiques de l'ère Reagan. Jusqu'où ira la fierté retrouvée des Américains?

 

ECONOMIE: la guerre coûte cher, et il faudra en payer la facture. Chacune des milliers de missions aériennes destinées à bombarder l'Irak est estimée à 100 000 dollars; la perte d'un avion représente la disparition d'environ 30 millions de dollars. L'engagement terrestre serait plus cher encore: de l'ordre de 2 milliards de dollars par jour, selon certains experts.

 

ECOLOGIE: là encore les conséquences sont incalculables! la marée noire de la fin Janvier , dans la mer du golfe, ne va pas favoriser l'écosystème de la région. La création de Dieu, la faune et la flore, ne peut que souffrir du déversement d'environ 1 million et demi de tonnes de pétrole brut dans les eaux du golfe. Que dire aussi des gaz chimiques au moins aussi nuisibles à la nature qu'à l'homme? Les hommes eux-mêmes auront à souffrir de leur inconséquence. «Le méchant chancellera par l'excès de sa folie» prévient la Bible (Proverbes 5, 23).

 

La guerre du golfe ouvre donc, à vue humaine, de sombres perspectives: l'incertitude prévaut de tous côtés. Cette incertitude générale et ce pessimisme ambiant doivent, à contrario, conduire les chrétiens à s'engager plus fermement pour Dieu et à renouveler avec plus de ferveur encore leur confiance en un Seigneur Tout-Puissant. La Bible ne nous montre-t-elle pas la voie dans le chapitre 20 du deuxième livre des Chroniques? Les menaces sur l'avenir nous environnent comme les peuples qui voulaient s'opposer à Juda; et, dans une admirable prière, le roi Josaphat réaffirme son amour de Dieu et sa foi en Sa puissance: «nous sommes sans force ... mais nos yeux sont sur toi» (verset 12). Dieu répond: «l'Eternel sera avec vous» (verset 17) et Josaphat peut dire à son peuple: «confiez-vous en l'Eternel votre Dieu et vous serez affermis» (verset 20). Même si les événements actuels sont trop «mouvants» pour que l'on en perçoive toutes les implications prophétiques, il est certain qu'ils annoncent la seconde venue de Celui qui déclara au mont des Oliviers: «vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous d'être troublés, car il faut que ces choses arrivent» ( Mat. 24, 6). Puissent les chrétiens faire écho à cette exhortation de Jésus et témoigner de leur sérénité dans le trouble actuel. Sans forfanterie, mais en vérité.

Michel Béghin

AVENEMENT FEVRIER 1991 No 23 / P 5

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