L'histoire d'une des premières familles croyantes messianiques en Israël

 

Chaïm Joseph Chaïmoff est né en 1905 en Bulgarie; il était le fils aîné d'une famille juive aisée, dont les membres étaient des banquiers bien connus et entretenaient de bonnes relations avec le roi de l'époque; bref, ils appartenaient à la classe supérieure de la société. Le père était président de la communauté juive et directeur de l'école judaïque. Tous les enfants de cette famille firent les classes supérieures de la meilleure école de la capitale, Sofia. C'était une école américaine, où la journée d'étude commençait par la prière du matin, à laquelle les élèves juifs n'étaient pas obligés de participer. C'est pourtant là que Chaïm entendit parler pour la première fois de la foi en Jésus, le Messie.

Quand le garçon eut 18 ans, donc en 1923, son père l'envoya en Suisse pour étudier à Zurich, afin qu'il reçoive la formation qui le rendrait apte à reprendre la fabrique de tabac paternelle. Là, grâce à l'armée du salut, il reçut un Nouveau Testament, qu'il se mit à lire avec curiosité et intérêt. Ce livre lui plut immédiatement; il réalisa que cet écrit ne s'en prenait nullement au judaïsme, comme on l'affirmait généralement, mais que, bien au contraire, il exposait la vérité! C'est surtout le sermon sur la montagne qui lui alla droit au coeur. En relativement peu de temps, cette décision se forma en lui: si ceci est la vérité, les études commerciales ne me conviennent pas; bien plutôt, la véritable voie pour moi est de prêcher à d'autres la foi en Jésus. Une décision qui n'était pas facile à réaliser! Il pria Dieu pour qu'Il lui donne un signe en confirmation. Rentré à la maison, toujours luttant intérieurement, il vit sur la table une pâtisserie toute couverte de fourmis. Il dit à Dieu: «Si cela est la vérité et que tu m'appelles à annoncer ton message, fais disparaître toutes ces fourmis!» Miracle: en très peu de temps, elles disparurent toutes; ce qu'il perçut comme un appel venant de Dieu.

 

Après ce fait vécu, il décida de cesser ses études en Suisse et d'émigrer en Israël. La lecture attentive qu'il fit du Nouveau et de l'Ancien Testament lui permit de comprendre que toutes les prophéties se réaliseraient. Il fut ainsi gagné par la conviction de devoir rentrer dans le pays des pères. C'est ainsi qu'en 1925 il interrompit ses études et rentra dans sa famille en Bulgarie, où il déclara à son père vouloir émigrer en Israël, à l'époque la Palestine. Le papa était convaincu que son fils était devenu fou: abandonner une telle carrière pour se fixer dans une Palestine sous-développée! Le jeune homme aida cependant dans l'entreprise, mais il n'y trouva pas sa satisfaction. Sa famille n'était pas strictement religieuse, mais il se rendait volontiers à la synagogue avec son père, surtout aux jours de fête comme le Yom Kippour où l'on disait des prières particulières de repentance. Une activité qui lui avait toujours plu et l'interpellait intérieurement. Mais elle le laissait sur sa faim, car il remarquait qu'il s'agissait là de paroles prononcées du bout des lèvres, ne provenant pas du coeur. Les affaires étaient plus importantes, car même pendant les prières, on en parlait. Tout cela l'ancra davantage dans sa conviction que ce que Jésus déclarait était la vérité, et non pas ce que le Talmud, la Mishna et les rabbins affirmaient. Certes, il s'agissait d'une doctrine d'hommes sages, mais non de celle de Dieu! Le désir se forma en lui d'étudier à fond l'Ecriture Sainte.

 

Son souhait se réalisa en 1928: il se rendit en Palestine, à Bethléhem, pour faire trois années dans une école biblique d'une mission américaine. A la fin de ces études au printemps de 1932, il voulut se joindre à la mission comme collaborateur, mais on ne put l'engager pour des raisons financières. A cette même époque, ses parents vinrent lui rendre visite; son père lui demanda de rentrer avec eux en Bulgarie pour travailler dans l'entreprise qui, a cause de la crise économique de 1929 (le prix du tabac avait chuté sur le marché mondial), se trouvait face aux pires difficultés. Il accepta et aida à remettre l'affaire sur pied; avec des croyants, il réussit à stabiliser la situation financière de l'entreprise. Le père était très fier de son fils si intelligent. Cependant, cela ne put le retenir en Bulgarie; il retourna en Palestine en 1936 en ne manquant pas de conseiller à sa famille d'émigrer en Israël et d'y investir l'argent dans l'achat de terrains. Une fois encore, on le tint pour fou. Quel être normal agirait ainsi? Il resta en Palestine jusqu'à la déclaration de la guerre en 1939; il y étudia l'anglais et se consacra également à l'étude de la Bible pour se former comme missionnaire. Il resta tout ce temps en contact avec la mission américaine.

Quand la Deuxième Guerre mondiale éclata, il rentra en Bulgarie. Ce pays, bien qu'allié à l'Allemagne, ne livra pas ses Juifs aux nazis. En Bulgarie, il fréquenta régulièrement une assemblée baptiste, où il fit la connaissance de sa future femme. Il était clair pour lui qu'il ne pouvait épouser qu'une juive croyante; et de telles personnes n'étaient pas nombreuses. Ils se marièrent en août 1942; et en janvier 1944, pendant la guerre donc, ils émigrèrent en Palestine. C'est uniquement parce qu'il avait séjourné à diverses reprises à l'étranger et possédait un passeport qu'il leur fut possible de partir - ce qui était pratiquement irréalisable pour les juifs. Sa femme était alors au septième mois de sa grossesse. En mars 1944, leur premier fils, prénommé Joseph (Jossi), leur naquit à l'hôpital écossais de Tibériade. Ils séjournèrent dans cette ville, une parente de la maman habitant à proximité. Plus tard, ils déménagèrent à Jérusalem, où Chaïm Joseph Chaïmoff avait, entre-temps, été engagé par la mission avec laquelle il était resté en contact toutes ces années. Il se mit à tenir des réunions de maison, surtout parmi les juifs bulgares de Lod et de Ramle. Tout était alors loin d'être facile. Ainsi, par exemple, il y avait peu de lait à trouver; et une mère qui ne savait pas allaiter son bébé devait payer la moitié de son salaire mensuel pour s'en procurer. Sept enfants naquirent au couple Chaïmoff de 1944 à 1955: six garçons et une fille. jusqu'en 1956, et également durant la dure période de la guerre d'Indépendance, ils vécurent à Jérusalem. Chaïm Joseph Chaïmoff se considérait toujours comme faisant partie du peuple juif, et il servit pendant la guerre dans la garde nationale. Tout ce temps, il continua à tenir des réunions dans différents endroits du pays.

Les autres membres de la famille, qui étaient restés en Bulgarie, émigrèrent en 1949 en Israël, après la fondation de l'Etat. Entre-temps, ils avaient perdu leur fortune et durent reconnaître que Chaïm était le seul à avoir eu raison. Ils regrettèrent de ne pas avoir suivi son conseil d'investir en Israël. Au début de 1956, la famille s'installa provisoirement à Haïfa pour se fixer, en 1958, à Ramat Gan, où quelques-uns d'entre eux vivent aujourd'hui encore.

 

Chaïm Joseph Chaïmoff, qui se considérait toujours comme juif, transmit ces valeurs, comme l'amour pour son peuple et son pays, à ses enfants. En 1948, à l'ouverture de la guerre de l'Indépendance, on lui offrit d'émigrer en Angleterre avec sa famille. Il refusa et déclara: «Je reste ici; ceci est mon pays et mon peuple. Dieu, qui nous a gardés jusqu'à ce jour, continuera à le faire.» Il fut un des rares missionnaires à ne pas quitter alors le pays. Il restait fidèle à ses convictions, même si cela n'était pas toujours facile. Il enseigna aussi à ses enfants cet attachement à la vérité confirmée, même si la chose rencontrait de la résistance chez ses voisins et ses collègues d'école, qui ne manquaient pas de les taquiner pour leur foi en Jésus et même parfois de leur jeter des pierres. Dès leur enfance, il enseigna à ses enfants les vérités de l'Evangile. D'autres croyants pensaient que les jeunes devaient décider eux-mêmes, à l'âge de leur majorité, de ce qu'ils souhaitaient croire. Mais de tous ces enfants-là, rien n'est sorti. Le père de se demander: « Comment pourrais-je taire à mes enfants ce que je tiens fermement pour être la vérité?» Conséquence de cette fidélité dans la foi: ses sept enfants sont aujourd'hui croyants et mariés à des croyant(e) s; le plus jeune est encore célibataire.

Un tournant important dans l'histoire de cette famille: en 1981, quatre des frères et soeurs décidèrent de déménager à Yad Hashmonah, dans les montagnes de Judée, sur la route de Jérusalem. Tout démarra avec Eli, le cinquième enfant, qui avait entendu parler de cette colonie fondée par des chrétiens d'origine finlandaise, il s'était joint à eux en 1978 comme aidant volontaire. Son enthousiasme pour cette affaire se communiqua à ses frères Jossi et Arie. Depuis longtemps, ils avaient le sentiment que Dieu avait pour eux quelque chose de mieux en réserve que ce qu'ils possédaient dans de bons emplois: Jossi était employé de banque et Arie travaillait pour une radio émettrice. En 1981, ils décidèrent de renoncer à tout cela et allèrent s'installer à Yad Hashmonah. Leur père, qui prêcha régulièrement jusqu'à l'âge avancé de 80 ans, avait cette pensée: «Si vous avez prié à ce sujet et que vous savez que Dieu vous appelle, vous devez Lui obéir.» Et il bénit leur décision.

Le 30 juillet 1981, Jossi et Arie allèrent s'établir à Yad Hashmonah avec femmes et enfants. Plus tard, leur soeur les rejoignit avec son époux. Ecoutons Jossi:

La vie dans une collectivité n'est pas toujours facile. Mais nous espérons créer un centre de croyants messianiques, où personne ne nous dira ce que nous devons faire et où nous pourrons vivre dans la liberté de la foi en Jésus, le Messie. Il en est, hélas, toujours ainsi: un Juif qui croit en Jésus est considéré comme traître par ses concitoyens, qu'ils soient religieux ou non. Mais Dieu merci, nous avons cette liberté ici et entretenons les meilleures relations avec les colonies voisines, les autorités et les écoles. Beaucoup viennent aujourd'hui - des classes scolaires notamment - visiter Yad Hashmonah pour entendre parler de notre vie et de notre foi. Nous avons maintenant la possibilité d'offrir des locaux à divers groupes, assemblées et associations pour qu'ils puissent s'y réunir et tenir des conférences. Assurément un merveilleux, non évident, don de Dieu! Unique en Israël! Une telle colonie a de nombreux besoins, et nous constatons que, par nos propres moyens, nous ne pouvons les rencontrer. C'est pourquoi nous sommes fort reconnaissants pour toute aide reçue d'amis et de donateurs pour que nous puissions développer ce lieu particulier et qu'il soit en bénédiction pour beaucoup de gens et en témoignage en Israël!»

Commentaire:

Hautement intéressant, ce communiqué! Il nous montre quelque chose des racines des premiers juifs messianiques en Israël. Nous aimerions rappeler à nos lecteurs le projet d'aide immédiate «Yad Hashmonah» en faveur des juifs messianiques, projet soutenu par Beth-Shalom. Dans l'article ci-dessus, il est question de la colonie messianique Yad Hashmonah, qui a grandement besoin de notre secours. Nous en avons parlé abondamment dans les «Nouvelles d'Israël» de juin. Bien des choses doivent encore être faites dans cette colonie pour que progresse le travail messianique en Israël. Voici les postes pour lesquels Beth-Shalom s'implique:

Aménagement d'un jardin biblique:

$ 100.000.

Projet d'eau:

$ 150.000.

Projet pour la protection de la nature:

$ 100.000.-

Projet pour des volontaires:

$ 25.000.-

Projet pour des routes:

$ 60.000.-

Projet pour l'infrastructure et le développement:

$ 100.000.

Projet de sécurité:

$ 25.000.-

 

Si vous voulez donner quelque chose pour un de ces projets, entre autres pour les juifs messianiques, vous pouvez le faire au moyen du bulletin de versement ci-joint, avec la mention: «Hashmonah» nos amis de France peuvent envoyer leur don par chèque postal ou bancaire à notre adresse en Suisse. Chaque franc versé sera transféré intégralement en Israël. Ce que nous faisons pour les frères de Jésus qui croient en Lui aura une récompense toute particulière! CM

FREDI WINKLER

Nouvelles d'Israël 10 / 1999

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