Jérusalem dément son Implication
Les ambassades israéliennes du monde entier, mais surtout en Europe occidentale, ont été mises en état d'alerte accentuée par crainte d'attentats du mouvement clandestin kurde PKK. Cet état d'alerte a été déclenché par une attaque d'activistes du PKK contre le consulat israélien à Berlin. Cette attaque a fait trois tués chez les manifestants kurdes et de nombreux blessés. Les services de sécurité israéliens estiment juste la réaction des gardes israéliens du consulat: ils se sont vus obligés d'ouvrir le feu lorsque quelques manifestants, ayant franchi les barrières de la police locale et étant entrés dans le bâtiment du consulat, menaçaient de l'occuper.
L'attaque contre le consulat israélien fut le sommet des réactions hostiles des Kurdes, ceux-ci reprochant au Mossad (service secret israélien) d'être impliqué dans l'arrestation et le transfert en Turquie du chef du PKK, Ocalan.
Le consulat général israélien à Berlin après l'attaque des activistes du PKK Israël s'est employé à démentir son implication dans cette affaire. Un cas sans précédent: la parution dans la presse d'une lettre que le chef du Mossad, Ephraïm Halevy, a envoyée à ses collaborateurs partout dans le monde. Il y insistait sur le fait que ni le Mossad ni aucun des services secrets israéliens n'avaient participé d'une quelconque manière à l'arrestation et au transfert d'Ocalan. Même démenti de la part du Premier ministre Netanyahou et du porte-parole du ministère des Affaires étrangères!
Les accusations ont été portées contre Israël en raison d'une étroite collaboration entre les services secrets et de renseignements d'Israël et de Turquie d'une part, et d'Israël et du Kenya d'autre part. Ocalan avait été arrêté au Kenya puis transféré en Turquie.
Selon diverses publications, les services secrets israéliens auraient aidé à l'observation d'Ocalan au cours des mois précédant son arrestation. Il y était affirmé que les services secrets israéliens avaient utilisé des appareils électroniques pour épier les faits et gestes d'Ocalan, surtout après sa tentative, vaine, de trouver asile en Italie et son départ subséquent pour une destination inconnue. Les données obtenues ainsi par lesdits services devaient être transmises à la Turquie.
Et la presse internationale d'ajouter que les services secrets israéliens, qui entretiennent de très étroites relations avec le gouvernement kenyan, auraient conseillé à ce dernier de livrer Ocalan à la Turquie. Et d'autres communiqués qu'elle fait paraître font état d'une étroite collaboration entre les services secrets israéliens et turcs depuis la fin des années 50. Cette coopération englobait aussi des directives israéliennes pour la lutte contre le terrorisme, afin de mieux armer la Turquie dans son combat contre le PKK. Entre autres mesures, ce pays a installé dans ses régions limitrophes de l'Irak, de la Syrie et des territoires contrôlés par le PKK un système de sécurité qui est utilisé aux frontières israéliennes: des grillages et des détecteurs électroniques, des patrouilles années, des mines, etc.
Ces communiqués affirment encore que le Mossad et l'Aman (branche militaire des services de renseignements) ont aidé à rassembler des informations sur les organisations kurdes et à les transmettre à la Turquie. En contrepartie, Israël a bénéficié du soutien turc dans son combat contre la Syrie. Cette aide consistait, entre autres, dans l'installation d'une station d'écoute sur le territoire turc afin de capter des transmissions syriennes, et dans l'autorisation accordée à l'armée de l'air israélienne d'effectuer des vols de manoeuvre dans l'espace turc et de survoler le territoire syrien pour des prises de photos.
Par le passé, des personnages de haut rang des services secrets israéliens, bien renseignés sur toutes les affaires du Proche-Orient, ont affirmé: «Les communiqués relatifs à une aide israélienne en faveur de la Turquie dans sa lutte contre le terrorisme kurde sont inexacts.» Selon ses dires, Israël a toujours été très attentif à ne pas se laisser impliquer dans le combat opposant les Kurdes aux Turcs. Les conseils donnés à ces derniers par Israël ne concernent que l'aspect logistique et technique de la sécurité aux frontières. En outre, des experts déclarent que l'Etat hébreu a un intérêt évident à rester en dehors d'un conflit avec les Kurdes: ne pas ouvrir un nouveau front. Et de déclarer encore que «les services secrets turcs étaient tout à fait capables de réussir dans cette affaire sans l'aide d'Israël».
Nouvelle d'Israël 04 / 1999