Depuis quelques temps, la maison de Begin est devenue la cible des mécontents: les uns manifestent contre l'inflation toujours croissante, les autres déroulent des transparents indiquant la mort de 517 Israéliens à la guerre au Liban. D'autres encore réclament le branchement du téléphone - tous veulent avoir raison! Mais à présent, près de mille personnes se groupent autour de sa maison en s'égosillent: «Begin, roi d'Israël ... !» Plusieurs d'entre eux sonnent le Schofar. Sur des affiches faites par eux-mêmes on lit: «Begin, Begin, nous avons besoin de toi!» «Begin, personne n'est capable comme toi!» Je tends à plusieurs le micro et leur demande la raison de leur affection pour Begin? «Begin est un homme fort!» «Begin s'est soucié de la sécurité d'Israël!» «Begin est resté vrai sioniste!» «Begin aime les gens pieux!» Malgré les signes de faiblesse visibles, la démission de Begin fut une surprise pour tout le monde. Le dernier sondage d'opinion révéla que Begin était toujours l'homme politique. le plus populaire d'Israël. Plus de 42% du peuple se disait satisfait de lui. Par contre, le chef de l'opposition Peres a obtenu avec peine 7% d'avis favorables. Les autobus réguliers étaient recouverts de transparents avec le slogan: «Begin - le peuple est pour toi!»
Tout le cabinet accourut, ému. Tous espéraient pouvoir l'influencer, tous cherchaient à le faire changer d'avis. Mais «le vieux» est resté inflexible. «Je ne peux travailler comme bon me semble!» Alors que les ministres discutaient encore, il écrivait son texte de démission en deux lignes. Ses amis les plus proches purent tout juste l'amener à la décision d'attendre encore avant de remettre la demande de démission au président d'Etat - d'attendre jusqu'à ce que la coalition revienne de sa surprise et se réorganise après avoir - trouvé un successeur. C'est une chancellerie vacante, où même le chancelier H. Kohl se serait senti inutile - c'est pourquoi, par consentement mutuel, il renvoya sa visite à plus tard.
La lutte redoutée pour la succession de Begin fut évitée. Dans une entente surprenante le Hérouth exécutif élut Yitzhak Shamir (67) comme candidat à la succession par 436 voix contre 302. Son rival David Levy (46) l'assura de son plein soutien - promesse qu'il tiendra. Depuis, on s'efforce de reconstituer la coalition. Par son retour le TAMI, opposé auparavant, assura une majorité de 64 des 120 sièges à la Knesseth. Il ne faut cependant pas ignorer que «sans Begin il reste un vide». Qu'importe la reconstitution, la coalition «sera comme un troupeau sans berger», expliqua Abraham Shapira de l'AGUDA. Ceux qui «font le roi» sont toujours les religieux: le PARTI RELIGIEUX NATIONAL, l'AGUDA ISRAEL et le TAMI constituent ensemble 12 sièges. C'est d'eux que dépend l'avenir du gouvernement - et ils font valoir leurs droits par des exigences rigoureuses comme, par exemple, la neutralisation de la loi «qui est Juif ?» etc. L'opposition le sait, car si le MAARAKH (IAP) était partenaire de la coalition, il dépendrait aussi des religieux. C'est pourquoi, S. Peres reste à l'arrière. Nombreux sont ceux qui
souhaitent de nouvelles élections le plus vite possible. Cependant, certains membres du LIKOUD ne veulent pas les publier avant que le successeur de Begin soit solidement installé, ce que l'on ne peut pas encore affirmer malgré toute la sympathie pour Y. Shamir. Le ministre de la sécurité Moshe Arens, certes un homme de grande envergure, n'entre pas en ligne de compte pour le moment, n'étant pas délégué légitime de la Knesseth. L'opposition, fatiguée des rivalités constantes, n'est pas sûre non plus d'une victoire électorale. Il lui manque les voix des Sépharades orientaux. Du temps du règne socialiste du MAARAKH, on avait éliminé ce groupe toujours plus fort du peuple, le considérant du haut de l'aristocratie ashkénaze comme un «Pleb oriental». Aujourd'hui ils récoltent ce qu'ils ont semé. Même les «sépharades de parade» figurant sur la liste du parti travailliste ne servent à rien.
Par ailleurs, la nouvelle proposition gouvernementale d'Y. Shamir est torpillée par ses propres députés. Les six, sous la direction de Bermann, plaident en faveur d'un gouvernement d'union nationale, expliquant qu'«en ces temps difficiles, Israël ne pouvait pas être dirigé autrement». Cela signifierait que le LIKOUD et le MAARAKH formeraient une large coalition et que S. Peres prétendrait aux fonctions de Premier ministre. Mais ceux des partis Hérouth et Likoud n'admettent pas une telle situation. C'est en fait un méli-mélo comme aux jours de David Ben Gurion, dont se rappelant encore les vieux Israéliens. Ben Gurion, considéré aujourd'hui comme un héros, arriva - et repartit (1949-1952), arriva - et repartit (1955-1961). A l'époque, on le qualifia de «démolisseur de l'Etat juif » et de «faiseur de chaos» - après quoi il se retira définitivement dans le désert ... Maintenant, c'est Menachem Begin (70) qui s'est retiré.
Entre temps (le 13. 9.), Yitzhak Shamir a réussi à mettre une coalition à l'abri. Le bloc du LIKOUD et les partis de la coalition se sont mis d'accord en ce qui concerne les conditions qui n'ont pratiquement pas changé. A la question de savoir si Y. Shamir allait renoncer à l'essai d'un GOUVERNEMENT D'UNITE NATIONALE, il répondit qu'il «soumettra l'offre au MAARAKH selon sa promesse avant sa nomination et que tout dépendrait de leur flexibilité». Il n'y a donc de place que pour un seul au volant et, avec 64 sièges à la Knesseth, le LIKOUD ne dépend pas du MAARAKH. Il ressort des «annales de dispute» des années d'état de nécessité de 1967 à 1969 démontrent comment une grande coalition peut fonctionner ou ne pas fonctionner.
Nouvelles d'Israël 11 / 1983