L'intifada juive s'ajoute à l'Intifada arabe

 

Premier acte: (Dimanche le 18 juin 1989)

«Celui qui veut découvrir son pays le parcourt à pied!», telle était la devise du citoyen israélien Frédéric Steven Rosenberg, né à New-York en 1941. Immigré en Israël en 1968, il habitait à Ariel, une ville de colons juifs. Le jour de son assassinat, F. Rosenberg, était une fois de plus en balade en Samarie. Entre deux villages , il fit la connaissance de trois jeunes arabes. Et ce colon , qui était d'une sincérité innocente et naïve, noua immédiatement des relations amicales avec ces jeunes gens. Il leur apprit à découvrir les merveilles de la faune et de la flore grâce à ses lunettes d'approche. Il prit des photos de ses trois «amis» et ceux-ci l'ont photographié en utilisant sa caméra. La rencontre se déroulait dans une atmosphère détendue jusqu'au moment où l'un des trois Arabes se saisit du poignard de F. Rosenberg et le lui planta dans le dos. Le malheureux succomba à sa blessure, et c'est un jeune berger qui découvrit son cadavre enfin de journée. Frédéric Rosenberg est la 102ème victime de colons juifs assassinés par des Arabes. Le lendemain, les forces de sécurité israéliennes arrêtèrent les trois assassins qui avouèrent aussitôt «fièrement» leur crime. Et l'armée détruit la maison des assassins arabes.

 

Deuxième acte: (Mardi le 20 juin 1989)

Environ 1'500 personnes étaient réunies dans le cimetière de Berken situé à proximité d'Ariel. Le Premier ministre israélien, Y. Shamir, commença l'oraison funèbre par les paroles: «Les colonies juives de la Judée et de la Samarie déplorent une nouvelle victime ... » lorsqu'il fut soudainement interrompu par un homme qui s'écria: «Shamir, qui sera la prochaine victime?» Et de nombreuses personnes se mirent à crier à l'encontre de Shamir: «Traître, traître!» Cette atmosphère tumultueuse a rendu inaudible la suite des propos de M. Shamir, portant sur le thème: «Ce petit pays appartient exclusivement au peuple juif!» Le calme revint seulement au moment où le rabbin prononça la prière. Et le ministre Ariel Sharon avait à peine fini de réciter le Caddisch sur la tombe que de nouvelles voix s'élevèrent pour revendiquer: «Sharon, deviens notre Premier ministre! Ariel prend la direction du gouvernement!» A la fin de la cérémonie, le Premier ministre, chahuté par l'assistance en effervescence, eut de la peine à regagner sa voiture. Ces incidents ont à nouveau démontré que le danger d'une Intifada juive est évident. Le préfet de police a déclaré: «Les événements de mardi signalent le risque de l'éclatement d'une lutte ouverte dressant les Juifs contre les Juifs!»

 

Troisième acte: (Vendredi le 30 juin 1989)

Deux mille colons juifs, accompagnés de 16 députés à la Knesset et répartis en 41 groupes, ont traversé à pied la Judée et la Samarie. La journée a commencé par une prière en commun prononcée par le porte-parole du Goush-Emounim (bloc des croyants). Noam Arnon pria pour que les ennemis d'Israël s'enfuient comme de la poussière soulevée par le vent!

Chemin faisant, les manifestants se sont recueillis sur la tombe de Josué Bin-Nun à Kifl Harith et dans la mosquée d'Eshtemos, une ancienne synagogue datant du 1er siècle et faisant aujourd'hui partie du village arabe de Samoa. A chaque endroit où ils passèrent, ils ont chanté ce refrain: «Voyez, les fils sont revenus à la patrie!» Traversant la «Cisjordanie» de long en large, en portant de grands drapeaux israéliens, ils voulaient ainsi témoigner aux Arabes et au monde entier: «Nous les Juifs, nous sommes revenus au pays, après 19 siècles d'exil, et nous ne quitterons jamais plus notre patrie biblique!» Les soldats accompagnaient les différents groupes de manifestants et cette protection permit d'éviter les incidents avec la population arabe.

Au cours de cette marche, les colons ont souvent posé la question suivante aux Palestiniens: «Pourquoi, lancez-vous des pierres contre nous?» Chaque fois, ils recevaient la même réponse: «Tu sais pourquoi!» Dans un cas particulier, l'interlocuteur israélien revint à la charge et répondit: «Non, je ne le sais pas! Nous les Juifs, nous n'avons jamais lancé des pierres ou des bombes incendiaires contre vous qui venez habiter dans nos villes et qui travaillez dans nos hôtels et nos fabriques. Pourquoi êtes-vous si méchants à notre égard?» Sa question resta sans réponse. La réponse, il l'a reçue en différé par le biais de la réaction de la gauche israélienne, en l'occurence du parti des droits civiques (C.R.M.), qui a qualifié cette marche pacifique d'acte de provocation juive!

Plus la population israélienne se rapproche de la droite (une tendance confirmée par les sondages), plus la gauche israélienne affiche une attitude ferme! Le scrutin du 1.11.88 avait déjà sensiblement modifié le rapport de forces en faveur de la droite israélienne: le LIKOUD (Shamir) est passé de 40 à 50 mandats et le MAARACH (Pérès) est tombé de 39 à 28 sièges. Depuis cette date, la gauche israélienne fait usage d'excès verbaux à l'encontre de tous ceux qui sont d'opinion opposée. Et l'écrivain israélien Amos Oz, un homme de gauche, s'est prononcé ainsi au sujet des colons juifs: «Ils sont une secte cruelle et têtue, leur vision des choses est contestable et leur comportement est comparable à celui d'un monstre sanguinaire!» Cette attitude de la gauche ne fait que renforcer le tournant à droite opéré par le corps électoral israélien. L'Intifada a détérioré la collaboration étroite entre les Kibboutzim et les Arabes. En Galilée, des criminels palestiniens ont incendié de nombreux champs et plantations appartenant aux Kibboutzim et, auparavant, ils avaient mis des barrages sur les voies d'accès, afin que les véhicules du service du feu ne puissent pas s'approcher du lieu du sinistre. A la suite de ces événements, les habitants des Kibboutzim ont distribué dans les villages arabes des alentours le tract suivant:

 

«Chers voisins,

Vous avez trahi notre confiance. Des mains criminelles incendient nos champs et nos arbres. Nous vous demandons de tout mettre en oeuvre afin de rétablir nos rapports de bon voisinage. Chassez de vos villages ces saboteurs qui viennent de l'extérieur avant que nous soyons contraints de le faire en appliquant des mesures draconiennes! Il n'y a aucun doute que de telles actions porteraient préjudice à une grande partie de la population arabe, en particulier aux ouvriers arabes qui gagnent leur vie en travaillant dans nos champs et dans nos fabriques!»

 

Et pourtant, la période antérieure aux émeutes de l'Intifada a prouvé que la coexistence pacifique entre colons juifs et population arabe est possible. Les deux parties concernées ont tiré avantage de cette collaboration. Après sa visite en «Cisjordanie», le sénateur américain, Daniel Inouya, a déclaré: «Les villes et les villages des USA devraient prendre exemple sur les colonies juives de la Judée et de la Samarie. Ces colonies ne connaissent ni problèmes de drogue, ni criminalité et ni police!»

L'histoire nous enseigne que le peuple juif a connu bien des défis, tels l'esclavage en Egypte, les persécutions sous Haman en Perse ou encore la «solution finale» préconisée par Hitler et qui, finalement, a conduit à la proclamation de l'Etat d'Israël; mais chaque fois, le peuple juif est sorti renforcé de ces épreuves, en vertu des promesses qui lui ont été faites! Et les émeutes de l'Intifada sont les douleurs qui annoncent la venue du Messie!

L. S.

Nouvelles d'Israël Août 1989

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