Israël: premier fournisseur de diamants au monde

 

La boum de Tel-Aviv compte 2.500 membres - une simple poignée de main pour conclure un marché

Dans l'Ancien Testament, les paroles prophétiques à propos des diamants s'appliquaient à Jérusalem. Aujourd'hui, elles pourraient également concerner Ramat Gan, une cité voisine de Tel-Aviv. Les quatre tours de bureaux comprenant toutes plus de 30 étages donnent l'impression d'un corps étranger en cet endroit plutôt laid. Elles apportent pourtant de façon évidente la preuve de l'existence d'un secteur économique certes restreint, mais néanmoins très important: l'industrie diamantaire israélienne, qui représente plus de 10% des exportations de ce pays.

Les quatre immeubles reliés les uns aux autres tant au-dessus qu'en dessous de la terre portent des noms tels «Samson», «Maccabi» ou «Noam» et abritent la bourse aux diamants israélienne, fondée en 1936 et aujourd'hui la plus importante au monde. Plus de 10.000 personnes du monde entier y entrent et en sortent chaque jour, sauf le samedi: des importateurs, des tailleurs, des contrôleurs, des joailliers, des exportateurs, des experts en sécurité et en qualité, des spécialistes des questions de finances et d'assurances et pas moins de 200 courtiers.

Par l'intermédiaire de la Central Selling Organization (CSO) du groupe De-Beers, ils importent des diamants bruts en provenance de tous les pays du monde, les contrôlent, les achètent et les taillent, les vendent à des joailliers à la bourse ou les réexportent, souvent montés sur des bijoux d'or, d'argent et de platine.

 

Israël: le premier fournisseur de diamants du monde

Les 2.500 membres de la bourse aux diamants travaillent dans quelque 1. 100 bureaux, souvent beaucoup trop exigus et quelques-uns se sont même installés dans la gigantesque salle de la bourse. Contrairement à ce qui se passe dans les bourses d'actions, on parle ici à voix basse. De petites enveloppes de papier, dont le contenu vaut couramment plusieurs centaines de milliers de dollars, sont ouvertes pour les intéressés, leur contenu est examiné à la loupe, et elles font rarement l'objet d'une vérification supplémentaire. Il suffit en effet d'une poignée de main et du «Mazal wrocha - Bonheur et bénédiction» - pour sceller le marché.

Tous les services requis se concentrent sous un seul et même toit: de la balance officielle aux laboratoires de contrôle en passant par les banques et les assurances; mais on y trouve aussi des cabinets médicaux, des centres de fitness, des restaurants et une synagogue. «De la sorte, nul n'est obligé de quitter l'établissement au cours de la journée, ce qui constitue un facteur de sécurité non négligeable», déclare à ce propos Moshe Persky, secrétaire général de la bourse.

Des sas individuels, des gardiens en armes, des caméras électroniques et des écrans de contrôle donnent l'impression qu'il s'agit d'un bâtiment de haute sécurité. Chaim Naveh, directeur général de la bourse, ajoute à cet égard: «La rapidité sert également à la sécurité.» Un système de communication électronique reliant les bureaux au parquet de la bourse et aux courtiers permet en effet aux matières d'être cédées en l'espace de quelques minutes.

En tant que membre de la Fédération mondiale des 20 bourses de diamants, la Bourse israélienne applique un code déontologique sévère. Les membres de la bourse doivent respecter des principes éthiques et professionnels stricts. Pour Chaim Naveh, les avantages de l'importation de matières brutes et de diamants taillés, exonérée de droits de douane pour les membres, ainsi que l'absence d'entraves aux échanges pèsent plus lourd que la situation de la bourse à l'écart des principaux marchés.

Ironie de l'histoire: L'occupation allemande des principaux centres diamantaires européens pendant la seconde guerre mondiale a favorisé l'industrie israélienne du diamant (commentaire: nous voyons ici aussi comment Dieu transforme les malédictions antisémites en bénédictions pour Son peuple). Les spécialistes juifs ont fondé en Israël une industrie jusqu'alors inconnue. Même si ce pays ne possédait pas de gisements de diamants propres, il est devenu le premier fournisseur de diamants dans le monde libre.

La fin de la guerre amena une récession, car la Belgique et les Pays-Bas remirent sur pied leur industrie. L'industrie diamantaire exsangue d'Israël engagea quant à elle la plupart des immigrants au chômage, mais la CSO mit plus de 20 ans à fournir suffisamment de matières brutes à Israël. Aujourd'hui, le pays absorbe plus de 40% des matières brutes de la CSO. En tant que tailleurs et négociants, les Israéliens ont depuis longtemps reconquis leur trône de leader face au centre européen d'Anvers.

Uri Schwartz, président de la Fédération de l'industrie diamantaire israélienne, considère que les atouts de ce pays résident dans le grand savoir-faire de sa main-d'oeuvre et dans la technologie qu'il a développée. Depuis longtemps, l'artisan tailleur a cédé le pas aux machines totalement automatiques et à commande numérique. «La technique du laser pour une taille et un polissage précis économisant la matière doit préserver l'avantage technologique face aux concurrents des centres à fort coefficient de main-d'oeuvre du Moyen-Orient et de l'Extrême-Orient», déclare à ce propos Uri Schwartz. Les coûteux programmes de formation professionnelle et de perfectionnement y contribuent également.

 

Ce secteur - première industrie d'exportation israélienne et principale source de rentrées de devises - constitue le principal fournisseur de matières Melee, de brillants taillés de 1 carat et plus; il est le leader mondial dans le domaine des bijoux fantaisie et dans celui de la taille et du commerce d'émeraudes de qualité supérieure.

L'évolution vers une coexistence pacifique entre Israéliens et Arabes au Proche-Orient ainsi que la démocratisation et l'ouverture des frontières en Europe de l'Est confèrent à l'industrie diamantaire israélienne de bonnes perspectives d'avenir.

Recherche de nouveaux créneaux: l'industrie de la joaillerie s'efforce d'accroître ses débouchés en Europe

L'industrie de la joaillerie israélienne est à la recherche de nouveaux marchés. Ce secteur qui, au cours des quinze dernières années, est passé du stade de l'artisanat à celui de l'industrie de haute technicité, ne veut plus se cantonner essentiellement au traditionnel marché américain, mais cherche à s'implanter aussi au Japon et en Europe. Selon Nava Schâffer-Tadmor, directrice du département Bijouterie de l'Institut israélien d'exportation, les USA, qui représentaient en 1992 près des trois quarts des exportations israéliennes qui avaient atteint 400 millions de dollars (contre 326 l'année précédente), «ne devraient plus tenir cette position très longtemps». Israël exporte près de 85% de sa production aux Etats-Unis.

En revanche, l'industrie nationale doit devenir moins sensible aux récessions sévissant dans les pays où elle exporte. Et Nava Tadmor de préciser à ce propos: «Nous savons que l'offre de nos 350 entreprises - pour la plupart des PME - avec leurs quelque 5.000 employés correspond aux goûts des consommateurs européens et aux prix attendus par ceux-ci. Nous souhaitons profiter de cette opportunité.» Facteur important: les accords de libre-échange entre Israël et l'Union européenne permettent une importation exempte de droits de douane et de quotas.

La multiplication des efforts déployés par Israël pour trouver des créneaux sur les marchés européens s'accompagne d'un accroissement de l'offre sur les principales foires de joaillerie. A Bâle, Vincence et Munich (Inhorgenta), plus de 100 entreprises ont ainsi proposé des bijoux en or et en argent. Elles les ont également présentés en combinaison avec des diamants et des pierres précieuses ou semi-précieuses ainsi que comme bijoux en or creux, une technique de fabrication spéciale, permettant un design sophistiqué. L'Europe (Allemagne, France, Grande-Bretagne et Suisse) constitue le deuxième principal débouché après les USA. Elle a représenté un cinquième des exportations (84 millions de dollars), dont 40 (37) millions de DM ont été vendus en Allemagne sous la forme de bijoux en or avec diamants et pierres précieuses, de chaînes et de bijoux en or et en argent. Une grande partie de ces importations a été écoulée via des sociétés de vente par correspondance (Quelle, Wenz, Klingel).

Selon Bryan G. Newman, président de la Fédération de l'industrie israélienne de joaillerie, les prix sont davantage en concurrence avec ceux pratiqués en Thaïlande et en Inde, en raison des coûts de main-d'oeuvre inférieurs de 15 à 20% et de la forte mécanisation, et moins avec ceux pratiqués par les joailliers européens. La concentration du secteur est très importante: 60% des exportations. Toutefois, la souplesse et la créativité des petites entreprises ne sont pas perdues. Et M. Newman de conclure: «Les immigrants russes et éthiopiens notamment ont une excellente réputation dans ce domaine.» (DW)

Nouvelles d'Israël 03 / 1994

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