Un des proches de Golda Meir, ancien Premier ministre, s'est récemment rappelé comment celle qui dirigeait le gouvernement en 1970 fit un jour appeler son conseiller, le Dr. Jakow Herzog, pour lui demander de préparer un projet de solution pour le problème de Jérusalem, au cas où il deviendrait possible de négocier avec le monde arabe concernant la fin des hostilités avec Israël. Herzog rassembla une équipe de spécialistes et, après moult réflexions, soumit ses recommandations à Mme Meir: la question de Jérusalem ne devrait pas intervenir avant la fin d'un processus de réconciliation préalable. «Si nous entamons des négociations de paix par des marchandages sur l'avenir de la ville sainte de Jérusalem, elles ne pourront qu'échouer rapidement, entraînant avec elles toutes les perspectives de régler les autres éléments du conflit», avait conclu l'équipe.
Cette conception se trouvait également en arrière-plan des accords conclus et signés l'an dernier entre Israël et l'OLP. L'idée consistait à laisser de côté la décision concernant la problématique de Jérusalem jusqu'à la fin du processus - cet élément a d'ailleurs été stipulé dans les conventions, qui précisent expressément que les négociations concernant les accords définitifs engloberont également le statut de Jérusalem.
Mais Yasser Arafat ne peut attendre. A peine quelques jours se sont-ils écoulés depuis le début de l'application de l'accord Gaza-Jéricho qu'à son initiative, le thème de Jérusalem ressurgi déjà dans les titres de la presse et dans le bras de fer entre Israéliens et Palestiniens. Encouragés par son intervention, les responsables de la police palestinienne installée à Gaza et Jéricho en vertu des accords ont fait savoir qu'ils mettraient également des policiers en action à Jérusalem-Est. Simultanément, Arafat annonçait qu'il avait l'intention de se rendre à Jérusalem et de prier sur le site du Temple.
Israël a rapidement et efficacement réglé la problématique de la police. Les forces de l'ordre israéliennes ont dissuadé toute tentative de manifestation d'une présence militaire à Jérusalem-Est. Ce problème s'est réglé dans les heures qui ont suivi et n'est plus revenu à l'ordre du jour. Par contre, le souhait d'Arafat représente un problème compliqué par essence. D'un point de vue formel, sa demande est fondée. L'accord d'Oslo et les conventions qui l'accompagnent ne lui interdisent pas de pénétrer dans la capitale israélienne. Plus encore, Israël ne peut interdire sans autre forme de procès au citoyen Arafat d'accomplir son devoir religieux sur le troisième lieu saint de l'Islam après avoir promis, à la fin de la guerre des Six jours, que les fidèles de toutes les religions auraient garantie de la liberté de culte à Jérusalem. Tels sont les problèmes fondamentaux devant lesquels Rabin et son cabinet de sécurité se sont retrouvés lorsqu'ils ont dû prendre une décision au sujet de la demande d'Arafat.
Et voici qu'à ce problème s'ajoute un élément de politique intérieure. La demande d'Arafat a provoqué une explosion de rage dans l'opposition, dont les dirigeants ont clamé que la visite du chef de l'OLP représenterait, pour l'Islam tout entier, un symbole entérinant la partition de Jérusalem dans l'avenir. Ehud Olmert, maire de Jérusalem et membre du Likoud, a précisé au cours des divers débats qu'une visite d'Arafat sur le Mont du Temple serait une catastrophe pour la politique de sécurité. Selon lui, il ne fait aucun doute qu'Arafat y tiendra un discours destiné à échauffer les esprits et à inciter des centaines de milliers de musulmans à la révolte, celle-ci se terminant par un épouvantable bain de sang. «Le massacre de Hébron n'est qu'un enfantillage à côté de celui qui nous attendrait à Jérusalem», a averti Olmert. C'est donc ainsi que les leaders de l'opposition, réunis en urgence, ont pris la résolution d'empêcher à tout prix - sans exclure la violence - la visite d'Arafat à Jérusalem; ils ont ensuite décidé d'entourer Jérusalem, au moment de la visite, de centaines de milliers de personnes qui feraient obstacle de leur corps pour empêcher Arafat et les membres de sa famille d'entrer dans la ville. Des collectes ont déjà été organisées dans cette optique; elles ont rapporté un demi-million de dollars, donnés par tous ceux qui souhaitent éviter une catastrophe nationale.
Jusqu'à présent, les affrontements ont pu être évités. Le gouvernement israélien a résolu le problème avec beaucoup d'élégance: Moshe Schachal, ministre des Forces de l'ordre, est monté à la tribune de la Knesset et a déclaré qu'Arafat n'avait pas le droit de se rendre à Jérusalem. Motif. il ne s'agit pas d'une personne privée, mais du représentant d'une organisation politique qui, à ce titre, a besoin d'une invitation officielle pour visiter la capitale d'un pays étranger. «Cette invitation», a conclu Schachal, «nous ne la lui donnerons jamais; aussi ne pourra-t-il pas faire cette visite.»
COMMENTAIRE
A la base, les négociations de paix d'Israël avec l'OLP concernent la souveraineté sur Jérusalem, même si personne n'en parle. L'ennemi de toujours est rusé. Mais il ne fait aucun doute qu'Arafat ne renoncera jamais à son objectif. faire de Jérusalem la capitale d'un Etat palestinien. L'ignominie et l'imprévisibilité dont fait preuve Arafat lorsqu'il est question de Jérusalem apparaît une nouvelle fois clairement dans ses derniers agissements.
Il en va ainsi depuis deux mille ans. Qui possède Jérusalem règne sur le monde. Depuis 1967, Israël a reconquis Jérusalem, capitale éternelle d'Israël. Et la fin de l'ère des nations en cette même année est annoncée par le Seigneur dans Luc 21, 24: «Ils (les nations) tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront emmenés captifs Parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplies.»
Avant 1967, Jérusalem était foulée aux pieds par les païens, mais depuis sa reconquête, le temps d'Israël est revenu; depuis lors, Israël est redevenue une superpuissance, et ce dans de nombreux domaines. Tout cela est lié à Jérusalem. Ce n'est pas par hasard que l'Antichrist veut s'asseoir dans le temple de Dieu en Israël; il sait que la domination du monde ne peut s'exercer qu'à partir de Jérusalem. Mais pour tout ennemi, qu'il s'agisse d'Arafat ou de l'Antichrist, la Parole du prophète Zacharie (12, 2-3) reste d'application: «Voici, je ferai de Jérusalem une coupe d'étourdissement pour tous les peuples d'alentour... En ce jour-là, je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples; tous ceux qui la soulèveront seront meurtris; et toutes les nations de la terre s'assembleront contre elle.»
Le dernier mot appartient au Seigneur Dieu: Jésus-Christ reviendra dans toute Sa puissance et Sa gloire à Jérusalem pour y établir Son royaume de paix millénaire. De Jérusalem, Il régnera sur le monde entier!
C.M.
Nouvelles d'Israël 07 / 1994