Nous publions cet article parce qu'il avait paru dans «The Daily Telegraph» à Londres. La presse anglaise est actuellement très antisémite, à part quelques rares exceptions.
Bien que nous ne puissions pas tout approuver, comme par exemple «l'Etat palestinien», cet exposé nous semble important! Il existe encore des gens qui n'ont pas perdu la capacité de discerner clairement entre la justice et l'injustice. D'autre part, le Seigneur promet que ce sera Lui-même qui Fera disparaître l'opprobre de Son peuple (Esaïe 25, 8).
W.M.
De Paul Johnson
On a couvert les Israéliens de honte et d'opprobre à cause de leur intervention au Liban.
Jusqu'à un certain point, cette critique peut être justifiée. Il est illusoire de croire qu'une campagne militaire de grande envergure contre une armée terroriste, si basée soit-elle sur la justification morale, n'entraîne pas de destruction, d'effusion de sang innocent et de dérapage.
Bienfaiteurs
Cependant, je crois que les Israéliens sont des bienfaiteurs publics pour le monde, le Proche-Orient et avant tout pour le peuple libanais.L'OLP est la destructrice des nations. Et c'est justement la nation destinée à être détruite, Israël - qui reste imperméable à cette puissance nuisible. Aussi longtemps que l'OLP existe en tant que force armée, tous les Etats arabes seront en danger.
Elle se préparait à détruire la Jordanie et cela lui aurait été possible si le roi Hussein n'avait pas eu le courage et la force militaire d'agir exactement comme les Israéliens viennent de le faire. Chassée de la Jordanie, l'OLP s'est cramponnée au malheureux Liban auquel manquait et l'unité, et la force physique pour se défendre.
Pas à pas, la structure démocratique du Liban, son entente religieuse, sa prospérité économique et tout son système de droit et de justice qui avait fait de lui le plus ordonné et le plus florissant des Etats arabes, ont été brisés en mille morceaux dans le climat de brutalité que les terroristes répandent partout. Epuisés, impuissants, incapables de se défendre, voilà les Libanais enfin délivrés par leurs ennemis nominaux qui, en réalité, sont leurs meilleurs amis: Les Israéliens.
Vérité reconnue
La plupart des chrétiens libanais ont déjà reconnu la réalité de ces faits. Je suis persuadé que les musulmans libanais, les druses et d'autres groupes non-chrétiens, arriveront à la même compréhension - quoiqu'ils ne le reconnaîtront peut-être jamais ouvertement - aussitôt la stabilité rétablie. Les Libanais sont un peuple robuste et original, infiniment résistant et absolument capable de rebâtir leur pays, le terrorisme une fois exterminé et les armées étrangères reparties. Personne ne peut faire revenir les morts, mais les dégâts matériels peuvent être réparés. J'ose prétendre que le Liban sera de nouveau, dans cinq ans déjà, une démocratie florissante et paisible avec une économie équilibrée, un système monétaire stable et une culture libérale: Un exemple pour le reste du monde arabe.
Puissance limitée
Le second avantage de l'intervention israélienne, c'est que les terroristes palestiniens, où qu'ils s'installent, ne seront plus jamais en mesure d'exercer leur puissance d'autrefois.
Les Etats arabes ont tiré une leçon de la Jordanie et du Liban, et aucun d'eux ne permettra que l'OLP - même s'il lui accorde le droit d'asile - ou n'importe quel autre groupe de ce genre, établisse son Etat militaire sous lequel les Libanais ont tant souffert pendant cette dernière décennie, dans leur Etat.
Une chance
Aussitôt que les Palestiniens auront été dépouillés de leurs illusions d'une solution par la force, la voie sera libérée pour une unification politique. Aussi longtemps que l'OLP existait sous forme d'organisation militaire parlant le langage de la guerre et qui envisageait même l'extermination d'Israël, il n'aurait été possible à aucun gouvernement israélien de permettre la création d'un véritable Etat arabe en Cisjordanie. Si, d'après l'état actuel des choses, il pouvait y avoir une démilitarisation du côté palestinien, un tel Etat pourrait naître en peu d'années.
Certes, quelques attributs de souveraineté lui feront encore défaut, mais ce serait quand même une patrie pour les Arabes palestiniens, un début sur lequel il y aurait possibilité de bâtir. Finalement, l'autorité palestinienne a joué la carte de la brutalité depuis 1947 - pour ne pas dire depuis les années vingt - et n'a apporté à son peuple que la mort, l'exil et l'occupation. Maintenant, une nouvelle occasion s'offre de jouer la carte politique. Une fois le processus politique engagé, Israël lui-même et tous ses voisins seront en mesure d'introduire une période de démilitarisation progressive. L'espoir qu'à la fin des années quatre-vingts, le Proche-Orient ne représentera plus le plus grand danger pour une guerre mondiale, n'est pas du tout erroné.
On peut juger cette analyse par trop audacieuse. Il est vrai qu'elle ignore le facteur soviétique. Puisque l'Union Soviétique, comme la plupart des gouvernements occidentaux, a commencé à fournir des armes depuis 1955, lors des différentes interventions au Proche-Orient qui n'avaient pour but que d'augmenter la tension et de favoriser l'instabilité, pourquoi les Russes sont-ils donc restés si inactifs durant ces dernières semaines? N'agissent-ils pas comme le chien qui n'aboie pas la nuit?
Confusion
En effet, il est assez étrange que les Soviétiques soient restés passifs devant l'attaque israélienne contre les Syriens, - leurs clients - attaque qui avait entraîné «par hasard» la destruction humiliante d'un dispositif de fusée antiaérien soviétique, présumé infaillible. Non seulement Yasser Arafat, mais aussi des Etats arabes conservateurs, semble-t-il, ont blâmé Moscou d'avoir été inactif même verbalement.
L'opération israélienne aura, en effet, mis à nu une certaine faiblesse embrouillée dans la politique soviétique. Le royaume soviétique de satellites, d'Etats consommateurs et de protectorats, a rapidement grandi dans les années 60 à 70. Actuellement, il souffre de tous les problèmes de croissance, et cela au moment où son économie plonge dans la récession. C'est une leçon de l'histoire, que les grandes puissances sont enclines à produire plus de problèmes que de forces physiques pour les résoudre. La Grande-Bretagne fut un cas typique entre les deux guerres mondiales lorsqu'elle régna sur un quart du monde dilemme décrit à la perfection dans le livre «The Collapse of British Power» de Corelli Barnett.
La force militaire et économique de l'Union Soviétique est actuellement (pour ne mentionner que les charges les plus lourdes) absorbée par une confrontation permanente avec la Chine, une campagne pour étouffer la révolution en Afghanistan, le soutien de l'économie de Cuba, d'Angola et d'une demi-douzaine d'autres Etats africains, l'assistance à ses alliés trop agressifs et coûteux d'Indochine, le règlement d'une offensive générale de la corne africaine et, ce qui est peut-être le plus pénible de tout, l'effort d'éviter l'effritement non seulement de la Pologne, mais de tout le glacis des Etats européens de l'Est. En outre, le bureau politique s'attend encore à une récolte déficitaire. Tout cela explique une certaine léthargie des derniers mois.
Que l'Union Soviétique se soit abstenue de profiter de la crise des Malouines m'a agréablement surpris. Vraisemblablement, Moscou doit être déconcerté par la guerre irano-irakienne, quoique l'Irak soit un client effectif, et l'Iran un client potentiel des Soviétiques, et que la lutte se déroule progressivement des deux côtés avec l'armement soviétique. On peut s'imaginer que les chefs soviétiques gémissent à chaque rencontre, lorsqu'ils découvrent dans leur agenda un sujet concernant le Moyen-Orient. L'expulsion de l'OLP du Liban est, sans équivoque, un échec pour eux.
Le fait qu'ils ne désirent pas réagir démontre un autre avantage de l'opération israélienne: Il nous rappelle les limites de la puissance soviétique.
P.J.
Nouvelles d'Israël 11 / 1982