Un premier rayon d'espoir pointe-t-il à l'horizon pour une paix au Proche-Orient? Si l'on en juge par l'ambiance dans les rues de Jérusalem pendant la deuxième semaine de février 199 1, la réponse semble devoir être positive. La deuxième visite de Baker en Israël en un mois se termine pendant que nous écrivons ces lignes. Tandis que lors de sa première entrevue, il avait visité le site de commémoration «Yad Vashem», planté des arbres et causé avec de nouveaux immigrants, cette deuxième rencontre est une réelle visite d'affaires. Baker a apporté un plan provisoire qui devrait mener Israël à une entente avec ses voisins. Les détails de ce plan ont constitué la base de ses discussions avec le Président du conseil des ministres Yitzhak Shamir, le ministre des Affaires étrangères David Levy et le ministre de la Défense nationale Moshe Arens.
Ces conversations ont été une réussite pour Baker. Israël a donné son accord pour une conférence régionale avec la participation des pays arabes ainsi que celle des représentants des habitants des «territoires occupés». Jusqu'à cette deuxième visite de Baker, Israël qui avait totalement refusé de participer à une conférence internationale - prévue depuis longtemps - a insisté sur le fait que les entretiens doivent avoir lieu directement avec ses voisins arabes. Le principe d'une réunion unique de cette conférence a conduit à une bonne entente avec Baker; elle sera suivie de négociations directes sur deux plans: avec les participants arabes à cette conférence, et parallèlement avec la délégation palestinienne.
L'ouverture d'esprit d'Israël a créé un climat favorable à des entretiens positifs avec Baker, ce qui a à nouveau produit un courant pro-israélien aux USA. Pour la première fois depuis longtemps, la balle politique est de nouveau dans le camp arabe. Les Américains se sont déclarés convaincus qu'ils pourront entreprendre des démarches auprès des Saoudiens, des Syriens et des Jordaniens, car de leur réaction et de celle des Egyptiens dépend la réussite de la mission de paix de Baker.
Mais des sources diplomatiques à Jérusalem indiquent que ces transactions n'en sont qu'à leur début et que beaucoup d'obstacles doivent encore être franchis.
La stratégie de Baker lors de sa deuxième visite fut de simplement exclure les problèmes existants entre Jérusalem et Washington pour favoriser la conclusion d'accords. Pendant les conversations, il fut fait abstraction de la vieille querelle avec les Américains concernant la formule «pays pour la paix» ainsi que les interprétations différentes des résolutions 242 et 338 des Nations Unies sur le retrait d'Israël des territoires occupés. Même le point de discorde relatif à la politique de colonisation d'Israël des territoires occupés fut exclu des discussions. Baker commenta pourtant le communiqué officiel du ministre Ariel Sharon portant sur la nécessité d'un élargissement de la colonisation par ces mots: «Sharon compromettrait le processus de paix à un stade historique».
Dès avant le départ de Baker, les problèmes ont commencé pour Yitzhak Shamir dans son propre camp.
Les partis de la coalition de droite n'étaient pas du tout d'accord avec les résultats des conversations; de plus, ils n'ont pu participer aux décisions prises. Selon eux, le Premier ministre a donné son accord pour de vastes renonciations, lesquelles remettent en question l'entité d'Israël ainsi que la subsistance des colonies dans les territoires occupés. Les représentants de ces partis ont déclaré à la presse qu'ils déclencheront une crise dans la coalition en cas de doute.
Il y a même des remous dans le propre parti de Shamir, le Likoud. L'aile droite, sous la direction d'Ariel Sharon, exige maintenant la convocation d'un congrès des partis. Lors de celui-ci, ils voudront abroger des décisions qui pourraient menacer les principes du pluripartisme ainsi que l'entité d'Israël.
Shamir rejette cette idée, et il semble que la majorité des ministres de son parti dans la Knesset se tienne derrière lui.
Paradoxalement, même les Palestiniens ne sont pas satisfaits des résultats de la visite de Baker. Durant ses entretiens à Jérusalem, il a déclaré qu'il n'y aura pas de discussions entre Israël et l'OLP, et que les USA n'entretiendront pas de relations non plus avec cette organisation. L'Egypte, l'Arabie Saoudite et la Syrie sont de toute façon irritées du soutien enthousiaste apporté par Arafat à Saddam Hussein durant la guerre. C'est pour cette raison qu'ils sont maintenant d'accord pour que les interlocuteurs palestiniens d'Israël ne soient pas nommés par l'OLP.
En clair: Arafat et l'OLP, désignés par les Palestiniens comme leurs seuls et légitimes représentants, ont été définitivement écartés du processus politique.
Nouvelles d'Israël 06 Juin 1991