Monica Lewinsky

a-t-elle sauvé la mise au Premier ministre israélien?

 

En voyant la presse d'outre-Atlantique entraîner en choeur l'ensemble du peuple américain dans les moindres détails des relations entre Clinton et une jeune Juive, Monica Lewinsky, certains Israéliens ont crié au miracle. Quelques-uns ont même été jusqu'à comparer la jeune femme de Beverly Hills à la reine Esther, qui se sacrifia jadis et «accepta de passer sa vie avec le non-Juif Assuérus, afin de sauver son peuple.

Miracle ou pas, Esther ou Monica, toujours est-il que cette pénible affaire a permis au Premier ministre israélien d'échapper, durant sa visite à Washington, à une quasi-obligation de céder, sous une pression extrême, des portions du territoire israélien.

La visite de Netanyahou a commencé sous les auspices du scandale Lewinsky, dans une ambiance particulièrement détestable. Les médias israéliens et américains regorgeaient de communiqués plus ou moins explicites dans lesquels le gouvernement des USA exprimait son mécontentement vis-à-vis de l'obstination de Netanyahou et de sa mauvaise volonté à faire progresser le processus de paix.

A Washington, l'accueil a été très froid. Le premier jour, le gouvernement américain a mené contre Netanyahou une véritable guerre d'usure: dans des rencontres à répétition, Clinton, Albright et Sandy Berger, conseiller à la sécurité, n'ont eu de cesse d'essayer de convaincre le Premier ministre israélien d'évacuer environ 15% de la Judée et de la Samarie dans le cadre de la «deuxième phase» du traité d'Oslo.

Mais Netanyahou n'a pas cédé. Il avait quitté son pays avec la bénédiction de son gouvernement, qui lui avait enjoint de ne pas se prononcer sur l'étendue exacte d'un retrait, les Palestiniens devant d'abord respecter unilatéralement leurs engagements aux termes des accords d'Oslo: suppression du passage de la Charte palestinienne exhortant à la destruction d'Israël, extradition des terroristes, etc.

Après cinq jours de négociations, les directives du gouvernement israélien étaient respectées. Les pourparlers en question, qui se sont poursuivis presque sans interruption, ont permis de définir les territoires indispensables pour Israël: une région à l'est et une autre à l'ouest, les villes saintes du judaïsme, les zones comptant des implantations juives, celles qui entourent Jérusalem, la région de la mer Morte, des zones stratégiques: toutes furent déclarées zones vitales pour Israël, des territoires auxquels il était impossible de renoncer.

Le jour du départ de Netanyahou, les instructions du gouvernement ont trouvé un écho bruyant dans les protestations de 30.000 Israéliens qui se sont rassemblés sur la place Rabin, à Tel-Aviv, porteurs de pancartes proclamant notamment «Netanyahou, il ne faut pas abandonner! » A Washington, ces propos ont été repris par un important groupe de chrétiens soutenant Israël, et dirigés par plusieurs prédicateurs américains célèbres. Le slogan transmis à Netanyahou à l'occasion d'une grande manifestation était clair:

«Pas le moindre millimètre».

Immédiatement après Netanyahou, c'est Arafat qui s'est rendu à Washington, où l'attendait un accueil solennel digne d'un président (bien qu'il ne le soit pas encore). Mais cela n'a pas réduit la pression américaine pour qu'Arafat fasse supprimer le fameux passage de la Charte. Ce dernier a répliqué que la Charte était déjà suspendue, et que le précédent gouvernement israélien l'avait même félicité à cette occasion.

Le débat visant à savoir si la Charte est ou non suspendue se poursuivra après cette visite, de même que les deux autres points: la date et l'ampleur du prochain retrait. Visiblement, les Américains, c'est du moins ce qu'il semble en cette fin janvier, ont échoué dans leurs efforts pour donner un nouveau souffle au processus de paix. La méfiance, les rancunes et les tensions entre Israël et les Palestiniens semblent au contraire s'être aggravées.

Commentaire: On peut dire ce qu'on veut de Netanyahou, mais il est un fait que depuis la création de l'Etat d'Israël, aucun Premier ministre n'a mieux tenu tête à la pression américaine pour qu'Israël abandonne une partie de son territoire. Pour ce seul fait, il est digne de nos prières. CM

Nouvelles d'Israël 03 / 1998

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