Un bon mois après la signature du Traité entre Israël et l'OLP, les deux parties négocient sa mise en oeuvre. Des entretiens à divers niveaux se déroulent à Washington, Tunis, au Caire et surtout à Taba. C'est là que les négociations les plus importantes (et les plus délicates) ont d'ores et déjà lieu au sujet des règlements de sécurité entre les deux interlocuteurs.
La direction de la délégation israélienne, qui participe aux entretiens en cours à Taba, est placée sous la tutelle d'Amnon Shachek, Chef d'Etat-major adjoint. Nabil Shaat, conseiller politique de Yasser Arafat, ainsi que d'autres représentants importants de la planification militaire palestinienne, sont à la tête de la délégation jordanienne. Dès l'ouverture des pourparlers, les interlocuteurs ont été contraints de franchir sains et saufs la première «mine»: l'identité des négociateurs. Il s'est avéré que les Palestiniens avaient inclus dans leur délégation un. des principaux planificateurs du massacre des athlètes israéliens à Munich, qui était le seul à avoir pu échapper aux représailles exercées par les services secrets israéliens (le Mossad ayant par ailleurs éliminé toutes les personnes ayant joué un rôle dans cet attentat meurtrier). Les Israéliens ont opposé un veto absolu à sa participation aux pourparlers. Les Palestiniens ayant renoncé à sa présence, les négociations aussi vastes que complexes ont finalement pu débuter.
Si les deux côtés S'efforcent de montrer compréhension et esprit de rapprochement, il n'en semble pas moins que certaines «mines» extrêmement dangereuses pourraient exploser dès les premiers rounds des négociations. Voici les points critiques: la libération des prisonniers. 9.300 Palestiniens environ sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes. Une partie d'entre eux sont des assassins de femmes et d'enfants israéliens, et ont été arrêtés puis condamnés à la détention à perpétuité. Les Palestiniens exigent leur libération sans exception (parmi eux se trouvent également des partisans du Hamas et de la «guerre sainte» islamique). La seule expression de cette revendication a soulevé de violentes protestations parmi la population israélienne. La majorité de l'opinion n'est nullement disposée à admettre que soient libérés des Palestiniens dont les mains sont souillées de sang juif. Mais le gouvernement israélien a lui aussi rejeté cette exigence. C'est ce qui a déclenché la première crise dans les négociations. Malgré tout, un compromis a fini par prendre forme: Israël libérera les condamnés par étapes. D'abord les femmes, les mineurs d'âge et les prisonniers âgés, soit quelques centaines de personnes. Suivront encore, à ce qu'il semble, quelques milliers de libérations; il s'agira de détenus incarcérés pour des actes moins graves. Les assassins resteront en prison. A l'heure actuelle, il n'a plus été fait la moindre mention de ces derniers dans les négociations.
La police palestinienne: les Palestiniens demandent que soit instaurée une police palestinienne forte de 20.000 à 25.000 hommes. Israël estime que 2.500 policiers constituent un nombre largement suffisant. Les Palestiniens veulent que leurs gardiens de la paix disposent d'armes mi-lourdes telles que des lance-grenades. Israël considère que des armes légères seront largement suffisantes.
Passages de frontière et points d'eau: les Palestiniens revendiquent le contrôle des points de passage vers la Jordanie dans la région de Jéricho, bien qu'aucune décision n'ait été prise à ce sujet dans l'accord d'Oslo. En outre, ils exigent le contrôle des points d'eau dans les environs de Jéricho. Israël refuse - les points de passage doivent rester sous contrôle israélien, ainsi que les sources.
Territoires autonomes: un territoire de 350 km2, correspondant à l'étendue de Jéricho à l'époque du mandat britannique, est revendiqué par les Palestiniens en tant que territoire à placer sous administration autonome. Israël ne veut concéder que le territoire de la ville de Jéricho ainsi qu'un peu de terre attenante, soit un total de 35 km2 . En outre, les Palestiniens veulent l'évacuation des cités de peuplement et des points d'appui militaires dans les environs de Jéricho, revendication qu'Israël rejette fermement.
Ce ne sont là que quelques-uns parmi la multitude des points contestés. Il semble à présent qu'il existe des centaines de problèmes plus ou moins importants: sécurité et administration, santé et médecine, eau et électricité. Conformément à l'accord avec l'OLP, tout devrait être aplani et résolu dans les mois qui viennent. Les deux parties parviendront-elles à respecter leur calendrier ?
Nouvelles d'Israël 12 / 1993