Nouveau paroxysme de tension
La lutte pour l'orientation culturelle de la société israélienne est entrée dans une phase décisive en février. On a assisté à une épreuve de force inouïe entre les orthodoxes et la Cour suprême ainsi que l'ensemble du pouvoir judiciaire. Cette bataille culturelle a été déclenchée par plusieurs arrêtés rendus récemment par des tribunaux israéliens, principalement la Cour suprême, sur le thème de l'Etat et la religion.
Depuis que l'Etat d'Israël existe, il y a une tension immanente entre les lois de la Torah - la Halakha - et celles de l'Etat séculier. D'une part, on est conscient du fait que les lois de l'Etat d'Israël et leur contenu doivent tenir compte de la spécificité de l'Etat juif. De l'autre, les juifs séculiers représentent une majorité de la population de ce même Etat. Cette majorité n'est pas disposée à vivre dans une structure soumise à la loi halakhique, mais souhaite un Etat juif moderne, faisant partie du monde occidental, autrement dit: une démocratie.
Au fil des années, le gouvernement de l'Etat d'Israël s'est efforcé d'aplanir, dans la mesure du possible, ce conflit et les contradictions que soulèvent ces deux pôles contradictoires. Les deux parties ont renoncé à certaines de leurs revendications.
La population séculière a accepté certaines lois soulignant le caractère juif du pays.
De cette manière, le statu quo Etat-religion a pu se maintenir pendant des années, émaillé ça et là de dérogations et d'exceptions. Mais aujourd'hui, on voit apparaître des fissures qui se transforment en abîme et dont les deux parties sont responsables. D'une part, ces dernières années, les orthodoxes n'ont cessé de gagner en poids politique, et ils s'efforcent de transposer ce pouvoir en lois religieuses. Ils tentent de plus en plus de contourner ou de modifier, de façon à transformer peu à peu Israël en Etat halakhique.
Contrairement à jadis, ils ne se donnent même plus la peine de dissimuler leurs intentions. Un chef du parti orthodoxe Shas a déclaré: «Dans peu de temps, la Knesset sera devenue Beit HaKnesseth»... autrement dit, une synagogue.
Par ailleurs, on assiste à une évolution paradoxale: le soutien d'une majorité séculière a permis de voter à la Knesset des lois fondamentales se trouvant en contradiction, du moins partielle, avec des lois «normales» (en Israël, les lois fondamentales sont celles qui Bénéficient d'une protection particulière et ne peuvent être modifiées qu'à une majorité absolue au sein de la Knesset). Les lois «normales» imposent au citoyen de vivre dans l'observance de principes religieux.
Au vu de tous ces problèmes dont l'importance va croissant, la confrontation et le choc étaient devenus inévitables.
C'est ainsi que le dimanche 14 février, les orthodoxes ont organisé une manifestation de masse. Cette date marquera certainement l'histoire de l'Etat d'Israël comme le début d'une nouvelle ère dans les relations entre séculiers et religieux. Dans l'ensemble, cette manifestation a été une démonstration très impressionnante de la puissance des orthodoxes. Un demi-million de personnes, vêtues pour la plupart de caftans et entièrement habillées de noir, se sont rassemblées à l'entrée de Jérusalem afin de protester contre ,les agissements sataniques contre notre sainte religion et contre le grand danger de la dictature de la Cour de justice séculière et la violation des valeurs sacrées». Des femmes orthodoxes participaient également à la manifestation. Pour la première fois dans l'histoire du monde orthodoxe, les rabbins avaient autorisé leur participation, à condition toutefois qu'elles soient séparées des hommes. On estime qu'environ 20.000 femmes y ont pris part. Elles se trouvaient confinées dans une zone qui leur était réservée, en périphérie de la manifestation.
Les participants ont fait preuve d'une grande retenue. Il n'y a pas eu de discours enflammés, rien qu'une courte allocution de l'organisateur de la manifestation, le rabbin Porush. D'une voix larmoyante, il a annoncé les nouvelles lignes directrices séculières auxquelles le peuple israélien était exposé. Son discours se composait pour l'essentiel d'une prière que l'assistance a reprise. Il intégrait également certains passages partiellement issus des Psaumes, et dont les initiales formaient les mots «discorde diabolique». Cette prière a également été dite lors du Yom Kippour, principale fête juive.
Non loin de cette manifestation, 50.000 séculiers s'étaient réunis dans un grand parc au pied du siège de la Cour suprême, à laquelle ils entendaient témoigner leur soutien. Bien que ces deux manifestations n'aient été séparées que d'un kilomètre et demi, elles étaient en fait à un monde de distance.
En dépit de toutes les craintes, aucun incident violent n'a été rapporté au cours de cette journée difficile. Les orthodoxes ont suivi les directives de leurs rabbins, évitant de se diriger vers le siège de la Cour suprême; de leur côté, les séculiers n'ont pas marché en direction des orthodoxes. Malgré le calme qui a régné sur place, ces événements sont d'une importance capitale et démontrent clairement que la société israélienne est en difficulté.
Commentaire:
De plus en plus, toutes les difficultés qu'affronte Israël démontrent qu'il a besoin de Jésus. Lui seul peut résoudre les problèmes. Ce fait mérite d'être remarqué: quel autre peuple doit faire face à autant de difficultés qu'Israël? Du point de vue humain, c'est presque décourageant. Il en est souvent ainsi pour les desseins de Dieu; car le diable tente par tous les moyens à sa portée de ruiner le projet et l'oeuvre de Dieu. Nous en faisons également l'expérience dans notre travail: si un projet en faveur de Jésus est mis en oeuvre, il est contesté et remis en question de toutes parts. C'est toujours bon signe. Dans cette optique, les nombreuses embûches qu'affronte Israël sont un signe attestant que Dieu atteint Son but avec Son peuple. Car l'Eternel écrit l'histoire avec et en Israël, et Jésus reste plus grand que tous les périls. Quand nous serons à la fin, Dieu agira. Les embarras et les problèmes d'Israël iront croissant jusqu'à ce que tous les peuples marchent contre Israël; mais à cet instant, Jésus apparaîtra dans Sa puissance et Sa majesté pour délivrer Son peuple (Zach. 12 et 14).
Dieu veille sur Israël afin que les difficultés actuelles n'aillent que jusqu'à un certain point, et pas au-delà. Ainsi, nous pouvons faire confiance au Seigneur pour qu'il n'y ait jamais de guerre civile en Israël. De même, dans notre vie personnelle, le Seigneur veille à mesurer les difficultés. Nous l'avons déjà écrit à plusieurs reprises dans ces pages: c'est précisément dans ces difficultés qu'Israël a le plus besoin des prières des membres de l'Eglise du Seigneur, ses seuls vrais amis! CM
Nouvelle d'Israël 04 / 1999