Le ministre Ariel Sharon répond à chaque protestation américaine Dar de nouvelles colonies
Depuis deux décennies les esprits s'échauffent dans le pays dès qu'il est question de la colonisation des «territoires occupés». Des divergences se manifestent dans le peuple: les uns sont des partisans enthousiastes et inconditionnels de cette politique, les autres des adversaires tout aussi inflexibles. Aucun autre point ne donne lieu à de telles controverses. Selon des informations officielles, 1'065'000 Arabes vivent dans les «territoires occupés», 610'000 d'entre eux dans la bande de Gaza. Dans la même région habitent environ 75'000 colons juifs dans 90 villages différents, donc moins de 10 pour cent de la population arabe. Le Mouvement de colonisation affirme par contre que 100'000 colons sont présents, ce qui est, d'après une estimation récente, «fortement exagéré». De plus, les enfants de moins de 15 ans représentent la moitié des colons.
Les avantages matériels attirent plus que l'idéologie
L'opposition est surtout amère à l'endroit des avantages matériels, supérieurs à la moyenne, qui sont offerts aux colons. De gros montants sont débloqués pour les écoles, la plupart religieuses. Ils ont la possibilité d'obtenir des crédits lors d'achats d'appartements - ou de ne devoir payer que de bas loyers - et des facilités pour créer des écoles modernes ne comptant que dix élèves par classe, alors que, généralement, la population par classe est quatre fois plus élevée partout ailleurs en Israël. En outre, la plupart des colons ne travaillent pas dans la bande ouest. Ils retournent quotidiennement à leurs anciens lieux de travail à Jérusalem ou à Tel-Aviv.
Depuis qu'il existe, le gouvernement actuel de Yitzhak Shamir peut faire état de nombreuses réalisations. Mais sans la volonté d'avancer du ministre de la Construction, Ariel Sharon, la politique de colonisation n'aurait pas pu prendre un tel essor. Sharon en est son champion incontesté. Son idée «géniale» est la concentration.
Ariel Sharon a décidé de faire construire un grand nombre de maisons dans les colonies déjà existantes, puisque les Américains protestent de plus en plus véhémentement contre les nouvelles implantations. Une telle concentration n'a pas toujours lieu dans la colonie, mais à quelques kilomètres de là, ce qui revient, en fait, à en créer une nouvelle. Le fer de lance idéologique de Sharon est le «Gush Emunim» (bloc des loyaux), des jeunes, ayant eu pour la plupart une éducation religieuse, et qui voient dans la colonisation leur but suprême.
Ariel Sharon répond à chaque contestation américaine par la construction de maisons et d'appartements dans les territoires occupés. Il lance à James Baker des défis à chacune de ses visites éclairs: tantôt il s'agit d'une nouvelle colonie dont le gouvernement n'a soi-disant aucune connaissance, tantôt ce sont 15 «appartements-mobilhomes» qui peuvent être installés partout et très rapidement, ou encore on découvre des plans pour 12'000 nouveaux appartements, même si cette dépense, qui s'élève à 450 millions de dollars, n'a pas été prévue dans le budget. Sharon est initiateur, projeteur et exécuteur en une seule personne. Pour ses adversaires, il ne fait aucun doute qu'il aimerait détruire cette petite plante fragile qu'est le début des discussions pour la paix. Il voudrait implanter 200 à 300 nouvelles colonies dans toute la bande ouest, même si la plupart ne devaient compter qu'une douzaine de familles chacune. D'après sa conception, il devrait y avoir une telle colonie près de chaque localité arabe pour «créer plus de sécurité». Cette politique diviserait de manière efficace l'entité arabe.
Ariel Sharon a récemment visité des colonies israéliennes dans les environs de Jérusalem. De nombreux chantiers y ont été ouverts dernièrement, surtout en bordure des colonies Maale Adumim et Gush Ezion, au sud de la ville. «Je me réjouis que Maale Adumim, où vivent 15'000 Israéliens, se développe», a-t-il déclaré lors d'une visite d'un des 3'600 chantiers qui rapprochent la colonie de la périphérie nord-est de Jérusalem. Ariel Sharon s'est ensuite rendu en Cisjordanie occupée. Il était accompagné de délégués du «Front d'Eretz Israël» qui est ultra-orthodoxe et composé de plusieurs membres de diverses fractions parlementaires nationalistes.
Entre-temps, le Président du conseil des ministres Yitzhak Shamir s'est rangé derrière son ministre de la Construction. Le mouvement pacifiste israélien «Paix maintenant» a sommé le ministère de la Justice de lancer une accusation contre Sharon pour «excitation à la guerre civile». Après son retour des USA, Sharon a qualifié les adversaires de la politique de colonisation des territoires occupés de «commando d'espionnage» au service des USA. Yitzhak Shamir a affirmé que la déclaration de Sharon est «fondée».
Entre-temps, deux cadavres d'Arabes ont été découverts. Ceux-ci auraient été tués par des militants palestiniens, pour une prétendue collaboration avec les Israéliens. D.W.
Nouvelles d'Israël Juillet 1991