Le problème du Proche-Orient tel qu'il se présente réellement

 

Ernest Cramer

A la lecture des journaux, en écoutant les informations à la télévision et les délibérations des politiciens d'Europe et d'Amérique, on en vient à la conclusion que la paix pourrait être depuis longtemps une réalité, si le Premier ministre israélien, Menachem Begin, ne faisait pas obstinément obstacle au progrès dans cette direction.

On prétend qu'Israël joue la comédie pendant les négociations en vue d'un retrait du Liban, afin d'avoir le temps de construire sans interruption de nouvelles implantations en Cisjordanie, et de mettre le reste du monde devant un fait accompli.

Il est sans cesse question du chef de l'OLP, Yasser Arafat, qui aurait accepté la réforme et n'aurait plus à convaincre que quelques groupements clandestins pour pouvoir rendre officiel son accord au droit à l'existence d'Israël. On ignore volontairement que c'est le même homme qui tient à maintenir le combat contre Israël, et à intensifier l'activité terroriste.

On apprend aussi que le roi Hussein de Jordanie parle d'une fédération entre son pays et l'Etat palestinien projeté, et rêve de retourner à Jérusalem-Est.

on lit que Saddam Hussein, le président irakien, déclare qu'il n'existe plus aucun homme d'Etat qui désirerait l'élimination de l'Etat d'Israël. Cependant, de nouveaux terroristes palestiniens sont formés dans un camp à proximité de Bagdad.

Le Caire flatte l'OLP, et exige d'Israël une évacuation totale des régions encore occupées depuis le retrait du Sinaï. Parallèlement, on entend que le président Reagan maintient son plan de paix pour le Proche-Orient, plan qui prévoit la remise de la Judée et de la Samarie à la Jordanie. Le gouvernement américain se montre irrité, parce que les efforts pour la paix au Proche-Orient ne marquent aucun progrès, et il charge les Israéliens de cette responsabilité.

En même temps, le parlement européen à Strasbourg dépasse largement les résolutions prises jusqu'à présent et exige - d'une façon autre que le conseil des ministres de la CEE - la création d'un Etat palestinien, toutefois en ajoutant pieusement qu'Israël a droit à l'existence et qu'il faut garantir la sécurité de ce pays.

Malheureusement, on est loin de la réalité. Il est un fait invariable que, jusqu'à présent, - à l'exception de l'Egypte - aucun pays arabe n'a fait un seul pas vers une réelle reconnaissance de l'Etat juif. Même le gouvernement du Caire se range du côté des nombreux adversaires de l'accord de camp David, en s'écartant toujours plus des conventions faites avec la participation du président Jimmy Carter Un autre fait est que le président libanais Amin Gemayel n'osera pas vraiment négocier en vue d'une normalisation des relations avec Israël.

Sinon les régimes arabes «modérés» lui refuseraient l'appui financier très urgent pour son pays. En dépit des négociations sur le retrait d'environ trente mille soldats israéliens du Liban, Gemayel sait qu'il n'a aucune influence sur le retrait simultané des soixante-dix mille soldats syriens et des plus de neuf mille unités de l'OLP, à nouveau installées dans le nord du pays, comme le demande Jérusalem.

La réalité la plus évidente est la réapparition renforcée des Soviets au Proche-Orient. Les fusées du type Sam-S qui, actuellement, sont installées entre Damas et la frontière libanaise, en sont une preuve symbolique. L'été dernier, des fusées semblables, mais à moins grande portée, ont été détruites par les Israéliens dans la vallée libanaise de la Bekaa.

Une des premières décisions stratégiques globales, prise par le nouveau secrétaire général de l'URSS, Youri Andropov, était de ne pas seulement remplacer - selon la promesse de Leonid Brejnev - les diverses armes soviétiques fournies aux Syriens, et démolies par les troupes israéliennes, mais plutôt de manifester la présence soviétique en Syrie.

Jusqu'à présent, les fusées Sam-S (d'une portée de 200 km) n'étaient installées qu'en URSS, en Mongolie et en RDA. Par l'installation de ces armes en dehors de leur propre rayon d'action, les Soviets cherchent à bloquer la paix sous la direction bureaucratique américaine au Proche-Orient. La Syrie dépend davantage de Moscou. Le gouvernement d'Hafez el Assad a reçu entre autres, l'ordre d'empêcher à tout prix une politique plus modérée au sein de l'OLP. Cet engagement soviétique renforcé ne menace pas seulement Israël, mais tous les pays de la région qui refusent d'être des vassaux du Kremlin et, de ce fait, toute la stratégie américaine au Proche-Orient est touchée.

Au lieu d'exhorter Jérusalem à fléchir, les hommes d'Etats occidentaux feraient mieux d'employer une politique plus intelligente et souhaitable pour convaincre les gouvernements arabes modérés à faire la paix avec Israël.

Alors - mais seulement alors - les problèmes actuellement insolubles, comme par exemple celui de l'avenir de la Cisjordanie, pourraient être pris en main avec plus de facilité. Alors il n'y aurait plus de Premier ministre israélien «obstiné».

Nouvelles d'Israël 06 / 1983

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