Le «processus de paix» entamé par le gouvernement Shamir lors de la Conférence de Madrid a pris un nouvel essor à la suite du changement de gouvernement en Israël. A la fin août s'est ouverte à Washington la sixième table ronde entre Israël et ses voisins arabes, la Syrie, le Liban et la Jordanie. Une délégation palestinienne a également pris part aux conversations à côté de la délégation jordanienne.
Les négociations se sont ouvertes dans un climat optimiste. La longue série de gestes politiques accomplis par le gouvernement Rabin y a largement contribué le geste le plus significatif a été la déclaration qu'Israël est en principe prêt à renoncer à une partie des hauteurs du Golan, en échange de la paix avec la Syrie. C'est ce qu'a communiqué au début des négociations le président de la délégation israélienne, le professeur Itamar Rabinovith. Il est dit dans cette communication qu'Israël admet le fait que la résolution 242 de l'ONU s'applique également aux hauteurs du Golan. Cette résolution, qui a été prise après la guerre des Six Jours, comporte le principe du retrait des territoires occupés. Jusqu'à présent, Israël restait attaché à la conviction que cette résolution avait déjà été appliquée lors du retrait du Sinaï et que l'entente avec la Syrie ne comportait pas de retrait. Cette modification de la position israélienne a été vue dans le monde et surtout dans les Etats arabes comme un virage à 180 degrés qui a immédiatement détendu l'atmosphère. Toutefois, le Premier ministre Yitzhak Rabin s'est empressé de préciser qu'Israël n'a pas l'intention de «redescendre» des hauteurs du Golan, mais il a ajouté «qu'il n'est pas absolument nécessaire de rester accroché à chaque centimètre». Les observateurs s'accordent pour dire qu'Israël a enfin offert aux Syriens un retrait partiel, en l'occurrence du nord du Golan, où se trouvent principalement des villages druses.
D'autre part, Israël a levé onze ordres d'expulsion à l'égard de chefs de l'Intifada et relâché 800 détenus palestiniens; il a également rouvert des rues, des ruelles et des maisons qui avaient été murées au cours des dernières années à la suite de jets de pierres ou d'attaques à l'aide de cocktails Molotov.
Lors des négociations elles-mêmes, Israël a également fait aux Palestiniens une série de propositions radicales dans la voie d'une autonomie. On compte parmi celles-ci la gestion directe de l'élection du conseil d'autonomie, ses institutions et ses larges pouvoirs au niveau de l'administration des tâches quotidiennes des Palestiniens après les élections.
Malgré l'euphorie qui a suivi l'ouverture des entretiens, il s'est vite avéré qu'un long chemin reste à parcourir avant d'atteindre un quelconque accord. Les Arabes ne se sont pas contentés des gestes israéliens et ont présenté des revendications qu'Israël ne peut pas satisfaire. Les Syriens se sont empressés de faire savoir qu'ils ne sont pas intéressés par un accord ne prévoyant qu'un retrait partiel d'Israël. Damas n'a qu'une seule exigence: un retrait total d'Israël des hauteurs du Golan en échange de l'arrêt des hostilités. Les Palestiniens ont pour leur part déposé une longue liste de revendications, qui, si elles étaient satisfaites, remplaceraient pratiquement l'autonomie par un Etat indépendant, avec un parlement, des pouvoirs législatifs, etc.
Au sein même de l'Etat d'Israël, l'opposition a violemment critiqué la position du gouvernement. Les habitants des hauteurs du Golan, dont une partie sont membres du parti travailliste de Rabin, se préoccupent du sort de leurs implantations. Les colons de Judée, de Samarie et de la bande de Gaza, et bien sûr les fractions de l'opposition à la Knesset, ont exprimé leur colère vis-à-vis des gestes accomplis en direction des Palestiniens, qu'ils jugent inutiles. Ils affirment que la politique menée actuellement par le gouvernement débouchera à terme sur ce qu'un grand nombre d'entre eux considèrent comme un horrible cauchemar: la création d'un Etat palestinien dans les territoires occupés, avec à sa tête Yasser Arafat. (ZL)
Nouvelles d'Israël Novembre 1999