Problèmes du retour (les) 1990

 

- En cinq ans, l'émigration juive fera grossir la population d'Israël de près de 25%. C'est un poids énorme pour l'économie du pays; les problèmes sont nombreux. Mais les prophéties bibliques s'accomplissent à la plus grande joie de ceux qui croient à la place d'Israël dans le plan de Dieu...

 

La parution du livre Exodus Il nous a tous concernés et interpellés . . . mais aussi déçus, quand la date annoncée par la vision s'est trouvée échue. Or le voilà, ce miracle; et de quelle ampleur quand on voit ces vagues d'immigrants! De tous les âges, de toutes les conditions, de toutes les villes d'Union soviétique.

On ne peut oublier qu'il y a quelques mois encore, l'URSS était une vaste prison d'où les Juifs ne pouvaient sortir qu'au compte-gouttes et toujours à la suite de pressions internationales. Oui, combien grande est notre joie de les voir arriver et combien plus affermie est notre foi de voir la Parole de notre Dieu s'accomplir à la lettre envers et contre toutes les théologies "de remplacement".

Il est impossible, cependant, d'ignorer les problèmes que pose une telle immigration sur le plan humain. Quel pays absorberait facilement un apport de population de 150 000 personnes pour cette seule année 1990 et d'un million pour les cinq années à venir? C'est comme si la France devait intégrer sur son territoire, d'ici à 1995, l'équivalent des populations de la Suisse et de la Belgique. Mais il est vrai que la "raison d'être" de l'Etat d'Israël est de servir de refuge à tous les juifs persécutés. Il l'a été dans le passé, il veut l'être dans le futur et personne, dans les partis politiques ou au sein de la population, ne veut mettre un frein à cette immigration.

L'Etat d'Israël prend en charge tout nouvel arrivant: depuis le moment où est remplie sa demande d'immigration auprès de la délégation israélienne à Moscou jusqu'à son installation, il est "accompagné". Les émigrés sont donc logés, pris en charge pour l'étude de la langue hébraïque et pourvus d'un travail. C'est un véritable défi économique qu'Israël doit relever par la foi. Au total, un couple "coûte" 10 000 dollars par an auxquels s'ajoute une allocation de 300 dollars par mois jusqu'à son entrée dans l'appartement de son choix. Certes des budgets sont votés pour de tels "exploits", mais d'où l'Etat pourra-t-il tirer ces moyens financiers et comment fournira-t-il tant de logements?

D'autres problèmes existent, plus "psychologiques". Comment ces nouveaux citoyens peuvent-ils s'adapter à une mentalité, à une culture et à un système politique qu'ils n'ont jamais connus? Problèmes d'autant plus difficiles que plus de 10% d'entre eux ont dépassé l'âge de 65 ans. Les hôpitaux gériatriques, les appartements adaptés deviennent une nécessité. Par ailleurs, 3000 enfants juifs entre 6 et 15 ans sont attendus de la région de Tchernobyl, radioactive après l'explosion du réacteur d'une centrale nucléaire.

Un premier convoi de 196 enfants a été rapatrié par le mouvement religieux Habad. A leur arrivée, tous ont été pris en charge par l'Hôpital Hadassah de Jérusalem où le professeur Z. Wessler, du département de radiologie, leur a fait subir tous les tests de radioactivité. Pour l'instant, on ne connaît que 5 cas de leucémie.

Aux difficultés financières, humaines, sociales et médicales s'ajoutent des problèmes plus politiques. N'insistons pas sur la question de l'implantation des immigrés dans les territoires, quasiment inventée par les ennemis d'Israël et relayée par les médias internationaux. Plus intéressant est le fait que 30% des immigrants ne sont pas Juifs. Beaucoup profitent de la situation et de l'hospitalité de l'Etat d'Israël. Le gouvernement soviétique ne laisse partir que les "juifs" à destination d'Israël; mais Israël n'a guère de possibilités de prouver l'origine juive de ceux qui veulent émigrer, alors qu'il est très facile de se procurer des "faux" pour une somme modique. Pour ces immigrants aussi, Israël représente le pays de la promesse, en attendant qu'ils puissent continuer leur chemin vers les Etats-Unis, vers le Canada ou vers l'Australie.

Sans l'aide du peuple juif dans le monde, il serait difficile à Israël de faire face à cet Exodus 11; mais l'Eglise de Jésus-Christ et ceux qui croient à l'avenir d'Israël et à sa place permanente dans le plan de Dieu ont aussi leur rôle à jouer. La satisfaction de voir s'accomplir le miracle espéré doit encourager les chrétiens dans leur foi. Celui qui a commencé cette oeuvre l'achèvera, quels que soient les problèmes que l'on discerne à vue humaine.

Victor Smadja

AVENEMENT Septembre 1990 No 18 / P 22

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