La paix, la paix, et pourtant pas de paix

 

Plus le temps passe après la signature de l'accord de principe entre Israël et l'OLP, plus l'euphorie qui avait enflammé une partie de la population d'Israël s'estompe. Des sondages réalisés à la mi-novembre, c'est-à-dire un mois avant la date prévue pour l'application des accords, ont révélé que de moins en moins d'Israéliens croyaient que ceux-ci apporteraient la paix si ardemment souhaitée.

La raison de l'affaiblissement du soutien apporté par l'opinion israélienne à ces accords réside dans la poursuite des attentats terroristes palestiniens et dans le sentiment que Yasser Arafat n'est pas en mesure d'empêcher la terreur. Entre la signature des accords (13 septembre 1993) et le 13 novembre, des terroristes palestiniens ont tué 8 Israéliens, parmi lesquels on trouvait même quelques civils. Au moins un de ces actes terroristes a été perpétré par des partisans du Fatah - l'organisation palestinienne dépendant directement de Yasser Arafat. Cinq membres de celle-ci ont tué un Israélien qui voulait acheter des oeufs dans les environs de Beit El. Ils l'ont poignardé et ont ensuite brûlé son corps. Les auteurs de cet attentat ont pu être arrêtés peu de temps après le meurtre. Les interrogatoires ont révélé qu'ils appartenaient au Fatah, ce qui a profondément choqué l'opinion publique israélienne.

En effet, jusqu'à ce jour, on croyait généralement que les actions terroristes étaient le fait de membres du groupe Hamas ou d'autres organisations qui veulent empêcher la paix en attisant la haine entre les deux peuples.

Cet affaiblissement de l'enthousiasme de la population israélienne pour les accords préoccupe beaucoup le gouvernement américain. A la suite de la découverte de la participation de membres du Fatah à des attentats terroristes, le Président Clinton a ainsi fait fortement pression sur Arafat afin que celui-ci condamne les assassins et appelle ses concitoyens à s'éloigner d'eux. Arafat a cédé et a publié une condamnation diffusée par l'agence de presse palestinienne. Mais pour l'opinion publique israélienne, cette condamnation est arrivée trop tard. En effet, les colons juifs dans les territoires «occupés» avaient entre-temps entamé leurs propres actions de protestation et de vengeance. Chaque assassinat d'un Juif dans les territoires est suivi de débordements des colons - barrages de rue, pneus brûlés et également détérioration de biens arabes. Les colons eux-mêmes ont qualifié leur comportement «d'intifada juive». Selon eux, le manque de protection que leur apporte le gouvernement israélien les contraint à prendre la loi en main et à montrer aux Arabes que le sang juif n'est pas un bien abandonné.

Ces activités illégales placent l'armée et la police israéliennes devant un grave dilemme. En effet, les forces de sécurité israéliennes ont dû soudainement modifier leur stratégie et protéger les Arabes des Juifs. Les soldats n'étaient pas équipés à cet effet et ne sont pas psychologiquement prêts à ce qui pourrait se transformer en guerre civile. Dans certains cas, les soldats ont été obligés de frapper et d'appréhender des manifestants israéliens et ces images qui ont été diffusées à la télévision ont créé un malaise dans toute la nation.

Les Arabes se sont livrés eux aussi à des débordements. Des milieux extrémistes ont appelé à des manifestations dans les rues contre le gouvernement israélien qui ne les protège pas dès agressions des colons juifs. Dans les rues de Ramallah, de Naplouse et d'autres villes, se sont déroulées des scènes que l'on n'avait plus vues depuis longtemps. Des centaines d'enfants et d'adolescents arabes ont jeté des pierres sur des soldats israéliens et leurs véhicules. Les murs se sont couverts d'affiches émanant des organisations soumises à Arafat et appelant à la reprise de l'Intifada et à la violation des accords.

Le gouvernement israélien doit régler ce problème. A l'heure où nous rédigeons cet article, il reste seulement quelques jours avant la date d'application prévue des accords avec l'OLP. Les Israéliens sont en proie à un grand doute et se posent de très nombreuses questions: Existe-t-il vraiment quelqu'un avec qui nous puissions conclure un accord? L'OLP contrôle-t-elle réellement les territoires? Arafat domine-t-il effectivement l'OLP? Dans ces conditions, Israël peut-il réellement retirer son armée d'une partie des territoires et confier la sécurité des colons à la police palestinienne? Sommes-nous menacés par une guerre civile? Toutes ces questions et bien d'autres restent encore sans réponse.

Nouvelles d'Israël 01 / 1994

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