Le passé rattrape Netanyahou

 

Peu de jours après le retour du Premier ministre Netanyahou du sommet de Wye-Plantation, les dirigeants du mouvement Habad, en Israël, ont organisé une conférence de presse. A l'étonnement des personnes présentes, les chefs de ce mouvement ont exhibé une lettre qu'ils avaient reçue de Netanyahou la veille des élections pour la Knesset de 1996. A l'époque, il conduisait l'opposition et était candidat au poste de Premier ministre. Le contenu de cette lettre est sans équivoque. Il promettait aux partisans du Habad de ne céder aucun pouce de la terre d'Israël aux Palestiniens. L'ensemble du mouvement Habad s'était alors prononcé avec force en faveur de Netanyahou par cette devise: «Netanyahou est bien pour les Juifs». Mais voici que les dirigeants du mouvement Habad se déclarent ébranlés par le renoncement de Netanyahou à des territoires d'Eretz Israël dans le cadre des accords de Wye-Plantation. Ce sont précisément ceux qui ont aidé Netanyahou à remporter les élections de 1996 qui se mobilisent maintenant pour faire tomber son gouvernement. De leur point de vue, Netanyahou les a dupés.

Le mouvement Habad représente actuellement un centre de ralliement pour la nouvelle droite: l'association politico-idéologique de tous ceux que Netanyahou a déçus. Ils ne peuvent pas s'accommoder du fait que c'est justement l'authentique représentant de la droite et aussi porte-parole de l'idéologie révisionniste du mouvement sioniste qui renonce au pays de ses ancêtres. Il ne fait aucun doute que par sa signature aux accords de Wye-Plantation, Netanyahou s'est engagé à consentir un retrait de 13% des territoires de Judée et de Samarie. Cette concession représente un événement tragique pour une partie de la population peu nombreuse certes, mais cependant d'un poids certain. Pour la première fois, les colons et leurs adeptes de la droite sioniste réalisent qu'ils ont perdu un combat historique: le rêve du Grand-Israël, avec la colonisation de chaque parcelle du pays et la restauration de l'ancien royaume d'Israël, ne se réalisera pas, du moins pas dans cette génération, d'autant plus que Ariel Sharon, le bouillant défenseur de l'idéologie de la colonisation, a dû s'incliner face à la réalité politique et à la pression internationale.

Une partie de la droite s'est accommodée de cette réalité. La centrale du Likoud a été convoquée pour que lui soient fournis les détails de l'accord afin de l'entériner. Netanyahou n'a éprouvé là aucune difficulté à faire admettre ses agissements et ses décisions, même si son discours n'a pu, contrairement au passé, susciter un brûlant enthousiasme chez ses partisans. Le Premier ministre et sa politique trouvent du soutien dans les rangs de son propre parti. On note cependant la naissance et la consolidation d'une forte opposition dans le noyau idéologique dur dudit parti. Parmi les membres du Likoud du début - qui, pour la plupart, sont des activistes du mouvement Hérouth, chargé d'histoire, et disciples du fondateur du sionisme révisionniste, Ze'ev jabotinskys -, l'intention s'est renforcée de faire obstacle à tout prix à la politique de Netanyahou et, si nécessaire, de renverser son gouvernement. Cette opposition interne constitue la base de départ de l'union de la nouvelle droite. A ces politiciens et au mouvement Habad déjà mentionné sont venus s'ajouter des membres de la Knesset inscrits dans d'autres partis de droite: le Moledet, le Tsomet et naturellement le Mafdal, le parti religieux national qui représente la majorité des colons de Judée et de Samarie.

Selon Netanyahou, il s'agit là d'un développement extrêmement dangereux.

L'union de ces gens pourrait conduire à la chute de son gouvernement et, peut-être, à de nouvelles élections. Il ne fait aucun doute que, dans ce cas, la nouvelle droite présentera son propre candidat pour le poste de Premier ministre. Le report des voix sur cet homme nuirait grandement à Netanyahou, ce qui hypothéquerait sa réélection. Une telle évolution politique, qui entre tout à fait dans le domaine du possible, constitue un cauchemar pour l'actuel chef du gouvernement. Accompagné de son ministre des Affaires étrangères Ariel Sharon, il a plusieurs fois rencontré les responsables des colons et les rabbins du Mafdal, afin de les convaincre qu'il a conclu le meilleur accord possible et que les concessions étaient tout simplement inévitables. Mais les rabbins du Mafdal sont loin d'en être persuadés.

De même chez les porte-parole des colons, le Premier ministre n'a trouvé ni compréhension ni soutien à l'égard de sa politique. Ils ont étudié les cartes géographiques éditées une semaine après la signature de l'accord. Ils n'ont pas manqué de constater que 18 colonies, comptant ensemble 5.000 colons, se trouvent dans des territoires qui passeront sous la compétence de l'Autorité palestinienne (AP). Ils ont décidé de ne soutenir ni un tel arrangement ni la personne qui l'a signé.

Les opposants de Netanyahou ont exprimé leur position lors d'une manifestation sur la Place Rabin, à Tel-Aviv, et cela à l'heure précise où le gouvernement israélien se réunissait pour ratifier l'accord de Wye. Les 15.000 personnes qui y ont participé se sont montrées particulièrement critiques à l'égard de Netanyahou. On a pu y voir l'ancien Premier ministre Yitzhak Shamir, Benjamin Begin, le ministre Raphaël Eitan ainsi que d'autres membres du Likoud qui ont annoncé la création d'un front d'unité nationale contre le gouvernement et l'accord de Wye.

Commentaire:

Il est certain que la ferme intention de Netanyahou n'était pas d'abandonner des territoires. Il a tenu longtemps tête aux Américains, ce qu'aucun autre Premier ministre israélien n'avait fait auparavant. Mais la pression exercée sur lui était telle que personne n'aurait pu y résister. En outre, il doit en être ainsi d'après la Parole prophétique pour que l'Antichrist puisse établir son règne et qu'ensuite, Jésus-Christ revienne en Israël. Si un gouvernement travailliste avait été en place, la situation eût été bien plus grave.

En ces mois et années de troubles, il est de toute importance que de nombreux enfants de Dieu prient pour Israël afin qu'il traverse ce temps pénible soutenu par Dieu, un soutien qui sera plus nécessaire encore sous le règne de l'Antichrist. CM

Nouvelle d'Israël 01 / 1999

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