Pour la première fois depuis la «Paix pour la Galilée» (la guerre contre le Liban en 1982), la présence des forces armées israéliennes au Liban constitue une question-clé de la campagne électorale en Israël.
C'est Ehud Barak, président du Parti travailliste, qui a donné le ton. Lors d'une interview télévisée, il s'est engagé à ramener les soldats israéliens au pays, ajoutant que s'il devenait Premier ministre, tous les soldats israéliens présents au Liban seraient rapatriés pour juin 2000. A peine quelques heures plus tard, le Premier ministre Netanyahou faisait savoir que ce retrait était «une possibilité à envisager». Ces mots sont tombés à la fin d'une semaine difficile, au cours de laquelle deux incidents sur le sol libanais ont coûté la vie à sept soldats et un civil,
Pour soutenir l'opinion publique et restaurer légèrement le moral, le Premier ministre et le chef de l'Etat-major ont signalé lors d'une conférence de presse nocturne organisée au ministère de la Défense à Tel Aviv que la lutte contre le Hezbollah serait intensifiée, et que des avions de combat seraient mis en oeuvre pour bombarder les points d'appui et les camps d'entraînement de l'organisation terroriste.
Ce bombardement a apporté des résultats mitigés: les cibles ont bien été détruites, mais les terroristes, qui s'attendaient à l'intervention, n'ont pratiquement subi aucun dommage.
L'armée critique la classe politique
Dans une démarche très inhabituelle, des officiers supérieurs des forces armées israéliennes se sont adressés à la presse israélienne pour critiquer les candidats aux fonctions gouvernementales qui, à leur avis, exploitent les pertes essuyées par l'armée au Liban et tentent de les récupérer sur le plan politique. Les officiers, qui s'exprimaient sous le couvert de l'anonymat, ont exprimé leur crainte de voir le débat sur un retrait unilatéral de l'armée israélienne devenir le thème principal de la campagne électorale. Ils redoutent en outre que les promesses politiques concernant un retrait endéans l'année influencent de manière très durable la résistance des soldats stationnés au Liban, et affaiblissent la position israélienne face au Hezbollah. Ces officiers pensent qu'un retrait du Liban préservant la sécurité des habitants du Nord d'Israël n'est possible que moyennant des négociations officielles sérieuses avec la Syrie. «Dans les circonstances actuelles, une décision en la matière n'aurait aucun fondement et ne serait qu'une manifestation de faiblesse», ont commenté les officiers.
Le Habad abandonne Netanyahou
Le tribunal rabbinique du Habad a décidé de ne pas participer à la campagne électorale cette année, préférant se concentrer sur des «actions» favorables à la diffusion de la foi judaïque.
Cette décision devrait mettre fin à une pénible confrontation qui a donné lieu à plusieurs échanges de propos disgracieux entre diverses personnalités du mouvement du Habad. Tout tourne autour de la légitimité du soutien accordé à Benjamin Netanyahou au cours de la dernière campagne électorale. Le soutien du Habad à l'ex-leader de l'opposition et la campagne électorale massive lancée sous la devise «Netanyahou, un plus pour les Juifs» comptent parmi les facteurs décisifs - voire le facteur essentiel - qui ont donné à Netanyahou un mince avantage sur Shimon Peres.
Publicité pour le Shas
La lutte pour le soutien du chef du mouvement Shas, le rabbin Ovadia Josef, est de plus en plus frénétique à mesure que les élections approchent. Dans cet affrontement, les parties ne ménagent pas leurs efforts et élaborent des tactiques très sophistiquées, comme l'a appris à ses dépens Yitzhak Mordechaï, dirigeant du Parti du Centre et candidat au poste de Premier ministre. En février, il a suscité l'étonnement du public israélien en se faisant photographier tandis qu'il embrassait la barbe du rabbin à l'occasion d'une visite qu'il rendait à ce dernier (voir l'article dans notre précédente édition).
Il s'agit d'une coutume courante dans la communauté kurde, dont fait partie Mordechaï. Ce geste lui a également permis d'obtenir le soutien des rabbins du mouvement Shas, qui ont même l'habitude d'embrasser les pieds du rabbin Josef. Sur ces entrefaites, Netanyahou n'a pas hésité et s'est à son tour employé à récupérer le soutien des électeurs du Shas. Pour ce faire, il a choisi la fête du Pourim, et a décidé de rendre visite au rabbin chez lui après la prière, accompagné de sa femme et de ses fils.
«Un seul Israël»
En mars, la politique israélienne a assisté à un phénomène unique: des politiciens de longue date, d'anciens partisans du Likoud, membres du mouvement «Gesher», se sont associés avec des «colombes», autrement dit des membres du Parti travailliste et du mouvement religieux modéré «Mimad», dans le but de créer un nouveau mouvement dénommé «Un seul Israël» se présentant aux prochaines élections.
Ce nouveau mouvement est dirigé par Ehud Barak, député à la Knesset et président du Parti travailliste. Son partenaire au sein du mouvement «Un seul Israël» est David Levy, ancien ministre des Affaires étrangères des gouvernements Netanyahou et Shamir. Il apporte également la présence du Professeur Avi Ravitzky, membre du parti «Gesher» et dirigeant du «Mimad». Ravitzky et ses partisans se sont détachés du parti national religieux Mafdal voici quelques années, lorsque celui-ci s'est de plus en plus rapproché des orthodoxes et a souscrit à leurs objectifs.
Pour Ehud Barak, susceptible d'être élu au poste de Premier ministre, la fondation du nouveau mouvement est d'une grande importance stratégique, surtout au vu de son alliance avec David Levy.
Commentaire:
Quel que soit le résultat des élections en Israël, notre Seigneur sait déjà qui sera le prochain Premier ministre israélien. C'est Lui qui nommera le nouveau gouvernement, et c'est Lui qui contrôle tout l'imbroglio israélien. Soyons-en convaincus! CM
Nouvelles d'Israël 05 / 1999