Elections captivantes prévues pour le 17 mai prochain
L'élection de la Knesset et celle du Premier ministre auront lieu en Israël le 17 mai prochain, soit environ 23 mois avant le terme officiel de la législature du gouvernement Netanyahou.
Cette décision qui a été votée à une majorité de 85 voix par la Knesset au début du mois de janvier clôture un chapitre politique important de l'histoire de l'Etat d'I sraël et marque le lancement d'une nouvelle campagne électorale.
La décision d'organiser des élections anticipées a provoqué un véritable séisme politique en Israël. Les partis israéliens ont reçu la nouvelle comme une douche froide, car ils n'y étaient absolument pas préparés. Cela ne les a pas empêchés de s'organiser rapidement en vue de ces élections, ce qui s'est traduit dans un premier temps par l'établissement de leur programme électoral, la mise sur pied accélérée de l'infrastructure interne nécessaire et la préparation des listes de candidats pour l'élection de la 15, Knesset.
Parallèlement, les préparatifs fébriles en vue de l'élection directe du Premier ministre qui dirigera le prochain gouvernement ont également démarré. Outre Benjamin Netanyahou (Likoud) et Ehoud Barak (Parti travailliste), deux autres personnes ont déjà annoncé leur intention de se porter candidat pour ce poste. Selon les estimations actuelles, aucun des candidats cités jusqu'ici n'a la moindre chance de remporter ces élections au premier tour. Il s'agira donc probablement de la première élection de l'histoire de l'Etat d'Israël où un second tour sera nécessaire. Conformément à la législation en la matière, ce deuxième tour doit avoir lieu 14 jours après le premier, soit, dans ce cas-ci, au mois de juin. Ne subsisteront pour ce second tour que les deux candidats qui auront obtenu le plus de voix au premier. L'élection se fera alors à la majorité simple.
Séisme au Likoud
L'annonce de l'organisation d'élections anticipées a véritablement ouvert la «boîte de Pandore», provoquant des divisions et des conflits lourds de conséquences au sein de la droite israélienne.
Le premier à faire connaître son opposition à Netanyahou a été l'ancien ministre des Finances, Dan Meridor. Au cours d'une conférence de presse très fréquentée organisée par ses soins, Meridor a annoncé qu'il quittait le Likoud et qu'il avait l'intention de fonder un Parti du Centre dans le cadre duquel il se porterait candidat à la fonction de Premier ministre.
Quelques jours plus tard, le fils de l'un des fondateurs du Likoud, le député Benjamin Begin, a suivi la même voie. Begin a reproché à Netanyahou d'avoir cédé des territoires aux Palestiniens et a annoncé son intention de créer un nouveau parti qui, en termes de tendance politique, rejoindra l'extrême droite qui rejette catégoriquement les accords d'Oslo. Moins de 24 heures plus tard, Begin était déjà rejoint par un ancien chef d'Etat, Yitzhak Shamir, qui n'a pas non plus hésité à critiquer Netanyahou en le qualifiant «d'ange de la destruction».
Mais le plus violent et avec le recul - le plus important séisme qui a secoué le Likoud a été la démission du ministre de la Défense Yitzhak Mordechaï et son ralliement au Parti du Centre.
A la surprise générale, une autre figure centrale du Likoud s'est décidée à se battre contre Netanyahou pour la direction du parti. Il s'agit de Moshe Arens, qui fut ministre des Affaires étrangères et de la Défense sous le gouvernement Shamir. jusqu'à présent, Arens passait pourtant pour être le protecteur de Benjamin Netanyahou.
Vu l'opposition d'un nombre aussi important de membres du parti - qui plus est, toutes des personnalités -, Netanyahou ne pourra plus compter que sur le soutien d'un seul ministre, Ariel Sharon. Ce dernier, qui venait d'être nommé ministre des Affaires étrangères, a fait savoir que pour des «raisons particulières» qu'il n'a pas détaillées, il ne se porterait pas candidat pour l'élection de Premier ministre. Soutenu par un noyau dur de fidèles partisans de la centrale du Likoud, Netanyahou va donc affronter bien des adversaires qui veulent lui barrer la route vers une nouvelle législature en tant que Premier ministre.
Séisme au Parti travailliste - Parti du Centre.
Le Parti travailliste n'a pas non plus réussi à sortir intact de la fièvre électorale qui s'est emparée de tout l'Etat d'Israël.
Quelques jours après l'annonce des élections anticipées, un conflit a éclaté au sein du parti quant à la composition de la liste des candidats. Le chef du parti, Ehud Barak, envisageait de réserver une place sur cette liste au président du Parti Gesher, David Levy, qui fut ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement de Netanyahou. Cela faisait d'ailleurs plus d'un mois que Barak menait des négociations secrètes avec Levy à ce sujet.
Finalement, ayant renforcé sa position interne, Ehoud Barak s'est lancé dans la campagne électorale.
Sauf nouvelle surprise d'envergure, l'électeur israélien ne se trouvera plus pour la première fois - devant un choix entre les deux traditionnels partis de droite et de gauche puisqu'un troisième parti, le Parti du Centre, figurera sur son bulletin de vote. Ce groupe sera notamment mené par deux candidats importants: Dan Meridor, dissident du Likoud, et Amnon Lipkin Shachak, chef de l'état-major actuellement démis de ses fonctions.
Yitzhak Mordechaï contre Benjamin Netanyahou
La vie politique israélienne est truffée de surprises, mais aussi de revirements, abus de confiance et autres alliances parfois très brèves. Ainsi, personne n'aurait pu prédire il y a encore un mois qu'un violent affrontement allait éclater entre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de la Défense Yitzhak Mordechaï qui, lors des élections précédentes, s'étaient battus ensemble avec succès contre Shimon Peres.
Il y a trois ans, Yitzhak Mordechaï, général en retraite des forces armées israéliennes, cherchait à se faire une place dans la politique israélienne. Netanyahou, à l'époque candidat du Likoud pour le poste de Premier ministre, le prit immédiatement sous son aile, car il avait très vite vu que Mordechaï pouvait représenter un grand potentiel d'électeurs dans la mesure où il était à la fois général d'armée, séfarade (Mordechaï est issu du groupe ethnique des Kurdes) et homme populaire. Les deux compères s'étaient donc associés, avaient conquis la population israélienne et remporté les élections.
Pour le remercier, Netanyahou l'avait nommé ministre des Affaires étrangères au terme de quelques conflits internes. Mais cette idylle ne devait pas durer longtemps. Netanyahou, qui exerçait sa fonction de manière concentrée et autoritaire, se mit à dévaloriser la compétence professionnelle de Mordechaï. Il ne cessait de l'attaquer et ne lui témoignait pas vraiment beaucoup d'estime. Bien que Mordechaï ait obtenu les meilleurs résultats lors d'élections au sein du Likoud, Netanyahou lui préféra Ariel Sharon. Profondément blessé, Mordechaï s'abstint pourtant de toute réaction et conserva ses fonctions. Sa popularité s'accrût aussi bien en Israël qu'à l'étranger. Pour Clinton, Moubarak et Hussein, qui avaient pratiquement rompu tout contact avec Netanyahou, Mordechaï était l'homme grâce auquel ils maintenaient des relations avec l'Etat d'Israël.
A l'instar de Benjamin Begin et de Dan Meridor, Mordechaï avait perdu toute confiance en Netanyahou et n'avait plus aucun point commun avec lui, ce qui l'a décidé à passer dans le camp de ses opposants.
Néanmoins, contrairement à Begin et à Meridor, Mordechaï ne s'est pas empressé de quitter le parti malgré ses nombreuses attaques contre Netanyahou et sa manière d'exercer le pouvoir, eu égard en particulier aux négociations avec les Palestiniens. De l'avis du ministre de la Défense, le Premier ministre aurait dû satisfaire toutes les exigences des accords.
Lorsque Netanyahou s'est aperçu que Mordechaï rencontrait ouvertement les dirigeants du Parti du Centre et négociait avec eux, il a riposté en le démettant de ses fonctions.
Cette démission a été communiquée à Mordechaï le 23 janvier, à la fin du shabbat, alors qu'il séjournait dans sa maison au village de Motza près de Jérusalem, où il était justement en train de discuter avec le leader du Parti du Centre des conditions de son adhésion. Netanyahou, passé maître dans l'art des relations publiques et spécialiste des apparitions dramatiques à la télévision, a annoncé la démission de Mordechaï au cours d'une émission en direct, au moment même où un coursier remettait la lettre de licenciement au domicile de Mordechaï.
La lettre fut donc lue devant les caméras de télévision. Netanyahou y expliquait qu'il avait dû se résigner à démettre Mordechaï de ses fonctions parce que ce dernier menait des pourparlers avec l'opposition tout en revendiquant - au cas où le prochain gouvernement serait à nouveau formé par le Likoud - une deuxième place sur la liste du parti ainsi qu'une nomination au poste de ministre de la Défense. «Il m'a bien fallu admettre», poursuivait Netanyahou, «que ses ambitions personnelles étaient plus fortes que toute autre considération. Quelqu'un qui se moque ainsi de la confiance des électeurs qui ont voté pour lui n'est pas digne de rester dans nos rangs ni d'assumer une fonction en notre nom.»
Mordechaï n'a pas tardé à réagir à cette annonce et, quinze minutes à peine après le communiqué de Netanyahou, il se présentait devant les caméras de télévision installées devant chez lui. D'une voix tremblante de colère, il a déclaré: «Le Premier ministre Netanyahou m'a adressé une lettre pleine de mensonges et d'erreurs, une lettre comme on peut en attendre d'un politicien médiocre. Cela me fait de la peine de devoir constater que le gouvernement était dirigé par un homme qui n'est plus digne de ma confiance ni de celle du peuple israélien.»
Cette démission a précipité l'adhésion de Mordechaï au Parti du Centre. Cette nuit-là, il fut annoncé que l'ancien ministre de la Défense allait rejoindre ce parti et briguerait en son nom le poste de Premier ministre. Les deux hommes, qui avaient vaincu Shimon Peres aux dernières élections il y a trois ans, se retrouvent donc opposés l'un à l'autre et vont se combattre pour décrocher le poste de Premier ministre.
Le Parti du Centre
L'adhésion de Yitzhak Mordechaï a donné une nouvelle impulsion au Parti du Centre dont la fondation avait été proclamée avec force par le chef de l'état-major en retraite et général de corps d'armée de réserve, Amnon Lipkin-Shachak.
L'un des premiers à rejoindre ce parti a été l'ancien maire de Tel-Aviv, Roni Milo, qui, ces derniers temps, avait perdu beaucoup de son aura. Un peu plus tard, Dan Meridor avait aussi adhéré au Parti du Centre. Toutefois, la dynamique politique du parti n'étant pas très clairement définie, il avait soudain cessé de paraître aussi attrayant mais, comme on dit, le vent a tourné à la suite des événements surprenants de l'affaire Mordechaï. Après en avoir discuté avec ce dernier, Lipkin-Shachak, Meridor et Milo ont décidé de s'épauler. Abandonnant tout objectif politique personnel, ils combattront ensemble sous la houlette du candidat qui aura le plus de chances de battre Netanyahou.
Commentaire:
En tant que chrétiens, nous sommes aux côtés d'Israël. Dans ce chaos, nous sommes plus que jamais invités à prier pour ce peuple et pour que Dieu dirige les choses selon Sa volonté sacrée lors des prochaines élections. Le Seigneur parle souvent contre les bergers infidèles et rappelle que Jésus-Christ est le seul grand Berger qui conduira Son troupeau. Ainsi, nous pouvons lire dans Zacharie 10, 34: «Ma colère s'est embrasée contre les bergers, et je punirai les boucs; car l'Eternel des armées a visité son troupeau, la maison de Juda, et il en a fait son cheval de gloire dans la bataille. De lui est la pierre angulaire (Jésus-Christ), de lui le clou, de lui l'arc de guerre, de lui sortent tous les dominateurs ensemble» (version Darby).
Mais il n'y a dans tout cela rien de nouveau sous le soleil. Aux temps bibliques, notamment dans le Second livre des Rois, il y avait déjà des querelles incessantes entre les divers candidats au trône. Quoi qu'il en soit, il en sera lors des élections du 17 mai prochain comme il en a toujours été: l'homme pense, mais c'est le Seigneur qui commande. CM
Nouvelle d'Israël 03 / 1999