RAPPROCHEMENT ENTRE JÉRUSALEM ET MOSCOU

 

Une évolution inquiétante

Ces dernières semaines ont vu se produire un surprenant rapprochement entre Israël et la Russie. Depuis les années 1950, les relations entre ces deux pays étaient marquées par une sorte d'immobilité et de froideur; suite à la rupture des relations, celles-ci sont demeurées inexistantes pendant bien des années. Aujourd'hui, la situation évolue et les relations connaissent un dégel de plus en plus visible, qui va parfois jusqu'à la franche cordialité.

Au cours des derniers mois, le ministre des Affaires étrangères, Ariel Sharon, s'est rendu plusieurs fois à Moscou. Lors de sa dernière visite, qui a eu lieu début avril et était la deuxième en un mois, il a été reçu très chaleureusement par son homologue Igor Ivanov. Les Russes ont accueilli avec une évidente satisfaction la désapprobation de Sharon vis-à-vis des frappes de l'OTAN en Yougoslavie. En outre, ils se sont montrés très satisfaits de voir que l'Israélien s'abstenait de condamner les Serbes pour leurs actions au Kosovo.

Dans une interview diffusée par «Kol Israël» (la Voix d'Israël), radio officielle de droite, Sharon a appelé à bâtir avec la Russie d'autres relations que par le passé. Il a souligné que si Israël se considère comme faisant partie du monde occidental libre, «il faut regarder vers l'avant et reconnaître que la Russie entame un retour au Proche-Orient.»

Sharon et Netanyahou ont également évoqué une autre raison pour expliquer le rapprochement avec la Russie. De telles relations leur permettraient de juguler les transferts de technologie nucléaire russe en direction de l'Iran, et d'écarter ainsi une menace pesant sur Israël. Ce moyen de lutter contre le péril iranien constituait également le pivot de la visite de Netanyahou à Moscou fin mars, où il a reçu un accueil extrêmement chaleureux. Durant son séjour, il a rencontré le Premier ministre russe, Primakov. La presse a cité ce dernier (Primakov est juif), qui aurait déclaré que s'il était Israélien, il voterait pour Netanyahou. Si Primakov s'est beaucoup irrité de la diffusion de cette déclaration, il ne l'a pas pour autant démentie.

La visite de Netanyahou, couplée aux efforts d'Ariel Sharon, a conduit la commission nationale israélienne de la défense à se prononcer pour une intensification des relations économiques avec la Russie et la reprise d'un dialogue politique au plus haut niveau. En outre, elle a fait savoir qu'Israël et la Russie envisageaient de conclure d'importantes affaires dans le domaine de l'aviation civile et militaire. Un communiqué a même précisé que ces deux pays élaboraient de concert un projet spatial commun concernant un satellite russe équipé d'une technologie unique. Ce communiqué a provoqué l'effroi des Américains, Washington ayant acquis auprès de la Russie le droit d'utiliser un satellite russe dont la construction a toutefois été abandonnée à la demande d'Israël.

Le bureau du Premier ministre à Jérusalem a démenti la nouvelle portant sur une collaboration spatiale avec la Russie. Par contre, il a confirmé un autre communiqué relayé par la presse: Israël aurait bien fait parvenir aux Etats-Unis un message confirmant sa désapprobation vis-à-vis des sanctions considérables que le gouvernement américain envisage d'imposer à Moscou, notamment à la suite du transfert de technologie nucléaire vers l'Iran. D'après Netanyahou, Israël a proposé aux Américains de suspendre ces sanctions pour une période de six mois et, pendant ce laps de temps, de les remplacer par une surveillance minutieuse de la politique russe en matière de coopération militaire avec l'Iran.

Par ailleurs, le bureau de Netanyahou a diffusé un autre communiqué: le Premier ministre israélien est intervenu auprès de la Banque mondiale en faveur d'un prêt exceptionnel à la Russie, d'un montant de 4,8 milliards de dollars, afin d'éviter un effondrement de l'économie russe.

Cette évolution représente un tournant dans la politique israélienne, surtout au niveau de l'attitude du Premier ministre Netanyahou. Lorsqu'il était encore dans l'opposition, il avait en effet demandé les mesures les plus sévères pour empêcher la Russie de transférer sa technologie à l'Iran. jusqu'à présent, c'était Israël qui avait demandé, devant le Congrès américain, une législation obligeant les Etats-Unis à prendre des sanctions à l'encontre de la Russie.

Les avances du gouvernement israélien envers la Russie suscitent de sérieux doutes en Israël. Certains articles de la presse israélienne affirment que les services secrets du pays ont mis Netanyahou et Sharon en garde contre une collaboration trop étroite avec la Russie. Pour le Mossad, la Russie utilise Israël à ses fins propres et s'efforce d'attirer le pays dans un piège. La Russie voudrait tout connaître des détails et des griefs d'Israël au sujet du transfert de technologie à l'Iran, dans le but de mieux cerner les sources d'informations israéliennes et de mettre un terme aux assertions et aux pressions des Etats-Unis dans cette affaire.

Commentaire:

Chose hélas fort symptomatique: Israël se lie plus solidement à la Russie, un ennemi déterminé de Dieu et de Son peuple! Plus tard, un pas semblable sera fait, quand il conclura une alliance avec l'Antichrist. Israël ne devrait naturellement pas non plus compter sur l'Amérique, même s'il est notoire qu'il ne s'est jamais trouvé un pays comme les USA pour lui faire autant de bien. Les faux amis peuvent devenir très dangereux, alors qu'ils ne montrent pas (encore) ouvertement leur inimitié. Il semble qu'après les élections, cette politique israélienne changera (heureusement) de nouveau. CM

Nouvelles d'Israël 06 / 1999

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