Conférence du professeur B. Uffenheimer
Le dernier congrès de Beth-Shalom a été marqué par les événements de Yamit. Avi Farchan, ancien maire de cette ville aujourd'hui ensevelie dans le sable, qui s'opposa jusqu'au dernier moment à l'évacuation, raconta de façon impressionnante cette tragédie devant les participants au congrès. A cette époque, la première phase de Camp-David prit fin pour Israël, qui a rendu toute la péninsule du Sinaï - trois fois la grandeur du territoire israélien - à l'Egypte, à laquelle n'avait jamais appartenu cette presqu'île.
Par cette démarche suicidaire, qui n'a point d'égale dans l'histoire moderne, le gouvernement d'Israël espérait frayer le chemin vers une paix durable avec l'Egypte, et de regagner la sympathie de l'Occident. Cependant, ces espoirs devaient bien vite. être déçus, puisque l'Amérique aussi bien que les Etats du Marché européen ne voulaient pas se contenter de renoncements aussi «insignifiants». Insignifiants - parce que, sur le plan économique, ils cherchent à courtiser les seigneurs arabes du désert, avec leurs réserves et leurs pétro-dollars, aux dépens d'Israël. Ainsi, ils nous harcèlent depuis des années avec le soi-disant problème palestinien, une invention arabe qui a pour but l'anéantissement d'Israël. On parle d'autonomie pour les Palestiniens, sous-entendu la fondation d'un Etat palestinien en Judée, en Samarie et dans la bande de Gaza avec, pour capitale, Jérusalem. En fait, cet Etat devrait être érigé dans les régions occupées par les Jordaniens avant la guerre des six jours.
Le plan du président Reagan qui nous a été présenté, n'est autre qu'une variante artificielle de cette tendance européenne envers Israël. A l'aide d'un langage sémantique emprunté au vocabulaire du parti travailliste israélien, et de discours sur la responsabilité des Américains pour la sécurité d'Israël, Reagan aimerait rendre la pilule plus attrayante. En effet, il a malheureusement réussi à provoquer des différends entre le gouvernement israélien et le parti de l'opposition, pour affaiblir l'instinct de conservation d'Israël.
Pourquoi Israël refuse-t-il aussi fermement le plan Reagan?
Au point de vue juridique, c'est une violation flagrante de l'accord de Camp-David, que l'Amérique avait signé. Malgré toutes les concessions qui lui furent imposées, Begin réussit à empêcher même la moindre mention à un Etat palestinien. A la suite de ce prétendu accord, le statut définitif de la Judée, de la Samarie et de la bande de Gaza, ne devrait être repris qu'après 5 ans par des négociations directes entre les parties impliquées, c'est-à-dire:
Israël, la Jordanie, l'Egypte et les Palestiniens. La position des USA n'y figure pas comme participants, mais simplement comme médiateurs entre les parties, ce qui veut dire qu'ils n'ont pas le droit d'établir des plans personnels. Le plan lui-même fut présenté à Israël comme traité imposé, après que l'administration Reagan se fut entendue secrètement pour cette affaire avec la Jordanie et l'Arabie Saoudite - fait matériel que les «interprétations» du département d'Etat ne pouvaient camoufler. Sans aucun doute, l'ancien ministre des Affaires étrangères Haig a démissionné à cause de ce plan.
Selon son jugement, ce plan n'est pas seulement une trahison envers Israël, mais encore un affaiblissement des intérêts stratégiques d'Amérique et de l'Occident face à l'Union Soviétique au Moyen-Orient.
Qu'exige ce plan dans sa substance et pour quelle raison est-il nécessaire que chaque gouvernement (responsable) doive le rejeter à tout prix? Parce qu'il demande notre retrait jusqu'aux frontières vulnérables d'avant la guerre des six jours, avec une taille de 15 km près de Netanja. Les années cinquante et soixante, où l'on enregistrait pratiquement chaque jour des attaques terroristes venant de la bande de Gaza et de la Jordanie, y compris la terreur de l'artillerie surgissant des hauteurs du Golan, sont encore présentes à notre esprit. A l'époque, ce terrorisme avait provoqué des milliers de victimes. Les représailles que notre armée devait forcément entreprendre pour dissuader les meurtriers et les instigateurs, ont ébranlé notre réputation internationale.
L'isolement se fit de plus en plus sentir, surtout à l'ONU où nous étions - comme aujourd'hui - cloués au pilori. Mais cette fois, nous nous trouverions en face d'un ennemi dont la puissance de choc militaire serait incomparablement plus grande et qui pourrait anéantir Israël par le terrorisme de l'artillerie et de fusées depuis les montagnes de Samarie, sans qu'il ait besoin d'envoyer un seul soldat ou terroriste au-delà de la frontière. Le chef d'Etat de cette configuration serait le malfamé Yasser Arafat, le fondateur du mouvement de l'OLP qui, en obéissant à leur «bible» - la soi-disant convention palestinienne - ambitionne la destruction d'Israël, son ennemi juré.
J'aimerais brosser un tableau de ce qui arriverait alors: Le premier pas de cet Etat palestinien ne serait pas une guerre ouverte - mais l'évacuation d'environ un million de réfugiés, qui végètent depuis 30 ans au Liban. Leurs frères arabes les transplanteraient de façon cynique tout près de la frontière Est d'Israël. Il en résulterait de nouveaux camps de réfugiés qui auraient des répercussions démographiques insupportables sur l'Etat juif. Les conditions misérables dans lesquelles on laisserait ces réfugiés qui, depuis 30 ans déjà, servent de bouc émissaire contre Israël, auraient pour suite un terrorisme dévastateur ininterrompu et des représailles du côté d'Israël. La presse internationale, comme les autres médias, parleraient de réfugiés chassés de Jaffa, de Haïfa, de Jérusalem et de Ramalla, etc. Ce serait au nom de ces réfugiés qu'on plaiderait .leur retour dans leur prétendue patrie palestinienne, pour inonder le coeur d'Israël par cette foule. Dans ces conditions, les Arabes israéliens en Galilée et près de Chedera, appelé le triangle arabe, se définiront de nouveau comme Palestiniens, et réclameront leur autonomie pour être reconnus comme partie intégrante de l'Etat palestinien. Il ne fait aucun doute que la faim internationale du pétro-dollar, et l'intérêt pour le pétrole de la plutocratie américano-européenne, jugeront ces exigences envers Israël comme mesurées, et feront encore appel à la «flexibilité» d'Israël. Voilà les changements démographiques que l'Etat de l'OLP entreprendrait immédiatement.
En même temps, il s'efforcerait de détourner les sources d'eau d'Israël qui jaillissent dans les montagnes de Samarie, ce qui signifierait pratiquement le dessèchement de l'étroite bande de la côte de Tel-Aviv à Haïfa, avec sa population si dense. Au point de vue politique et économique, cet Etat s'assurera la couverture de l'arrière de l'Union Soviétique, à l'aide d'énormes livraisons d'armes, et de conseillers militaires qui séjourneront à Jérusalem-Est, à Ramalla, à Naplouse, etc., pour organiser un nouveau terrorisme. Il est clair qu'avec ce procédé, l'Occident couperait la branche sur laquelle il est assis, car l'élan de l'Union Soviétique vers le Golfe Persique serait un jeu d'enfant depuis ici. Voilà les premières conséquences du plan Reagan, si Israël se laissait imposer ce traité pernicieux. Mais n'oublions pas un seul instant que ce qui a été dit plus haut n'est qu'une idéalisation de l'Etat de l'OLP, car ce que nous avons détruit au Sud-Liban était, dans le vrai sens du terme, un Etat pirate où le meurtre, les viols, le rançonnement et le pillage étaient à l'ordre du jour. C'est de tels produits qu'on implanterait au coeur du pays d'Israël, en Samarie, en Judée et dans la bande de Gaza - avec l'aide, cette fois, du droit international et des armées modernisées de Syrie, de Jordanie, d'Irak et d'Egypte, qui serviraient de couverture de l'arrière militaire. Je fais surtout allusion à l'armée égyptienne, qui est actuellement modernisée de façon révolutionnaire par les USA. Ces forces armées seraient prêtes à tout moment à donner le coup de grâce à Israël.
Je voudrais encore mentionner le fait dangereux que le président Reagan a déjà gagné un large cercle du Sénat américain, ainsi qu'une .grande partie des médias européens et américains pour son plan pernicieux.
Même Carter, son prédécesseur et rival, n'a pas hésité à lui donner un coup de main en déclarant publiquement que le but de l'accord de Camp-David était un Etat palestinien, ce qui est, bien sûr, un mensonge.
Mais le mensonge d'un président est tenu pour vérité - quand bien même ce président a dû abandonner ses fonctions. A cause de la dépendance économique croissante d'Israël des USA, qui s'est encore accentuée par la guerre au Liban, cette lutte atteindra son sommet dramatique au cours de ces prochains mois. Cependant, si Israël résiste avec fermeté à ce projet, le plan Reagan finira par être jeté dans la corbeille à papier - j'en ai la conviction profonde. C'est exactement ce qui s'était passé avec le plan Rogers (appelé selon le nom du ministre des Affaires étrangères de l'époque), qui nous avait été présenté peu de temps après la guerre des six jours. A ce moment-là, Golda Meir déclara qu'aucun gouvernement ne pouvait accepter un tel plan sans trahir des intérêts vitaux d'Israël. Nous ne devons jamais oublier que dans ce coin du monde, la position de l'Amérique est fondée sur un Israël fort. L'Amérique en est parfaitement consciente, mais chaque Administration voudrait tirer profit de deux mondes d'Israël et des Arabes. Cependant, chaque Administration se rend compte que, sans Israël, l'Union Soviétique se serait installée ici depuis belle lurette! C'est pourquoi, aucun président ne peut se permettre d'aller trop loin dans ses manoeuvres de chantage envers Israël - il a beau faire toutes sortes de menaces. Dans cette lutte qui nous attend, nous devons rester inflexibles et faire comprendre ces choses à notre peuple!
Le retrait total du Sinaï représente un affaiblissement stratégique considérable pour Israël. Mais la guerre du Liban a prouvé que les rêves de Sadate sont loin d'être réalisés, lui qui croyait avoir désarmé Israël face à l'Egypte. Son successeur Moubarak qui, immédiatement après le retrait de la zone de Yamit, a gelé les essais de normalisation, et a placé l'Egypte à la tête de l'attaque diplomatique arabe contre Israël - évidemment en violant l'accord de Camp-David - a effectivement ramené les relations avec Israël au point mort, après avoir retiré l'ambassadeur égyptien. Mais il est prudent, car la puissance de choc de l'armée de la défense israélienne l'a par trop surpris, et il n'ose pas toucher aux clauses militaires de l'accord de paix. Un nouvel affaiblissement d'Israël provoqué par une obligation de renoncement territorial, équivaudrait à la déstabilisation du Moyen-Orient par des «inflammations» renouvelées et par l'activation des envies de revanche arabes. Pour Israël, ce serait, certes, un grand malheur; cependant, pour les Etats arabes avoisinants, surtout pour les Palestiniens, mais aussi pour tout l'Occident, cela susciterait des suites catastrophiques. Un Israël «insécurisé» développerait une puissance de choc que ni l'Occident ni "Orient n'auraient soupçonnée; ce serait dramatique pour toute la région. Pour éviter ces dangers apocalyptiques, il nous faut convaincre, tous les jours à nouveau, la population israélienne, de la fragilité du plan Reagan. Je sais que notre peuple aspire à la paix et s'adonne souvent à des illusions de paix. C'est pourquoi nous devons attirer l'attention de notre peuple sur les faits, aussi cruels qu'ils soient. Ce n'est qu'en prenant connaissance de ces choses que nous pourrons frayer le chemin vers la paix.
Comme je l'ai mentionné au début de mon exposé, la pression internationale pro-palestinienne contre Israël, repose sur le mythe d'un peuple palestinien sans patrie.
C'est un fait historique que, à la suite de la déclaration de Balfour, la Jordanie devait devenir partie intégrante du foyer national juif. La déclaration de Balfour concevait les frontières «de la Palestine» resp. d'Israël, plus ou moins conformément à la Bible.
Mais en 1922, lors de la rupture éclatante des droits internationaux, le pouvoir mandataire anglais sépara la région à l'est du Jourdain du foyer national juif, c'est-à-dire d'Eretz Israël, pour la léguer comme principauté au prince du désert Abdalla, le grand-père de Hussein. Cette Jordanie, proclamée royaume en 1936, présente une superficie trois fois plus grande que celle de l'Israël actuel, La population compte 3 à 4 millions d'habitants: 95 à 99% de cette population est constituée de Palestiniens, 1 à 2% sont des Bédouins, et le reste provient de la partie ouest du Jourdain. L'intelligentsia et la souche dirigeante sont justement des Palestiniens, et tous ont leur parenté à Jérusalem.
Bref - La Jordanie est la patrie des palestiniens ! A l'est du Jourdain se trouvent les régions ayant appartenu autrefois aux tribus de Manassé et de Ruben.
C'est le pays de Galaad qui, selon la Bible, appartient aux 12 tribus d'Israël. Ce sont des surfaces riches en eau qui ne sont pas encore exploitées, et qui attendent simplement des mains d'hommes - les mains des Palestiniens. Les réfugiés du Liban, qui n'arrivent pas à s'intégrer au Liban, pourraient y construire leur avenir dans la dignité humaine. En ce qui concerne les Palestiniens de Judée et de Samarie, ils pourraient, s'ils le voulaient, vivre dans leur propre Etat là-bas. Quoi qu'il arrive, un deuxième Etat-nain palestinien entre le Jourdain et la mer serait une torche incendiaire, pareille à celle du Liban, qui engloutirait aussi la Jordanie. Si l'Administration Reagan devait placer sa renommée sur la carte palestinienne, elle saperait, entre autres, la position de l'Amérique et de l'Occident et déclencherait une guerre et la destruction dans notre région.
C'est à l'ombre du plan Reagan que je voudrais considérer les événements des derniers mois, surtout ceux du Liban, ainsi que la vague antisémite en Europe. Quant à l'aspect moral de la guerre au Liban, j'insiste sur le fait qu'Israël n'a besoin de se justifier devant personne. Nous avons à rendre compte uniquement à notre Dieu et à notre conscience! C'était une guerre de défense dans le vrai sens du terme. Il est vrai que cette fois, Israël a pris l'initiative sans attendre qu'on lui mette le couteau sur la gorge. Il n'a pas commis la même faute que lors de la guerre du Yom Kippour, où l'attaque inattendue des Egyptiens et des Syriens avait coûté la vie à plus de 3000 jeunes soldats et occasionné des milliers de blessés et d'handicapés. Cette blessure saigne encore .aujourd'hui en Israël. Cette fois encore, le prix à payer était lourd. On a compté près de 400 morts et de nombreux blessés. Mais si nous avions laissé le temps à l'OLP et aux Syriens d'intervenir, il y aurait eu, selon les estimations, 10 000 à 15 000 victimes des seules fusées syriennes. Et entre autres, toute la ville de Kirjat-Shmona aurait disparu de la terre. Ce fut une guerre préventive - semblable à celle du Sinaï en 1956 et à celle des six jours en 1967. Par cette guerre, nous.n'avons pas seulement sauvé toute la Galilée - de Kirjat-Shmona à Naharia et Tibériade - d'un danger latent, mais aussi stoppé le terrorisme sous toutes ses formes: attaques à la bombe et aux fusées, attentats sanglants de I'OLP contre les enfants, les femmes et les vieillards dans les implantations de la Galilée et le long de la côte très peuplée.
Les deux objectifs principaux de cette guerre étaient:
1. La destruction des bases militaires de l'OLP et
2. La liquidation du système dangereux des fusées Sam-8 et Sam-9 des Syriens dans la dépression libanaise du Jourdain. Comme déjà mentionné, ces stationnements de fusées faisaient partie des dernières découvertes de la technologie soviétique, et l'Occident les considérait comme imbattables. Or, grâce à une nouvelle technologie encore secrète qu'Israël a développée, et grâce à la grande efficacité de l'armée de l'air israélienne, la technologie soviétique a reçu une gifle qui a des portées politiques importantes, et rapporte de grands bénéfices à l'industrie de guerre américaine. Cette gifle concerne aussi le nouveau char soviétique
T-72 qui, jusqu'alors, avait la même renommée en Occident que les fusées. Ces chars furent entièrement neutralisés par l'artillerie israélienne, grâce à une nouvelle fusée fabriquée en Israël. D'autre part, l'armée de l'air israélienne a réussi à abattre le plus moderne des avions de combat soviétiques, le Mig-25, et d'en déchiffrer les secrets technologiques. J'attire encore l'attention sur le char Merkawa, le meilleur du monde, construit dans les ateliers israéliens. Avec le temps, tout cela profitera au système de défense des USA et à l'OTAN. Mais, en ce qui concerne l'OLP, elle montait, depuis deux ans, une armée régulière avec son artillerie, ses divisions de chars et ses armes de tous les coins du monde. L'Arabie Saoudite mettait à sa disposition des milliards de dollars en vue de cette «cause sainte». Le butin de guerre d'Israël au Liban est suffisant pour toute une armée, et la vente de ces armes et munitions couvrira en grande partie nos frais de guerre. Pour briser la nuque à ces meurtriers de l'OLP, il était vital de pilonner leur centrale monstrueuse à Beyrouth. C'est depuis là que fut dirigé le terrorisme contre les Juifs, contre Israël et contre tout l'Occident. Là était le centre, sous la direction des Soviétiques! Parmi les prisonniers des Israéliens, il y avait des membres de la bande à Bader-Meinhof, de la brigade rouge italienne, de l'armée de libération irlandaise et de toutes les organisations terroristes sud-américaines, en plus de tous les mercenaires du monde entier, en partie d'Asie. Ce fut un coup contre le terrorisme international qui frappe l'Europe depuis des années.
Bien sûr, cette attaque de l'armée de l'air israélienne sur ces centres terroristes qui avaient été installés intentionnellement par l'OLP dans les quartiers peuplés de la ville, ne pouvait réjouir personne. Israël ne nourrit aucun sentiment de victoire, sachant que tout fils a une mère ! Mais dans les circonstances données, il n'était malheureusement pas possible d'éviter des victimes parmi les civils. Insistons sur le fait qu'aucun bâtiment n'a été touché, qui ne renfermait pas une cellule terroriste. D'autre part, la population recevait des avertissements avant chaque attaque. Elle aurait pu se sauver, comme cela fut le cas à Tyr et à Sidon. Mais l'OLP retenait les habitants de Beyrouth en brandissant le pistolet. Malgré la propagande mensongère et diffamatoire de la presse occidentale, diffusée dans le monde entier, plusieurs journalistes étaient souvent contraints de reconnaître la vérité, et d'attirer l'attention sur la fonction militaire des bâtiments bombardés. En effet, il n'existait aucune autre possibilité pour chasser ces meurtriers de leurs abris bétonnés, et libérer le Liban et Israël de ce cauchemar. si nous n'avions pas nettoyé Beyrouth, tous nos sacrifices auraient été vains.
Pour que cette action libératrice d'Israël envers la population libanaise puisse être estimée à sa juste valeur, il faut se souvenir de l'indescriptible terreur provoquée par le règne de l'OLP et des Syriens, au cours de ces dernières années. Le brigandage, la dévastation, le meurtre, le viol des femmes et des filles, la profanation des cimetières et des églises, des mosquées et de tout ce qui est sacré aux hommes, étaient à l'ordre du jour au sein de l'Etat de l'OLP - Etat établi au coeur du Liban. Dans l'un des numéros des «Nouvelles d'Israël», on trouve quelques exemples montrant cet enfer. Ce sont des récits de témoins oculaires qui ne permettent pas le doute ! Des villes entières comme Damour, Zahlé, etc. villes chrétiennes, ont simplement été anéanties, les êtres humains tués comme du bétail. Ce n'est que maintenant que les myriades de réfugiés qui avaient cherché un abri dans le nord du pays, peuvent revenir dans leur patrie. Mais pas une seule station de télévision européenne ou américaine ne montre cet aspect de la guerre. Au contraire, pour culpabiliser Israël, on photographie des ruines vieilles de cinq à huit ans. Pendant tout ce temps de l'horrible guerre civile, les administrations étrangères n'écrivaient pas un seul mot pour dénoncer les atrocités d'alors. Aucun journaliste ne montra un intérêt particulier pour ces événements. Même le saint père de Rome s'était enveloppé d'un profond silence, et ses oreilles n'entendaient pas les cris des massacrés qui ébranlaient ciel et terre.
Le monde n'avait qu'un souci: Israël se mêle des «affaires intérieures» du Liban. Là, je confesse notre «faute», car nous avons livré les armes nécessaires aux chrétiens du nord pour se défendre contre ces monstres. Le nouveau président chrétien du Liban, Amin Gemayel, a craché à la figure d'Israël, il y a peu de temps, tout en sachant qu"il doit sa vie et sa position à Israël seul. Il sait qu'Israël seul a évité un génocide des chrétiens - ni l'Amérique, ni la France, ni l'Angleterre ne se souciaient de leurs frères chrétiens. Mais subitement, la conscience sélective de l'Europe se réveilla, lorsque nous nous attaquions à ces meurtriers.
Quand nos troupes du commando devaient assaillir les villes de la côte - Tyr, Sidon et Damour - ils avaient reçu l'ordre sévère de protéger la population civile. Des douzaines de nos officiers et soldats sont tombés ou ont été blessés pour la seule raison d'avoir obéi sans hésitation à cet impératif religieux ou moral. Le sixième commandement «tu ne tueras point» est profondément gravé dans leur coeur. Les meurtriers de l'OLP abusaient des enfants, des nourrissons et des femmes enceintes derrière lesquels ils se retranchaient. Ils savaient que tout soldat israélien baissait son arme à la vue de ces victimes. Ils profitaient de ces moments pour les tuer perfidement. Plus encore! Le «chef» de ces assassins et de ces violeurs qui, depuis des années, se moque du sixième commandement, a été reçu par le pape le jour même où ses agents avaient assassiné le président chrétien Beschir Gemayel. Cette perversion morale rappelle le sombre souvenir du pape Pie XI, qui avait conclu un traité avec Hitler au moment où le génocide des Juifs était déjà public.
Même le terrible massacre des camps de réfugiés Sabra et Schatilla, qui joue si largement contre la position politique de Begin et de son gouvernement, ne changera rien dans ces circonstances. D'après le jugement de la commission d'enquête israélienne, il s'agirait ici de négligence.
Cependant, le monde oublie le fait primaire que les meurtriers vivent en liberté au Liban, et que personne n'a l'idée de les convoquer au tribunal. D'autre part, depuis le retrait d'Israël de Beyrouth, 2000 citoyens ont disparu sans laisser de trace. Tout cela s'est passé sous le nez de l'armée de paix multinationale qui domine actuellement à Beyrouth.
Qui aurait l'idée de mentionner ces soldats et leur politique devant le tribunal?
Par la désignation d'une commission d'enquête, Israël prouve sa tenue morale exemplaire face à toutes les critiques et à ses ennemis.
Quant au plan Reagan, l'OLP aurait alors l'occasion de gagner l'autorité sur la Judée, la Samarie et la bande de Gaza, qui se trouvent au seuil de notre maison: à 15 km de Netanja, à 1 km de Jérusalem et à 2 km de Tel-Aviv, le règne terroriste reprendrait vie!
Les conseillers de l'Union Soviétique construiraient ici la plus moderne des centrales terroristes contre Israël et contre tout l'Occident, sous la protection des droits internationaux. La guerre civile des huit dernières années au Liban n'aurait été qu'un jeu d'enfant, comparé au bain de sang qui se déclencherait parce qui a été mentionné.
Dans ce contexte, je voudrais attirer l'attention sur la vague antisémite qui atteint un nouveau sommet depuis cette guerre. Je cite surtout la France, l'Autriche et l'Italie. En Allemagne aussi, on constate des signes inquiétants. La Scandinavie, la Hollande et même la Suisse sont atteintes de ce bacille contagieux. Là, le terrorisme palestinien donne la main à l'extrême gauche et à l'extrême droite. La crise de l'Europe libère les complexes qu'elle éprouvait depuis la guerre mondiale, envers le peuple juif. On cherche de nouveau un bouc émissaire!
Dans les années trente, c'étaient les Juifs sans moyens de défense, surtout en Allemagne, qui, par leur moyen culturel dans tous les domaines, allumèrent la haine meurtrière de l'hitlérisme et sa doctrine raciste.
Aujourd'hui, ce sont les «méchants» Israéliens qui, non seulement veulent échapper au massacre, mais encore se battent avec succès contre leurs ennemis. Ils ont jusqu'à présent sauvé l'Europe de l'encerclement soviétique venant du sud-est, et ils sont les seuls à repousser l'influence soviétique dans cette partie du monde. En neutralisant les derniers chars, avions et fusées soviétiques, ils ont libéré l'Europe de la terreur des armes conventionnelles. Mais, au lieu de récolter de la reconnaissance et de l'admiration, nous subissons un déchaînement sauvage de haine. L'antisémitisme qui, depuis la guerre mondiale couvait sous la cendre, rage maintenant contre l'Etat juif, et l'orientation politique antisémite n'est qu'une mince feuille de figuier derrière laquelle se cache la haine de beaucoup de générations.
Les Israéliens, leur gouvernement et leur armée sont littéralement diabolisés dans la presse et les médias internationaux. Israël a l'intention d'assassiner le pauvre peuple palestinien sans patrie - lequel, en fait, ne s'est jamais aussi bien porté que depuis «l'occupation israélienne» - et lui refuse l'autonomie, c'est-à-dire la fondation d'un Etat en Judée, en Samarie et dans la bande de Gaza. On peut entendre ce refrain à Moscou comme à Rome et à Washington.
Ce faux problème mensonger refoule tous les vrais problèmes de l'humanité. Personne ne se soucie des millions de réfugiés au Cambodge, en Afghanistan, en Ethiopie, ni des horreurs quotidiennes en Iran, en Irak, dans les pays d'Amérique latine, ou des millions de personnes qui, en Afrique et en Asie, meurent chaque jour, massacrés, ou qui périssent d'une autre manière. Le vieux Judas, camouflé cette fois sous le heaume d'Israël, se livre de nouveau à ses activités spectrales. On cherche à achever Israël à l'aide du mensonge palestinien. En accordant son audience à l'assassin Arafat, le pape aussi participe à ce bal sorcier.
Comment Israël peut-il et doit-il réagir?
Le travail d'éclaircissement insuffisant et la propagande politique boiteuse des Israéliens sont devenus légendaires. En effet, nous autres Israéliens, nous sommes maladroits dans ce domaine, car notre énergie spirituelle est absorbée par d'autres problèmes: créer une nouvelle langue ou une nouvelle littérature; faire des recherches dans tous les domaines de l'esprit humain et du judaïsme; établir la structure des formes de la vie en société de l'autodéfense; de l'agriculture, etc. Effectivement, tout cela absorbe notre fantaisie créatrice. Cette occupation intensive des problèmes d'existence humaine et nationale ne trouve aucun écho dans le monde occidental, et souvent, nous sommes une énigme pour le monde extérieur. Il lui manque la compréhension nécessaire pour les circonstances réelles en Israël. Dans ce travail d'éclaircissement, il faut un changement. Mais j'attends très peu de la propagande même la plus raffinée, car nous avons en face de nous des puissances avec lesquelles nous ne pouvons rivaliser.
C'est l'intérêt du pétrole, la faim du pétrodollar qui ne donne accès qui la propagande arabe dans les médias internationaux, et cette propagande étouffe notre voix dans l'opinion publique. A tout cela se joignent la haine et le terrorisme qui bouchent toutes les oreilles et frappent d'aveuglement tous les yeux. Le domaine des médias officiels est actuellement sous l'influence dévastatrice du pétro-dollar.
Cependant, il y a beaucoup d'amis chrétiens dont les paroles ont du poids. Ainsi, il se frayent, doucement, un chemin, car la vérité est plus forte que tous les intérêts. L'une de .ces voix est «Nouvelles d'Israël» de Beth-Shalom, qui deviennent de plus en plus importantes. C'est la vérité sur Israël - son existence réelle et son travail - qui vaincra.
Ce sont nos actions, nos oeuvres - les actions d'Israël - qui détermineront notre avenir, et non les clameurs de la presse mondiale. En ce moment, nous nous trouvons au début d'un travail gigantesque d'implantations en Judée, en Samarie et dans la bande de Gaza. Cela occasionnera, au cours de ces prochaines cinq années, l'arrivée de 100 000 habitants, qui quitteront la population dense le long de la côte.
Sur les montagnes dénudées de la Judée et de la Samarie, et dans le désert de Judée, de nouveaux centres technologiques, d'implantations et de villes seront construits. Ils apporteront un changement décisif au fondement économique, démographique et politique d'Israël. Là, le génie et l'esprit pionnier d'Israël et du peuple juif trouveront un nouveau champ d'action. Ces dernières années, on a créé ou agrandi environ 70 implantations dans ces régions et 11 autres dans la bande de Gaza. Lorsque cette oeuvre sera réalisée, l'idée d'un Etat palestinien sera devenue irréelle. Ces villes seront les nouveaux centres d'attraction pour des Juifs qui, par ailleurs, seraient noyés dans les vagues d'assimilation en Amérique et en Europe. Voilà le nouveau plan que nous voulons et devons réaliser. C'est avec plaisir que je mentionne Beth-Shalom qui, par le moyen de son «Fonds d'Implantations», participe activement à cette oeuvre de sauvetage.
Israël se trouve maintenant devant des décisions très importantes. S'il est possible de contrecarrer le plan Reagan, des années de travail paisible et d'intense organisation nous seront accordées. Un Israël fortifié, avec pour partie organique de son territoire la Judée, la Samarie, la bande de Gaza et les hauteurs du Golan, pourra envisager l'avenir avec confiance. Il semble que, pour le moment, les dangers de guerre soient écartés grâce à cette guerre du Liban. Notre armée doit rester au Liban du sud, c'est la seule garantie pour échapper à un nouveau terrorisme contre le nord d'Israël et contre la population libanaise elle-même. Un Liban pacifique comme arrière-plan économique et humain est très important pour nous. En ce qui concerne les autres voisins: la Syrie ne pourra risquer une guerre contre Israël pendant longtemps. Le roi Hussein sait bien que du côté palestinien, aucun avantage ne lui sourit. Il ne tient pas à trafiquer avec Arafat et ses compagnons, parce qu'une attaque contre Israël serait un suicide pour lui. L'Egypte aussi, avec ses énormes problèmes économiques et écologiques, et avec son excédent de naissances, se gardera de marcher contre Israël. L'Arabie Saoudite a de l'argent, mais pas de bataillon. Cette guerre a révélé une nouvelle fois le déchirement des Etats arabes. Un Israël fort gèlera toutes les envies de revanche. Concernant l'Amérique, c'est grâce à Israël qu'elle peut jouer le rôle d'une puissance directrice dans cette partie du monde. L'Union Soviétique est reléguée dans l'ombre. Ces faits font paraître Israël comme le seul facteur stabilisant de cette région, aussi bien aux yeux de nos amis que de nos ennemis! Israël doit absolument rester ferme face à l'administration américaine et ses plans limités, comme il doit rester indifférent face à l'hostilité européenne actuelle, attisée par la faim momentanée du pétro-dollar. La volonté d'Israël est la condition préalable pour que la bénédiction dont parle le Psalmiste trouve son accomplissement:
«L'ETERNEL DONNE LA FORCE À. SON PEUPLE, L'ETERNEL BENIT SON PEUPLE ET LE REND HEUREUX» (Ps. 29, 11).
La paix d'Israël sera le prélude à la paix de tous les hommes! Le salut d'Israël et le salut de l'humanité sont inséparables, selon ce que dit le prophète Esaïe dans sa vision de la fin des temps: «Il arrivera dans la suite des temps, que la montagne de la maison de l'Eternel sera fondée sur le sommet des montagnes, qu'elle s'élèvera par-dessus les collines, et que toutes les nations y afflueront. Des peuples s'y rendront en foule, et diront: venez, et montons à la montagne de l'Eternel, à la maison du Dieu de Jacob, afin qu il nous enseigne ses voies, et que nous marchions dans ses sentiers. Car de Sion sortira la loi, et de Jérusalem la parole de Dieu. Il sera le juge des nations, l'arbitre d'un grand nombre de peuples. De leurs glaives ils forgeront des boyaux, et de leurs lances des serpes: une nation ne tirera plus l'épée contre une autre, et l'on n'apprendra plus la guerre. Maison de Jacob, venez et marchons à la lumière de l'Eternel» (Es. 2, à 5).
Nouvelles d'Israël 02 / 1983