En Israël, environ 2 800 juifs reconnaissent plus ou moins ouvertement Yeshua (Jésus) comme leur Messie. Ils sont répartis en 27 communautés ou groupes de maisons, chaque groupe travaillant de façon autonome et n'étant rattaché à aucune association intercommunautaire obligatoire. Cependant, il y a parmi eux certains juifs messianiques qui marchent en individualistes, rendant visite aux Eglises à l'étranger en tant que «représentants des juifs messianiques israéliens». Pour beaucoup d'entre eux, cela en vaut la peine; car où ne trouve-t-on pas des chrétiens charitables à l'égard de ces juifs croyant en Jésus - d'autant plus après l'holocauste? Au moyen de récits exagérés de persécutions provoquées par les juifs orthodoxes ou par le Yad Le'achim (ligue anti-missionnaire d'Israël), ces juifs messianiques se transforment en «martyrs payés».
En outre la scène judéo-chrétienne en Israël présente des contrastes et une diversité sans pareil. La question, jusqu'à présent insoluble, de savoir «qui est juif» est actuellement dépassée par la question «qui est juif chrétien»?
Il existe des judéo-chrétiens ou, plus exactement, des juifs messianiques (en hébreu Yehudim Meschichim) qui refusent avec véhémence tout ce qui est juif, comme s'il s'agissait de quelque chose d'impur. Ils ignorent totalement que l'Eglise de Jésus-Christ du Nouveau Testament a été greffée sur l'ancien olivier judéo-biblique. Ils soignent leur propre «hydroculture» judéo-chrétienne en Israël. Soutenus financièrement par des missions étrangères et influencés par leur doctrine, ces juifs messianiques entretiennent et favorisent la tendance anti-juive en Israël. Ils se moquent de tout ce qui est juif, ne tenant compte ni des promesses divines figurant dans l'Ancien Testament, ni des statuts établis par Dieu pour l'éternité. D'autres, se prétendant anti-sionistes, font les gentils auprès des «sponsors» de leurs missions, refusant l'Etat d'Israël établi sur le fondement de l'histoire du salut. A Jérusalem, certains prédicateurs judéo-chrétiens interprètent ce texte: «Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au coeur de Jérusalem, et criez-lui que sa servitude est finie, que son iniquité est expiée, qu'elle a reçu de la main de l'Eternel au double de tous ses péchés» (Es. 40, 1-2), comme ne concernant pas le peuple d'Israël sorti de l'holocauste mais l'Eglise de Jésus-Christ. Combien cela sonne faux! C'est une falsification non seulement de l'histoire mais aussi de la Bible. Ces juifs messianiques soutiennent certains partis politiques de la Knesset qui remettent en question l'existence de l'Etat d'Israël; et qui, par l'introduction de nouvelles lois, cherchent à ouvrir les portes en Israël à des cultes étrangers comme Hare-Krishna, New Age, sans parler de l'homosexualité, de l'avortement et des mariages privés de la bénédiction nuptiale à l'église, ou à la synagogue, selon le cas. Le juif messianique intègre qui vit en Israël et qui voit de ses yeux toute cette confusion, a de quoi pleurer. Cependant, «pour les milieux anti-juifs et antisionistes» observe un juif messianique de Jérusalem, «il n'y aura d'avenir en Israël ni dans la vie sociale ni dans l'histoire du salut. Ce sont des branches qui se dessécheront faute d'un greffage correct. En d'autres termes, ces milieux coupent la branche sur laquelle ils sont assis».
Mais Dieu soit loué! Au milieu de cette diversité, il existe aussi d'autres juifs messianiques en Israël. Certes, il faut les chercher, ceux-là, car ils ne s'afficheront pas d'eux-mêmes. L'un d'entre eux est David Tel-Zur. Nous avons été rendus attentifs à son sujet, non par des traités de missions étrangères ou par des écrits personnels, mais par l'appel de mise en garde qu'il avait adressé à toutes les communautés messianiques en Israël (voir ce texte dans notre édition du mois de septembre). Dans cette mise en garde, David Tel-Zur et son groupe juif messianique israélien invite avec insistance «... à intercéder avec un zèle et un engagement renouvelés en faveur du peuple d'Israël ... Soutenir l'OLP, ou toute autre forme d'identification avec un groupe quelconque aux dépens du droit d'existence d'Israël dans le pays promis par Dieu, relève non seulement de la trahison envers l'Etat d'Israël et le sionisme dans sa sécularisation, mais aussi envers notre foi messianique ... Pour nous, seule l'Ecriture Sainte est déterminante. Car elle a son début non dans les Evangiles, et sa conclusion non dans les épîtres, mais elle commence au premier livre de Moïse, traversant toute la Bible jusqu'à la conclusion de l'Apocalypse - la révélation du Seigneur Jésus, le Messie, c'est-à-dire la révélation par Jean, qui parle de jugement à la fin des temps.»
David Tel-Zur (39 ans), père de cinq enfants, est professeur en biologie. Il prépare actuellement son doctorat. il dirige un groupe de juifs messianiques sionistes bien déterminés, originaires de Ramat-Gan, de Rischon Lezion et de Ness Ziona, où ils furent expulsés de plusieurs communautés à cause de leur attitude POSITIVE à l'égard de l'Etat juif. La plupart de ces communautés portent le masque de l'héllénisme traditionnel, c'est-à-dire de la culture étrangère. C'est pourquoi Dieu inspira le groupe de Tel-Zur à «partir au désert», bien que plusieurs d'entre eux bénéficient d'une formation universitaire.
Ainsi, quelques amis se sont déjà installés dans une des villes en développement dans le désert de Judée pour former une communauté, comprenant actuellement 50 membres environ. Or rassembler 50 à 60 personnes dans une salle de séjour ne peut être qu'une solution provisoire. Aussi ont-ils acheté, avec l'aide des amis de Beth-Shalom, une maison disposant d'une grande salle de réunion. Ce n'est que par la suite qu'ils ont appris que leur nouveau pied-à-terre dans le désert était l'un des plus anciens centres de l'Eglise primitive en Israël. Ce lieu inconnu, découvert tout récemment par des archéologues, nous ouvre un monde extraordinaire sur le christianisme primitif, à l'époque encore juif.
Dans ces anciennes églises juives, ou plutôt synagogues chrétiennes (la distinction est difficile à opérer), ont été découvertes des mosaïques décrivant Jésus comme le Messie avec, au lieu du signe de la croix près de l'autel et derrière la nef, une grande étoile de David. C'est exactement là que, sans le savoir, s'est établi le groupe messianique sioniste de Tel-Zur. Ainsi, referme-t-il la boucle commencée il y a environ 1 800 ans. Oui, Dieu ramène tout à son origine, intérieurement et extérieurement. Cela est valable non seulement pour le peuple d'Israël mais aussi pour l'Eglise de Jésus-Christ.
La nouvelle naissance de notre frère juif David Tel-Zur
Qui est David Tel-Zur? Ses cheveux d'ébène, comme sa barbe à la Herzl, font penser à un personnage biblique. Ses traits orientaux révèlent son origine. A l'âge d'un an, il arriva de l'Inde en Israël, avec sa mère élevée à Oxford qui, enfin de retour au pays de ses pères, fonda, avec d'autres immigrés, un kibboutz près de la frontière syrienne. C'est là que le jeune David (Doudou) vécut les attaques des terroristes arabes contre les colonies juives et leurs horribles meurtres. Par exemple celui du père de son ami, qui «fut brutalement abattu. On trouva les restes de son corps suspendus à un arbre». A 18 ans, Doudou commença son service militaire comme parachutiste et agent sanitaire de terrain. Parmi ses camarades, il fit connaissance d'un soldat qui, par sa façon de vivre, se distinguait des autres. Il devint son meilleur ami. Bientôt, le jeune soldat lui parla de Dieu. La brièveté de ces entretiens ne fit que stimuler l'intérêt toujours grandissant de Doudou. Ce fut lors de la guerre des Six Jours que son ami donna la preuve de sa foi par ses actes. Par le biais des récits du jeune soldat concernant Dieu, Doudou fut amené à l'étude de la Bible qu'il commença dès lors à lire. Un jour il demanda à son ami comment prier, puis il vida son coeur devant Dieu, ce Dieu qu'il ne connaissait pas encore.
Bientôt, pour des raisons de déplacement militaire, les deux amis furent séparés. Dès ce moment, Doudou refusa de prendre une décision claire pour Dieu et évita son ami. Il décrit ce temps comme «le plus sombre de sa vie». Dans les discothèques où il chantait en s'accompagnant à la guitare, il espérait trouver «la douceur de la vie» mais sa vie dissolue l'amena à la prison militaire. C'est là qu'une soldate, lui rendant visite dans le cadre professionnel, découvrit sa Bible et le questionna à ce sujet. Au bout d'un certain temps et suite aux visites répétées de la jeune femme, tous les deux découvrirent leur amour l'un pour l'autre. Doudou désira l'épouser. Mais la jeune militaire hésita, désirant d'abord mieux connaître son ami et le questionner sur sa foi. Par là, elle dévoila sa propre recherche intérieure. Ainsi Doudou retourna-t-il vers son ami. Il ne tarda pas à se convertir à Dieu et à Jésus-Christ, qu'il reconnut comme son Messie et celui d'Israël. Son amie fit de même et devint sa fidèle compagne. Ce fut grâce à une étude personnelle de la Bible - qu'il n'aurait pas même commencée sans l'exemple et les indications de son ami - que Doudou fit la découverte que Jésus-Christ est le Messie. Lui et son épouse Etti furent baptisés selon la coutume biblique et se joignirent à une communauté.
Au bout de neuf ans environ, ils se rendirent compte - avec d'autres amis - qu'en tant que juifs ils ne devaient pas imiter les Eglises pagano-chrétiennes, mais rechercher leur identité juive. Yeshua, le Messie, ne fut pas seulement juif dans le passé mais Il le restera toujours. David Tel-Zur et ses compagnons ne considèrent pas la loi comme le chemin du salut, mais comme le règlement divin de leur vie. C'est pourquoi ces sionistes judéo-chrétiens ne se sont rattachés à aucune société missionnaire. Car la mission au style colonial, souvent hostile aux juifs et à Israël, provoque la séparation plutôt que l'orientation vers le Messie. Leur vie exemplaire issue de la grâce de Dieu et leur pleine ACCEPTATION de l'Israël rétabli apportent déjà une lumière dans les ténèbres de la scène judéo-chrétienne en Israël.
Apporter son soutien à une telle action est du devoir de chaque disciple. L'apôtre Paul écrit, en Romains 15, 26-27: «Car la Macédoine et l'Achaïe ont bien voulu s'imposer une contribution en faveur des pauvres parmi les saints de Jérusalem. Elles l'ont bien voulu, et elles le leur devaient; car si les païens ont eu part à leurs avantages spirituels, ils doivent aussi les assister dans les choses matérielles ... ». Le besoin (d'un local) dans lequel se trouvent présentement nos frères juifs messianiques, et les avantages spirituels dont nous bénéficions au travers de leur témoignage, poussent beaucoup d'entre nous à suivre l'exemple des chrétiens de Macédoine et d'Achaïe, par l'envoi d'une contribution matérielle à ces «saints de Jérusalem». D'avance merci de votre généreuse participation à ce projet!
Nouvelles d'Israël Octobre 1988