Troubles politiques en Israël

 

De nouvelles élections ou un référendum avant la paix avec la Syrie? Après que les nouvelles propositions israéliennes pour une paix avec la Syrie aient été portées à la connaissance du public, les chefs de l'opposition insistent pour que l'on dissolve immédiatement la Knesset et que l'on procède à des élections anticipées.

Pour la toute première fois, le Premier ministre Yitzhak Rabin a avancé récemment un plan pour un retrait en deux phases du Golan et pour la paix avec la Syrie. Ce pays a immédiatement rejeté cette proposition; mais en même temps, son ministre des Affaires étrangères a parlé de «possibles chaleureuses relations» entre les deux Etats, et il pense qu'Israël et la Syrie pourraient conclure un accord de paix avant la fin de l'année.

Dans une interview avec Gale Tsahal, la station radiophonique de l'armée, le Premier ministre israélien a exposé ses nouvelles idées sur un traité de paix avec la Syrie. Selon lui, la première phase du retrait durerait trois ans. Après cette période intérimaire, pendant laquelle Israël pourrait tester les arrangements de sécurité et les relations avec la Syrie, un traité de paix définitif serait conclu. jusqu'à présent, Israël avait toujours insisté pour que cette période intérimaire soit de cinq ans. Rabin a comparé sa proposition avec les phases de l'accord de paix israélo-égyptien. Il a rappelé qu'Israël, en 1980, s'était retiré derrière une ligne traversant la péninsule du Sinaï et allant de El-Arish dans le nord à Ras Muhammed dans le sud. L'armée a tenu cette ligne sous son contrôle pendant plus de deux ans, alors que le processus de normalisation - dans lequel s'inscrivaient l'échange d'ambassadeurs et la circulation libre des personnes et des marchandises - avait débuté entre les deux pays. Rabin a fait remarquer qu'il avait fait parvenir ses idées fondamentales à la Syrie par l'intermédiaire des USA, en ajoutant qu'un traité de paix «doit tenir sur quatre pieds comme une table». Il a aussi exprimé la pensée que les points suivants devraient être discutés: l'ampleur du retrait israélien et les arrangements de sécurité. La première phase du retrait serait «limitée», et elle dépendrait d'une part de la normalisation constante des relations entre les deux pays.

Après les premières fortes protestations publiques contre ces nouvelles propositions, Rabin a essayé de faire marche-arrière en informant les ministres de son cabinet que la première phase du retrait serait «minimale» et que, si possible, aucune colonie ne serait supprimée.

Le ministre de l'Agriculture Yakov Tsur, un dur du parti travailliste, a déclaré qu'en ce qui concerne le retrait, le Premier ministre n'avait donné aucune réponse claire, mais avait assuré les ministres que, lors de la première phase, il ne voulait pas parler de l'abandon de colonies.

Le Likud et d'autres partis d'opposition ne se contentèrent cependant pas de telles explications. Ils exigèrent l'ouverture d'une session spéciale de la Knesset et l'organisation d'élections anticipées.

Le Président syrien a prononcé par la suite un discours devant le parlement nouvellement élu, discours qui fut retransmis par la télévision. Il a affirmé qu'il acceptera «les exigences objectives d'une paix». Entre-temps, Rabin a invité le Président syrien Hafiz al-Asad à des entretiens en Israël. Les propos tenus par Asad semblaient être un pas supplémentaire vers de sérieuses négociations de paix imminentes entre les deux paix. Le ministre des Affaires étrangères américain Christopher et ses principaux collaborateurs étudient entre-temps intensivement comment ils pourraient faire réussir complètement ce début prometteur. Une visite du ministre des Affaires étrangères est envisagée dans un avenir très proche. Des représentants des colonies du Golan ont mis sur pied des premières mesures pour faire opposition aux projets de Rabin. Ils ont annoncé le début d'une campagne, «Os (force) 1994», afin d'influencer l'opinion publique contre un retrait des hauteurs du Golan.

Rabin a déjà promis à plusieurs reprises qu'un référendum serait organisé concernant le Golan après qu'un accord prêt à la signature serait obtenu avec la Syrie. Il a aussi reconnu n'avoir reçu aucun mandat des électeurs pour un important retrait du Golan et que, dès lors, il devrait s'assurer du soutien du peuple.

Cependant, le Premier ministre n'a pas exclu la possibilité que la décision du peuple pourrait en fin de compte s'exprimer par des élections régulières pour la Knesset. Et là, les citoyens arabes peuvent également voter, ce qui donnerait à Rabin de meilleures chances. Certains colons ont commencé une grève de la faim sur l'emplacement de l'ancienne ville de Gamla. Gamla était une forteresse qui tomba aux mains des Romains après une longue résistance durant la révolte juive de 66 à 70 après Jésus Christ. Pour éviter d'être faits prisonniers, de nombreux insurgés préférèrent se suicider. En outre, des milliers de colons du Golan et leurs sympathisants se rassemblèrent dans la ville de Katzrin, la capitale secrète des hauteurs du Golan. Lors de cette manifestation, le membre du Parti travailliste Avigdor Kahalani adressa un appel au Premier ministre pour qu'il renonce à sa politique de retrait. Sur cette question, il ne votera pas avec son parti à la Knesset. Des experts en Israël sont cependant d'avis qu'un traité de paix de leur pays avec la Syrie n'est plus qu'une question de temps. Israël céderait finalement tout le Golan à la Syrie. VQ

Nouvelles d'Israël 10 / 1994

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